À : Justin Trudeau, Pierre Poilievre, Yves-François Blanchet, Jagmeet Singh, Elizabeth May
CC: Ron McKinnon, Raquel Dancho, Kristina Michaud, Paul Chiang, Pam Damoff, Iqwinder Gaheer, Peter Julian, Dane Lloyd, Glen Motz, Taleeb Noormohamed, Peter Schiefke, Doug Shipley (membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale)
À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, une coalition d’organisations féministes et de femmes de tout le Canada demande au gouvernement libéral et aux partis d’opposition fédéraux de réintroduire et d’adopter des amendements au projet de loi C-21 afin de définir et d’interdire une fois pour toutes les armes à feu de style armes d’assaut.
Nous demandons en particulier au Parti libéral, au NPD et au Bloc Québécois de tenir leur promesse d’interdire les armes à feu de style armes d’assaut, une mesure soutenue par une écrasante majorité de Canadien·nes.
Le contrôle des armes à feu est un enjeu féministe. L’accès aux armes à feu est l’un des principaux facteurs de risque de violence armée, incluant le féminicide. Les études démontrent que la présence d’armes à feu dans un foyer où le conjoint est violent augmente considérablement le risque que la femme soit tuée. Les femmes vivant en milieu rural sont particulièrement vulnérables à la violence conjugale commise à l’aide d’une arme à feu.
Les armes à feu de style armes d’assaut, qui sont conçues pour un usage militaire et n’ont aucune utilité civile légitime, constituent une menace directe pour la sécurité des femmes et des filles. Le massacre antiféministe de la Polytechnique en est un exemple tristement célèbre, et des fusillades de masse se produisent également dans un contexte de violence familiale. Les armes à feu de style armes d’assaut sont capables de tirer rapidement un grand nombre de balles et peuvent causer des dommages dévastateurs aux individu·es et aux communautés. Des recherches menées aux États-Unis montrent que les attaques impliquant des armes semi-automatiques dotées de chargeurs de grande capacité font en moyenne beaucoup plus de victimes et que les interdire réduit considérablement le nombre de fusillades de masse.
Au cours des derniers mois, le débat public sur l’interdiction des armes à feu de style armes d’assaut a été perturbé par la désinformation flagrante de la part du lobby des armes à feu et d’autres opposants au contrôle des armes. Nous demandons à nos représentant·es élu·es de s’opposer fermement à de telles tactiques et de privilégier la sécurité de nos communautés en adoptant dès maintenant, dans le projet de loi C-21, une interdiction complète et permanente des armes à feude style armes d’assaut. Nous demandons également au gouvernement de poursuivre ses consultations avec les communautés des Premières Nations, inuites et métisses et d’engager un dialogue constructif sur toutes les questions relatives au contrôle des armes à feu.
En tant qu’organisations féministes et de femmes, nous sommes unies dans notre engagement à mettre fin à la violence basée sur le genre et à promouvoir la sécurité et le bien-être de tou·tes les Canadien·nes, notamment par une interdiction complète des armes à feu de style armes d’assaut au niveau fédéral au Canada.
Signée par les organisations suivantes :
National Association of Women and the Law | L’Association nationale Femmes et Droit, YWCA Canada, Fédération des femmes du Québec, Women’s Legal Education and Action Fund | Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes, Ending Violence Association of Canada | L’Association canadienne pour mettre fin à la violence, Canadian Federation of University Women | Fédération Canadienne des Femmes Diplômées des Universités, Women’s Shelters Canada | Hébergement femmes Canada, Canadian Council of Muslim Women, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, National Council of Women of Canada, Luke’s Place Support and Resource Centre for Women and Children, Canadian Women’s Foundation | Fondation canadienne des femmes, Persons Against Non-State Torture, Wisdom2Action, West Coast LEAF Association, Association féministe d’éducation et d’action sociale, Action ontarienne contre la violence faite aux femmes, South Asian Legal Clinic of Ontario, South Asian Women’s Community Centre | Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, Barbra Schlifer Commemorative Clinic, SOS violence conjugale, Québec contre les violences sexuelles, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel, Ontario Association of Interval & Transition Houses, Service d’Entraide Passerelle, Centre Victoria pour femmes, Alberta Council of Women’s Shelters, Newfoundland & Labrador Sexual Assault & Crisis Prevention Centre, The Canadian Association of Elizabeth Fry Societies | L’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, YWCA Toronto.
L’Association Nationale des Femmes et leur Droit (ANFD) milite pour les réformes juridiques qui font progresser les droits des femmes à l’égalité au Canada depuis 1974. Les domaines prioritaires actuels sont : les violences faites aux femmes, la justice reproductive et les droits des femmes dans le contexte de la crise climatique.
Les armes de type militaire continuent d’être introduites sur le marché canadien pendant que le débat se concentre sur le processus et la désinformation. À ce propos, lire le communiqué de PolySeSouvient suivant.
(Ottawa) Le gouvernement fédéral doit se doter de critères plus objectifs pour définir les armes d’assaut afin d’éviter d’englober certaines armes de chasse, selon la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs. L’interdiction des armes d’assaut ajoutée au projet de loi C-21 l’automne dernier avait semé la confusion et le gouvernement avait finalement dû reculer. Il compte revenir à la charge après une série de consultations.
(Ottawa) Une trentaine d’organisations féministes pressent le gouvernement fédéral d’interdire les armes d’assaut de façon permanente. La coalition doit rencontrer virtuellement le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, mercredi. Le gouvernement avait causé la surprise au début du mois de février en retirant les deux amendements pour interdire les armes d’assaut de style militaire du projet de loi C-21.
Un article publié dans La Presse aujourd’hui, 20 février 2023, par Moisés Ávila de l’Agence France-Presse, est révélateur d’une tendance. Du moins, c’est ce que je souhaite. L’idée est simple : donner une chance aux détenteurs d’armes à feu; pistolets, fusils et armes semi-automatiques de s’en débarrasser de façon sécuritaire.
Ces propriétaires d’armes à feu reçoivent un montant d’argent en échange. Au-delà de cet aspect pécunier, pourquoi prendre le risque de subir un vol d’armes à feu qui a connu une croissance de 16% au cours des dix dernières années aux États-Unis ?
Si l’idée de de départir d’armes à feu prend de l’ampleur dans l’État du Texas qui est l’un de ceux où il est le plus facile de se procurer une arme, il est raisonnable de croire que cette BONNE IDÉE prenne de l’ampleur dans tout le pays.
Le port d’armes, est-il écrit dans l’article, y est autorisé sans restriction, au nom du deuxième amendement de la Constitution américaine. Mais, j’ai déjà contesté cette affirmation dans un article que j’ai publié le 23 février 2018 intitulé L’épineuse question du contrôle des armes à feu aux États-Unis d’Amérique où je démontrais que la vente et la libre possession d’armes à feu prôné par la NRA étaient basées sur une interprétation tendancieuse et partielle du deuxième amendement. La NRA l’a transformée en une idéologue antidémocratique qui, paradoxalement, va à l’encontre des idéaux des fondateurs des États-Unis d’Amérique.
Enfin, la suprématie idéologique du deuxième amendement commence à être contesté : « Mais pour Rodney Ellis, le responsable du comté, les auteurs de la Constitution – rédigée au XVIIIe siècle – n’auraient jamais pu imaginer la modernité des armes à feu d’aujourd’hui. »
« Donc jusqu’à ce que l’on arrive à changer les mentalités et qu’on parvienne à un encadrement raisonnable des armes à feu dans ce pays, ce type d’initiative est le genre de choses que nous devons faire. »
Photo Serge St-Arneault : vue du parlement canadien de la fenêtre de l’édifice Wellington.
Par Serge St-Arneault, M.Afr
Encore une fois[i], je me suis retrouvé à l’édifice Wellington à Ottawa pour accompagner Heidi Rathjen, Nathalie Provost et Boufeldja Benabdallah qui étaient invités à faire partie d’un groupe de témoins et à comparaître lors de la 57eséance du Comité permanent de la sécurité publique et de la sécurité nationale (SECU) de la Chambre des Communes pour l’étude sur les effets des amendements retirés (G-4 et G-46) au projet de loi C-21, Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu).
Selon Francis Langlois, membre associé à l’observatoire des États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand et professeur d’histoire au Cégep de Trois-Rivières, le gouvernement a fait deux erreurs dans le dépôt de son projet de loi C-21. Il a tout d’abord déposé le retrait des deux amendements visant à interdire les « armes d’assaut de style militaire » en fin de deuxième lecture et surtout, la définition qu’il entendait utiliser était plutôt complexe. Afin d’éclaircir le débat, il faut, une définition ancrée dans la réalité technique des armes à feu (AAF), ce qui évitera les dérapages sémantiques que sont les expressions « armes d’assaut » et « armes de chasse ».
« Si l’objectif du gouvernement est de diminuer le risque de futures tueries de masse en sortant de telles armes du marché canadien, il doit les catégoriser en fonction de leur mécanisme de tir plutôt que par des définitions contestables et contournables. Une telle catégorisation évitera également d’avoir à tenir à jour une longue liste de modèles, l’industrie ayant toujours joué sur le pointillé de la loi pour vendre sa production éventuelle.[ii] »
Désinformation
PolySeSouvient ainsi que le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) avaient d’ailleurs réclamé que les amendements retirés du projet de loi C-21[iii] soient réintroduits, voire clarifiés, et simplifiés, pour mettre fin à la désinformation qui, selon eux, a fait dérailler l’adoption de la pièce législative.
Selon le reportage d’Émilie Bergeron de La Presse canadienne, « À cause de l’absence de définition globale et permanente dans la loi, de nouveaux modèles d’armes d’assaut ont progressivement envahi le marché canadien (depuis des interdictions mises en place). Sans définitiondans la loi, les manufacturiers vont continuer à introduire des modèles et un retour en arrière sera beaucoup plus facile sous un gouvernement qui ne partagerait pas les mêmes valeurs de sécurité publique », a déclaré mardi Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient et survivante de la fusillade de Polytechnique, en témoignant devant le comité parlementaire de la sécurité publique[iv].
Extraits lors de la séance
Depuis plus de trois décennies, PolySeSouvient et d’autres victimes de tueries de masse commis par des armes de type militaire militent pour leur interdiction. Moi, j’ai honte qu’après 33 ans de lutte, nous n’arrivions pas dans notre pays à nous mettre d’accord. Bien que toutes nos démarches soient appuyées par la majorité des Canadiens, nous devons encore venir devant vous pour faire valoir l’importance d’interdire les armes d’assaut. Pourquoi ces armes n’ont-elles pas été interdites immédiatement après la tragédie de Polytechnique en 1989 ?
Avec une définition, les manufacturiers ne pourront pas mentir. Cette stratégie permettra d’ajuster la liste des armes prohibées selon les critères établis plutôt qu’être constamment à courir après le danger de la mise en marché de nouvelles armes plus puissantes que nous ne voulons pas reconnaître (comme acceptables) au Canada. Notre objectif est une DÉFINITION PERMANENTE. Nous n’en pouvons plus de refaire ce chemin de croix. Il faut décortiquer les amendements retirés (G-4 et G-46) de manière que les Canadiens comprennent bien leur véritable nature et leur impact. C’est sur un fondement scientifique et rationnel, encré sur des faits, que de nouveaux amendements clairs et améliorés pourront être adoptés. Nous y tenons !
Nous espérons aujourd’hui que ces consultations spéciales viseront avant tout à clarifier les véritables impacts des amendements G-4 et G-46 car tout nouvel amendement doit être fondé sur des préoccupations réelles et légitimes. (…) Le manque de clarté des amendements constitue un défi majeur. Nous soutenons pleinement le langage dans les deux amendements afin de le rendre plus simple et plus facile à comprendre pour les profanes. (…) Nous reconnaissons que des questions spécifiques liées aux droits de chasse des peuples autochtones doivent être abordées. Nous continuons d’appuyer la définition évolutive proposée dans le document G-4. Mais, nous suggérons de modifier cette définition évolutive pour éviter que les fabricants ne contournent l’interdiction des armes semi-automatiques de style militaire.
