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L’Institut Supérieur Pédagogique (ISP/GETY) à La Chefferie de Walendu-Bindi en République Démocratique du Congo

Roger Adirodu, journaliste couvrant les événements à La Chefferie de Walendu-Bindi en République Démocratique du Congo, m’a fait parvenir d’intéressantes nouvelles au sujet de la paroisse de Gety où j’ai écu entre 1987 et 1996.

Église de Gety dédiée à la Sainte Famille, le presbytère où j’ai habité en compagnie de nombreux confrères dont Thierry Cornet, Hervé Hamel et Frans Steven, tous décédés, et les bâtiments de la mission.

À cette époque, je me suis impliqué dans la promotion de l’éducation en soutenant la construction d’écoles primaires ainsi que la création de l’institut Abaka, école secondaire professionnelle axé sur les études commerciales et admiratives. Ce projet a nécessité cinq années de travaux dans des conditions très difficiles. Le salaire des enseignants provenait de la cotisation des élèves qui, de plein droit, exigeaient une performance académique de leur part. Les gens se prenaient en main en sachant qu’ils ne pouvaient pas espérer une aide gouvernementale pour assurer une bonne éducation à leurs enfants.

Il est remarquable de constater que le niveau d’éducation a sans cesse progressé malgré la perturbation du calendrier scolaire à la suite de conflits armés dans la région, surtout au tournant de l’an 2000. Le niveau d’alphabétisation est aujourd’hui estimé à environ 60%. 

Bonne nouvelle

Je viens d’apprendre qu’un Institut pédagogique nommé l’Institut Supérieur Pédagogique de Gety (ISP/GETY) a ouvert ses portes il y a deux ans. Les bâtiments se trouvent à Karatsi, une localité voisine de l’agglomération de Gety. Cent-dix étudiants sont inscrits cette année.

Les premiers lauréats ont obtenu leur certificat en novembre 2020. Photo prise devant l’église de Gety.

Reportage adressé au père Serge et rédigé par Jean-Claude Loba Mkole, O.P., professeur et directeur général de l’ISP/Gety.

Brève historique

Les premières écoles ont vu jour dans le sud du territoire d’Irumu vers les années 1940 avec l’arrivée des premiers missionnaires catholiques. Dès lors, le nombre d’écoles ne cesse de croître au même rythme que l’accroissement démographique de la population qui, pour la seule Chefferie des Walendu-Bindi, où se situe l’ISP/Gety, est estimé à 258 écoles dont 166 écoles primaires, 84 écoles secondaires et 8 écoles maternelles avec un effectif de 64,763 élèves répartis comme suit : 452 écoliers au niveau de la maternel, 52,352 au primaire et 11,959 au secondaire.

Cependant, dans la majorité des écoles secondaires, la plupart des enseignants sont sous-qualifiés. En dehors de cette problématique, la région de Gety est restée pendant plus de deux décennies dans une zone en perpétuelle insécurité dont les conséquences sont assez fâcheuses sur les tissus socioéconomiques de la population. 

C’est dans ce contexte que le projet de création de l’Institut Supérieur Pédagogique de Gety a été initié par quelques membres de l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC).

L’ISP/Gety est maintenant légalement autorisé à fonctionner depuis le 14 novembre 2018 et officiellement admis par un arrêté ministériel datant du 31 mai 2021.

Le premier bâtiment temporaire a été érigé grâce aux moyens de bord : les sticks d’eucalyptus offert par la paroisse Sainte Famille de Gety, les roseaux et cordes apportées par l’ensemble de la population, etc.

Travaux de construction de l’Institut

Par sa structure, l’ISP/Gety comprend deux sections :

A) Section des sciences exactes avec les filières de biologie-chimie, géographie et gestion de l’environnement ; mathématique-physique ainsi que l’agronomie et protection des terres agricoles.

B) Section des lettres et sciences humaines avec quatre filières : le français-langues africaines, l’anglais et culture africaine, histoire et sciences sociales et les sciences commerciales et administratives. Le projet de construction du premier bâtiment en blocs de ciment de quatre auditoires est l’initiative de la communauté locale Bindi, c’est-à-dire les parents d’élèves, les enseignants, les professionnels de la santé, les opérateurs économiques et les églises locales. Cela représente un budget de $21,000 dont 30% provient de la contribution des membres de la communauté et 70% du soutien de l’AJEDEC.

L’ouverture de l’année académique 2022 et l’inauguration du premier bâtiment a eu lieu en date du 5 janvier 2022.
La cérémonie pour la bénédiction de bâtiment a été dirigée par l’Abbé Léon Malobhi Kpasini, actuel Curé de la paroisse Sainte Famille de Gety.

Initialement prévu pour une durée de six mois, les travaux de construction ont pris plus de quatre ans pour être achevé.  Avec l’appui de l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC), les travaux de finition, notamment la fixation des plafonds, le revêtement du sol, les crépissages, la peinture et le carrelage en vitre ont été entrepris et achevé en décembre 2021.

Pour cette année académique 2021-2022, l’ISP/Gety compte 93 étudiants et 17 étudiantes dont la majorité proviennent de l’Institut ABAKA de Gety.

Les premiers diplômés de l’ISP/Gety sont déjà engagés comme enseignants au sein des écoles secondaires du milieu. Il s’agit de dix lauréats à qui les grades de graduat ont été conférés en date du 30 octobre 2021 ; en voici la liste selon les options.

