Ceci est le titre d’un article écrit par Caroline Montpetit relatant la soirée d’ouverture de l’exposition intitulée « Un cri un chant des voix à la mémoire de la tragédie de la Polytechnique » de l’artiste Diane Trépanière.
Diane a créé cette œuvre il y a vingt ans. En fait, il s’agit d’une installation photographique. Plusieurs autres artistes se sont jointes à Diane dans les locaux du Le Livart situé au 3980, rue St-Denis à Montréal.
J’étais présent lors de la soirée d’ouverture de l’exposition. Je faisais partie d’un groupe très minoritaire d’hommes. Le tumulte vocal environnant, comme un fond de bruit, m’a plongé dans un état second devant la symbolique stèle où figuraient toutes les victimes du drame de la Poly. Annie est représentée sur la deuxième photo à partir de la gauche. J’ai eu l’impression qu’elle était là, silencieuse et solidaire de toutes ces compagnes. Sa jeunesse éclatera pour toujours alors que je fais maintenant figure de son père. « Je suis le frère aîné d’Annie », ai-je répondu à Diane. « Je m’excuse, répondit-elle, cela fait trente ans. Mais pour elle, le temps s’est arrêté. »
Merci Diane pour tout l’amour que tu portes « à nos filles », expression souvent utilisée. Je souhaite que ton œuvre soit connue par beaucoup plus de gens, femmes, filles, hommes et garçons.
TROIS-RIVIÈRES — «Si quelqu’un souffre, aidons-le. Il faut améliorer la société pour les humains. On ne prend pas assez soin de l’humain.»
À quelques jours du 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, Monique Lépine a rendu visite jeudi aux étudiants d’une école secondaire trifluvienne, du Cégep de Trois-Rivières et de l’UQTR pour parler de l’épreuve qu’elle a dû traverser. Son fils, Marc, est l’auteur du meurtre des 14 étudiantes de l’École Polytechnique de Montréal.
Mme Lépine se souvient très bien de la fin de journée du 6 décembre 1989, alors qu’elle rentrait chez elle après une journée de travail. Ce n’est que le lendemain qu’elle a appris que son fils de 25 ans avait entraîné dans la mort ces jeunes femmes avant de s’enlever la vie. Durant plusieurs années, elle n’a pu aborder la question, cherchant à retrouver un équilibre dans sa vie marquée plus tard par la mort de sa fille à la suite d’une surdose de cocaïne.
C’est à force de réfléchir à sa situation, de lire sur ce qu’elle vivait et à partir du moment où elle a fait le ménage dans ses émotions, en comprenant d’où elles viennent et en voyant sa réaction face à elles, qu’elle a commencé à remonter à la surface. Trente ans après le drame, elle constate que non seulement de nombreuses personnes souffrent en silence, mais qu’avec toutes les histoires récentes de violence, d’intimidation et de harcèlement, l’histoire se répète. De là, l’importance d’exprimer les souffrances pour se libérer et de prendre soin des personnes.
«Il n’y a pas grand-chose qui a changé, car le changement vient du cœur. Je veux qu’on porte attention aux jeunes pour mettre un sens à leur vie. On a le droit de dire comment on se sent, mais pas avec la colère. La souffrance est une question de cœur. Quand tu gardes de l’amertume, si tu nourris la vengeance, attends-toi pas de sortir quelque chose de positif. Il faut nourrir de bonnes pensées. La colère peut t’amener à poser des gestes. Si tu ne parles pas de ce qui se passe, c’est comme un presto. Je pense que mon fils avait beaucoup de colère et ç’a sorti comme ça», a raconté Mme Lépine devant une trentaine d’étudiants de l’UQTR, qui de toute évidence n’étaient pas nés lors des événements.
Selon ce qu’on lui a rapporté, son fils aurait mentionné lors de la tuerie qu’il haïssait les féministes. Elle se demande ce qu’une féministe voulait dire pour lui. Infirmière d’expérience occupant un poste de cadre et ancienne étudiante à l’Université de Montréal, Mme Lépine affirme qu’elle aurait pu correspondre à la description d’une féministe et s’est demandé si son fils lui en voulait à un point tel de décharger son arme contre des femmes, elle qui avait emmené ses deux enfants lorsqu’elle a décidé de quitter un mari violent.
«C’est quoi, être un bon parent? Dans mon temps, c’était de pourvoir aux besoins matériels. Est-ce qu’on s’est soucié de ce qu’on ressentait à l’intérieur? On n’avait pas ces pensées-là», raconte Mme Lépine, qui se dit pour l’égalité entre les femmes et les hommes, mais qui ne milite pas comme féministe.
Une rencontre avec Serge St-Arneault
Mme Lépine vient de faire paraître un deuxième livre, Renaître, qu’elle considère comme «son chemin de guérison». Femme profondément religieuse, elle affirme avoir pardonné à son fils et a demandé pardon aux familles victimes des gestes de celui-ci.
Au lancement de son livre, il y a une semaine, elle a d’ailleurs rencontré des membres de deux familles victimes de la tuerie, dont Serge St-Arneault. Ce dernier est le frère d’Annie St-Arneault, une étudiante originaire de La Tuque qui a été assassinée par Marc Lépine.
Selon Monique Lépine, la rencontre avec M. St-Arneault a été bonne pour elle et pour lui. «On a pu se réconcilier au niveau du pardon. Il comprenait ma souffrance et je comprenais sa souffrance. Ça a été comme un baume.»
D’une
même voix, des proches des victimes des tueries de Polytechnique, du Collège
Dawson et de la mosquée de Québec, de même que le père d’un policier tué en
service, réclament du gouvernement Trudeau un moratoire immédiat sur la vente
des armes d’assaut, de même qu’une interdiction permanente sur l’importation et
la fabrication des armes de poing.
LOUISE LEDUC, LA PRESSE
Publié le 26 novembre 2019
Rappelant les engagements du
gouvernement Trudeau en campagne électorale, les signataires d’une lettre qui
vient d’être adressée à Bill Blair, ministre de la Sécurité publique, se disent
« très optimistes » que ces promesses seront respectées « au
cours du prochain mandat libéral compte tenu de l’appui explicite de trois
partis d’opposition (NPD, Bloc québécois et Parti vert) ».
Les auteurs de la lettre
rappellent au gouvernement que selon Statistique Canada, le nombre d’homicides
par armes à feu a augmenté pour une quatrième année
consécutive. « Notons que cette recrudescence suit de près le
démantèlement de mesures de contrôle majeures entrepris à partir de 2012 par le
précédent gouvernement Harper », est-il écrit.
Pour ce qui est des armes de poing, les proches de tueries survenues au Québec écrivent qu’« une interdiction de l’importation et de la fabrication d’armes de poing n’équivaut pas à leur prohibition – leur vente, transfert et possession pouvait se poursuivre à l’intérieur du pays –, mais cela freinerait l’augmentation exponentielle de leur nombre en territoire canadien ».
Quant aux armes d’assaut,
les auteurs de la lettre rappellent que le Ruger Mini-14 de Marc Lépine
« demeure une arme à feu sans restriction, et ce, malgré l’engagement du
Parti libéral de l’interdire » en 1999.
« Théoriquement, la
limite pour les chargeurs au Canada est de cinq balles pour les armes non
restreintes et de 10 balles pour les armes restreintes, précisent les proches
de victimes. Cependant, des échappatoires et la disponibilité légale de
chargeurs “modifiés” font de ces limites une risée. En effet, au moins trois auteurs
de récentes tueries avaient modifié illégalement leurs chargeurs pour les
augmenter à leur capacité maximale illégale. »
Entre autres mesures, les
signataires de la lettre à M. Blair réclament entre autres de meilleurs
contrôles des demandeurs de permis et un meilleur accès pour les policiers des
registres de ventes. Ils espèrent aussi que le gouvernement réfléchira à la pertinence
d’interdire la vente en ligne des armes restreintes.
« En tant que victimes
et témoins de violence extrême commise à l’aide d’armes à feu, nous cherchons
ainsi à rendre hommage à nos proches, soit en obtenant des mesures concrètes
pour prévenir d’autres tragédies évitables », concluent les auteurs de la
lettre.
Ont également signé cette lettre plusieurs membres de familles des victimes de l’attentat de Polytechnique, dont Serge Saint-Arneault, frère d’Annie Saint-Arneault, orginaire de La Tuque.
Pourquoi en parler encore? Est-ce nécessaire de
revenir sur ce triste événement? La réponse est pourtant simple : nous
sommes toutes et tous marqués pour la vie par nos expériences malheureuses, parfois
dramatiques. Ça nous colle à la peau et dans le cœur. Voilà tout!
Il y a aussi les reproches. Pourquoi ai-je encouragé ma sœur Annie à poursuivre des études universitaires à la hauteur de ses talents qui l’a menée à choisir l’École Polytechnique? Monique Lépine, la mère du jeune homme qui a surgi avec une arme à feu dans le but déclaré de tuer des ‘féministes’, a subi d’injustes réprimandes. « En un instant, dit-elle, mon statut social passa de conseillère professionnelle pour une centaine d’établissements de santé au Québec à celui de ‘mère d’un criminel’. »
Trente ans plus tard, après avoir été sollicité par sa petite-nièce, Pascale Devette, Yvon Bouchard a finalement accepté de parler, lui qui était l’un des deux professeurs présents dans la classe où la première fusillade a eu lieu. « On m’a reproché de ne pas être intervenu… », dit-il.
Mon expérience missionnaire en Afrique m’a révélé qu’il
est impossible de savoir comment nous réagirions à un événement déstabilisant
ou à une menace avant d’y faire face. On ne peut jamais s’y préparer
adéquatement.
Dans le prologue du recueil de poésie d’Annie, publié
en 2011, j’écrivais que « la rage abusive et meurtrière ne s’explique pas.
L’intolérance s’acharne sur des cibles pour la simple raison d’être ce qu’elles
sont : des femmes ou des enfants, des gens d’autres races ou de
différentes idéologies et religions. Une fausse image de l’autre, exacerbée par
une peur aveugle, semble à l’origine de comportements aussi absurdes que
tragiques, comme ce fut le cas le 6 décembre 1989. »
Trente ans plus tard, je viens d’avoir la chance de
rencontrer Monique Lépine lors du lancement de son livre intitulé « Renaître »
avec le sous-titre ‘Oser vivre après une tragédie’. Croyante, son livre
retrace son cheminement vers une reconstruction, une transformation progressive
menant à une guérison individuelle et collective. En effet, le drame de la Poly
a profondément marqué toute la société.
Les marques de nos traumatismes sont plus profondes
que les tatouages appliqués sur la peau. Pourtant, je disais aussi dans le
prologue que « le temps vient à notre secours. Avec le passage du temps, à
la lumière de l’Esprit de Jésus, nous cessons de nous ronger de l’intérieur et
de faire souffrir nos proches avec notre douleur personnelle. Le cycle de la
violence prend fin et nos cœurs brûlent de la présence invisible de ceux et
celles qui nous ont quittés, comme il nous arrive de saisir un morceau de la
vie céleste en accueillant spirituellement la présence de Jésus au moment de la
fraction du pain eucharistique. »
Trente ans, ce n’est finalement pas très long. C’est
vite passé! J’espère que d’autres personnes comme Yvon Bouchard auront cette
année le courage de s’exprimer. Monique Lépine le fait à sa manière. Son
cheminement spirituel est remarquable. Le titre de son livre n’est pas anodin :
« Renaître ». C’est ma prière que la trentième commémoration du drame
de la Poly soit le début d’un regain d’espoir, car « au-delà de la tragédie,
il y a l’amour ». C’est ce que nous vivons chaque fois que nous
commémorons l’assassinant injuste de Jésus sur une affreuse croix avec cette
mystérieuse conviction que le pardon nous est non seulement possible, mais également
source de vie nouvelle et éternelle.
Au moment du drame, je me suis
retrouvé à l’oratoire Saint-Joseph en compagnie de quelques familles des
victimes. J’ai en mémoire ce père d’une des 14 femmes assassinées qui se
demandait comment communiquer avec Madame Lépine pour partager avec elle notre
désarroi. Nous la savions l’une des nôtres, impuissant pourtant à pouvoir le
lui dire. C’est maintenant fait, trente ans plus tard!
Les chrétiens de Montréal se sont rassemblés à la cathédrale Marie-Reine du Monde tout illuminée en rouge pour symboliser tous les croyants persécutés, toutes religions confondues. Néanmoins, une attention plus particulière a été donnée aux 327 millions de chrétiens qui subissent la persécution ou la discrimination. Selon Marie-Claude Lalonde, directrice nationale de l’organise « Aide à l’Église en Détresse », cela représente au moins le quart des chrétiens dans le monde.
Prier est
un acte concret de solidarité pour soutenir spirituellement pour ceux et celles
dont le courage et la foi sont accablés par des manifestations du mal comme la
discrimination, les procès et arrestations injustes, l’emprisonnement, la
torture et parfois même la mort.
La messe
était présidée par Monseigneur Christian Lépine, Archevêque de Montréal
accompagné de S.E. Mgr Thomas Dowd, évêque auxiliaire de Montréal et de V.G.
Père (Abouna) Élie Yachouh. À souligner la présence de la chorale de la
cathédrale catholique syriaque Saint-Éphrem de Laval.
En compagnie de quelques membres de
PolySeSouvient, dont Heidi Rathjen et
Nathalie Provost ainsi que des étudiants de la Polytechnique, j’ai
assisté à la séance du conseil de ville de Montréal où une motion pour un
contrôle efficace des armes à feu était présentée par le parti d’opposition,
mais unanimement approuvé par tous les élus.
Le conseil municipal exige donc que
le gouvernement fédéral interdise la possession des armes d’assaut et armes de
poing au Canada.
Les élus ont également endossé la
proposition de PolySeSouvient de geler les ventes des armes d’assaut et d’interdire
l’importation et la fabrication de nouvelles armes de poing.
Cet événement intervient dans un
contexte particulier où plusieurs événements, partout au pays, souligneront le
30e anniversaire de la tragédie du 6 décembre 1989 à la
Polytechnique de Montréal.
Osons espérer que d’autres
villes canadiennes s’engageront aussi sur cette lancée initiée par la Ville de Montréal.
Motion 65.01 de l’Opposition officielle de
la Ville de Montréal présentée
lors de la séance du conseil municipal du 18 novembre
2019
Attendu que, selon Statistique Canada, le nombre
d’homicides par armes à feu a augmenté pour la quatrième année consécutive (de
2013 à 2017), soit de 103 % en quatre ans, avec le taux actuel représentant
le taux « le plus élevé observé au Canada depuis 1992 »;
Attendu que lenombre d’armes de poing
au Canada a plus que doublé depuis 2012 (passant de 465 000 à
935 000) et que ces armes, selon Statistique Canada, sont à l’origine
d’environ 24 % de tous les homicides au pays;
Attendu que le nombre d’armes à feu achetées
légalement au Canada et revendues à des personnes qui les utilisent à des fins
criminelles a « considérablement augmenté » selon plusieurs autorités
à travers le pays, dont la police de Toronto;
Attendu que depuis 2008, selon la Sûreté du Québec, 66 000 armes ont été saisies au Québec;
Attenduque la Ville de
Montréal enregistre annuellement le tiers des infractions relatives aux armes à
feu dans la province;
Attendu qu’en moyenne 18 personnes par an meurent
assassinées à l’aide d’une arme à feu à Montréal et que cela représente plus de
50 % des homicides annuels;
Attendu que le 6 décembre 1989, il y a trente
ans, a eu lieu le féminicide à l’École Polytechnique, qui a enlevé la vie à 14
jeunes femmes par le moyen d’une arme acquise légalement;
Attendu que les armes utilisées dans les tueries de
masse de Concordia (1992) et de la Mosquée de Québec (2017) étaient des armes
de poing légales, et que celle utilisée à Toronto (2018) avait été volée d’un
propriétaire légal;
Attendu que le Service de police de la Ville
de Montréal (SPVM) collige des données sur le nombre de crimes et de meurtres
commis à l’aide d’une arme à feu sur son territoire, ni le nombre d’armes à feu
volées, mais que la diffusion n’est pas complète ou systématique;
Attendu que la Ville de Montréal a adopté en
2018 à l’unanimité une motion demandant au gouvernement fédéral de bannir les
armes d’assaut et les armes de poing;
Attendu que le Parti libéral du Canada s’est engagé
à interdire les armes d’assaut, mais a choisi de laisser aux municipalités le
fardeau d’interdire les armes de poing;
Attendu que l’approche la plus efficace pour
encadrer ou interdire les armes de poing est d’instaurer une mesure au niveau
de l’ensemble du territoire canadien décrétée par le gouvernement fédéral, qui
seul a compétence sur le criminel;
Attendu que la ville de Toronto a mis en place
un programme de rachat des armes à feu en 2019 et que ce dernier a permis de
récupérer 3100 armes pour un coût de 750 000$;
Attendu que moins d’armes à feu en circulation
signifie moins de chances qu’elles soient utilisées à de mauvaises fins et que
plusieurs études démontrent que le simple fait d’avoir ce genre de programme
provoque des discussions utiles sur les risques associés aux armes à feu et sur
les bonnes pratiques (comme le respect des normes sur l’entreposage
sécuritaire), ce qui contribue à réduire les accidents, les vols et l’usage
impulsif des armes en général;
Il est proposé par Lionel Perez, chef de l’Opposition
officielle et conseiller de la Ville du district de Darlington;
et appuyé par Karine Boivin Roy, conseillère de la
Ville du district de Louis-Riel;
Que la Ville de Montréal réitère au nouveau
gouvernement fédéral l’urgence d’interdire la possession privée des armes
d’assaut et d’armes de poing au Canada et qu’elle souligne l’importance
de maintenir cette compétence au niveau fédéral;
Que la Ville de Montréal réclame la cessation immédiate de l’importation et de la fabrication des armes de poing et d’armes d’assaut au Canada;
Que la Ville de Montréal demande à ce que le SPVM diffuse des données précises sur le nombre de meurtres et de crimes dus aux armes à feu, et compile et diffuse des données sur leur statut (légal ou illégal), tout en envisageant de compiler et diffuser des données sur le nombre de suicides dus aux armes à feu.
Que la Ville de Montréal demande au
gouvernement fédéral de mettre en place et de financer un programme national de
rachat volontaire d’armes à feu;
Que la Ville de Montréal partage cette résolution avec la Fédération canadienne des municipalités, l’Union des municipalités du Québec, et la Fédération québécoise des municipalités.
Le parti
d’opposition Ensemble Montréal propose de mettre en place un programme de
rachat volontaire d’armes à feu par le Service de police de la Ville de
Montréal (SPVM).
Conférence de presse. PDF.
«De
façon tout à fait anonyme, nous inviterions les citoyens à remettre les armes
qu’ils ont en leur possession au SPVM en échange d’un montant d’argent», a
proposé le chef du parti, Lionel Perez.
«La
police ne pose aucune question, ne fait aucun contrôle d’identité, remet
l’argent sur-le-champ et détruit lesdites armes», a-t-il décrit, mercredi, un
mois avant le 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, survenue le 6
décembre 1989.
Au printemps dernier, la police de Toronto a mis en place un tel
programme qui a permis le rachat de 3100 armes à feu via un programme de rachat
financé à hauteur de 750 000 $.
Selon l’administration
Plante, il est toutefois préférable d’attendre l’instauration d’un programme de
rachat à l’échelle nationale, puisque la responsabilité ne devrait pas incomber
à la Ville de Montréal à elle seule. Le SPVM n’a pas voulu commenter la sortie
d’Ensemble Montréal.
Les deux types d’armes
Les deux partis pressent le
gouvernement fédéral d’interdire les armes d’assaut et les armes de poing.
En campagne électorale, le premier ministre Justin Trudeau avait promis
de bannir les armes d’assaut, mais a mentionné qu’il laisserait les
municipalités la tâche de restreindre l’utilisation des armes à poing. C’est un
non-sens aux yeux des élus municipaux montréalais.
«Il nous faut une
interdiction de la possession privée des armes de poing et des armes d’assaut à
l’échelle canadienne. Une mosaïque de règlements municipaux serait tout à fait
inefficace», a résumé Alex Norris, président de la Commission de la sécurité
publique et élu de Projet Montréal.
Polytechnique
C’est aussi l’avis de Heidi
Rathjen, témoin de la tuerie et coordonnatrice de PolySeSouvient, qui
accompagnait Lionel Perez lors de sa sortie mercredi.
Demander aux municipalités
d’interdire les armes de poing serait «inefficace, mais aussi irréaliste compte
tenu des luttes politiques longues et acrimonieuses contre le lobby des armes
auxquelles ferait face tout maire», estime-t-elle.
Serge St-Arneault, le frère d’Annie St-Arneault, l’une des victimes de la tuerie de Polytechnique, abonde dans le même sens. «Les armes à feu, c’est fait pour tuer. Qu’on laisse des armes militaires aux mains des militaires ou des gens responsables de la protection civile», a-t-il plaidé, ajoutant que la même logique vaut pour les armes de poing.
Pour
celui qui vient de La Tuque, une «région de chasseurs», il est normal que les
carabines ne soient pas concernées par ces discussions. «Les chasseurs sont des
gens responsables. On ne va pas à la chasse au caribou ou à l’orignal avec des
armes militaires.»
Il faut mieux surveiller la frontière, selon Maria
Mourani
Pour
réduire le nombre d’armes en circulation dans les milieux criminels, il faut
s’attaquer plus vigoureusement à l’entrée illégale de ces produits de
contrebande via la frontière américaine, fait valoir la criminologue Maria
Mourani.
Celle-ci
croit qu’il faut lutter contre l’entrée des armes des États-Unis en y
consacrant du financement et en haussant la surveillance. «Malheureusement,
pour l’instant, c’est des vraies passoires nos frontières, a-t-elle déploré.
Juste au Québec, on a plus d’une centaine de routes non surveillées.»
Dans les
milieux criminels, la majorité des armes sont acquises illégalement, a expliqué
Mme Mourani, ajoutant que «80 % des armes illégales viennent des États-Unis et
vont dans le marché noir».
Plus d’armes
Cela dit, «il y a une
proportion croissante de crimes violents qui sont commis à l’aide d’armes
légalement acquises, a indiqué Alex Norris, président de la Commission de la
sécurité publique. Nous avons besoin de mesures plus costaudes à l’échelle
nationale.»
Le nombre d’armes de poing
en circulation est passé de 465 000 en 2012 à 935 000 actuellement, selon
Statistique Canada, et elles ont été utilisées dans près d’un quart des
homicides au pays.
Ces données peuvent
signifier que plus d’armes sont détectées, a nuancé Mme Mourani. «Le nombre
d’armes en circulation dans le marché noir au Canada est beaucoup plus élevé.»
Le bannissement par Ottawa
des armes de poing et d’assaut, excepté pour les policiers et les militaires,
s’impose, selon Mme Mourani. Un programme de rachat d’armes par les policiers
doit s’accompagner de mesures rendant la possession de ces armes illégales,
selon elle.
«Au Québec, on a toujours
été les champions dans le contrôle des armes; Polytechnique, ç’a choqué»,
a-t-elle noté.