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Les libéraux devraient tenir leur promesse d’interdire les armes d’assaut

Bien que le projet de loi C-21 adopté par la Chambre des communes en mai dernier contienne des mesures importantes visant à restreindre l’accès aux armes de poing et à protéger les victimes de violence intime, le gouvernement doit aussi donner suite à ses trois engagements électoraux successifs d’interdire les armes de type militaire.

HEIDI RATHJEN, COORDONNATRICE DE POLYSESOUVIENT

La Presse, 23 septembre 2023

Huit longues années se sont écoulées depuis que les libéraux ont pris le pouvoir et on ne voit toujours aucun progrès tangible sur le terrain à ce sujet, et ce en dépit des déclarations de soutien de la part du Nouveau Parti démocratique et du Bloc québécois.

La ministre Mélanie Joly avait identifié l’engagement vigoureux du parti à l’égard du contrôle des armes (visant notamment les armes d’assaut) comme étant un facteur décisif lors de l’élection de 2021. Le fait que les libéraux n’ont pas respecté une promesse clé qui leur a permis d’accéder au pouvoir est au mieux décevant et au pire, fatal.

Ce qu’ils décrivent actuellement comme une « interdiction permanente des nouvelles armes à feu de style arme d’assaut au Canada » en parlant du C-21 n’est en fait que le piètre résultat d’un processus politique défaillant qui ne change pratiquement rien.

En effet, des dizaines de milliers de fusils d’assaut interdits en 2020 demeurent entre les mains de leurs propriétaires (incluant environ 90 000 AR-15s), alors que des centaines de modèles jouissant d’une exemption arbitraire restent légalement accessibles et de nouveaux modèles continuent à faire leur entrée au marché.

Le piétinement a débuté en 2019 avec le dépôt du projet de loi C-71, un modeste pas dans la bonne direction qui n’affectait en rien la disponibilité d’armes semi-automatiques de type militaire qui ne sont pas raisonnablement utilisées pour la chasse.

En 2019, la plateforme électorale de Trudeau comprenait une fois de plus la promesse d’interdire les armes d’assaut, avec l’ajout du rachat des celles en circulation.

En mai 2020, les libéraux ont bel et bien interdit quelque 1500 modèles tout en permettant à leurs propriétaires de les conserver jusqu’à la mise en place du programme de rachat obligatoire devant être complété en deux ans.

On attend toujours son lancement – pendant que la Nouvelle-Zélande a réalisé le sien en six mois.

Au début de 2021, le ministre Bill Blair a déposé le projet de loi C-21, qui ne comprenait pas d’interdiction et qui faisait du programme de rachat une mesure volontaire. Largement condamnée, cette coquille vide est morte au feuilleton.

Lors de sa troisième campagne électorale fédérale en 2021, Trudeau a dit qu’il avait écouté les familles des victimes du féminicide à Polytechnique et s’est à nouveau engagé à mettre en place un rachat obligatoire. Il a aussi promis d’interdire les chargeurs de grande capacité.

Quelques mois plus tard, le ministre Marco Mendicino a déposé un nouveau projet de loi (C-21) en remplacement de l’ancien. Une fois de plus, la législation ne comprenait aucune interdiction. Le ministre a plutôt promis d’amender à cet effet son propre projet de loi par la suite.

En novembre 2022, les libéraux ont donné suite à cet engagement avec deux amendements, rendant ainsi complètes les interdictions de 2020. Toutefois, ils n’ont fourni aucune explication écrite et mis de l’avant aucune stratégie médiatique.

Inévitablement, le vide créé par le manque d’information a été comblé par le lobby des armes, soutenu par les conservateurs, alléguant faussement que ces amendements mèneraient à l’interdiction d’un grand nombre de fusils de chasse. L’incapacité du gouvernement à affronter cette désinformation a ultimement mené au retrait des amendements.

Scandaleusement, le Nouveau Parti démocratique a joué un rôle déterminant dans ce recul. Malgré le soutien publiquement affiché par Jagmeet Singh à l’égard d’une interdiction, les députés néo-démocrates ont perpétué le mythe touchant les fusils de chasse, et ont ensuite bloqué les négociations visant à trouver une solution de rechange efficace.

La « mesure » qui en découle n’a aucun effet concret. Elle ne touchera que des armes « qui n’ont pas encore été inventées », est facilement contournable et balaie du revers de la main les 482 modèles qui auraient été interdits par les amendements originaux. Ce, malgré la recommandation de la Commission des Pertes massives de la Nouvelle-Écosse d’interdire toutes les armes semi-automatiques à percussion centrale conçues pour recevoir des chargeurs amovibles d’une capacité de plus de cinq cartouches – et pas seulement des insaisissables « futurs » modèles.