Option Français :

1)      Mme LASI NEEMA Joséphine, Ressortissante de l’Institut ABAKA de Gety.

2)      Mme ODUDHU GAYASI Germaine, Ressortissante de l’Institut ABAKA de Gety.

3)      Mme PELUYI APBOSI, Ressortissant de l’Institut ABAKA de Gety.

4)      M. OZOBA LEMA, Ressortissant de l’Institut de Badjanga.

5)      Mme DUTI WARASI Anne Marie, Ressortissante de l’Institut de Badjanga.

6)      M. WARA ADJITSU, Ressortissant de l’Institut de Singo/Bavi.

Option Biologie-chimie :

1)      ANDROZO KAGORO, Ressortissant de l’Institut de SUKISA/Bunia.

2)      ANDROZO KANDADHU, Ressortissant de l’Institut ABAKA de Gety.

Option Anglais culture africaine :

1)      BAHATI KABONA Adeodatus, Ressortissant de l’Institut de Gety/Isura.

2)      NDODHU MAGO, Ressortissant de l’Institut de Gety/Isura.

Jusqu’à présent l’ISP/Gety ne bénéficie d’aucune subvention publique. La charge entière de l’Institution revient aux parents des étudiants et au gestionnaire principal qui est l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC).

L’actuel chef de chefferie des Walendu Bindi, sa Monsieur Fidèle Mongaliema Bangadjuna a étudié à l’Institut ABAKA de Gety. Photo prise lors de son assermentation. Les feuilles couvrants les têtes sont des kokido, généralement utilisées lors des cérémonies traditionnelles et en temps de conflits.

Les défis majeurs de l’ISP/Gety pour sa viabilité demeurent :

a) la construction en dure de trois bâtiments contenant quatre auditoires chacun pour augmenter la capacité d’accueil des étudiants ;

b) la construction et équipement d’un bâtiment pour la bibliothèque ;

c) la construction d’un bloc administratif et son équipement,

d) la construction de campus pour le logement des étudiants venant de loin et enseignants visiteurs.

Nous sommes reconnaissants pour les œuvres inoubliables que vous avez rendues à toute la communauté de Gety. Nous pensons tout particulièrement à la construction de l’l’institut Abaka de Gety et la création d’une bibliothèque paroissiale.

Professeur Jean Claude LOBA MKOLE O.P., directeur général de l’ISP/Gety.

Mes remerciements

Je remercie le journaliste Roger Adirodu et le professeur Loba Mkole pour ce reportage. Je suis émerveillé de constater l’énorme progrès qui a eu lieu depuis mon départ de Gety en 1996. Connaissant bien cette région, je suis conscient des énormes défis qui ont été relevés depuis plus de 25 ans au niveau de l’éducation. Je suis fier de vous, cher Gétiens et Gétiennes. Vous avez toujours fait preuve de courage et de détermination. Votre exemple m’inspire encore aujourd’hui. Que Dieu vous bénisse!

Père Serge St-Arneault, M.Afr, Gétien de coeur pour toujours.

À partir de la gauche : madame TEMANYA BYARUHANGA Christine, administratrice du budget et originaire de la chefferie Bahema Boga, Professeur Jean-Claude LOBA MKOLE O.P., Monsieur BIRIDO TSATSI Aimé, promoteur et président du comité de gestion et directeur exécutif de L’AJEDEC et Professeur Ozunga, secrétaire général académique.

Seek earnestly the greatest gifts (1Cor 12.31)

The magazine « Letter to our Friends » has had a facelift. The year 2022 marks a new stage in our desire to seize new opportunities in the context of the Covid-19 pandemic. The Missionaries of Africa in Canada, like you and the rest of humanity, are wondering about the future of our society, of our world.

Fatjer Robbin Simbeye in Tunisia

The earth continues to turn and so do we. Instead of turning on ourselves, like a whirlwind, our gaze is pointed towards other horizons. In this issue of The Letter to Friends we will go to Tunisia to meet an exceptional community made up of Christians and Muslims where ecumenism and religious dialogue are lived daily with respect for all.

Artistic expression is an extraordinary way to illustrate the precious gift of love. It is a collective wealth of almost infinite variety. The African world present in our country now has a place to disseminate this wealth. The Afromusée (see on page 6) will build new bridges towards the recognition and enhancement of the history of Afro-descendants, which dates back more than three centuries in Canada.

Sculpture by James Samikwa from Malawi

African art is inspired and inspiring. On the cover page and on page 7, you will notice an exceptional image of Christ; a sculpture by James Samikwa from Malawi. The finesse of the details illustrates the cosmic power par excellence of the healing Christ.

The gift of hope is also to be sought constantly. Read the extraordinary struggle of Sister Marie Stella from Togo. This same hope is celebrated on the occasion of the 150th anniversary of the Basilica of Our Lady of Africa located in Algiers. Once again, this historic gift builds bridges between religions. This sanctuary promotes dialogue and sharing between Christians and Muslims. The same is true from an intellectual point of view with the creation of a new bilingual magazine focusing on Islamic-Christian studies in Africa.

The spiritual gift that we received from our founder, Cardinal Lavigerie leads us to be sensitive to the realities of today’s world and to dare to constantly modify or reassess our mission.

It is in this respect that the encyclical of Pope Francis entitled Fratelli Tutti is particularly significant for us. Despite the numerous confinements, a consequence of the spread of Covid-19, we insist on building bridges.

