La Tuque prise à partie par des chasseurs

Le Nouvelliste, 20 février 2019-02-20

Par Audry Tremblay

LA TUQUE — La décision du conseil de La Tuque d’appuyer le registre des armes à feu a soulevé la colère de plusieurs citoyens de cette municipalité. Ils étaient une vingtaine arborant le dossard orange à l’assemblée publique, mardi, pour se faire entendre. Les discussions se sont étirées au-delà de 22 h.

«Vous avez voté pour la loi du registre, c’est aberrant. C’est de l’argent qu’on va dilapider avec ça. J’aurais voulu vous en parler davantage. Je peux vous dire que je souhaite que la Ville vire son capot de bord», a lancé René Goulet.

Le maire de La Tuque a souligné aux citoyens qu’aucune résolution n’avait été faite, le conseil municipal a simplement pris position, et ce, à l’unanimité. «On ne fera pas de résolution ni dans un sens ni dans l’autre. Ça ne relève pas de notre forum, ça relève du gouvernement […] Le véritable enjeu, c’est de protéger des vies humaines», a-t-il lancé.

Des chasseurs, dont René Goulet, se sont fait entendre lors de l’assemblée publique de la Ville de La Tuque, mardi. Photo AUDREY TREMBLAY

«On a décidé d’avoir une position tranchée et unanime […] Personne n’est venu se plaindre à mon bureau», a ajouté M. Tremblay.

Ce dernier a aussi insisté sur le fait que le permis de possession d’armes à feu était un privilège, tout comme le permis de conduire par exemple.

«J’ai des armes, je les ai enregistrés et le registre ne m’empêche pas d’aller à la chasse. En quoi ça vous brime?» a questionné M. Tremblay.

Les échanges ont duré pendant plusieurs dizaines de minutes entre les citoyens, certains en colère, et les élus du conseil municipal. Des jeunes de 18 ans ont également pris la parole. Ils ont fait savoir au maire qu’ils auraient aimé être consultés.

«Vous n’avez pas consulté la population et la population est fâchée de ça. C’est pour ça que je suis ici aujourd’hui», a lancé Josiane Tremblay.

Le maire a rétorqué que c’était la prérogative du maire de ne pas consulter la population et de prendre une décision au nom de cet enjeu de sécurité là. «On comprend votre opinion, mais on n’est pas dans le bon forum […] Dans deux ans et demi si vous n’êtes pas content vous changerez de maire», a-t-il lancé.

«On a été élu pour représenter la population. Nous avons tous une voie et nous débattons beaucoup. La décision n’a pas été prise à la légère, même si la population n’a pas été consultée. On prend la décision qu’on juge la meilleure pour la sécurité de la population», a ajouté la conseillère municipale, Caroline Bérubé.

Rappelons que la vague d’opposition au registre québécois des armes à feu inclut plus d’une centaine de municipalités du Québec, mais également des communautés autochtones qui s’opposent formellement à la loi provinciale obligeant les propriétaires à immatriculer leurs armes à feu auprès du gouvernement. «On ne peut pas voter contre une loi que le gouvernement met en vigueur. Si les autres villes acceptent de le faire, ça les regarde. Moi comme conseiller, j’ai une responsabilité et je n’irai pas à l’encontre des lois du gouvernement. Le débat ne devrait pas être ici. Allez à Québec et manifestez à eux autres. Nous on ne votera pas contre des lois du gouvernement», a commenté le conseiller municipal Roger Mantha.

Le maire Tremblay avait fait référence à son passé de policier lors d’une entrevue avec Le Nouvelliste pour faire valoir que le registre était une bonne chose. «J’ai été policier à Montréal durant 27 ans. À Montréal, 80 % des appels sont à caractère social: disputes, cas de violence conjugale. Le registre apporte un certain contrôle. C’est bon d’en avoir, c’est ce que j’ai vu dans ma pratique. Comme policier, ça m’a servi plusieurs fois dans ma carrière. Plus tu contrôles, moins il y a d’armes en circulation. Et ici, nous avons la bibliothèque Annie-St-Arneault. Il y a toute la symbolique, un respect pour Mme St-Arneault», avait raconté M. Tremblay, en faisant référence à cette victime de la tuerie de la Polytechnique de Montréal survenu en décembre 1989.