Néanmoins, l’amendement a été accepté et le projet de loi qui, à d’autres égards, est relativement fort et mérite d’être appuyé, se retrouve maintenant devant le Sénat pour un second examen.

Est-ce la fin du combat pour interdire les armes d’assaut ? Peut-être pas.

En mai dernier, lors du dévoilement du nouvel amendement, les libéraux se sont engagés à prohiber cet automne les armes d’assaut qui ont échappé aux décrets de 2020 par voie de réglementation et à renforcer les règles interdisant les chargeurs de grande capacité.

D’innombrables sondages montrent que la grande majorité des Canadiens souhaitent éliminer ce type d’armes et d’accessoires. En concrétisant enfin leur interdiction, les libéraux pourront grandement améliorer l’évaluation que le public fait du gouvernement et du leadership du premier ministre en matière de violence armée et de sécurité publique.

LIENS

LA PRESSE CANADIENNE, La Presse, 11 octobre 2023

(…) Sécurité publique Canada a discrètement publié sur son site web, mercredi, la prolongation du programme de rachat d’armes à feu qui n’a pas encore été développé, affirmant que la période d’amnistie qui devait expirer à la fin du mois resterait en vigueur jusqu’au 30 octobre 2025.

(…) Un communiqué publié sur son site web indique que l’organisation a encouragé les autorités à prolonger l’ordonnance d’amnistie.

Dans un communiqué, le porte-parole du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, a déclaré que le gouvernement « s’engage à mettre en place un programme de rachat d’armes à feu qui permettra aux propriétaires d’armes à feu respectueux de la loi de rendre leurs armes à feu et d’être indemnisés ».

(…) « L’absence de progrès dans la mise en œuvre du programme de rachat, trois ans et demi après l’annonce des prohibitions initiales, est extrêmement décevante », a déploré PolySeSouvient, dans un communiqué.

Le groupe de défense du contrôle des armes à feu comprend des étudiants et des diplômés de l’École polytechnique de Montréal, où un homme armé a tué 14 femmes avec un Ruger Mini-14, en 1989.

L’organisation a déclaré que la prolongation de l’amnistie « témoigne de la mauvaise gestion globale du dossier des armes d’assaut par le gouvernement », y compris du projet de loi C-21.

(…) Les Médecins pour un meilleur contrôle des armes à feu, un autre groupe de défense du contrôle des armes à feu, ont déclaré, mercredi dans un communiqué, qu’ils étaient « déçus par l’absence d’un plan clair de rachat pour accompagner la prolongation de l’amnistie ».

(…) Les libéraux appréhendaient probablement la colère de groupes comme PolySeSouvient. Cette nouvelle prolongation de l’amnistie pour les propriétaires d’armes d’assaut — qui peuvent les conserver en attendant le programme de rachat, sans toutefois s’en servir — a donc été inscrite discrètement sur le site Web du gouvernement. Ce qui n’a pas empêché PolySeSouvient de déplorer, publiquement dans son cas, le fait qu’il « n’y a eu aucun progrès tangible sur le terrain lié aux promesses répétées de ce gouvernement ».

(…) L’inertie a assez duré. L’incapacité de ce gouvernement à gérer simultanément la multitude de crises auxquelles il fait face ne peut plus mener à ce que des politiques publiques comme celle-ci — qui récolte, rappelons-le, l’appui d’une majorité de citoyens — soient sans cesse différées.

(…) Le fait que M. LeBlanc énonce de la sorte les intentions d’Ottawa en termes de changements réglementaires rassure PolySeSouvient. « Le message du ministre était clair et sans équivoque. Nous nous permettons maintenant d’espérer que le gouvernement donnera suite à sa promesse d’interdire l’ensemble des armes de style militaire en circulation », a déclaré l’organisation représentant les survivants et les membres de la famille de victimes de la tuerie de Polytechnique.

Le ministre LeBlanc a mentionné qu’il devrait rencontrer des représentants de PolySeSouvient bientôt.

Alexandre Sirois, La Presse, 30 octobre 2023

Chers voisins, s’il vous plaît, en tout respect, renoncez à cette cassette et à toutes les autres, interchangeables, utilisées après chaque fusillade sanglante pour occulter le problème ou le pelleter en avant.

Extrait d’un essai éclairant sur l’histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis du romencier Paul Auster, intitulé Pays de sang.

(…) « Depuis les tout premiers jours de la République, nous sommes divisés entre ceux qui croient que la démocratie est une forme de gouvernement qui garantit aux individus la liberté de faire absolument ce qu’ils veulent et ceux qui croient que nous vivons en société et sommes responsables les uns des autres, que la liberté que nous donne la démocratie s’accompagne d’une obligation d’aider ceux qui sont trop faibles ou trop malades ou trop pauvres pour s’aider eux-mêmes, conflit séculaire entre le besoin de protéger les droits et libertés individuelles et les intérêts du bien commun. Ce conflit est à son apogée dans le débat qui se poursuit sur les armes, car le fossé philosophique entre les deux camps est si profond que durant plusieurs décennies il a empêché les forces pour ou contre le contrôle des armes d’œuvrer ensemble à un compromis pour tenter de remédier à la calamité pathétique de ce débordement de violence par les armes qui continue de se répandre jusque dans le moindre recoin des États-Unis. »

Et ça ne va pas en s’améliorant, fait-il remarquer.

« Cette situation d’impasse est amère et sauvage, si pleine d’animosité mutuelle que ces dernières années, les deux camps se sont si radicalement éloignés qu’ils ne semblent plus tant exprimer des positions opposées que parler une autre langue. »

Rendez-vous manqué par le NPD!

Le 2 mai 2023, Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique du Canada, a déposé l’amendement au projet de loi C-21 qui remplace les deux amendements interdisant les armes d’assaut déposés en novembre dernier et retirés en début d’année, soit celui autorisé par leur partenaire de gouvernance minoritaire, le Nouveau Parti Démocratique (NPD) dirigé par Jagmeet Singh.

Déçue, oui, mais suis-je vraiment étonnée? Non, le manque d’intégrité du chef du NPD est si évident, alors, la suite se devine facilement.

Alors que le moment présent permettait, enfin après plus de 30 ans, de faire une avancée déterminante sans crainte de voir les acquis perdus lors de prochains bouleversements politiques, Jagmeet Singh a reculé et s’est aligné avec les Conservateurs de Pierre Poilievre et les membres de leur Lobby Pro Armes. Peut-être a-t-il bénéficié d’une promotion de leur dirigeante madame Tracey Wilson?

Selon le chef du NPD, sa décision est appuyée par son désir de soutenir les populations autochtones qui craignent pour leur droit de chasse.

Nul doute que les peuples autochtones ont des droits, et des besoins, mais le scénario minable écrit par Jagmeet Singh mets à risque, non seulement les populations autochtones, et surtout leurs femmes en les exposant à des contexes de violence insupportable, mais aussi, nous la population canadienne confrontée depuis 2017, à des phénomènes de violence armée de plus en plus insoutenables.

Pourtant, il y a quelques années, ce parti, le NPD, avait le vent dans les voiles, avec un chef engagé, ouvert, vrai dans ses principes et surtout, solidaire suite aux événements tragiques vécus par nos populations au Québec. Oui, il s’agit bien de Jack Layton.

Sans compter que comme député de Toronto-Danforth, jamais, il n’aurait renié les promesses d’améliorer la sécurité publique dans nos communautés urbaines ou rurales, surtout après la fusillade survenue en juillet 2018.

Je m’ennuie de Jack Layton, un homme politique capable toujours de se tenir debout!

Avec cette contre-performance, j’avoue que l’idée de m’associer avec le NPD pour quelques luttes que ce soit est éteinte à jamais. Je ne voudrais pas non plus le voir à mes côtés, ni ceux de ma famille, lors d’une prochaine commémoration des quatorze victimes, dont ma sœur Maud, de la tragédie survenue à l’École Polytechnique de l’Université de Montréal.

Sylvie Haviernick près de la stèle de Maud.

Sur une note plus souriante, je suis certaine que monsieur Singh à augmenter ses opportunités d’apparaître dans les médias, peut-être même le prochain Bye Bye 2023.

Oui, j’aimerais le voir nous dire Bye Bye à tout jamais!

Sylvie Haviernick,

Sœur de Maud, décédée le 6 décembre 1989, à l’École Polytechnique

LIENS

MESSAGE DE POLYSESOUVIENT

Le gouvernement du Parti Libéral à Ottawa a promis en mai 2022 que le projet de loi C-21 sera amendé afin d’assurer une interdiction complète, car de nombreux modèles échappaient aux décrets de 2020 à cause d’exemptions arbitraires. Ce sont ces armes qui auraient été interdites par les amendements retirés G-4 et G-46, pas les armes de chasse.

Les Libéraux se sont malheureusement pliés aux standards lamentables du NPD afin de maintenir leur entente politique. Ils ont accepté de proposer un nouvel amendement qui en pratique ne servira à presque rien (une définition qui s’applique seulement pour des futurs modèles et facilement contournable).

Des centaines de modèles d’armes d’assaut (qui représentent des dizaines de milliers d’armes en circulation) demeureront légaux et même sans restriction. Le programme de rachat obligatoire perd tout son sens car les propriétaires d’armes prohibées en 2020 n’auront qu’à prendre l’argent et s’acheter un autre modèle légal.

Communiqué de presse : 

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Justin Trudeau participant à un hommage aux victimes du féminicide de Polytechnique, en 2015

Les armes d’assaut n’ont pas leur place dans nos communautés

NATHALIE PROVOST, SURVIVANTE DU FÉMINICIDE À POLYTECHNIQUE, L’AUTEURE EST MÉDAILLÉE DE LA BRAVOURE DU CANADA

(…) Le 6 décembre 1989, le dernier regard d’Annie Saint-Arneault s’est imprimé sur ma rétine. Le son du dernier souffle de Barbara Daigneault résonne toujours à mes oreilles. Je sens encore les corps d’Hélène Colgan, Anne-Marie Lemay et Nathalie Croteau toucher le mien, notre sang s’est mêlé ce soir-là.

(…) Je ne peux pas accepter de demi-mesure concernant l’interdiction des armes d’assaut, je m’en suis fait le serment à la mémoire de mes consœurs. C’est une demi-mesure qui a été proposée lundi dernier par le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

AUTRE LIEN

PARC NOMMÉ À LA MÉMOIRE DE MAUD HAVIERNICK

La gâchette (et le gâchage) néodémocrate

En mars 2021 PolySeSouvient avait envoyé une lettre à Trudeau lui demandant de ne pas se présenter à nos côtés lors des prochaines commémorations parce qu’il avait brisé sa promesse d’éliminer les armes d’assaut sur le marché canadien. PolySeSouvient lui avait pardonné à la suite de sa promesse de 2021 de ramener le programme de rachat obligatoire.

Trudeau et Mendicino ont également promis en mai 2022 que le projet de loi C-21 serait amendé afin d’assurer une interdiction complète, car de nombreux modèles échappaient aux décrets de 2020 à cause d’exemptions arbitraires. Ce sont ces armes qui auraient été interdites par les amendements retirés G-4 et G-46, pas les armes de chasse.

Le 1er mai dernier, les Libéraux se sont pliés aux standards lamentables du NPD afin de maintenir leur entente politique. Ils ont accepté de proposer un nouvel amendement qui en pratique ne servira à presque rien (une définition qui s’applique seulement pour des futurs modèles et facilement contournable). Des centaines de modèles d’armes d’assaut (qui représentent des dizaines de milliers d’armes en circulation) demeureront légaux et même sans restriction. Le programme de rachat obligatoire perd tout son sens car les propriétaires d’armes prohibées en 2020 n’auront qu’à prendre l’argent et s’acheter un autre modèle légal.

À lire ici-bas la chronique d’Hélène Buzzetti publié aujourd’hui qui résume bien le gâchis actuel. Seul le Bloc Québécois grâce au travail remarquable de la député Kristina Michaud, porte-parole pour la Sécurité publique et la Protection civile, a priorisé l’intérêt public plutôt que les intérêts partisans comme l’ont fait le Parti Libéral du Canada et le Nouveau Parti Démocratique.

La gâchette (et le gâchage) néodémocrate

Par Hélène Buzzetti, 5 mai 2023

CHRONIQUE / Justin Trudeau devra dorénavant meubler son horaire du 6 décembre autrement qu’en prenant part aux commémorations de la fusillade misogyne de Polytechnique. Car PolySeSouvient ne veut plus le voir là. Le groupe ne décolère pas que le gouvernement libéral minoritaire ait édulcoré l’interdiction des armes d’assaut pour plaire à son partenaire néodémocrate. Les nouvelles mesures dévoilées cette semaine constituent en effet un recul majeur, pour lequel il faudra demander des comptes à Jagmeet Singh aussi.


Comme promis, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a inséré lundi dans son projet de loi C-21 une définition technique de ce qui constitue une arme d’assaut afin de trancher à l’avenir, de manière neutre et non partisane, quelles armes seront interdites. Pour être qualifiée « d’assaut », une arme devra: ne pas être une arme de poing, tirer des munitions à percussion centrale, être semi-automatique et avoir été conçue à l’origine avec un chargeur détachable d’une capacité de six cartouches ou plus.

L’idée paraît attrayante et est accueillie avec enthousiasme par les députés néodémocrates. « On va tarir le problème à la source », s’est ainsi félicité Alexandre Boulerice.

Il y aurait en effet de quoi se réjouir si c’était vrai. Mais voilà: ce ne l’est pas. Car il y a un « détail » de taille. Cette définition se veut « prospective ». Elle s’appliquera seulement aux futures armes de nouvelle conception, pas à celles qui existent déjà. Et c’est là que la concession accordée au NPD prend toute son importance.

En 2020, Ottawa a interdit par décret 1500 armes (qui se déclinent en 2000 modèles environ). Puis cet automne, il a ajouté à cette liste 482 autres modèles, qui remplissent les quatre critères de la définition, mais qui avaient été exemptées en 2020 pour des raisons contestées. Du lot, il y avait la SKS, qui a été utilisée pour une fusillade de Fredericton en 2018, une cavale meurtrière en Colombie-Britannique en 2019 et l’assassinat de deux policiers à Toronto en 2022. La concession, c’est qu’Ottawa a renoncé cette semaine à interdire ces 482 modèles, incluant la SKS.

Comprenons-nous bien. Il ne s’agit pas d’une clause grand-père permettant à ceux possédant déjà ces armes de les conserver. Si tel était le cas, on gèlerait au moins leur nombre. Mais non. Ces anciens modèles pourront continuer d’être vendus en magasin à n’importe qui détenant le droit d’acheter des armes. C’est ça, une définition prospective: les vieux modèles, même flambant neufs, pourront continuer de proliférer.

C’est un peu comme si, au nom des changements climatiques, on exigeait que toutes les voitures soient électriques à partir de l’année-modèle 2025, mais qu’on laissait les GM, Toyota et consorts manufacturer leurs modèles à essence 2024 pour l’éternité.

On appelle ça une brèche béante.

Comme le souligne PolySeSouvient, on peut questionner dans ce contexte l’utilité du programme de rachat obligatoire devant voir le jour sous peu. Les propriétaires « dépossédés » n’auront qu’à utiliser l’argent gouvernemental empoché pour se racheter en magasin l’un ou l’autre des 482 modèles encore disponibles! À ce compte, vaut-il la peine de dépenser tous ces milliards? Voilà pourquoi PolySeSouvient est si en colère. Il n’y aura pas moins d’armes d’assaut en circulation, il y aura juste moins de diversité.

Le gouvernement rétorque qu’il conserve sa capacité d’interdire à tout moment d’autres armes, incluant les 482, par décret. C’est vrai. Il mettra d’ailleurs sur pied un panel d’experts qui le conseillera à ce sujet. Mais PolySeSouvient rappelle qu’un comité similaire a déjà existé et que la diversité des intérêts y étant représentés ne permettait pas d’en arriver à des consensus satisfaisants.

L’autre problème de la réforme Mendicino est que la définition parle de la conception d’origine de l’arme d’assaut et non de sa capacité réelle. Ainsi, une arme conçue avec un petit chargeur sera autorisée même si elle peut théoriquement en accueillir un plus gros. Les fonctionnaires ont expliqué qu’il s’agit d’éviter que des armes deviennent rétroactivement interdites si des manufacturiers concevaient par la suite des chargeurs à grande capacité qui s’adonnaient à être compatibles.

Tout n’est pas noir pour autant. D’abord, Ottawa obligera désormais les manufacturiers à faire classifier par la GRC, en amont, les nouveaux modèles qu’ils entendent mettre sur le marché. Cela évitera que certains échappent aux mailles du filet. L’interdiction des chargeurs à grande capacité sera renforcée. Ottawa maintient aussi une disposition législative faisant en sorte qu’un futur gouvernement ne pourra pas retourner en arrière et rendre plus accessible une arme classifiée.

Il faut aussi admettre que PolySeSouvient ne détient pas le monopole de la vérité en matière d’armes à feu. Il se trouve des militants ayant une position moins rigide. C’est le cas de la Coalition pour le contrôle des armes à feu. Sa cofondatrice Wendy Cukier a ainsi salué les nouvelles dispositions. Est-elle entièrement satisfaite? Non, et pour des raisons similaires à celles de PolySeSouvient. Mais elle rappelle qu’en société, il faut parfois faire des compromis si on ne veut pas rebuter ses adversaires au point de faire avorter la réforme espérée.

Sur le fond, force est quand même d’admettre que ces concessions ont été faites pour des raisons partisanes. Le gouvernement aurait pu procéder seulement avec l’appui du Bloc québécois, qui ne réclamait pas autant de compromis. Mais les libéraux voulaient absolument obtenir l’aval du NPD, leur partenaire de quasi-coalition, question de ne pas compromettre l’entente leur permettant de demeurer au pouvoir.

Justin Trudeau en a lui-même fait un enjeu partisan mardi en réagissant ainsi à la sortie de PolySeSouvient: « Les Canadiens auront un choix clair lors de l’élection entre un parti qui a posé des gestes significatifs pour resserrer le contrôle des armes […] et un parti qui veut former le gouvernement et qui veut affaiblir le contrôle des armes ». Bref, il faut se contenter de ce compromis pour éviter le pire, c’est-à-dire les « méchants » conservateurs.

Si le gouvernement s’est montré si sensible aux arguments du NPD, c’est notamment parce que le parti de Jagmeet Singh, représentant plusieurs circonscriptions rurales ou nordiques, a entendu la colère des chasseurs autochtones. Ces derniers craignaient de voir leurs armes de prédilection désormais interdites. On a évoqué les droits ancestraux.

Pourtant, même le ministre responsable des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a reconnu que si « les peuples autochtones ont un droit de chasser et cueillir, ils n’ont pas nécessairement un droit constitutionnel d’avoir un type d’arme spécifique ». Le ministre a rappelé à juste titre que des groupes de femmes autochtones avaient aussi demandé l’interdiction de certaines armes ayant été utilisées contre elles. « On a certains éléments de friction », a-t-il admis pudiquement.

Mais voilà, le gouvernement Trudeau s’est dégonflé parce qu’il craint comme la peste de se faire accuser de manquer de sensibilité envers les Premières Nations. Faut-il s’en étonner quand on sait qu’il a accordé dans la convention collective de ses fonctionnaires deux jours de congé de chasse payés pour les Autochtones, mais pas les autres?

Cette réforme est certes un début. Mais elle demeure quand même loin de la promesse initiale de M. Trudeau de 2019 de bannir et retirer de la circulation toutes les armes d’assaut. Reste à voir si les électeurs s’en souviendront en 2025, quand même Jagmeet Singh ne pourra plus empêcher la tenue d’un scrutin.

LIEN

(…) Le ministre Mendicino a vanté, durant son point de presse, les mesures incluses dans le C-21, qui vise à renforcer le gel des armes de poing et l’interdiction des armes de type d’assaut. Sur ce dernier volet, l’approche préconisée par le gouvernement est vertement critiquée par des groupes comme PolySeSouvient puisqu’elle ne s’attaque pas aux armes jugées problématiques qui se trouvent déjà sur le marché. (…)

Mylène Crête, La Presse, 18 mai 2023

(Ottawa) Les libéraux ont obtenu l’appui du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Bloc québécois pour l’adoption de leur projet de loi sur le contrôle des armes à feu. Sans surprise, les conservateurs qui s’y opposaient depuis le début ont voté contre.

Le groupe PolySeSouvient a souligné dans un communiqué le progrès que représente C-21 pour protéger les victimes de violence conjugale contre la violence armée, mais il déplore du même souffle que l’interdiction des armes d’assaut dans la législation s’appliquera seulement aux nouvelles armes qui entreront sur le marché canadien, et non à celles qui sont déjà en circulation. Une définition d’armes prohibées et une liste auraient permis de retirer les armes d’assaut existantes et d’empêcher qu’elles soient mises en marché.

PHOTO BRITISH COLUMBIA COMBINED FORCES SPECIAL ENFORCEMENT UNIT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’accessibilité des imprimantes 3D et des plans numériques fait en sorte qu’il est désormais plus facile que jamais de se fabriquer une arme à feu fonctionnelle, et ce, à un coût moindre.

(Montréal) La fabrication artisanale des armes à feu est en voie de devenir un véritable fléau, aussi bien au pays que dans la province.

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne, La Presse, 30 juillet 2023

Pour le contrôle des armes!

Le 15 avril dernier, le Toronto Star a publié un article de fond sur PolySeSouvient et le lobby canadien des armes qui illustre les défis et les obstacles pour interdire une fois pour toutes les armes de type militaire – soit les mêmes qui sont utilisées presque quotidiennement dans les fusillades de masse aux États-Unis.

Extrait :

“This is our last fight,” Rathjen said. If they can’t secure an effective ban on assault weapons now, with support from the Liberals, NDP and Bloc Québécois, she continued, “It’s never going to happen.”

Many of the parents who lost daughters in 1989 and took it upon themselves to push for stricter gun laws have since died, including the father of Annie St-Arneault, who was 23 when she was killed. “There is a limit on how (long) you can carry on a fight of that magnitude,” her older brother, Serge, told the Star.

Ben Mussett is a Toronto-based general assignment reporter for the Star.
Reach him via email: 
bmussett@thestar.ca

Commentary of Suzanne L. Edward

Dear Mr. Mussett, 

I can think of no better way to show you my personal appreciation of your enlightening article on Gun Control in The Toronto Star than to say a hearty Thank You…

Your article is extensive, well written, all-encompassing…

And I, as the mother of one of the dead girls, Anne-Marie Edward, was pleased to talk to you and share my experience with you about Ms. Heidi Rathjen, whom I love and respect for her, our, 33 years of never giving up the goal of eliminating forever the possibility of owning the very destructive assault weapons in Canada…

After all these years of trying to make it happen, support such as yours is all important to let the public know where we are coming from, and the threats we face in this battle from the gun lobby. 

PolySeSouvient HAS NEVER THREATENED ANYONE FROM THE GUN LOBBY!!

I have been involved in the struggle since its inception and am not about to let go, I am still active with Ms. Rathjen and many others at age 83.

We MUST WIN this battle, the basic security of all Canadians is at stake…

Thank you, Mr. Mussett, 

Suzanne L. Edward, mother of Anne-Marie Edward (1968-1989)

Article de Mylène Crête, La Presse, 14 avril 2023

Les policiers municipaux du Québec demandent de nouveaux amendements :

Obstacle du NPD – Lettre au Chef du parti M. Jagmeet Singh

COUVERTURE MÉDIATIQUE ENTRE LE 4 OCTOBRE 2022 ET LE 25 AVRIL 2023

DONT LE PLUS IMPORTANT EST :

Le chef du NPD a dû se défendre, prétendant qu’il a « toujours » fermement appuyé l’interdiction des armes d’assaut (et des armes de poing). Notez que la couverture médiatique est pleine d’erreurs à cause de nuances trop compliquées en lien avec le sujet.

PolySeSouvient réagit aux développements sur le contrôle des armes

Armes à feu : la liste controversée sera retirée du projet de loi C-21

La nouvelle monture d’amendements à venir forcera aussi les fabricants d’armes à jouer leur rôle quand ils mettent, par exemple, de nouveaux modèles sur le marché, selon ce qu’a évoqué le ministre.

AUTRE LIEN AU SUJET DE LA PRÉAUTORISATION :

(Ottawa) Déçus, furieux… Les groupes qui militent pour une interdiction des armes d’assaut n’ont pas caché leur colère lundi. Le gouvernement fédéral a présenté ses nouveaux amendements au projet de loi C-21 pour interdire les armes d’assaut. Or, ces nouveaux critères risquent d’être facilement contournés par l’industrie, prévient le groupe PolySeSouvient.

Mylène Crète, La Presse, 1er mai 2023

AUTRE LIEN – 26 octobre 2023

Décès de mon frère Sense Moses SIMUKONDE, M.Afr

Sense Moses SIMUKONDE

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Je suis triste, vraiment triste. Mon frère Sense Moses est tragiquement décédé le 29 mars 2023 à Ouagadougou à l’âge de 35 ans. Je l’ai bien connu au Malawi dans les années 90 lorsqu’il était encore en formation pour devenir un missionnaire. J’ai eu la chance de rencontrer sa mère et l’une de ses sœurs à Lusaka en 2016.

Sense Moses était très doux et profondément convaincu de son appel missionnaire. Son rêve était d’être nommé dans un pays francophone africain. Son désir était si grand qu’il est parvenu à apprendre la langue française pendant ses études. Il a même demandé à ma petite maman Laurette, en visite au Malawi, de lui donner des leçons de français.

Sense Moses SIMUKONDE au Niger

Zambien de nationalité, Sense Moses a étudié au Malawi, en Côte-d’Ivoire et à Nairobi où il a prononcé son serment missionnaire à Nairobi. Il a ensuite vécu au Niger de 2017 à 2021 avant de se retrouver à Koudougou comme responsable des voyages à la maison d’accueil des Missionnaires d’Afrique à Ouagadougou au Burkina Faso.

Climat d’insécurité

Le Burkina Faso, tout comme la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, est aux prises avec des mouvements terroristes et autres violences armées et une sérieuse crise alimentaire.

D’ailleurs, notre confrère Ha-Jo Lohre a été enlevé le 20 novembre 2022 à Bamako au Mali et nous sommes toujours sans nouvelles de lui.

Que s’est-il passé à Ouagadougou ?

D’après un communiqué du tribunal militaire de Ouagadougou, « dans la soirée du 29 mars, aux alentours de 21 heures, des éléments de garde en poste sur l’avenue de l’Indépendance ont fait usage de leurs armes à feu pour arrêter un individu suspect à pied qui aurait refusé d’obtempérer aux sommations. Malheureusement, un usager qui se déplaçait dans un véhicule Nissan dans les environs a été mortellement touché. (…) Une enquête est ouverte pour élucider les circonstances de l’incident. Le parquet militaire présente ses condoléances à la famille de la victime. »

Il semble bien que Sense Moses était à la mauvaise place au mauvais moment. Des tueries semblables arrivent même dans certaines rues de Montréal. Le climat de guerre qui prévaut en ce moment au Burkina Faso amplifie le danger.

Le programme des obsèques du Frère Sense Moses Simukonde

Veillée de prière, mardi 11 avril 2023 à 20h00 (minuit au Québec) à la paroisse Saint Jean XXIII.

Levée du corps, mercredi 12 avril 2023 à 6h30 (10h30 au Québec) à la morgue de l’hôpital Yalgano.

Messe des obsèques, mercredi 12 avril 2023 à 8h30 (12h30 au Québec) à la paroisse Saint Jean XXIII. La messe sera suivi de l’inhumation dans le cimetière de la Maison Lavigerie à Kossoghen.

Repose en paix, bon et fidèle serviteur de la mission… malgré ma peine et celle de nombreuses personnes qui t’ont apprécié et aimé. Nos prières vont surtout pour tes sœurs et ta maman.

LIENS

Final Oath of Moses Sense Simukonde and Elvis Ng’andwe

Suivez en direct la veillée de requiem de frère Moses Sense le mardi 11 avril 2023 à 20h heure de Ouagadougou au Burkina Faso et la messe de l’absoute le mercredi 12 avril 2023 à 8h30 heure de Ouagadougou Burkina Faso.
Follow live the vigil ceremony of our late Brother Moses Sense on April 11, 2023 at 8 p.m. Ouagadougou time in Burkina Faso and the funeral mass on April 12, 2023 at 8:30 a.m. Ouagadougou time.

Commentaire de Julien Cormier, MAfr

12 avril 2023. À Ouagadougou, Burkina Faso, funérailles du Frère missionnaire MAfr Moses Simukonde, de Zambie, décédé le mercredi avant la Semaine Sainte, le 29 mars, à l’âge de 34 ans.

Il a été tué de plusieurs balles d’une arme semi-automatique militaire, au volant de sa voiture, alors qu’il circulait sur une rue de la ville vers 21h30, près de résidences officielles. Ce jour-là, il avait pris le repas de midi avec les confrères de la paroisse Jean XXIII et rencontré notre confrère Jacques Poirier , MAfr canadien.

Notre confrère Dominic Apee , Ghanéen, curé de la paroisse Jean XIII, a souhaité la bienvenue aux nombreuses personnalités présentes, dont l’Ambassadrice de Zambie, le Nonce apostolique, l’Archevêque de Ouagadougou, Philippe Cardinal Ouedraogo, et des délégations officielles des autorités du Burkina et de Zambie. Le Supérieur Général des Pères Blancs Missionnaires d’Afrique, le Père Stanislas Lubungo, Zambien comme Moses Simukonde, est venu de Rome.

Dans l’église paroissiale, plusieurs religieuses, prêtres et frères de la ville étaient présents dont de nombreuses Soeurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique.

La liturgie et l’homélie étaient en français et en anglais.

Tout près du cercueil se trouvait le père de Moses venu de Zambie et sa mère du Kenya. Moses sera inhumé à Ouagadougou dans le cimetière au fond du parc qui entoure notre maison où les candidats MAfr font leurs études de philosophie.

Lors de son homélie, notre confrère Didier Sawadogo, supérieur provincial des MAfr d’Afrique de l’Ouest, a offert une réflexion bien pensée et pleine de sens liant le « mystère de la mort de Moses Simukonde » au mystère de la mort de Jésus de Nazareth que nous venons de célébrer dimanche dernier, jour de Pâques.

Avec émotion, parfois en retenant ses larmes, Didier a évoqué le décès tragique de Moses. La mort est souvent incompréhensible. Celle-ci a été brutale. Le « mystère de la mort et de la résurrection » quand on y est initié, quand on le célèbre, nous aide à vivre en profondeur même les drames humains les plus tragiques.

Avec douleur, certes, mais aussi avec paix. Didier a dit du défunt : Moses, tu nous semblais toujours pressé. Expert en développement durable, tu avais des projets et tu travaillais beaucoup. À Zinder et à Niamey au Niger. À Koudougou et Ouagadougou, au Burkina. Six ans de vie missionnaire, après 8 ans de formation et de discernement, avant l’engagement définitif.

Moses, parfois tu nous visitais en n‘éteignant même pas le moteur de ta voiture. