Archives du mot-clé Annie St-Arneault

Que dirait-elle ?

Par Nathalie Provost

En troisième année de Poly, en génie mécanique, je me suis fait une nouvelle amie. Comme moi, elle avait perdu le groupe d’origine et nous nous retrouvions dans la même classe. Je ne sais pas si elle était de ce groupe parce qu’elle passait comme moi trop de temps au local étudiant ou bien parce qu’elle était entrée à Poly à la session d’hiver, mais nous nous sommes retrouvées dans la même classe à mon grand bonheur.

C’était une fille lumineuse. Vous savez ? De ces personnes qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer. Moi, mon gros caractère et mes idées arrêtées sur tous les sujets, je me trouvais confrontée à la douceur, à la curiosité, à l’ouverture d’esprit. On avait envie d’étudier avec elle, d’être en équipe avec elle. Elle faisait l’unanimité.

Le 6 décembre 1989, cette fille était dans ma classe. À la pause, nous sommes allées ensemble au bureau étudiant pour savoir si Alcan (aujourd’hui Rio Tinto) l’avait embauchée comme ingénieure junior. Il me semble que oui. Ils avaient fait le bon choix. Elle saurait rallier ses collègues peu importe leur rôle.

Mais le 6 décembre 1989, Annie Saint-Arnault est décédée. Elle était mon amie. Je l’ai vue mourir.

Aujourd’hui, nous sommes 33 ans plus tard. Depuis vendredi dernier, nous sommes dans une frénésie assez troublante qui commerce à coup de code promo utilisant l’acronyme POLY, qui instrumentalise un joueur de hockey renommé qui fait figure de symbole national. Diverses opinions sont échangées sans réelle écoute et surtout souvent sans références solides. C’est à qui parlera le plus vite, le plus fort.

Je vous écris et le souvenir d’Annie me revient. Comme se comporterait-elle dans ce débat ? Quelle serait son approche ? Mon amie lumineuse était une pacifique, elle appuierait sûrement notre souhait pour une meilleur contrôle des armes. Cette amie venait d’une région où la chasse est une pratique courante. Je suis certaine qu’elle souhaiterait que ceux qui la pratique puissent poursuivre cette activité.

Annie était une ingénieure (enfin presque). Je suis certaine qu’elle s’appuierait sur la science pour clarifier sa position. Je suis certaine qu’elle prendrait le temps d’écouter les experts. Je crois qu’elle ne s’agiterait pas devant des épouvantails voulant faire croire que la perte de privilège est une perte de droit. Je ne crois pas qu’elle lèverait le ton pour dire clairement ce qu’elle croit juste et acceptable. Je ne crois pas qu’elle chercherait à jeter le bébé avec l’eau du bain. Elle saurait distinguer le bon grain de l’ivrai.

La demande pour un meilleur contrôle des armes a débuté en janvier 1990. J’en étais, au côté des étudiants, des familles des victimes, des professeurs et de la société québécoise et canadienne. Les étudiants ont à l’époque déposé la plus importante pétition demandant un meilleur contrôle des armes à feu. Notre demande centrale : interdire les armes telles celle utilisée par le meurtrier de Polytechnique. Malgré plusieurs tentatives, cette demande initiale n’a toujours pas été satisfaite. Mais plus que jamais en 33 ans, nous, les survivants, les familles des victimes, les étudiants de Polytechnique, la société québécoise et canadienne, nous touchons au but.

Aujourd’hui, en ce 6 décembre, je nous invite tous, moi incluse, à réfléchir comme mon amie Annie Saint-Arnault. A prendre un pas de recul avant de crier à l’imposture, à l’incompétence, à l’improvisation ou à la mauvaise foi. Nous devons ensemble, ceux qui souhaitent un plus grand contrôle comme les chasseurs, discuter posément avec les experts et soutenir nos députés qui sont engagés dans un travail d’analyse important qui demande sagesse et réflexion.

Je crois que nous devons nous inspirer d’Annie. Nous lui devons.

LIENS

Olivier Du Ruisseau, 7 décembre 2022

Décès du Cardinal Richard Baawobr Kuia

C’est avec la gorge nouée que je vous partage le décès inopiné du Cardinal Richard Baawobr Kuia en début de soirée de ce dimanche 27 novembre 2022.

Nous étions ensemble à Totteridge à Londres, Angleterre, entre 1985 et 1987. Nous avons été ordonnés diacres ensemble le 6 décembre 1986 par le Cardinal Basil Hume. D’ailleurs, un article vient au sujet de Richard tout juste d’être publié dans la reçue « La Lettre aux Amis » du mois de décembre 2022.

Richard a bien connu mes parents et ma sœur Annie lorsqu’ils sont venus me rendre visite à Londres. Mon papa Bastien et Annie l’ont bien accueilli auprès du Père céleste.

Nous sommes sous le choc car nous avons énormément apprécié sa compagnie et son leadership. Il était un homme extraordinaire aux multiples talents. Que son âme repose en paix !

Lien sur le site Internet des Missionnaires d’Afrique en Suisse

Décès du Cardinal Richard Baawobr

Montreal, The Tragically Hip

Aujourd’hui, 6 décembre 2021, le groupe musical The Tragically Hip (reconnu mondialement) diffuse officiellement la vidéo d’une chanson que le défunt chanteur Gord Downie avait écrite en 1999 pour souligner la 10e commémoration de la tragédie de la Polytechnique. Gord Downie a performé cette chanson qu’une seule fois à Montréal le 7 décembre 2000 au Centre Molson. Elle est dédiée aux familles des 14 victimes et soutient le travail de PolySeSouvient. 

Voici le message publié par le groupe

Aujourd’hui nous exprimons notre soutien aux familles des 14 victimes et aux survivants du féminicide à l’École Polytechnique de 1989. Nous souhaitons appuyer leurs efforts contre la possession et la vente d’armes d’assaut semi-automatiques.

Visitez https://polysesouvient.ca/polyremembers/ pour plus d’informations et pour faire un don.

Lien qui vous permettra de visionner la chanson

Paroles originales avec traduction française de Montreal, The Tragically Hip

Nous aimerions faire une chanson maintenant sur le processus d’identification
We’d like to do a song now about the identification process
Ça s’appelle Montréal
It’s called Montreal
Elle aimait les tailleurs lavande
She used to like lavender pant suits
Et de longs gants de velours noir
And long black velvet gloves
Les sourires traversent les salles bondées
Smiles cross crowded rooms
Du seul garçon qu’elle aurait jamais aimé
From the only boy she’d ever love
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Je n’aimais pas les manteaux léopard
Didn’t like leopard coats
Ou de grands millionnaires minces
Or tall thin millionaires
Embrasser tout le monde le soir du Nouvel An
Kissing everybody on New Year’s Eve
Ou envoyer un homme à la chaise électrique
Or send a man to electric chair
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Son père va la faire bien paraître
Her father’s gonna make her look good
Donnez-moi la chance d’expliquer
Give me the chance to explain
Eh bien, pourquoi n’expliques-tu pas simplement
Well, why don’t you just explain
Allez, explique-moi
Come on, explain away
La neige est si impitoyable
The snow is so merciless
Sur le pauvre vieux Montréal
On poor old Montreal
Malgré tout ce qui s’est passé
In spite of everything that’s happened
Ouais, malgré tout
Yeah, in spite of it all
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Sa mère va la faire bien paraître
Her mother’s gonna make her look good
Ne t’inquiète pas
Don’t you worry
Son père va la faire bien paraître
Her father’s gonna make her look good
Source LyricFind
Paroliers : Gord Downie / Gord Sinclair / Johnny Fay / Paul Langlois / Rob Baker
Paroles de Montreal © Peermusic Publishing

Interprétation de la chanson

Ces paroles énigmatiques suggèrent qu’il s’agit bel et bien de la tragédie de la Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989.

Le compositeur décrit ce que les filles aiment; les simples choses de la vie, sans extravagances dans leur habillement. Elles ne recherchent pas de riches manteaux, ni de millionnaires. Elles aiment rire et sont en amour. Tout ce qu’elles demandent, c’est d’être comprises dans leur quête pour devenir ingénieure. Peut-être que le tueur aurait découvert des amies chez ces jeunes femmes s’il avait pris la peine de les écouter au lieu de s’accrocher aux stéréotypes qui l’aveuglaient, qui l’empêchait de voir en elles des êtres humains ayant une histoire sacrée, comme tout autre être humain.

Dès les premières notes, Gord Downie souligne qu’il s’agit d’une chanson au sujet d’un processus d’identification. Il semblerait, selon une interprétation, qu’il s’agit de la mère de l’une des victimes qui a dû identifier la dépouille de sa fille. D’où la lyrique « sa mère (son père) va la faire bien paraître ». Triste image d’une mère et d’un père penchés au-dessus du cercueil de leur fille défigurée.

Mes remerciements au groupe The Tragically Hip

J’aimerais sincèrement remercier le groupe The Tragically Hip d’avoir rendu publique une chanson que le défunt chanteur Gord Downie a écrite il y a plus de vingt ans en hommage aux quatorze victimes du féminicide de l’École Polytechnique en 1989, dont ma sœur Annie.

Cette commémoration est difficile chaque année, mais elle est aussi très importante. Notre devoir de mémoire est ce qui fortifie notre lutte pour un meilleur contrôle des armes au Canada. La solidarité que ce groupe d’artistes mondialement reconnu est ainsi très touchante.

Leur générosité est également vivement appréciée. En effet, même si l’opinion publique est majoritairement de notre côté, notre budget opérationnel est très modeste. Nous n’avons pas les ressources nécessaires pour mettre sur pied des activités d’envergure pour une levée de fonds.

À l’occasion de cette 32e commémoration de la tragédie de Polytechnique, je me permets de demander aux Canadiens qui appuient le contrôle des armes de visiter le site internet de PolySeSouvient afin d’utiliser notre module permettant d’envoyer un courriel à nos élus en appui avec nos revendications, dont l’interdiction des armes d’assaut.

Lien : https://polysesouvient.ca/appelaction/

Traduction anglaise de mes remerciements

I would like to sincerely thank The Tragically Hip for releasing a song that the late singer Gord Downie wrote more than twenty years ago in honour of the fourteen victims of the 1989 École Polytechnique femicide, including my sister Annie.

This commemoration is difficult every year, but it is also very important. Our duty to remember is what strengthens our fight for better gun control in Canada. The solidarity of this group of world-renowned artists is therefore very touching.

Their generosity is also greatly appreciated. Indeed, even though public opinion is overwhelmingly on our side, our budget is very modest. We do not have the resources to organise large-scale fundraising activities.

On the occasion of this 32nd commemoration of the tragedy at Polytechnique, I would like to ask Canadians who support gun control to visit the PolySeSouvient website to use our online tool to send an email to our elected officials in support of our recommendations, including the banning of assault weapons: 

https://polysesouvient.ca/calltoaction/

Serge St-Arneault
Brother of Annie St-Arneault

Polarisation

Par Serge St-Arneault, M.Afr

La conférence de presse de PolySeSouvient était sur le point de commencer sous le vaste chapiteau aménagé sur le terrain de l’École Polytechnique. Quelques caméras étaient déjà en place devant le podium où les personnes désignées pour cette conférence allaient parler. Devant ce podium, à mes côtés, se tenaient des jeunes qui représentaient les associations étudiantes.

Les photographes étaient aussi à l’œuvre.

— Bonjour, dis-je à l’un d’entre eux. Comment allez-vous?

— Je vais bien merci, répondit-il. J’étais à Ottawa hier pour suivre la campagne électorale. Je n’ai jamais vu autant de mesure de sécurité de toute ma carrière journalistique.

— C’est peut-être dû au phénomène de polarisation.

— Vous avez raison. Il y avait un homme accompagné de son fils de huit ans qui m’injuriait. Pour lui, les médias « sont les mauvais ». Je lui ai alors dit que j’avais moi aussi un fils de l’âge du sien et que je prenais soin, en sa présence, de faire preuve de respect pour mon prochain. Après tout, comme parents, nous devons bien éduquer nos enfants. Et il s’est alors tu.

La polarisation! Voilà où nous sommes rendus. Le juste milieu semble avoir disparu du radar! Dans le contexte des armes d’assaut de type militaire, nous n’avons d’autre choix que d’exiger le bannissement complet de telles armes de guerre des mains de simples citoyens. Ces armes sont essentiellement conçues pour tuer. Étant une question de sécurité publique, nous ne voulons pas connaître la prolifération des armes à feu comme cela est actuellement le cas aux États-Unis.

Vous êtres trop émotifs

J’ai reçu un message sur les réseaux sociaux me disant que je fais honte aux femmes qui ont été assassinés lors de la tragédie de la Poly parce que je milite pour un contrôle effectif ou, mieux encore, le bannissement des armes d’assaut dans notre pays. J’ai compris que celui qui m’a envoyé ce message est vraiment attaché à son arme à feu, un attachement émotif. Émotif! Oui, je le suis aussi mais pour une autre raison; ma sœur Annie est l’une des quatorze victimes de Poly.

Cela me rappelle un événement que j’ai vécu il y a plus de vingt ans. J’avais été invités par une congrégation religieuse de Bellechasse pour leur parler du contrôle des armes à feu qui était alors en vigueur. Une heure plus tard, j’ai demandé aux religieuses pourquoi le curé, présent au début de ma présentation, avait quitté les lieux si tôt.

— C’est qu’il possède une arme à feu et il pense que vous la lui enlèverez, m’ont-elles confié.

Pourtant, les armes de chasse n’ont jamais été prohibées au Canada. À force de propager la fausse nouvelle (Fake News) que les honnêtes chasseurs ne pourront plus utiliser leurs armes, même les curés paniquent, du moins ceux qui pratiquent la chasse sportive.

Édouard Montpetit

Après la conférence de presse, je suis descendu à pied en direction du Boulevard Édouard Montpetit. J’y découvre pour la première fois un bronze du premier secrétaire de l’Université de Montréal en 1929 : Édouard Montpetit.

Place du 6 décembre

Ensuite, j’ai poursuivi ma marche en direction de la Place du 6 décembre. J’ai pris le temps de déchiffrer le nom de chacune des quatorze femmes inscrites sur le sol. J’ai prié et revécu en mémoire les nombreuses fois où j’y étais venu, tout particulièrement lors de la visite de l’Honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères.

Ensuite, j’ai poursuivi ma prière à l’Oratoire Saint-Joseph où d’importants travaux d’aménagement sont en cours d’exécution. J’ai suivi la route sinueuse ascendante menant à la chapelle du Frère André.

D’une grande sobriété, celle-ci semble hors contexte à côté de l’immense oratoire. Curieusement, j’y vois de nouveau cette polarisation qui, cette fois-ci, s’exprime dans le style architectural. J’ai pris plusieurs photos dans la plus grande de deux, mais j’ai prié dans la petite chapelle.

On pourra bouquiner à nouveau à la bibliothèque Annie-St-Arneault

5 février 2021

Suite à la récente annonce au sujet des nouvelles mesures sanitaires par le gouvernement du Québec, Ville de La Tuque confirme que la bibliothèque Annie-St-Arneault pourra ouvrir davantage au public à compter du mardi 9 février.

Voici les nouvelles mesures :

  • Ouverture au public avec distanciation physique, port du masque et lavage de mains.
  • Accès libre aux collections.
  • Accès au mobilier collectif.
  • Accès aux postes informatiques.
  • Service de prêts et retour de documents.
  • Service de référence et d’aide au lecteur.
  • Services en ligne.
  • Activités en ligne.

Place des Montréalaises: un an plus tard que prévu

Place des Montréalaises: un an plus tard que prévu: https://lp.ca/loV67X

Le tunnel piétonnier lugubre qui relie la station de métro Champ-de-Mars à l’hôtel de ville de Montréal et au Vieux-Montréal, en passant sous une bretelle d’autoroute et sous la rue Saint-Antoine, sera « déconstruit » au cours des mois qui viennent, avec ses quatre petits bâtiments d’accès (édicules).

BRUNO BISSON, LA PRESSE, Publié le 4 juillet 2020 

Le tunnel sera remplacé d’ici 2022 par une longue passerelle entièrement intégrée au concept d’aménagement de la place des Montréalaises, le vaste espace public créé en 2017 au pied du Champ-de-Mars et de l’hôtel de ville de Montréal avec le recouvrement partiel de l’autoroute Ville-Marie.

Selon la Ville de Montréal, le budget prévu pour la réalisation des aménagements sera de 81 millions, en forte hausse par rapport au budget de 62,5 millions présenté en 2018, au moment du dévoilement du projet. Ces coûts incluent toutefois le démantèlement du tunnel et de ses accès actuels, qui n’étaient pas d’accès universel. La conception et les plans et devis détaillés de la place des Montréalaises devraient être terminés à la fin de l’année, et un appel d’offres sera lancé au début de 2021.

La nouvelle place des Montréalaises entièrement aménagée devait être terminée pour 2022. Ça ira plus tôt à 2023, a confirmé la Ville vendredi dans un courriel à La Presse.

Cet espace de plus de 1500 mètres carrés, déstructuré en raison de la présence d’une bretelle d’autoroute, a été redéfini grâce au recouvrement partiel de l’autoroute Ville-Marie sur une distance d’environ 125 mètres entre l’avenue de l’Hôtel-de-Ville et la rue Sanguinet, complété à la fin de 2017. Cet investissement de 70 millions avait été entièrement financé par le ministère des Transports du Québec, comme un legs à la Ville pour son 375anniversaire.

Sommairement aménagé depuis l’inauguration, le site se transformera peu à peu en un vaste pré fleuri, aménagé sur plan incliné, au bas duquel on construira un amphithéâtre urbain, avec gradins, et bordé par une esplanade publique pouvant accueillir chapiteaux, foires ou autres évènements.

Esquisses du projet

Bureau d’intégration des nouveaux arrivants de Montréal et dévoilement du projet « La Place des Montréalaises »

La place occupera tout l’espace ceinturé par les rues Saint-Antoine, Hôtel-de-Ville et Viger autour de la station de métro Champ-de-Mars, et rendra hommage à 21 femmes ayant marqué l’histoire de la ville, dont la cofondatrice de Montréal, Jeanne Mance, la joueuse de hockey Agnès Vautier, la journaliste et animatrice de radio et de télé d’origine mohawk, Myra Cree, et les 14 femmes victimes de la tuerie de Polytechnique.

Un espace commémorera aussi la vie de Marie-Josèphe-Angélique, esclave noire condamnée à mort et exécutée en 1734.

Les noms de ces 21 femmes seront gravés sur un emmarchement – structure en escalier monumental – au milieu d’un pré fleuri abritant 21 espèces de plantes et de fleurs.

Le concept, élaboré par le bureau d’architectes Lemay, avec SNC-Lavalin et l’artiste visuelle Angela Silver, permettra d’intégrer complètement l’imposante dalle de béton de la future passerelle piétonne. Cette passerelle unira la place aux bâtiments administratifs de la municipalité, dont l’hôtel de ville, en passant au-dessus des voies routières, et non pas dessous, en plus d’assurer l’accès universel au Vieux-Montréal à partir de la station de métro Champ-de-Mars.

De feu, de flammes et d’étincelles.

Le sort de George Floyd, un homme afro-américain de 49 ans tué par un policier de Minneapolis le 25 mai dernier mobilise des milliers de gens indignés. Son crime; être un Noir! En réalité, il se cache quelque chose de plus sordide derrière cette tragédie. Il y a le racisme. Nul ne devrait être sujet au rejet et être assassiné pour une question raciale.

Une puissante mobilisation émerge enfin! Assistons-nous à quelque chose qui va changer la société américaine où le racisme rime avec les extrêmes inégalités sociales?

Sondage après sondage, une majorité de Canadiens appuient un meilleur contrôle des armes à feu au Canada. PolySeSouvient milite pour un tel contrôle depuis trente ans. Un mot a finalement émergé en décembre dernier. La tragédie de la Polytechnique du 6 décembre 1989 était un féminicide. Ma sœur Annie et ses compagnes d’infortune ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes. Rien de plus!

Racisme et féminicide évoquent le même aveuglement, celui du rejet du mystère sacré de chaque être humain.

Coïncidence ou non, je viens de recevoir un message de Patrick Naud. « Lors des commémorations entourant la tragédie de Polytechnique en décembre dernier, écrit-il j’ai lu quelques articles qui parlaient des jeunes victimes de ce drame insensé. Dans l’un des articles, on faisait mention d’une des victimes – Annie St-Arneault – qui provenait de La Tuque et dont la bibliothèque municipale porte maintenant son nom. Elle était, je pense, une grande lectrice qui aimait beaucoup la poésie. »

« J’écris moi-même dans mes temps libres et plusieurs de mes textes ont pris la forme de poèmes. (…) J’ai relu mon texte dernièrement, étant moi aussi en confinement, et j’ai eu une pensée pour les jeunes victimes de Polytechnique. J’ai eu une pensée particulière pour Mme St-Arneault. (…) Ce texte est peut-être de moi, mais il appartient à toutes ces femmes courageuses qui ont malheureusement eu une vie écourtée par de tels drames. Elles demeureront toujours présentes dans notre mémoire collective. »

Le titre est évocateur de métamorphose : De feu, de flammes et d’étincelles. Aussi bien pour George Floyd que pour ma sœur Annie, pour toutes les victimes de rage meurtrière, de l’intérieur, d’une flamme, d’un rêve, d’une étincelle viendront le feu, la chaleur, les rires, la couleur et surtout le bonheur.

Par Patrick Naud

De feux, de flammes et d’étincelles

Ô qu’elle était belle
Toute petite, si naturelle
Jeune femme d’avenir
Remplie de promesses
Il n’y avait un moment qui passe
Sans que son sourire ne touche les gens autour d’elle
Un jour fortuit
Sur la route menant au collège
Alors qu’elle rêvait
De tout, de rien
De la vie qui serait sienne
L’impensable se produisit
Un face à face avec la haine
Et puis vint le feu
Les éclats, les cris, les pleurs
Et surtout, la douleur

Une violence crue et foudroyante
L’innocence attaquée de plein fouet
D’une balle ardente
Une vie blessée à tout jamais
A cheval entre l’ombre et la lumière
Un chemin vers l’espoir qui se referme
Combien d’autres avant elle
Auront subies ces foudres les plus extrêmes
Mais d’une enfant qu’elle était naguère
Jaillira une flamme, une inspiration universelle
Un courage, un message qui raisonne
Les femmes, elles aussi, ont droit à l’école
Et puis vint le feu
Les éclats, les cris, les pleurs
Et surtout, la douleur
Un autre jour, un autre drame
Aux confins de la terre
Des vies brisées, de la souffrance
Un tel carnage, tellement à faire
Tant de noirceur et d’ignorance
Difficile de faire entrer la lumière
Et arrêter une fois pour toute
Ce fléau, cette rage meurtrière

De l’intérieur peut-être, suffit d’une flamme
D’une enfant, d’un rêve, d’une étincelle
Et puis viendront le feu
La chaleur, les rires, la couleur
Et surtout, le bonheur
D’une enfant qui rêve d’une vie qui sera sienne.

En mémoire et en appui à Annie St-Arneault, ses camarades de classe de Polytechnique et à toutes les femmes qui ont perdues leurs vies en exerçant leur droit fondamental à l’éducation.     

Polytechnique: Consensus comes 30 years later that massacre was an anti-feminist act

CTV news – Published Thursday, December 5, 2019 – Last Updated Friday, December 6, 2019

MONTREAL — Thirty years after the worst mass shooting in Canadian history, official acknowledgment has come that what happened on Dec. 6, 1989 at Montreal’s École Polytechnique was an attack on feminists.

On the eve of Friday’s anniversary, Montreal changed a plaque in a memorial park that previously referred to a « tragic event » — with no mention that the victims were all women. The revised text unveiled on Thursday describes an « anti-feminist attack » that claimed the lives of 14 women. « I think it’s a very good thing, but in a way, I understand why it took so long, » said Catherine Bergeron, who lost her sister, Genevieve, on that day in 1989. « The event was such a shock and so dramatic that it was hard to admit the real origins of it until today. »

Thirty years on, questions continue to swirl about gun control, and violence and discrimination against women persist. Just last year, the man accused of using a rented van to kill 10 people and injured 16 others last year in Toronto told police the attack was a day of retribution because women sexually rejected and ridiculed him.

Nathalie Provost, who was shot four times in the Polytechnique attack, said using the right words to describe the Polytechnique shootings is crucial. « I think it’s very important to bear witness to reality. It was an anti-feminist act. It was obvious from the moment it happened, » Provost said. « I think that for those who will go there and take the time to read it, they’ll better understand what happened exactly on that horrible day. And that’s important for the memory of my friends. »

Claire-Anse Saint-Eloi, who is overseeing a Quebec Women’s Federation campaign to end violence against women, said identifying the attack as one against feminists opens the way to addressing ongoing problems. Three decades later, she said, victims of sexual violence, victims of discriminatory laws and victims of racism still struggle to be believed. « But when we name the violence, we can say what do we next? » she said.

Bergeron, who is head of the committee organizing this year’s commemorative events, said there will be a focus on the lives behind the names.

Those names are well-known and each year they are read out: Genevieve Bergeron, Helene Colgan, Nathalie Croteau, Barbara Daigneault, Anne-Marie Edward, Maud Haviernick, Barbara Klucznik-Widajewicz, Maryse Laganiere, Maryse Leclair, Anne-Marie Lemay, Sonia Pelletier, Michele Richard, Annie St-Arneault and Annie Turcotte.

« We know their names, » Bergeron said. « For the past 30 years, we’ve said them, reminding people that they were women, but who were they? What were their hopes? Where did they want to be? »

A new book written by former Le Devoir editor Josee Boileau looks closely at the events and the victims themselves. Commissioned by the organizing committee, the idea was to give the next generation a reference but also remind that the women were more than victims. « They were all very talented in a lot of fields. They were very energetic and nice and kind, » Bergeron said. « They were women that were curious to try different things — they were rays of sunshine in their respective families — that’s what comes out. »

Provost was a 23-year-old engineering student when Mark Lepine singled out women during his 20-minute shooting rampage. Fourteen women were killed — mostly students — while 13 people were wounded — nine women and four men. In a classroom, Provost came face-to-face with Lepine, armed with a .223-calibre Sturm-Ruger rifle. The shooter made clear he was targeting his victims because he saw them as feminists — people he blamed for his own failings. Provost survived being shot in the forehead, both legs and a foot.

On the 30th anniversary, Provost said she looks at the harrowing events in a different light now that her own children are around the same age she was at the time. « I more fully realize how young I was — I was a kid and we were kids — and it moves me a lot to see my kids and see they are where I was in my life — at the beginning, » she said. « I’m also much more sensitive to how terrible the loss of a child might have been for the families who had to survive after their kids (were killed) — I cannot imagine my grief and I don’t want to imagine it. »

Serge St-Arneault, whose sister Annie was killed that day, views the anniversary as a chance to come to terms with the tragedy. « We finally found the word that was missing — femicide — it was women who were targeted, » he said. St-Arneault was halfway across the world in 1989 doing missionary work at the Congo-Uganda border, and it took him a month to get back home. He was close to his sister — one of four siblings — and in the years that have passed, he has fought for tougher gun laws and an end to violence against women as a way of honouring Annie’s memory. « There was before Dec. 6, 1989, and after, » St-Arneault said. « This moment is a pivotal one in Quebec and Canada, that we must mobilize to build a society where women are safe. »

But for survivors and victims’ families, the fact the weapon used in the mass killing has yet to be banned by Canadian authorities is difficult to fathom. « It’s not easy, especially for the families, to keep fighting after 30 years, to keep facing the fact that the weapon that was used to kill their sisters and daughters is still legal and non-restricted, » said Heidi Rathjen, who was a Polytechnique student the night of the shooting and later became a staunch gun-control advocate.

Rathjen says they want to see « comprehensive, bold gun-control measures, » from the re-elected federal Liberals, including a full ban on assault-style weapons and handguns in short order. She pointed to New Zealand, which brought in a ban on assault weapons and rigorous screening and registration measures after a mass shooting at two mosques claimed 51 lives last March.  « If the new government doesn’t act decisively and boldly in the public interest now, 30 years later, after having been elected twice on the basis of a promise to strengthen gun control, then when? » Rathjen asked.

-This report by The Canadian Press was first published on Dec. 5, 2019.

LINKS:

IN PICTURES: Marking Canada’s worst mass shooting

IN PICTURES: Marking Canada’s worst mass shooting

1989 ARCHIVES: Stories from the shooting and days after

Polytechnique: Solemn ceremony caps 30-year anniversary of shooting that killed 14 women

Remembrance and reflection: 30 years since the Montreal massacre

Polytechnique: Events planned across Canada to mark grim 30th anniversary

Polytechnique: Massacre still haunts CTV journalist 30 years later

Polytechnique: Consensus comes 30 years later that massacre was an anti-feminist act

Polytechnique: New book tells stories of 14 victims, history of Quebec women’s movement

Polytechnique: Women are making advances in science, but there’s still a long way to go

Polytechnique: These women scientists are too young to remember the massacre, but it changed their lives

Polytechnique: Male survivor talks about guilt and lessons he’ll pass on

Polytechnique: Gun used to kill 14 women still not banned in Canada

‘Anti-feminist attack’: École Polytechnique plaque changes reference to massacre

GLOBAL NEWS – BY ALESSIA SIMONA MARATTA – Posted December 5 – Updated December 8, 2019

Thirty years later, we reflect and explore the progress made and progress yet to come from a massacre that sparked a conversation about violence against women. A new plaque to commemorate the École Polytechnique massacre was unveiled on Thursday, identifying the event as an act of violence against women. The event was previously referred to simply as a tragedy, without any mention of it having been a hate crime against women.

The new sign was unveiled at Place du 6-décembre-1989, a small memorial park in Montreal’s Côte-des-Neiges neighborhood. It was put in place just ahead of the mass shooting’s 30-year anniversary on Friday.

A new commemorative plaque was unveiled at Place du 6-décembre-1989 on Thursday to honour the 14 lives lost in the École Polytechnique massacre. THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz

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On Dec. 6, 1989, a gunman stormed the university just after 5 p.m. on a snowy Wednesday evening and killed 14 young women who were, for the most part, studying to become engineers. The gunman, who had set out to kill women only, then took his own life.

The attack at Polytechnique remains the deadliest shooting in Canada’s history.

The new plaque reads, in French: “This park was named in the memory of the 14 women murdered during the anti-feminist attack that took place at École Polytechnique on December 6, 1989. It is a reminder of the fundamental values of respect and equality, and a condemnation of all forms of violence against women.”

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Present at the sign’s unveiling on Thursday were Montreal Mayor Valérie Plante and Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce borough Mayor Sue Montgomery, among others. “We want people walking through this place of memory to know the horrific truth,” Montgomery said. “We should not be afraid to call acts of violence what they really are.”

Montgomery said that naming things for what they are is the first step in developing effective prevention mechanisms.

The borough mayor called the massacre an anti-feminist attack against not just women, but all people who work for equality.

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Plante said that modifying the sign’s language to properly name the event for what it was is a significant step for a society to take to properly remember and reflect on the event.

She said it also highlights the importance of fighting against injustice and violence against women and girls. “The sign now clearly explains why 14 young women, who had their entire lives ahead of them, lost them,” said the Montreal mayor.

“We finally found the word that was missing — femicide,” said Serge St-Arneault, whose sister, Annie St-Arneault, was killed in the mass shooting. “It was women who were targeted.”

Annie was accompanied by 13 others, whose names are well known and are read out each year: Geneviève BergeronHélène ColganNathalie CroteauBarbara DaigneaultAnne-Marie EdwardMaud HaviernickBarbara Klucznik-WidajewiczMaryse LaganièreMaryse LeclairAnne-Marie LemaySonia PelletierMichèle Richard and Annie Turcotte.

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Thirty years later, what happened at Polytechnique continues to spark questions about violence against women and gun control. For survivors and victims’ families, the fact that the weapon used in the mass killing has yet to be banned by Canadian authorities is difficult to fathom. “It’s not easy, especially for the families, to keep fighting after 30 years, to keep facing the fact that the weapon that was used to kill their sisters and daughters is still legal and non-restricted,” said Heidi Rathjen, who was a Polytechnique student the night of the shooting and later became a staunch gun-control advocate.

The move to change the plaque’s text to specify the nature of the incident was initiated by professors Mélissa Blais and Diane Lamoureux from UQAM’s Réseau québécois en études féministes.

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The families of the 14 victims were honoured at Quebec’s National Assembly on Thursday, with leaders condemning the misogynist violence and promising to never forget what happened on that evening in early December, 30 years ago. A ceremony to honour the young women whose lives were taken will be held at 5 p.m. on Friday on Montreal’s Mont Royal.

— With files from Global News’ Kalina Laframboise and The Canadian Press 

‘We cannot forget’: 14 women killed in École Polytechnique massacre honoured.

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Tuerie de Polytechnique : La Tuque se souvient de l’une des siennes

Amélie Marcoux | TVA Nouvelles | Publié le 6 décembre 2019 

L’une des 14 victimes de Marc Lépine était une Latuquoise : Annie St-Arneault.

Le 6 décembre 1989, à 23 ans, elle assistait à son dernier cours à la Polytechnique avant de graduer en génie mécanique. «Un cours auquel elle n’était même pas obligé d’aller», souligne amèrement son oncle Charles Morand.  Annie St-Arneault avait un bel avenir devant elle. «Elle avait une entrevue à l’Alcan le 8 décembre, elle est morte le 6», raconte sa tante Justine Perron en laissant couler quelques larmes.

Tous ceux qui ont connu Annie St-Arneault ne gardent que de bons souvenirs d’elle. «Annie était une personne très gentille, très joviale», se souvient Chantal Fortin, une amie d’enfant Annie St-Arneault. La tuerie de Polytechnique fait aussi renaître de vifs souvenirs chez le maire actuel de La Tuque. Le 6 décembre 1989, Pierre-David Tremblay était un jeune policier en service à Montréal. Il se rappelle toute la gamme d’émotions par lesquelles sont passés les 200 ou 300 policiers touchés de près ou de loin par les événements. Dans les forces policières, rien ne sera plus pareil après la tuerie. Même après 30 ans, la cicatrice de la tuerie de Polytechnique est encore bien visible.