Le président du Festival de chasse, Mario Lebel, a également fait savoir que le comité de l’événement commençait à craindre que le festival soit boycotté en raison de la prise de position de la Ville.

Armes à feu: ne pas lâcher prise

Brian Myles

ÉDITORIAL LE DEVOIR, 19 février 2019

Le lobby des chasseurs prend une direction préoccupante. En date du 12 février dernier, moins du tiers des armes à feu en circulation étaient enregistrées au nouveau Service d’immatriculation des armes à feu du Québec, soit 411 095 des 1,4 million d’armes sur le territoire.

La Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs invite ses membres à respecter la loi, malgré son opposition. « Jamais on ne va encourager la désobéissance civile », a dit son directeur général, Alain Cossette.

Il semble bien que cet appel au sens des responsabilités tombe à plat. La désobéissance civile est au coeur des stratégies du groupe Tous contre un registre québécois des armes à feu, soucieux de défendre ses prérogatives au détriment de l’intérêt public. Son porte-parole, Guy Morin, clame que ses armes ne sont pas enregistrées et qu’elles ne le seront jamais. Quelque 200 opposants au registre ont manifesté, dimanche à Québec, en exigeant que les sommes consacrées au registre soient investies à la place dans la santé mentale. Sacrés sophistes !

Si tous les lobbies enfreignaient les lois et les règlements qui leur déplaisent, le désordre social l’emporterait sur la primauté du droit. Les chasseurs ne sont pas d’accord avec le registre ? Qu’ils en contestent la validité devant les tribunaux. Dans l’intervalle, qu’ils cessent de se faire justice eux-mêmes en s’appuyant sur de fallacieuses questions de principes ou de divergences idéologiques.

Le gouvernement Legault est dans son droit d’exiger l’enregistrement des armes, au nom de l’intérêt public et de la santé publique. La Fédération des policiers et policières municipaux du Québec appuie cette mesure, tout comme le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et les spécialistes de l’intervention en santé mentale. Les armes à feu ne sont pas des biens comme les autres. Même les armes d’épaule, que les chasseurs veulent soustraire au registre, doivent être enregistrées.

Pour l’heure, le gouvernement Legault serait bien mal avisé d’imposer des amendes (elles vont de 500 $ à 5000 $) aux récalcitrants. Le zèle bureaucratique est un piètre substitut à la prévention et à la sensibilisation. Québec doit aussi améliorer les imperfections dans son système d’enregistrement des armes, qui prête flanc à la critique, et rassurer les sceptiques sur ses intentions. Le registre n’est pas et ne deviendra pas un nouvel outil de taxation ou de contrôle social des chasseurs. Ceux-ci peuvent-ils exercer en revanche une citoyenneté responsable ?

Armes: Audette parle de sa tentative de suicide pour un meilleur contrôle

Mélanie Marquis, La Presse Canadienne

Michèle Audette PC/DAVID LIPNOWSKI

OTTAWA — La disponibilité des armes à feu contribue au fléau du suicide dans les communautés autochtones, a témoigné Michèle Audette en comité sénatorial, lundi. Et elle a dit aux sénateurs qu’elle était bien placée pour le savoir, étant passée à un cheveu d’en retourner une contre elle.

La commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées a offert à titre personnel un touchant témoignage devant le comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense, qui étudie le projet de loi C-71.

«Si je suis ici aujourd’hui, devant vous, à plaider pour le contrôle des armes à feu, c’est seulement parce que ma dernière tentative n’a pas porté les fruits espérés à l’époque», a-t-elle témoigné dans la salle de comité.

Un touchant témoignage devant le sénat.

«Qu’est-ce qui m’a sauvée? Le cocktail de substances que j’avais prises m’a fait sombrer dans un coma et m’a empêchée de me rendre jusqu’à l’utilisation de l’arme que je tenais dans les mains, toute prête à la retourner contre moi», a-t-elle laissé tomber.

Selon la militante des droits des femmes autochtones, la disponibilité des armes à feu dans les communautés, dont l’usage y est «répandu», permet «de respecter nos droits ancestraux au niveau de la chasse, certes».