Finally, we propose today to support a commendable initiative for the protection of albinos in Bukavu in the Democratic Republic of Congo. A lot of effort and ardor have been invested in this project, which has already made it possible to restore dignity to many people who have been discriminated against.

Let us persist together in earnestly seeking the greatest gifts.

Fr Serge St-Arneault, M.Afr

OPEN THE LINK HERE

Recherchez avec ardeur les dons les plus grands (1Co 12,31)

Éditorial du magazine « La lettre aux Amis » no 56 de mars 2022

Le magazine La lettre aux Amis fait peau neuve. L’année 2022 marque une nouvelle étape dans notre désir de saisir de nouvelles opportunités dans le contexte de la pandémie de la Covid-19. Les Missionnaires d’Afrique au Canada, tout comme vous et le reste de l’humanité, s’interrogent sur le devenir de notre société, de notre monde.

Père Robbin Simbeye en Tunisie.

La terre continue de tourner et nous aussi. Au lieu de tourner sur nous-mêmes, comme un tourbillon, notre regard est pointé vers d’autres horizons. Dans ce numéro de La lettre aux Amis nous irons en Tunisie faire la rencontre d’une communauté exceptionnelle composée de chrétiens et de musulmans où l’œcuménisme et le dialogue religieux se vivent au quotidien dans le respect de tous.

L’expression artistique est une forme extraordinaire pour illustrer le précieux don de l’amour. Il s’agit d’une richesse collective d’une variété presque infinie. Le monde africain présent dans notre pays a maintenant un lieu pour diffuser cette richesse. L’Afromusée (voir la page 6) permettra de bâtir de nouveaux ponts vers la reconnaissance et la valorisation de l’histoire des afrodescendants qui remonte à plus de trois siècles au Canada.

Sculpture de James Samikwa du Malawi.

L’art africain est inspiré et inspirant. Sur la page couverture et à la page 7, vous remarquerez une image exceptionnelle du Christ ; une sculpture de James Samikwa du Malawi. La finesse des détails illustre la puissance cosmique par excellence du Christ guérisseur.

Le don de l’espérance est aussi à rechercher sans cesse. Lisez le combat extraordinaire de sœur Marie Stella du Togo. Cette même espérance est célébrée à l’occasion du 150e anniversaire de la basilique Notre-Dame d’Afrique situé à Alger. De nouveau, ce don historique lance des ponts entre les religions. Ce sanctuaire favorise le dialogue et le partage entre chrétiens et musulmans. Il en est de même d’un point de vue intellectuel avec la création d’un nouveau magazine bilingue axé sur les études islamo-chrétiennes en Afrique.

Le don spirituel que nous avons reçu de notre fondateur, le Cardinal Lavigerie nous porte à être sensibles aux réalités du monde actuel et à oser modifier ou réévaluer sans cesse notre mission.

C’est à ce titre que l’encyclique du pape François intitulée Fratelli Tutti est particulièrement significative pour nous. Malgré les nombreux confinements, conséquence de la propagation de la Covid-19, nous insistons à bâtir des ponts.

Finalement, nous vous proposons aujourd’hui de soutenir une louable initiative pour la protection des albinos à Bukavu en République Démocratique du Congo. Beaucoup d’efforts et d’ardeur sont investis dans ce projet qui permet déjà de redonner la dignité à de nombreuses personnes discriminées.

Persistons ensemble à rechercher avec ardeur les dons les plus grands.

                                                         Père Serge St-Arneault, M.Afr

OUVREZ LE LIEN ICI

Conférence virtuelle sur le thème de la diversité culturelle et l’intégration des immigrants

Le regroupement Canada-Afrique pour le développement durable (CADD) vous invite à suivre une conférence virtuelle sur the thème généraol de la diversité culturelle et l’intégration des immigrants. Plus spécifiquement, le conférencier abordera la question de l’interculturalité.

Conférencier : Serge St-Arneault, M.Afr, directeur du Centre Afrika

Date : samedi 29 janvier 2022

Heure : de 13h00 à 14h00

Au nom de la CADD : Gabriel K. NGARLEM, coordonnateur, 438 936 3697

Les temps changent

Par Serge St-Arneault, M.Afr, 28 décembre 2021

Notre récente évolution sociale

Je vous parle d’un temps que les moins de 60 ans ne connaissent pas. Ma génération dite des bébés boomers a vécu la fin d’une époque; celle d’une société canadienne-française tricotée serrée peuplée de familles nombreuses, catholiques et francophones. Jusqu’à mes dix ans, la messe était célébrée en latin. Les prières enrobaient mystérieusement un sens du sacré sous le regard d’un Dieu omniprésent. La peur de tomber dans le péché ainsi que les lois et obligations de l’Église permettaient de tracer un chemin menant au salut. Il s’agissait de suivre le courant.

Cimetière et, au loin, l’église de Saint-Adelphe

Or, ce courant a brusquement changé de direction au tournant de ladite Révolution tranquille du Québec. Mes neveux et nièces n’ont aucune expérience de cette époque. La rupture est réelle et normale. Les liens si importants avec les membres de la parenté au village ancestral de Saint-Adelphe ne sont plus possibles. Sauf quelques cousines et cousins, la majorité de cette parenté est enterrée au cimetière du village.

Un vieil immeuble qui se lézarde

La pratique religieuse, jadis si importante, s’est drastiquement effondrée. Depuis bientôt deux ans, les mesures sanitaires provoquées par la pandémie de la Covid-19 ont pour effet de réduire encore davantage le nombre de croyants qui persistaient à se rendre à l’église. La foi chrétienne semble être comme un vieil immeuble qui se lézarde avant de tomber. À cela s’ajoute le silence médiatique de la structure pyramidale de l’Église que, de toute façon, personne n’écoute.

Le monde a changé

Selon le père Joseph De Mijolla, prêtre français de 83 ans; « Nous sommes dans une extension de science et de technique qui n’en finit pas et qui est irréversible. (…) Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas seulement le résultat d’un renouvellement générationnel, mais d’un basculement civilisationnel et anthropologique sans précédent. »

Dans une large mesure, il en est de même au Québec. De plus, la technologie numérique annonce l’éclosion d’un monde parallèle visuel qui occupera de plus en plus notre quotidien. Bientôt, il nous sera possible de créer des personnages numériques dont la réalité dite augmentée rivalisera avec nos cinq sens grâce à une réalité virtuelle ultraréaliste. Préparez-vous, le métavers1 s’en vient!

Le changement déstabilisateur

Les structures qui défient l’épreuve du temps sont celles qui parviennent à s’adapter, à innover, à se réinventer. Tout est constamment en évolution même au sein d’une tradition millénaire. Nous devons alors distinguer l’essentiel de l’accessoire. La messe en latin a fait place aux langues vernaculaires. Ce changement, fruit du Concile Vatican II, a permis l’accessibilité de la parole de Dieu, de l’Évangile, à des millions de croyants. Le carcan d’un rituel liturgique immuable a laissé place à une éclosion extraordinaire de nouveaux chants et expressions rituelles plus significatives. Je le sais pour l’avoir vécu en Afrique, tout particulièrement en République Démocratique du Congo.

Ces changements n’enlèvent pourtant rien à l’essentiel du rituel de la célébration eucharistique. Or, un certain nombre, attaché à la tradition, a joint des mouvements plus conservateurs tel que les catholiques lefebvristes. D’autres, les plus nombreux, ont carrément quitté le bateau pour voguer sur d’autres océans de l’éventail spirituel mondial ou, tout simplement, décidé d’être seuls à bord.

L’inévitabilité des changements

L’accélération des changements des récentes décennies n’est que le prélude de changements plus importants en gestation. Notre écosystème planétaire est aux abois. Les changements climatiques se font de plus en plus sentir; inondations, feu de forêt, tornades, etc. Des populations entières sont en mouvement migratoire pour fuir l’oppression, la guerre, la pauvreté.

La pression exercée de ces mouvements migratoires sur les pays plus nantis, comme le nôtre, provoque des réactions défensives dont carbure un nationalisme étroit d’extrême droite. La polarisation des opinions, particulièrement politiques, s’accentue, particulièrement aux États-Unis. Cela n’augure rien de pacifique.

Un renouveau spirituel est possible

Je demeure néanmoins persuadé que l’Église Catholique peut encore être pertinente dans notre monde malgré les crises qui mine sa crédibilité depuis quelques décennies. Même si des voix discordantes se font entendre en son sein, la route du renouveau est tracée sous le leadership du pape François.

En effet, ayant appris que tout vient du Père et que tout nous est donné en son Fils Jésus, l’Esprit Saint continu de nous inspirer pour mieux partager la joie de notre foi chrétienne et à constamment la redécouvrir.

Notre attention ne se tourne pas vers la structure millénaire de l’Église, mais vers le message initial de Jésus, l’homme de Nazareth. L’Église restera l’Église de Dieu tant et aussi longtemps qu’elle proclamera humblement le message révolutionnaire de l’Évangile.

Selon le père Joseph De Mijolla, « nous avons besoin non seulement de la foi, mais de folle spontanéité dans la foi, d’inventivité dans la foi, dans les mots, les actes, les gestes, les images, les silences, l’amour et le respect… La spontanéité délicate de l’Esprit Saint. »

Conclusion

J’ai été ordonné prêtre en 1987 après quelques années d’études en Angleterre. L’ouverture à l’internationalité est ce que je cherchais et c’est ce que j’ai expérimenté au sein de la Société des Missionnaires d’Afrique. Nous sommes une famille spirituelle issue de la vision du Cardinal Lavigerie, archevêque de Cartage et d’Alger à la fin du XIXe siècle. Infiniment reconnaissant de cet héritage, j’ai la ferme conviction que mon sacerdoce repose avant tout sur mon désir de vivre mon appel missionnaire en fidélité avec le message de Jésus. Les Missionnaires d’Afrique me donne l’encadrement nécessaire pour réaliser ma vocation. Grand merci!

Nous avons tous besoin d’être structuré ou encadré en tant que société et individu. C’est le propre de l’évolution socio-économique des peuples. Malheureusement, il peut arriver qu’une structure sombre dans des formes d’aliénation. Cela peut être le cas de régimes politiques, économiques, culturels, familiaux ou religieux. Il faut alors avoir le courage de les condamner et de proposer des alternatives. Rien ne doit être figé dans le béton. C’est à ce niveau que la foi chrétienne est inconfortable, même au cœur de la vie de l’Église structurée. Elle se doit d’être en perpétuelle réformation.

Qui sait? D’ici quelques années, certains de nos rassemblements dominicaux se feront sur le métavers où il sera possible de se retrouver dans une immense salle virtuelle pour célébrer la messe. De la même manière que nous recevons en temps réel la bénédiction papale urbi et ordi2, la pandémie nous a appris qu’il est possible de communier spirituellement au corps du Christ en suivant la messe sur un écran de télévision. La foi se doit d’être inventive. Ayons confiance!

Dernière remarque

Nous n’avons pas célébré la fête de Noël en famille cette année, pandémie oblige. Les décorations, normalement si abondantes, ont pratiquement disparu, sinon incontestablement diminuées, surtout devant les maisons et le long des rues. Les églises sont restées vides. Nous sommes loin des Noëls de mon enfance. L’ambiance n’y est plus, ou presque. Les baby-boomers se font vieux et c’est tant mieux. La frénésie des cadeaux s’est atténuée. Les pères Noël de rouge vêtu rient jaune, eux qui prenaient tout l’espace visuel au détriment de l’enfant de la crèche. La fête de Noël a enfin une chance de redevenir spirituellement significative. C’est mon espoir! Et vous?

  1. Le «métavers» (contraction de méta-univers, «metaverse» en anglais), est une sorte de doublure numérique du monde physique, accessible via internet. Ce concept, qui n’en est qu’à ses balbutiements, doit permettre de se libérer des contraintes physiques en multipliant les interactions humaines via la 3D.
  2. Une bénédiction urbi et orbi est une bénédiction solennelle, prononcée par le pape à certaines occasions religieuses importantes du culte catholique, spécialement les jours de Pâques et de Noël. Elle est précédée d’un message et assortie d’une indulgence plénière. Dans la pratique actuelle, elle est prononcée depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, dans l’État du Vatican.

AUTRES LIENS :

QU’EST-CE QU’ON EST VENU FAIRE ICITTE?

Gérard Bouchard, 31 décembre 2021

Historien, sociologue, écrivain, Gérard Bouchard enseigne à l’Université du Québec à Chicoutimi dans les programmes d’histoire, de sociologie/anthropologie, de science politique et de coopération internationale. Il est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les imaginaires collectifs.

JULIE JAMMOT, AGENCE FRANCE-PRESSE, La Presse, 7 janvier 2022

(Las Vegas) « Qu’est-ce que le métavers sans les sensations ? C’est juste des avatars », lance José Fuertes, dont la veste haptique, garnie de capteurs, permet de sentir aussi bien les câlins que les coups de poing en réalité virtuelle.

Montreal, The Tragically Hip

Aujourd’hui, 6 décembre 2021, le groupe musical The Tragically Hip (reconnu mondialement) diffuse officiellement la vidéo d’une chanson que le défunt chanteur Gord Downie avait écrite en 1999 pour souligner la 10e commémoration de la tragédie de la Polytechnique. Gord Downie a performé cette chanson qu’une seule fois à Montréal le 7 décembre 2000 au Centre Molson. Elle est dédiée aux familles des 14 victimes et soutient le travail de PolySeSouvient. 

Voici le message publié par le groupe

Aujourd’hui nous exprimons notre soutien aux familles des 14 victimes et aux survivants du féminicide à l’École Polytechnique de 1989. Nous souhaitons appuyer leurs efforts contre la possession et la vente d’armes d’assaut semi-automatiques.

Visitez https://polysesouvient.ca/polyremembers/ pour plus d’informations et pour faire un don.

Lien qui vous permettra de visionner la chanson

Paroles originales avec traduction française de Montreal, The Tragically Hip

Nous aimerions faire une chanson maintenant sur le processus d’identification
We’d like to do a song now about the identification process
Ça s’appelle Montréal
It’s called Montreal
Elle aimait les tailleurs lavande
She used to like lavender pant suits
Et de longs gants de velours noir
And long black velvet gloves
Les sourires traversent les salles bondées
Smiles cross crowded rooms
Du seul garçon qu’elle aurait jamais aimé
From the only boy she’d ever love
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Je n’aimais pas les manteaux léopard
Didn’t like leopard coats
Ou de grands millionnaires minces
Or tall thin millionaires
Embrasser tout le monde le soir du Nouvel An
Kissing everybody on New Year’s Eve
Ou envoyer un homme à la chaise électrique
Or send a man to electric chair
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Son père va la faire bien paraître
Her father’s gonna make her look good
Donnez-moi la chance d’expliquer
Give me the chance to explain
Eh bien, pourquoi n’expliques-tu pas simplement
Well, why don’t you just explain
Allez, explique-moi
Come on, explain away
La neige est si impitoyable
The snow is so merciless
Sur le pauvre vieux Montréal
On poor old Montreal
Malgré tout ce qui s’est passé
In spite of everything that’s happened
Ouais, malgré tout
Yeah, in spite of it all
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Son père va la faire bien paraître
Her father’s gonna make her look good
Source LyricFind
Paroliers : Gord Downie / Gord Sinclair / Johnny Fay / Paul Langlois / Rob Baker
Paroles de Montreal © Peermusic Publishing

Interprétation de la chanson

Ces paroles énigmatiques suggèrent qu’il s’agit bel et bien de la tragédie de la Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989.

Le compositeur décrit ce que les filles aiment; les simples choses de la vie, sans extravagances dans leur habillement. Elles ne recherchent pas de riches manteaux, ni de millionnaires. Elles aiment rire et sont en amour. Tout ce qu’elles demandent, c’est d’être comprises dans leur quête pour devenir ingénieure. Peut-être que le tueur aurait découvert des amies chez ces jeunes femmes s’il avait pris la peine de les écouter au lieu de s’accrocher aux stéréotypes qui l’aveuglaient, qui l’empêchait de voir en elles des êtres humains ayant une histoire sacrée, comme tout autre être humain.

Dès les premières notes, Gord Downie souligne qu’il s’agit d’une chanson au sujet d’un processus d’identification. Il semblerait, selon une interprétation, qu’il s’agit de la mère de l’une des victimes qui a dû identifier la dépouille de sa fille. D’où la lyrique « sa mère (son père) va la faire bien paraître ». Triste image d’une mère et d’un père penchés au-dessus du cercueil de leur fille défigurée.

Mes remerciements au groupe The Tragically Hip

J’aimerais sincèrement remercier le groupe The Tragically Hip d’avoir rendu publique une chanson que le défunt chanteur Gord Downie a écrite il y a plus de vingt ans en hommage aux quatorze victimes du féminicide de l’École Polytechnique en 1989, dont ma sœur Annie.

Cette commémoration est difficile chaque année, mais elle est aussi très importante. Notre devoir de mémoire est ce qui fortifie notre lutte pour un meilleur contrôle des armes au Canada. La solidarité que ce groupe d’artistes mondialement reconnu est ainsi très touchante.

Leur générosité est également vivement appréciée. En effet, même si l’opinion publique est majoritairement de notre côté, notre budget opérationnel est très modeste. Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour mettre sur pied des activités d’envergure pour une levée de fonds.

À l’occasion de cette 32e commémoration de la tragédie de Polytechnique, je me permets de demander aux Canadiens qui appuient le contrôle des armes de visiter le site internet de PolySeSouvient afin d’utiliser notre module permettant d’envoyer un courriel à nos élus en appui avec nos revendications, dont l’interdiction des armes d’assaut.

Lien : https://polysesouvient.ca/appelaction/

Traduction anglaise de mes remerciements

I would like to sincerely thank The Tragically Hip for releasing a song that the late singer Gord Downie wrote more than twenty years ago in honour of the fourteen victims of the 1989 École Polytechnique femicide, including my sister Annie.

This commemoration is difficult every year, but it is also very important. Our duty to remember is what strengthens our fight for better gun control in Canada. The solidarity of this group of world-renowned artists is therefore very touching.

Their generosity is also greatly appreciated. Indeed, even though public opinion is overwhelmingly on our side, our budget is very modest. We do not have the resources to organise large-scale fundraising activities.

On the occasion of this 32nd commemoration of the tragedy at Polytechnique, I would like to ask Canadians who support gun control to visit the PolySeSouvient website to use our online tool to send an email to our elected officials in support of our recommendations, including the banning of assault weapons: 

https://polysesouvient.ca/calltoaction/

Serge St-Arneault
Brother of Annie St-Arneault

Brooklyn, Queens, 30 octobre 2021

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Nous quittons notre maison de Washington dès 4h40 du matin pour nous rendre à Brooklyn, New York. La circulation automobile s’intensifie rapidement au fur et à mesure que nous rejoignons l’autoroute MD295 N qui nous conduira vers Baltimore. Ensuite, direction nord-est vers Brooklyn; là est notre destination que nous atteignons plus de quatre heures plus tard.

Mon confrère Barthélémy Bazemo connaît bien la route. Réal Doucet et moi l’accompagnons pour la première fois. Un peu avant 9h00, nous trouvons un stationnement sur la rue Pacific, bloquée pour la circonstance. En effet, la messe présidée par Mgr Nicolas DiMarzio débutera à la Co-Cathédrale Saint-Joseph à 10h00 pour souligner son jubilé d’argent d’ordination épiscopale dont dix-huit ans en tant que septième évêque de Brooklyn. Nouvellement retraité, c’est aussi le moment de dire adieu aux chrétiens de son diocèse. Son successeur sera Mgr Robert J. Brennan.

Une trentaine d’évêques, une centaine de prêtres, des dizaines de séminaristes et une foule nombreuse participent à cette grandiose liturgie télévisée grâce aux studios professionnels installés au sous-sol de l’église.

La beauté de cette co-cathédrale de style colonial espagnol, pouvant facilement accueillir 1500 fidèles, a risqué de disparaître il y a quelques années dues aux importants coûts associés à sa rénovation. Aujourd’hui, le journal diocésain « The Tablet » a élu domicile à cet endroit. Fondé en 1908, ce journal de 36 pages est également imprimé en langue espagnole.

Mais là n’était pas le but de notre visite. Nous avions rendez-vous avec nos confrères engagés en pastorale paroissiale dans un quartier populaire de Brooklyn. Les Missionnaires d’Afrique ont offert leurs services pour l’accompagnement spirituel des populations d’origine africaine ou afro-descendantes qui se concentrent dans le quartier Queens.

Nos confrères Yago Abeledo, espagnol, Gazena Haile, éthiopien et Bartholomew Mrosso, tanzanien, exercent leur ministère à la paroisse « Our Lady of Light » qui comprend deux lieux de culte; St. Pascal Baylon et St. Catherine of Sienna, éloignées l’une de l’autre d’environ deux kilomètres.

Notre Société missionnaire a pris l’engagement d’être au service des populations africaines; nous sommes les Missionnaires d’Afrique. Or, ces populations, et plus largement afro-descendantes, ont développé des communautés partout dans le monde. C’est particulièrement le cas à Brooklyn.

C’est dans ce contexte que nous avons pris contact avec Mgr Paul R. Sanchez, vicaire épiscopal de Queens et Mgr. Raymond Chappetto du diocèse de Brooklyn pour leur proposer d’établir une communauté de missionnaires. C’est le retour du balancier. Pendant des décennies, les missionnaires étaient issus des pays occidentaux. Maintenant, nous envoyons des missionnaires d’origine africaine en Europe et en Amérique. Par cela, nous exprimons l’universalité de l’Église. D’ailleurs, dès le début de la nouvelle année 2022, deux confrères africains se joindront à l’équipe du Centre Afrika à Montréal. À suivre!

Réal Doucet, provincial des Amériques, Bartholomew Mrosso, curé à Brooklyn,
et Barthélémy Bazemo, délégué du provincial aux États-Unis.
Réal Doucet, provincial des Amériques, Mgr. Raymond Chappetto, vicaire général,
et Barthélémy Bazemo, délégué du provincial aux États-Unis.

Sur un air mélancolique de Johann Pachelbel

Par Serge St-Arneault

Assis, là où se situait le cloître du Monastère des Ursulines de Trois-Rivières, un air mélancolique de Johann Pachelbel représente bien l’état d’âme qui m’habite. Récemment, ce monastère trois fois centenaire, est devenu la propriété de la Ville de Trois-Rivières. Celle-ci se donne trois ans pour définir la future vocation de cet établissement hautement historique. Je suis témoin non seulement du changement vocationnel de ce lieu mais aussi d’une mutation sociale et d’un style d’Église. Les archives qui remontent à l’époque de la Nouvelle-France, m’a-t-on dit, seront conservés dans un édifice adjacent au monastère.

La photo murale au fond du cloître, datée de 1946, illustre bien ce qui s’est passé. Le cloître bondé de religieuses en prière a fait place à une salle vide, devenue muséale.

Le cloître

En ce dimanche du 12 septembre 2021, les portes étaient toutes ouvertes dans le cadre des Journées du Patrimoine Religieux. Un concert d’orgue se tenait à 14h00 dans la grande chapelle. Une petite assemblée s’y est retrouvée. L’auditoire a apprécié les pièces jouées par Suzanne Bellemare. Le répertoire comprenait John Stanley, Aria Selbaldina et Johann Pachelbel, François Couperin, Jean Sébastien Bach, Johannes Brahms et Nicolas J. Lemmens. L’ensemble mélancolique de ces œuvres a été interrompu par le grand classique de Bach; extrait de la cantate 147.

La chapelle

Le réfectoire avec vue sur la cour arrière et le cimetière

Jalon historique des Ursulines

1535      Fondation des Ursulines à Brescia en Italie

1639 – 1697 Marie de l’Incarnation et les Ursulines à Québec

1697      Arrivée des Ursulines à Trois-Rivières, lieu d’habitation dans la demeure du gouverneur de Ramesay.

1701      Installation des Ursulines au Monastère

1715      Construction de la chapelle, rénovée en 1897

1838      Début de la responsabilité de la direction d’écoles publiques à Trois-Rivières

1900      Présence des Ursulines à Grand-Mère

1908      Les Ursulines à Shawinigan

1935      Consolidation du Collège Marie-de-l’Incarnation

Septembre 2019 : Les Ursulines quittent leur monastère pour emménager dans leur nouvelle résidence Lokia située dans le nouveau quartier Promenade Trois-Rivières sur St-Laurent. C’est là que j’ai salué Sœur Suzanne Julien que j’ai bien connu lorsque nous étions étudiants en théologie à l’UQTR il y a plus de quarante ans. Avec quelques-unes de ses consœurs, elle avait elle aussi assisté au concert d’orgue. Elle m’a confié qu’elle s’était de nouveau sentie chez elle pour un court instant.

« Souhaitons que de beaux fruits surgissent de ce que nous avons semé, m’a-t-elle confié. »

Adresse : Musée des Ursulines, 734, rue des Ursulines, Trois-Rivières,QC G9A 5B5

Téléphone : 819 375-7922

Site internet : www.musee-ursulines.qc.ca

Polarisation

Par Serge St-Arneault, M.Afr

La conférence de presse de PolySeSouvient était sur le point de commencer sous le vaste chapiteau aménagé sur le terrain de l’École Polytechnique. Quelques caméras étaient déjà en place devant le podium où les personnes désignées pour cette conférence allaient parler. Devant ce podium, à mes côtés, se tenaient des jeunes qui représentaient les associations étudiantes.

Les photographes étaient aussi à l’œuvre.

— Bonjour, dis-je à l’un d’entre eux. Comment allez-vous?

— Je vais bien merci, répondit-il. J’étais à Ottawa hier pour suivre la campagne électorale. Je n’ai jamais vu autant de mesure de sécurité de toute ma carrière journalistique.

— C’est peut-être dû au phénomène de polarisation.

— Vous avez raison. Il y avait un homme accompagné de son fils de huit ans qui m’injuriait. Pour lui, les médias « sont les mauvais ». Je lui ai alors dit que j’avais moi aussi un fils de l’âge du sien et que je prenais soin, en sa présence, de faire preuve de respect pour mon prochain. Après tout, comme parents, nous devons bien éduquer nos enfants. Et il s’est alors tu.

