Le sort de George Floyd, un homme afro-américain de 49 ans tué par un policier de Minneapolis le 25 mai dernier mobilise des milliers de gens indignés. Son crime; être un Noir! En réalité, il se cache quelque chose de plus sordide derrière cette tragédie. Il y a le racisme. Nul ne devrait être sujet au rejet et être assassiné pour une question raciale.
Une puissante mobilisation émerge enfin! Assistons-nous à quelque chose qui va changer la société américaine où le racisme rime avec les extrêmes inégalités sociales?
Sondage après sondage, une majorité de Canadiens appuient un meilleur contrôle des armes à feu au Canada. PolySeSouvient milite pour un tel contrôle depuis trente ans. Un mot a finalement émergé en décembre dernier. La tragédie de la Polytechnique du 6 décembre 1989 était un féminicide. Ma sœur Annie et ses compagnes d’infortune ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes. Rien de plus!
Racisme et féminicide évoquent le même aveuglement, celui du rejet du mystère sacré de chaque être humain.
Coïncidence ou non, je viens de recevoir un message de Patrick Naud. « Lors des commémorations entourant la tragédie de Polytechnique en décembre dernier, écrit-il j’ai lu quelques articles qui parlaient des jeunes victimes de ce drame insensé. Dans l’un des articles, on faisait mention d’une des victimes – Annie St-Arneault – qui provenait de La Tuque et dont la bibliothèque municipale porte maintenant son nom. Elle était, je pense, une grande lectrice qui aimait beaucoup la poésie. »
« J’écris moi-même dans mes temps libres et plusieurs de mes textes ont pris la forme de poèmes. (…) J’ai relu mon texte dernièrement, étant moi aussi en confinement, et j’ai eu une pensée pour les jeunes victimes de Polytechnique. J’ai eu une pensée particulière pour Mme St-Arneault. (…) Ce texte est peut-être de moi, mais il appartient à toutes ces femmes courageuses qui ont malheureusement eu une vie écourtée par de tels drames. Elles demeureront toujours présentes dans notre mémoire collective. »
Le titre est évocateur de métamorphose : De feu, de flammes et d’étincelles. Aussi bien pour George Floyd que pour ma sœur Annie, pour toutes les victimes de rage meurtrière, de l’intérieur, d’une flamme, d’un rêve, d’une étincelle viendront le feu, la chaleur, les rires, la couleur et surtout le bonheur.
Par Patrick Naud

De feux, de flammes et d’étincelles
Ô qu’elle était belle
Toute petite, si naturelle
Jeune femme d’avenir
Remplie de promesses
Il n’y avait un moment qui passe
Sans que son sourire ne touche les gens autour d’elle
Un jour fortuit
Sur la route menant au collège
Alors qu’elle rêvait
De tout, de rien
De la vie qui serait sienne
L’impensable se produisit
Un face à face avec la haine
Et puis vint le feu
Les éclats, les cris, les pleurs
Et surtout, la douleur

Une violence crue et foudroyante
L’innocence attaquée de plein fouet
D’une balle ardente
Une vie blessée à tout jamais
A cheval entre l’ombre et la lumière
Un chemin vers l’espoir qui se referme
Combien d’autres avant elle
Auront subies ces foudres les plus extrêmes
Mais d’une enfant qu’elle était naguère
Jaillira une flamme, une inspiration universelle
Un courage, un message qui raisonne
Les femmes, elles aussi, ont droit à l’école
Et puis vint le feu
Les éclats, les cris, les pleurs
Et surtout, la douleur
Un autre jour, un autre drame
Aux confins de la terre
Des vies brisées, de la souffrance
Un tel carnage, tellement à faire
Tant de noirceur et d’ignorance
Difficile de faire entrer la lumière
Et arrêter une fois pour toute
Ce fléau, cette rage meurtrière

De l’intérieur peut-être, suffit d’une flamme
D’une enfant, d’un rêve, d’une étincelle
Et puis viendront le feu
La chaleur, les rires, la couleur
Et surtout, le bonheur
D’une enfant qui rêve d’une vie qui sera sienne.
En mémoire et en appui à Annie St-Arneault, ses camarades de classe de Polytechnique et à toutes les femmes qui ont perdues leurs vies en exerçant leur droit fondamental à l’éducation.