L’intention du projet de loi n’était pas de retirer le droit des nations autochtones de chasser. Nous ne voulons pas non plus avoir une incidence adverse sur les chasseurs. Mais, il ne faut pas perdre de vue le souvenir des victimes. Il est nécessaire de s’assurer qu’il n’y aura plus de massacres semblables comme celui de la Polytechnique de Montréal et de la mosquée de Québec. Taleeb Noormohamed
« Au sujet des nouveaux modèles d’arme à feu (produit par) des manufacturiers qui utilisent des échappatoires pour trouver des façons de contourner la liste existante (d’armes prohibées), PolySeSouvient est souvent obligé d’en informer le gouvernement et la GRC des nouveaux modèles (d’armes à feu). Cela montre qu’il y a quelque chose de mal organisé (au niveau gouvernemental et de la GRC). » Peter Julian
DÉFINITION PERMANENTE
Une DÉFINITION PERMANENTE, comprenant une liste, permettrait de répertorier et d’interdire les nouveaux modèles d’armes d’assaut qui entreraient sur le marché. Cette définition devrait comprendre les éléments suivants :
Capacité d’armes semi-automatiques de conception militaire pouvant tirer en rafale avec des chargeurs de plus de cinq balles et incompatibles pour la chasse.
Les armes à feu qui ont une énergie initiale extrêmement puissante qui dépasse tout usage citoyenne normale.
Ma conclusion
« Petit train va loin ! » dit-on. Justement, j’ai voyagé en train ce jour-là au prix de $155, aller-retour Montréal-Ottawa. C’est dispendieux pour un confort plutôt modeste et pour éviter le stress de la conduite automobile.
Bref, pour une rare fois, j’ai eu le sentiment que les échanges ont, de part et d’autre, été constructifs et respectueux, comme l’a souligné la députée Raquel Dancho qui avait pourtant, en novembre dernier, déclaré que la définition proposée était « la plus importante interdiction des fusils de chasse au Canada. »
Lors de l’audience, les affirmations techniques présentées par PolySeSouvient étaient basées sur des faits scientifiques et l’avis des experts. Bien sûr, nous sommes émotifs face à la violence et la souffrance qui en résulte, mais les vrais intervenants émotionnels et irrationnelssont les membres du lobby des armes dont l’identité semble reposer entièrement sur la possession d’armes de poing ou d’assaut et qui déforment la réalité pour appuyer leur propagande qui s’est avérée mensongère[v][vi].
Le jour de la Saint-Valentin de 2023 ne sera pas pour moi la commémoration du saint patron des amoureux, mais celui d’une énième tentative pour aboutir à une déclaration courageuse, mais nécessaire pour bannir une fois pour toutes la prolifération d’armes d’assaut de type militaire des mains de simples citoyens canadiens. Cela ne doit pas être un enjeu d’idéologie politique partisane, mais le fruit d’un consensus global.
Envers et contre tout, je garde espoir que notre pays adoptera une vision prophétique en clarifiant une définition permanente qui satisfera les chasseurs ainsi que les citoyens des Premières Nations et assurera une plus grande sécurité pour la majorité des canadiens. Nous le devons pour la mémoire des toutes les personnes, surtout enfants et femmes, victimes de meurtre par armes à feu.
À gauche : Serge St-Arneault, Heidi Rathjen, Nathalie Provost et Boufeldja Benabdallah. À droite : Nathalie Provost en entrevue dans les studios de TVA Nouvelles à Ottawa
Bloc Québécois : Le Bloc déposera un projet de loi pour corriger le tir. Les peines avec sursis devraient être interdites dans la majorité des cas d’agression sexuelle, selon le député Rhéal Fortin. Il compte déposer un projet de loi au cours des prochaines semaines afin de revenir aux peines minimales pour ces crimes et ceux commis avec des armes à feu.
[iii] Outre la définition des armes d’assaut prohibées qui a été retirée, le C-21 prévoit des mesures qui renforceraient le gel des armes de poing. La législation permettrait également de retirer les permis d’armes à feu des personnes commettant de la violence conjugale ou se livrant à du harcèlement criminel, ainsi que d’augmenter les peines maximales pour la contrebande et le trafic d’armes à feu de 10 à 14 ans.
Carey ne doit pas être instrumentalisé par les lobbys « proarmes » qui pourraient facilement le mettre dans l’embarras en faisant de lui un porte-étendard de la culture républicaine américaine jurant la victoire du deuxième amendement tout en défaisant les démocraties.
Grâce à ses talents sportifs et ses origines autochtones, Carey Price inspire la fierté. Il est un modèle de réussite. Nous avons tous été touchés par ses absences à cause de ses blessures et de son retrait du jeu pour raison médicale.
Plus notre voix porte, plus il faut l’utiliser avec prudence pour s’assurer de faire une contribution solide et constructive. Parce que les vedettes ont des voix fortes, il est parfois important de leur répondre. C’est le cas ici.
Comme tous les citoyens de notre pays, Carey a le droit d’émettre ses opinions sur le projet de loi C-21 sur les armes à feu. Malheureusement, sa sortie publique sur les médias sociaux a provoqué un profond malaise et suscité beaucoup de questionnement. Pourquoi avoir choisi ce moment-ci qui coïncide avec les commémorations entourant la tragédie du féminicide du 6 décembre 1989 à la Polytechnique de Montréal ? Pourquoi s’associer avec une organisation qui prône la vente d’un calendrier avec le code promotionnel ‘Poly’ ? Nous en sommes vivement offensés.
There is no way the Canadiens can propose to retire Price’s number without sparking significant outrage. There is simply no way he deserves to have his number raised to the rafters at the Bell Centre, not after this. The opinion of an anglo columnist doesn’t matter much in this town. But on behalf of 14 murdered women who can’t speak for themselves, I will fight any attempt to retire Carey Price’s number with everything I have. That’s a promise.
Il y a aussi eu beaucoup de confusion avec la déclaration du club de hockey du Canadien qui s’est excusé en son nom, affirmant qu’il ne savait pas ce qui s’était passé il y a 33 ans, et Carey Price affirmant le contraire le lendemain.
Quoiqu’il en soit, l’arme de chasse qu’il affiche dans ses mains n’est pas prohibée et ne figure pas sur la liste des armes qui seront prohibées dans le projet de loi C-21. Son indignation contre ce projet de loi est injustifiée. A-t-il été encouragé d’agir comme il l’a fait par quelqu’un d’autre ? Il semble pourtant défendre sa déclaration.
Loi C-21
La position de PolySeSouvient est claire et sans ambiguïté. La loi C-21 et les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino annoncés au mois de mai dernier.
En bref, la loi C-21 vise à l’interdiction globale et permanente des armes de style militaire. Ce type d’arme inclut les armes d’assaut ainsi que les armes semi-automatiques de grande capacité ou modifiables incluant celles soi-disant adaptées pour la chasse, mais conçues par les fabricants.
Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses.
Plus de trente ans après Polytechnique, et alors que d’autres tragédies meurtrières ont mis en scène des armes qu’on gagnerait à exclure du périmètre public, C-21 est essentiel, en dépit du grondement d’opposition propre au lobby des armes qui l’entoure.
La chasse sportive
PolySeSouvient se dit ouvert au compromis. « On n’est pas contre les armes, on n’est pas contre les chasseurs et on n’est pas contre la chasse, affirme Mme Provost. Donc, travaillons ensemble pour avoir une liste qui fait que les armes qui devraient être reconnues comme des armes de chasse raisonnables soient exclues du règlement. »
Jeune, à La Tuque, je me rappelle une autre conversation que j’ai eue avec un chasseur lorsque je travaillais à l’usine de papier de la C.I.P.
– La chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile.
Dans le sport compétitif, il est normal que les équipements se perfectionnent pour espérer une victoire. Mais les armes de chasse doivent-elles se perfectionner au point de ne laisser aucune chance de survie à l’animal chassé ?
Au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit. Il est légitime d’exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiables.
33e commémoration du féminicide du 6 décembre 1989
Comme chaque année, nous nous sommes rassemblés au belvédère Kondiaronk, une vaste terrasse panoramique sur le mont Royal. Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. Selon le rituel, les noms des 14 femmes assassinées, dont ma sœur Annie, ont été nommés au moment où les faisceaux bleus étaient allumés sur le belvédère.
Puis, les dignitaires ont déposé en silence une rose blanche sur une table placée en face d’un tableau où figurait une photo des 14 femmes honorées. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a été le premier à faire quelques pas supplémentaires pour se diriger à l’extérieur du chalet pour voir les faisceaux. Quelques-uns l’ont suivi tels que François Legault et son épouse.
Autour de moi, je n’ai pas reconnu d’autres membres des familles des victimes. Peut-être étais-je le seul ? En revanche, j’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!
Laissons parler les experts
La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.
La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu; la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël. Le président Joe Biden promet à nouveau d’interdire les fusils d’assaut aux États-Unis où il y a un puissant lobby des armes à feu.
Comme individu, il nous incombe de faire des choix librement et en connaissance de cause. Nous sommes responsables de nos décisions. Il en est de même pour la société que nous formons qui est dirigée par des gouvernements élus démocratiquement. Il faut maintenant saisir le momentum et faire des choix collectifs à la hauteur des immenses défis qui nous attendent : changement climatique, propagation de nouveaux virus, menace à l’écosystème, migration de populations menacées, etc.
La crise financière que nous connaissons en ce moment est le résultat des effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, prélude de plus grandes menaces à venir. Plus que jamais nous devons nous mettre à l’écoute des scientifiques et prendre collectivement des mesures pénibles mais nécessaires qui affecteront notre style ou notre niveau de vie. Le contrôle des armes à feu, particulièrement le bannissement des armes d’assaut, s’inscrit dans ce grand mouvement de changement civilisationnel.
«Ç’a été une réaction très forte», avoue-t-il en entrevue avec Le Nouvelliste.
Il souligne que les propos de Carey Price ont provoqué un malaise, mais également beaucoup de questionnements.
«Est-ce que ça vient de son propre gré, ou bien est-ce qu’il a été influencé par quelqu’un ou par un groupe pour faire cette déclaration à ce moment-ci? On peut se poser la question, mais je n’ai pas de réponse. On se demande pourquoi.»
Même s’il convient que l’athlète a le droit à son opinion sur le projet de loi C-21, il soutient que la notoriété de Carey Price, le fait qu’il soit une figure publique respectée, un modèle et une référence sportive, accentue le malaise et la confusion dans un débat qui est «extrêmement sensible et extrêmement important».
«Ce qu’il dit a des impacts, bien évidemment.»
«Ça nous fait mal une déclaration comme celle-là. D’autant plus que l’arme qu’il tient dans ses mains ce n’est pas une arme qui sera bannie dans le projet de loi. C’est une arme qui sera acceptée. […] Il n’a jamais été question de bannir toutes les armes de chasse», précise M. St-Arneault qui est également membre du mouvement PolySeSouvient.
Dans les derniers jours, le gardien de but du Canadien de Montréal s’est affiché très clairement contre le projet de loi C-21 sur les réseaux sociaux. Il a également manifesté son soutien à la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCDAF) qui a, elle aussi, suscité de vives réactions pour avoir utilisé l’acronyme «POLY» comme code promotionnel. Un geste qui passe mal.
«Je me sens insulté», lance M. St-Arneault.
«C’est une insulte carrément. Je pense que c’est intentionnel. Ils se sont sentis vexés qu’on s’en prenne aux armes à feu. C’est d’une maladresse… C’est un manque de sensibilité, un manque de respect, un manque total de considération… pour les femmes en particulier. C’est une espèce de provocation», ajoute-t-il.
Pour Serge St-Arneault, l’indignation du joueur de hockey est injustifiée. Le Latuquois estime qu’il faut laisser parler les experts.
«La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.»
«La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu: la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël», fait-il remarquer.
«C’était un événement extrêmement fort, c’était électrique.»
Pour lui, les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino.
«Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses», note M. St-Arneault.
Ce dernier se souvient d’ailleurs de certaines conversations avec des chasseurs alors qu’il travaillait à l’usine de papier de la C.I.P à La Tuque, sa ville natale. Un d’eux lui avait alors souligné que «la chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile».
Serge St-Arneault rappelle qu’au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit, et soutient qu’il est légitime d’«exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiable».
Commémoration du féminicide du 6 décembre 1989
Comme chaque année, Serge St-Arneault a participé à la cérémonie au belvédère Kondiaronk sur le mont Royal. Des roses blanches ont été déposées devant les photos des 14 femmes décédées. Leurs noms ont été prononcés au moment où les faisceaux bleus se sont allumés sur le belvédère.
«Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. […] Ce n’est pas mauvais. Ça permet de goûter le silence et la gravité de l’événement qui s’est déroulé il y a déjà 33 ans», commente-t-il.
«J’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!», se réjouit-il.
Si l’émotion est différente d’un 6 décembre à l’autre, il s’agit toujours d’une occasion de rendre hommage à sa sœur. Nathalie Provost, une survivante de la tuerie, écrivait d’ailleurs dans une lettre ouverte publiée récemment dans les médias qu’Annie St-Arneault était femme lumineuse, le genre de personne qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer, et qu’elle faisait l’unanimité.
Elle soutient qu’elle était une femme douce, curieuse, et ouverte d’esprit, ce à quoi acquiesce le frère d’Annie St-Arneault.
«C’est une très belle définition d’Annie», a-t-il conclu.
Peut-on conclure que plus il y a d’armes à feu en circulation, plus il y a de morts accidentelles ?
Oui, évidemment. « Mais c’est surtout l’encadrement légal qui fait la différence », note Francis Langlois, professeur au cégep de Trois-Rivières et chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand.
DAVANTAGE D’ACCIDENTS MORTELS AUX ÉTATS-UNIS
En 2020 aux États-Unis, près de 500 personnes ont été tuées par un coup de feu accidentel. C’est beaucoup plus qu’au Canada, même en tenant compte de la population. Selon Statistique Canada, le nombre de personnes tuées au pays par une décharge accidentelle d’arme à feu a connu des hauts et des bas depuis 20 ans. Entre 2000 et 2004, il se situait entre 18 et 20 par année, avant d’amorcer une diminution qui allait atteindre seulement 2 décès en 2014 (le fameux Registre des armes à feu a été aboli en 2012). Depuis huit ans, le nombre de morts a recommencé à augmenter, atteignant 15 décès en 2020 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles).
En troisième année de Poly, en génie mécanique, je me suis fait une nouvelle amie. Comme moi, elle avait perdu le groupe d’origine et nous nous retrouvions dans la même classe. Je ne sais pas si elle était de ce groupe parce qu’elle passait comme moi trop de temps au local étudiant ou bien parce qu’elle était entrée à Poly à la session d’hiver, mais nous nous sommes retrouvées dans la même classe à mon grand bonheur.
C’était une fille lumineuse. Vous savez ? De ces personnes qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer. Moi, mon gros caractère et mes idées arrêtées sur tous les sujets, je me trouvais confrontée à la douceur, à la curiosité, à l’ouverture d’esprit. On avait envie d’étudier avec elle, d’être en équipe avec elle. Elle faisait l’unanimité.
Le 6 décembre 1989, cette fille était dans ma classe. À la pause, nous sommes allées ensemble au bureau étudiant pour savoir si Alcan (aujourd’hui Rio Tinto) l’avait embauchée comme ingénieure junior. Il me semble que oui. Ils avaient fait le bon choix. Elle saurait rallier ses collègues peu importe leur rôle.
Mais le 6 décembre 1989, Annie Saint-Arnault est décédée. Elle était mon amie. Je l’ai vue mourir.
Aujourd’hui, nous sommes 33 ans plus tard. Depuis vendredi dernier, nous sommes dans une frénésie assez troublante qui commerce à coup de code promo utilisant l’acronyme POLY, qui instrumentalise un joueur de hockey renommé qui fait figure de symbole national. Diverses opinions sont échangées sans réelle écoute et surtout souvent sans références solides. C’est à qui parlera le plus vite, le plus fort.
Je vous écris et le souvenir d’Annie me revient. Comme se comporterait-elle dans ce débat ? Quelle serait son approche ? Mon amie lumineuse était une pacifique, elle appuierait sûrement notre souhait pour une meilleur contrôle des armes. Cette amie venait d’une région où la chasse est une pratique courante. Je suis certaine qu’elle souhaiterait que ceux qui la pratique puissent poursuivre cette activité.
Annie était une ingénieure (enfin presque). Je suis certaine qu’elle s’appuierait sur la science pour clarifier sa position. Je suis certaine qu’elle prendrait le temps d’écouter les experts. Je crois qu’elle ne s’agiterait pas devant des épouvantails voulant faire croire que la perte de privilège est une perte de droit. Je ne crois pas qu’elle lèverait le ton pour dire clairement ce qu’elle croit juste et acceptable. Je ne crois pas qu’elle chercherait à jeter le bébé avec l’eau du bain. Elle saurait distinguer le bon grain de l’ivrai.
La demande pour un meilleur contrôle des armes a débuté en janvier 1990. J’en étais, au côté des étudiants, des familles des victimes, des professeurs et de la société québécoise et canadienne. Les étudiants ont à l’époque déposé la plus importante pétition demandant un meilleur contrôle des armes à feu. Notre demande centrale : interdire les armes telles celle utilisée par le meurtrier de Polytechnique. Malgré plusieurs tentatives, cette demande initiale n’a toujours pas été satisfaite. Mais plus que jamais en 33 ans, nous, les survivants, les familles des victimes, les étudiants de Polytechnique, la société québécoise et canadienne, nous touchons au but.
Aujourd’hui, en ce 6 décembre, je nous invite tous, moi incluse, à réfléchir comme mon amie Annie Saint-Arnault. A prendre un pas de recul avant de crier à l’imposture, à l’incompétence, à l’improvisation ou à la mauvaise foi. Nous devons ensemble, ceux qui souhaitent un plus grand contrôle comme les chasseurs, discuter posément avec les experts et soutenir nos députés qui sont engagés dans un travail d’analyse important qui demande sagesse et réflexion.
Je crois que nous devons nous inspirer d’Annie. Nous lui devons.
Les familles, survivants et témoins de fusillades de masse, dont les tragédies à Polytechnique, Dawson et la Mosquée de Québec, sont heureux de voir enfin des progrès législatifs concrets vers une interdiction complète des armes de type assaut au Canada, soit à la suite de la première séance du Comité permanent de la sécurité publique et nationale (SECU).
Comme l’avait promis le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, lors de la conférence de presse annonçant le projet de loi C-21 en mai dernier, un membre libéral du SECU (Paul Chiang) a déposé un amendement visant à introduire une nouvelle définition pour les armes prohibées dans le Code criminel, laquelle semble couvrir la plupart des armes d’assaut semi-automatiques conventionnelles, sinon toutes.
Nathalie Provost, diplômée de Polytechnique et survivante, déclare : « Aujourd’hui marque une autre étape critique vers une interdiction complète et permanente des armes d’assaut au Canada. Bien que nous devions encore analyser la mesure ainsi que son impact réel sur le marché des armes d’assaut, notre évaluation préliminaire est que la définition est simple et explicite (comme la loi de la Nouvelle-Zélande) et qu’elle couvre la plupart, sinon toutes les armes d’assaut conventionnelles, y compris le SKS par exemple.
L’amendement modifie la définition des armes prohibées au paragraphe 84(1) du Code criminel en ajoutant les critères suivants (notre traduction de la transcription de l’amendement lu lors de la séance du SECU) : « est capable de décharger un projectile dont l’énergie est supérieure à 10 000 joules », « a un diamètre d’alésage de 20 mm ou plus » et « est capable de décharger des munitions à percussion centrale de manière semi-automatique et est conçue pour accepter un chargeur de cartouches amovible d’une capacité supérieure à cinq cartouches du type pour lequel l’arme à feu a été originalement conçue ». Il ne semble pas y avoir d’exemptions pour les armes qui ne sont pas « de conception moderne » ou qui ne se retrouvent pas « en grand nombre sur le marché canadien » — exemptions qui existaient dans les décrets de mai 2020.
PolySeSouvient est optimiste quant à l’adoption éventuelle de l’amendement par le Comité SECU et par la Chambre des Commues, étant donné que le NPD et le Bloc Québécois se sont tous deux engagés lors de la dernière campagne électorale à appuyer une nouvelle définition d’armes prohibées afin d’interdire l’ensemble des armes d’assaut. Le Bloc Québécois a même déposé aujourd’hui son propre amendement en ce sens, qui a été rejeté afin de laisser la place à l’amendement libéral.
Dans une rare sortie publique, le gardien du Canadien, dont la carrière est indéfiniment en suspens à cause d’une blessure, Carey Price a joint sa voix à celle d’un lobby proarmes plongé dans la controverse en critiquant le projet de loi remanié du gouvernement Trudeau sur le contrôle des armes à feu.
Extrait : » Dans la foulée, Carey Price a aussi affirmé soutenir la Coalition canadienne pour le droit des armes à feu. Cette organisation a semé la controverse ces derniers jours pour avoir offert jusqu’à récemment des rabais grâce au code promotionnel « Poly », faisant référence à la tuerie de la Polytechnique de Montréal qui avait fait 14 victimes – toutes des femmes – en 1989.
Une promotion qui a fait bondir Nathalie Provost, survivante de la tuerie. « C’est odieux. C’est comme si la tragédie de Poly était une farce », s’est-elle indignée en entrevue vendredi.«
« Lorsqu’il s’agit du débat sur la manière de lutter contre la violence armée, les faits comptent. D’abord, l’arme à feu illustrée dans la publication de Carey Price n’est pas interdite en ce moment et restera légale », a écrit dans un courriel l’attachée de presse du ministre, Audrey Champoux.
« Notre législation ne cible pas les armes à feu couramment utilisées pour la chasse, et nous respectons entièrement les traditions des chasseurs et des peuples autochtones », a-t-elle ajouté, accusant au passage les politiciens conservateurs et des groupes proarmes de « semer la peur » plutôt que de « participer au débat ».
La délégation de PolySeSouvient composée de témoins et victimes de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989, de représentants de familles et de rescapés, de diplômés de Polytechnique et bénévoles et de représentants d’associations étudiantes a été reçue à Ottawa par le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, une commission de la Chambre des communes.
Celle-ci a écouté les principales propositions de la délégation de PolySeSouvient sur des amendements sur les lois concernant la détention, par les civils, d’armes à feu létales (fusils d’assaut et armes de poing).
Les membres de la commission, composés de différents représentants de partis politiques fédéraux, ont posé de nombreuses questions et écouté attentivement l’argumentation des représentants de PolySeSouvient, puis celle de détaillants d’armes à but sportif qui ne souhaitent pas être frappés par des mesures restrictives qui affecteraient les sportifs et leur industrie. Après examen, les propositions de la commission seront acheminées à la Chambre des Communes.
Freddy Kyombo et Serge St-Arneault lors des audiences du Comité permanent de la sécurité publique et nationale dans l’édifice Wellington à Ottawa le 1er novembre 2022.
Aux amis de PolySeSouvient et aux partenaires du contrôle des armes
Le projet de loi C-21 continue d’aller bon train. Après avoir été déposé le 30 mai dernier, il a été adopté en principe par la Chambre des Communes le 23 juin et fait maintenant l’objet de l’étude détaillée devant le Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Le 1er novembre, une délégation de PolySeSouvient s’est rendue à Ottawa pour témoigner. Merci à Nathalie et Heidi pour leur témoignage (qui peut être visionné ici), à Serge (frère d’Annie St-Arneault) pour avoir représenté les familles, à Stéphane et Hélène pour avoir représenté les rescapés, diplômés de Poly et bénévoles, et à William et Juliette pour avoir représenté les associations étudiantes en génie du Québec (CRÉIQ) et le mouvement étudiant PAS_ICI.
Et un grand merci spécial à Meaghan, survivante de la tuerie à Dawson, qui a témoigné par téléconférence avec son père Ken et ses deux jeunes enfants en arrière-plan! Rappelons que sa mère, Kathlene Dixon, est décédée en mars dernier sans avoir été en mesure de constater l’aboutissement de ses 15 années de plaidoyer sans relâche pour un meilleur contrôle des armes (en collaboration avec PolySeSouvient). Kathlene a été une alliée critique dans cette lutte et elle nous manque à tous les jours.
En tant que témoins et victimes d’une fusillade de masse commise à l’aide d’une arme à feu légale, c’est à la prévention de ce phénomène que nous avons accordé la priorité – d’où l’importance d’interdire les armes et accessoires qui sont conçus pour permettre de tuer rapidement et efficacement.
Le projet de loi C-21 est un projet de loi fort qui introduit de nombreuses mesures importantes, mais il manque toujours l’interdiction des armes d’assaut. On se rappelle que PolySeSouvient a appuyé le C-21 lors de son dépôt uniquement sur la base de la promesse du ministre Mendicino d’amender le projet de loi en ce sens.
De plus, certains articles devraient être renforcés et des affaiblissements bloqués. La prochaine étape, c’est justement le processus « article-par-article » qui déterminera quels amendements seront retenus…
Voici deux bons articles de la presse canadienne (en français et en anglais) qui couvrent notre témoignage. Bonne nouvelle : les Libéraux confirment que l’amendement interdisant toutes les armes d’assaut s’en vient !
Vous trouverez ici-bas les principales recommandations que nous avons présentées aux députés. Vous pouvez aussi voir notre mémoire détaillé ici : la version française (traduction) et la version en anglais. Pour tout nouveau développement, suivez-nous sur Twitter.
Comme toujours, nous apprécions énormément chaque petit don pour nous aider à poursuivre la lutte… (via le bouton rose PayPal sur notre site web ou par virement Interact au info@polysesouvient.ca).
Solidairement,
Heidi, Nathalie, Serge, Meaghan, Stéphane et Hélène
Seuls les partis d’opposition de l’Assemblée nationale s’engagent à améliorer le contrôle des armes
Pour votre information, voici le bilan des réponses reçues de la part des partis politiques du Québec au sujet du contrôle des armes.
Montréal, 21 septembre 2022
En vue des élections provinciales du 3 octobre prochain, le collectif PolySeSouvient tient à informer les électeurs soucieux de sécurité publique au sujet des différentes positions des partis politiques sur la question du contrôle des armes sur la base de leurs réponses au questionnaire envoyé aux partis il y a deux semaines. « Compte tenu de l’augmentation généralisée des crimes et des homicides impliquant des armes à feu, les Québécois sont inquiets et s’interrogent quant aux engagements des partis en matière de contrôle des armes à feu sur leur territoire, » affirme Nathalie Provost, survivante du massacre à l’École Polytechnique de Montréal.
Parti Conservateur
Tous les principaux partis ont répondu au questionnaire sur le contrôle des armes sauf le Parti conservateur du Québec, « ce qui n’est pas surprenant étant donné qu’il était le seul à ne pas répondre en 2018, » commente Nathalie Provost, survivante et porte-parole de PolySeSouvient. « Pourtant, il y a deux semaines, monsieur Duhaime avait publiquement promis de le faire. Peut-être n’ose-t-il pas exposer davantage sa vive opposition au contrôle des armes, une cause qui est invariablement appuyée par la majorité des Québécois. Monsieur Duhaime et le Parti conservateur du Québec se sont systématiquement opposés aux diverses mesures qui encadrent l’accès et l’usage des armes à feu, le chef ayant en plus traité les survivantes de la tragédie à Polytechnique qui militent pour la cause de “filles qui braillent devant Polytechnique” et qui mentent. »
Coalition Avenir Québec
« Non seulement le parti n’a-t-il pas répondu aux questions, mais en voulant prioriser uniquement la lutte contre le trafic illégal, le parti ignore toutes les crimes commis à l’aide d’armes de poing légales, comme les tragédies à la Mosquée de Québec, à Concordia, au Collège Dawson, au Metropolis et bien d’autres. Les Québécois demandent la même chose que nous : oui luttons contre le trafic illégal, mais en même temps 8 sur 10 souhaitent l’interdiction des armes de poing légales. Par ailleurs, en prétendant que les armes d’assaut de style militaire sont déjà interdites au Canada, la CAQ démontre que le parti au pouvoir ne maîtrise pas la question et ignore la multitude d’armes d’assaut comme l’arme militaire russe “SKS” qui échappent aux prohibitions fédérales, signalant que notre collectif sera seul, sans l’appui d’un gouvernement caquiste, à se battre à Ottawa pour interdire ce type d’armes. Enfin, en ce qui concerne le registre des armes longues au Québec, la Coalition Avenir Québec se montre satisfaite des résultats : une conformité de 2/3 des armes, trois ans et demi après son entrée en vigueur, leur apparaît “rapide” et “très encourageante”. Or selon nous, le rôle d’un gouvernement est de légiférer pour atteindre des résultats, pas pour des apparences. Pour un enjeu tel que la sécurité de la population, est-ce qu’un résultat au 2/3 est suffisant ? Poser la question, c’est y répondre. Notre collectif ne se contente pas si facilement. »
Parti Libéral, Québec Solidaire, Parti québécois, Parti vert
« L’ensemble des partis d’opposition à l’Assemblée nationale propose des engagements généralement solides et proactifs pour le contrôle des armes. Ces partis s’engagent notamment à appuyer le renforcement du projet de loi fédéral (C-21) afin que soient interdites toutes les armes d’assaut de type militaire, comme le souhaitent 89 % des Québécois. Ils s’engagent également à agir pour augmenter la conformité au registre des armes québécois, ce que favorisent 78 % de la population. »
Rappel des statistiques sur les crimes armés et la source des armes saisies par les forces policières :
Rappel des statistiques sur les crimes armés et la source des armes saisies par les forces policières : Bien que plusieurs prétendent que ce sont les armes de poing illégales qui constituent le principal problème, le plus récent rapport de Statistique Canada (voir survol ici) montre qu’au niveau du pays, c’est 6 % des crimes violents avec arme à feu qui sont liés à une organisation criminelle ou à un gang de rue. De plus, de récentes statistiques de la GRC déposées à la Chambre des Communes (voir survol ici) montrent que le problème est loin de se limiter aux armes importées illégalement : dans l’ensemble, 68 % des armes à feu saisies par les forces policières à travers le pays, incluant 40 % des armes de poing, proviennent du Canada. En d’autres mots, la violence armée est un phénomène complexe qui exige un large éventail de mesures, qui touchent autant le marché légal que le trafic illégal – tout en poursuivant avec la lutte contre les causes sociétales de la détresse et la criminalité.
Qu’allez-vous faire pour réduire le nombre ou pour éliminer les armes de poing sur le territoire du Québec ? Par exemple, est-ce que vous prévoyez de demander au gouvernement fédéral une partie des sommes promises à cet effet pour lancer un programme de rachat (volontaire ou obligatoire) des armes de poing au Québec ?
Lutte contre le trafic illégal
Est-ce que votre gouvernement permettra aux forces policières d’intervenir tout au long du « pipeline de fer » par lequel transitent les armes de poing illégales, y compris auprès d’entrepôts qui se trouvent sur une réserve autochtone ?
Interdiction fédérale des armes d’assaut (de style militaire)
Votre gouvernement appuiera-t-il proactivement un amendement au projet de loi C-21 pour assurer une interdiction totale des armes d’assaut au Canada ?
Registre québécois des armes d’épaule
Est-ce que votre gouvernement déploiera les moyens nécessaires pour faire augmenter la conformité de la Loi sur l’immatriculation des armes à feu à un niveau acceptable, soit au moins 95 % ?
PolySeSouvient, un groupe de défense qui comprend des survivants et des familles du féminicide de masse de 1989, a envoyé le questionnaire aux parties cette semaine. Le groupe, qui milite pour un contrôle plus strict des armes à feu, est aussi composé de survivants et de familles de survivants des fusillades au Collège Dawson, de Montréal, et au Centre culturel islamique de Québec.
Nathalie Provost signale que le groupe vise à fournir aux électeurs une meilleure idée de la position des partis sur le contrôle des armes à feu. « L’autre objectif est de montrer aux politiciens qu’il s’agit d’un vrai problème. Avec l’été que nous venons de vivre, nous n’avons pas à le leur rappeler. »
Jeune, je me rappelle la forte impression que m’a laissée la nouvelle diffusée sur les ondes de la radio locale CFLM de La Tuque : « Le maire Lucien Filion se rendra à Ottawa pour rencontrer de hauts fonctionnaires. » Je ne sais plus de quoi il s’agissait, mais cela devait être très important. Ottawa! La capitale lointaine du Canada et, en plus, il allait rencontrer des gens importants et influents. Wow!
Justin Trudeau et Serge St-Arneault
Dans mon imaginaire, ce monde revêtait une étrangeté presque mystique. Prendre la peine d’aller à Ottawa relevait d’un exploit et comportait des risques. Et voilà que je suis revenu d’Ottawa hier pour la xième fois depuis cinq ans. Rien ne correspondait à mon imaginaire d’enfant. J’ai rencontré plusieurs ministres et députés et même le premier ministre Justin Trudeau avec lequel j’ai eu un bref entretien avec une bonne poignée de main chaleureuse. Je n’ai rencontré que des politiciens attentifs, accueillants, souriants, profondément humains et reconnaissants pour notre présence.
La conférence de presse à laquelle nous étions invités s’est avérée un moment historique sur le chemin d’un contrôle des armes à feu dans notre pays. Le gouvernement annonçait un projet de loi audacieux vers une nouvelle étape pour mettre en place de réelles mesures de protection publique face à la prolifération des armes de poing tout en promettant d’autres mesures pour bannir les armes d’assaut de type militaire. Nous étions euphoriques d’entendre cela.
Conférence de presse
Rachel Bendayen
Avant de nos rendre à la salle de réception du Château Laurier où une importante délégation de journalistes et de caméramans nous attendait, nous avons été accueillis au bureau de Rachel Bendayen, députée et grande partenaire de PolySeSouvient. Puis, nous nous sommes dirigés vers le bureau du ministre de la Santé publique Marco Mendicino. Il m’a expliqué qu’il est avocat de profession. Je l’ai senti ému de constater notre importante délégation pour soutenir le nouveau projet de loi. Le C-21.
Sur cette photo, je suis entre le ministre Marco Mendicino et Alison Irons de Toronto.
Serge et Wendy Cukier
J’ai eu la joie aussi de revoir Wendy Cukier de Toronto et porte-parole de la Coalition pour le contrôle des armes. Notre précédente rencontre remonte à plus de vingt ans.
Ce n’était pas vraiment mon intention de porter ce vêtement. En fait, mon bel habit ne me fait plus. Ou plutôt, mon gabarit n’est plus ajusté à l’habit. Bref, pour une rare fois, tous ensemble, nous étions dans un esprit festif, joyeux. De PolySeSouvient, en plus de moi, il y a eu Heidi, Boufeldja, Jean-François, Nathalie, Sylvie et Suzanne.
Justin Trudeau etLuna Vadlamudy
Nous nous sommes donc retrouvés au Château Laurier pour la conférence de presse. Nous avons attendu un bon moment. C’est là que j’ai fait connaissance avec une adolescente de 16 ans, Luna Vadlamudy, d’origine indienne, qui représentait l’organisme « Ensemble pour Thomas », un jeune homme qui a été tué par balle dans le quartier Saint-Michel à Montréal en novembre 2021.
Château Laurier
Serge etGreg Fergus
Je tiens aussi à souligner le député de Hull-Aylmer Greg Fergus. Il est secrétaire parlementaire du premier ministre et de la présidente du Conseil du Trésor. Nous avons eu une très belle conservation. Il m’a certifié qu’il y a une unité au sein du Parti libéral canadien sur la question du contrôle des armes à feu. Peut-être aurons-nous la chance de nous revoir.
Une étape à la fois
J’avais déjà parlé brièvement au premier ministre Justin Trudeau le 6 décembre 2021 sur le Mont-Royal lors de la cérémonie annuelle de commémoration de la tragédie de la Polytechnique. Aux côtés de Nathalie Provost, nous lui demandions pour combien de temps nous devrions attendre pour que le gouvernement agisse. Voici ce qu’il nous a dit : « Nous y arriverons. Nous procéderons pas à pas, une étape à la fois. »
Le mot ÉTAPE est le mot clef que je retiens de mon expérience avec le monde politique, celui de Justin Trudeau. Je commence à comprendre que ce politicien a une vision à plus long terme que les politiciens populistes à courte vue. Nous avons souvent des réprimandes à faire sur son style de leadership, mais je suis maintenant d’avis qu’il est un réel homme politique.
Il procède par étapes. Il a un plan d’avenir. Ce plan englobe beaucoup de points sensibles tels que la réconciliation avec les Peuples autochtones pour ne nommer que celui-là. En plus des enjeux imprévus comme la pandémie de la Covid-19 ou la guerre en Ukraine, le gouvernement fait preuve d’audace, certes calculée, mais également prometteuse pour l’avenir du Canada.
Message de Rachel Bendayen qui s’est adressée à la Chambre des Communes
Bonjour à vous tous,
Merci du fond du cœur pour vos bons mots, mais surtout merci pour tout ce que vous faites et merci de continuer à porter ce combat. Hier nous avons pris un énorme pas en avant, mais notre travail n’est pas terminé. Vous pouvez compter sur moi pour continuer à me battre à vos côtés.
Il y a peine deux heures, je me suis levée en chambre et je tenais à partager ça avec vous