La polarisation! Voilà où nous sommes rendus. Le juste milieu semble avoir disparu du radar! Dans le contexte des armes d’assaut de type militaire, nous n’avons d’autre choix que d’exiger le bannissement complet de telles armes de guerre des mains de simples citoyens. Ces armes sont essentiellement conçues pour tuer. Étant une question de sécurité publique, nous ne voulons pas connaître la prolifération des armes à feu comme cela est actuellement le cas aux États-Unis.

Vous êtres trop émotifs

J’ai reçu un message sur les réseaux sociaux me disant que je fais honte aux femmes qui ont été assassinés lors de la tragédie de la Poly parce que je milite pour un contrôle effectif ou, mieux encore, le bannissement des armes d’assaut dans notre pays. J’ai compris que celui qui m’a envoyé ce message est vraiment attaché à son arme à feu, un attachement émotif. Émotif! Oui, je le suis aussi mais pour une autre raison; ma sœur Annie est l’une des quatorze victimes de Poly.

Cela me rappelle un événement que j’ai vécu il y a plus de vingt ans. J’avais été invités par une congrégation religieuse de Bellechasse pour leur parler du contrôle des armes à feu qui était alors en vigueur. Une heure plus tard, j’ai demandé aux religieuses pourquoi le curé, présent au début de ma présentation, avait quitté les lieux si tôt.

— C’est qu’il possède une arme à feu et il pense que vous la lui enlèverez, m’ont-elles confié.

Pourtant, les armes de chasse n’ont jamais été prohibées au Canada. À force de propager la fausse nouvelle (Fake News) que les honnêtes chasseurs ne pourront plus utiliser leurs armes, même les curés paniquent, du moins ceux qui pratiquent la chasse sportive.

Édouard Montpetit

Après la conférence de presse, je suis descendu à pied en direction du Boulevard Édouard Montpetit. J’y découvre pour la première fois un bronze du premier secrétaire de l’Université de Montréal en 1929 : Édouard Montpetit.

Place du 6 décembre

Ensuite, j’ai poursuivi ma marche en direction de la Place du 6 décembre. J’ai pris le temps de déchiffrer le nom de chacune des quatorze femmes inscrites sur le sol. J’ai prié et revécu en mémoire les nombreuses fois où j’y étais venu, tout particulièrement lors de la visite de l’Honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères.

Ensuite, j’ai poursuivi ma prière à l’Oratoire Saint-Joseph où d’importants travaux d’aménagement sont en cours d’exécution. J’ai suivi la route sinueuse ascendante menant à la chapelle du Frère André.

D’une grande sobriété, celle-ci semble hors contexte à côté de l’immense oratoire. Curieusement, j’y vois de nouveau cette polarisation qui, cette fois-ci, s’exprime dans le style architectural. J’ai pris plusieurs photos dans la plus grande de deux, mais j’ai prié dans la petite chapelle.

NOUS GARDONS TOUJOURS CONFIANCE

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Nous avons et, dans une moindre mesure, continuons de subir des transformations importantes liées à la pandémie du coronavirus. Nos habitudes de vie et nos rassemblements ne sont plus les mêmes. Nous avons toutes et tous été affectés par les restrictions et les mesures de distanciation sociale. Notre santé mentale a elle aussi été mise à rude épreuve.

D’un autre côté, nous voyons naître de nouvelles initiatives et nous sommes devenus plus conscients de notre humanité commune. Un minuscule virus venant du bout du monde peut aisément se propager sans frontières à la vitesse de l’éclair. Si ce problème est mondial, la solution doit, elle aussi, être planétaire. Il en est de même par rapport aux changements climatiques.

À son niveau, l’Église institutionnelle est elle aussi infectée par son passé ombrageux, par ses erreurs. Elle donne l’impression d’être en soin intensif. Nous sommes devenus une minorité de croyants en attente d’un vaccin spirituel pour nous protéger. Or, ce vaccin est déjà disponible.

« Nous gardons toujours confiance, tout en sachant que (…) nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision » (Cor, 5,6).

De fait, notre vie personnelle et collective est constamment ponctuée de profondes transformations. L’être humain a cette exceptionnelle habilité de s’adapter à pratiquement toutes les circonstances, même à un âge avancé. Notre vaccin spirituel est la confiance. Nous persistons à cheminer dans la foi même si nous ne voyons pas clairement où nous allons. Cette attitude nous conduira au-delà de la mort.

Pour le moment, nous sommes encore de ce monde. Profitons-en pour garder le cap malgré notre manque de claire vision. En fin de compte, le plus important n’est pas de savoir où nous allons, mais plutôt de nous assurer de la qualité des petits pas de bienveillance que nous traçons sur la route quotidienne de la vie. Sans plus!

Au sujet de changements, je vous annonce que le Père Jacques Poirier, qui écrivait la Lettre aux Amis depuis plusieurs années, repart au Burkina Faso, en Afrique. Nous sommes invités à l’accompagner de notre soutien et de nos prières tout en lui disant merci pour les services rendus. Une nouvelle équipe rédactionnelle vous sera annoncée dans la prochaine édition du magazine.

Aujourd’hui, je vous invite à lire le témoignage d’Adrien Sawadogo, un jeune Père Blanc qui a rencontré le Christ vers l’âge de 22 ans. De musulman qu’il était, il est devenu chrétien et Missionnaire d’Afrique. Vous lirez aussi les origines de la basilique Notre-Dame d’Afrique en Algérie, patronne des Missionnaires d’Afrique. Il y a enfin une invitation à participer au projet de meubler l’école d’arts et métiers de Gyedna au Nigéria.