Mais le fait qu’autant d’armes circulent contribue au suicide et «permet la commission d’actes d’une violence inouïe dans nos communautés», surtout compte tenu de la prévalence des cas de violence conjugale et familiale, «une réalité quotidienne pour trop de femmes autochtones».

Et si l’on ajoute à cela la présence des armes à feu, «on a entre les mains tous les outils nécessaires pour nous décimer, nous, les femmes autochtones», a illustré Mme Audette pendant sa comparution.

Le projet de loi C-71 a été déposé par le gouvernement libéral en mars dernier. Les conservateurs y sont farouchement opposés, entre autres parce qu’ils accusent les libéraux de vouloir réinstaurer un registre «par la porte d’en arrière» avec les mesures contenues dans le projet de loi.

Celui-ci oblige les marchands d’armes à conserver pendant au moins 20 ans les données sur les armes à feu sans restriction, et resserre les vérifications de sécurité menées pour déterminer si un acheteur est admissible à un permis d’armes à feu, entre autres.

En décembre dernier, des représentants de groupes qui militent pour un meilleur contrôle des armes sont venus à Ottawa afin d’exhorter les sénateurs à tout faire afin que C-71 soit adopté avant les élections d’octobre prochain.

Passionnés du respect de la vie, unissons-nous!

Par Serge St-Arneault

Montréal, 16 février 2019

Milieux ruraux versus les centres urbains.

L’enjeu sur le contrôle des armes à feu au Québec n’est pas de ruiner la passion que partagent les chasseurs pour leur sport. Le véritable enjeu est de protéger des vies humaines. Or, la stratégie des adversaires au registre des armes est d’opposer les milieux urbains contre les zones rurales en prétendant que les grandes villes veulent imposer leurs valeurs aux campagnes où vivent la majorité des chasseurs.

Cette stratégie a très bien réussi aux États-Unis où les électeurs des grandes villes américaines votent majoritairement pour les Démocrates alors que les électeurs des zones ou des États ruraux votent pour les Républicains qui sont massivement soutenus par la National Rifle Association (NRA). Opposer les régions contre Montréal nous mène à une fracturation sociale dont nous n’avons pas besoin.

L’émotivité

Posséder une arme à feu au Canada est un privilège. Ainsi en est-il pour les automobilistes. Puisque toutes les voitures ont une plaque d’immatriculation, pourquoi en serait-il autrement pour une arme à feu? Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit de sécurité publique. « Je suis un chasseur, de dire le maire Pierre-David Tremblay de La Tuque. La loi ne me brime pas. Ça prend 20 minutes pour enregistrer mes armes, ça ne coûte rien. J’ai inscrit mes armes. »

Martin Francoeur du journal Le Nouvelliste résume très bien la situation en disant que : « Le registre des armes à feu sert à réduire les risques de tragédies comme celle de la mosquée de Québec, de Polytechnique, de Dawson. Ce n’est pas vrai qu’il faut réduire le débat à des phrases creuses comme celles qu’on entend chez nos voisins du sud: «le problème n’est pas l’arme à feu, mais la personne qui la manipule». Ce n’est pas vrai qu’il s’agit d’un débat exclusivement émotif. Ce n’est pas vrai, non plus, que c’est un débat entre la métropole et les régions. 

Il est établi que les procédures d’enregistrement et les systèmes de permis ont un impact direct sur la circulation (et l’usage) des armes à feu. Il faut aussi rappeler aux élus qui viennent de se réveiller que le registre a reçu l’appui des instances policières, de l’Institut national de santé publique du Québec et d’une large proportion de la population québécoise (dans toutes les régions), selon un sondage (Léger) dévoilé par PolySeSouvient. »

Responsabilisation commune

Les lois ont pour ultime but de favoriser l’épanouissement et la protection du citoyen. À cet égard, il n’y a pas de différence entre les milieux urbains et ruraux, et il n’y a donc aucune raison pour ne pas unir nos forces en faveur d’une société responsable où les propriétaires d’armes, aussi bien dans les centres urbains qu’en régions, s’engagent à entreposer, enregistrer et manipuler de façon sécuritaire leurs armes dans le but premier de protéger les vies. Des irritants, il y en aura toujours, tout comme c’est le cas pour les règlements de conduite sur les routes.

Contrairement à la pensée de certains groupes d’amateurs d’armes, cette loi n’associe pas les honnêtes propriétaires d’armes avec les criminels, tout comme l’enregistrement des voitures ne cible pas les conducteurs consciencieux.

Les adeptes de la chasse sportive font déjà beaucoup d’efforts pour se conformer aux lois en vigueur. Ils ont notre admiration. Cette responsabilisation doit s’étendre à toutes les nations amérindiennes qui peuvent, en accord avec leur mode de vie, se doter de moyens efficaces pour régulariser le maniement et l’utilisation d’armes à feu au sein de leur communauté. Après tout, le registre fédéral qui était en vigueur pendant une douzaine d’années s’appliquait aussi auprès de ces communautés.

Investissement en santé mentale.

Par ailleurs, d’où vient la soudaine passion du mouvement « Tous contre un registre des armes » (TCRQ) en faveur de plus d’investissements en santé mentale? Où sont tous ces gens lorsque les intervenants en santé mentale critiquent, budget après budget, le manque de financement adéquat? Ce n’est que dans le cadre de leur opposition au registre qu’ils se préoccupent de cet enjeu, et jamais en collaboration avec les experts et associations pour la santé mentale.

Selon un collectif en prévention du suicide et santé mentale, les propriétaires d’arme sont des acteurs importants du fait que l’enregistrement de leurs armes est une façon d’agir pour prévenir le suicide. Bien que des voix s’élèvent actuellement contre le registre des armes à feu et réclament que les sommes qui lui sont investies soient plutôt consacrées à la santé mentale, les études démontrent que la présence d’une arme dans la maison est un facteur de risque beaucoup plus élevé que les troubles mentaux. En fait, elle multiplie par cinq les risques de suicide.

Mieux encore, une nouvelle étude de l’Université du Texas rendue publique la semaine dernière conclut que « la majorité des symptômes en santé mentale ne sont pas liés aux armes à feu. (…) C’est plutôt l’accès à ces armes qui est la principale cause de violence mortelle. Ces recherches auront dorénavant une implication importante sur les efforts déployés pour un contrôle des armes (aux États-Unis). »

Une question de valeurs

Enfin, selon le chroniqueur Michel David du journal Le Devoir, « D’une certaine façon, le registre, créé au départ à la suite des pressions des survivantes et des familles des victimes de 1989, fait maintenant partie de l’identité québécoise et reflète nos valeurs. (…) Même si les modalités d’enregistrement sont très simples et qu’il n’y a aucuns frais, bon nombre de chasseurs et d’agriculteurs voient dans le registre une attaque contre leurs propres valeurs et ne voient pas en quoi ils représentent la menace que celui-ci prétend éliminer. Plus qu’une simple incompréhension, il semble y avoir un conflit entre les valeurs de la majorité et celles d’une minorité. »

Pourtant, n’avons-nous pas en commun le désir de protéger des vies? Ne sommes-nous pas tous, chasseurs ou non, des gens responsables et respectueux des lois? C’est sur cette base d’intérêts collectifs que nous formerons véritablement une « société distincte ».

LIENS

Registre des armes à feu: la Tuque est en faveur

MARTIN LAFRENIÈRE, Le Nouvelliste, 1er février 2019

Hérouxville — Le mouvement d’opposition au registre québécois des armes à feu prend de l’ampleur en Mauricie, mais se passera sans La Tuque. Le conseil de cette ville renommée pour ses pourvoiries et son festival de chasse demeure partisan de l’application du registre des armes à feu, une façon de contrôler un équipement au potentiel dangereux.

Depuis quelques jours, de plus en plus d’administrations municipales contestent le registre des armes à feu. Hérouxville s’oppose au registre et vient d’adopter une résolution demandant au gouvernement un moratoire sur la question. Trois-Rives a fait de même la semaine dernière et Saint-Alexis-des-Monts s’apprête à adopter une résolution similaire lundi. Cette orientation n’influence en rien la position de La Tuque. Selon le maire Pierre-David Tremblay, le registre est une bonne chose.

«On a fait la réflexion sur ce sujet récemment et on est pour. J’ai été policier à Montréal durant 27 ans. À Montréal, 80 % des appels sont à caractère social: disputes, cas de violence conjugale. Le registre apporte un certain contrôle. C’est bon d’en avoir, c’est ce que j’ai vu dans ma pratique. Comme policier, ça m’a servi plusieurs fois dans ma carrière. Plus tu contrôles, moins il y a d’armes en circulation. Et ici, nous avons la bibliothèque Annie-St-Arneault. Il y a toute la symbolique, un respect pour Mme St-Arneault», raconte M. Tremblay, en faisant référence à cette victime de la tuerie de la Polytechnique de Montréal survenu en décembre 1989.

Bernard Thompson, maire d’Hérouxville, se dit sensible aux tragédies comme Poly ou l’attentat à la mosquée de Québec. Il croit toutefois que l’aspect émotif devrait être mis de côté lorsqu’on aborde un tel dossier.

«Ce sont les régions contre Montréal. C’est là, le problème. C’est une loi bâtie à coup d’émotivité et ce n’est pas sain. On a manqué l’aspect rationnel des choses. Qu’est-ce que ça donne de plus, un registre? Quelqu’un doit avoir un permis (de possession) pour avoir une arme. Si on a déjà une inscription avec le permis, après le cours de manutention, le gouvernement a déjà les données. Pourquoi partir un registre à coup de millions, alors que le problème n’est pas le registre? Il faut regarder qui on a pointé avec le registre: les chasseurs. Et ce ne sont pas eux qui tuent du monde», mentionne le maire Thompson.

Ce dernier indique que plusieurs chasseurs l’ont interpellé sur le sujet. Michel Bourassa, maire de Saint-Alexis-des-Monts, tient le même langage.

«Je m’en fais parler tous les jours depuis le mois de décembre. Les gens disent que le registre est inutile. Dépenser 25 millions de dollars et avoir 75 % des armes qui ne sont pas enregistrées, c’est un peu de l’entêtement. Ce qu’on entend en ville et dans les régions de chasseurs, c’est différent. Si les gens réagissent comme ça, c’est qu’ils sont assez intelligents pour voir que ça ne fonctionne pas vraiment. Ils ont l’expérience du registre canadien et il a été aboli.» M. Tremblay sait que le registre peut représenter un sujet délicat pour les chasseurs. Mais le maire de La Tuque souligne que le permis de possession d’armes à feu demeure un privilège.

«C’est la même chose que pour un permis de conduire. T’as un permis pour utiliser le véhicule et ton véhicule doit être immatriculé. Le permis d’acquisition et de possession d’armes à feu n’indique pas le nombre d’armes que tu utilises. Tu aimes ton sport? Tu immatricules ton véhicule pour aller dans le bois et tu fais la même chose avec ton arme. Je suis un chasseur. La loi ne me brime pas. Ça prend 20 minutes pour enregistrer mes armes, ça ne coûte rien. J’ai inscrit mes armes.»

M. Thompson et M. Bourassa insistent sur le fait que leur municipalité n’encourage nullement la désobéissance face à cette loi provinciale. Les deux maires croient d’autre part que l’argent investi dans le registre devrait plutôt aller en prévention et en soutien à des organismes.

«Selon les gens, le gouvernement ferait mieux de mettre l’argent en santé mentale. On s’enlise dans des millions de dollars et ça ne finira plus», dit M. Bourassa.

«Il faut parler de prévention, avance Bernard Thompson. Il faut accorder de l’aide aux organismes communautaires pour les couples en difficulté et au soutien aux hommes et aux femmes avec des problèmes de santé mentale avant de mettre des millions pour un registre qui n’empêchera jamais une personne de tirer.»

«Ce n’est pas parce que tu mets de l’argent en santé mentale qu’on n’aura plus personne de malade», réplique M. Tremblay.

À titre de préfet de la MRC de Mékinac, Bernard Thompson va suggérer aux autres municipalités d’emboîter le pas. «Je comprends ceux qui veulent se chercher une sécurité. Mais ce n’est pas dans un registre.»

AUTRE LIEN :

Des maires qui font fausse route.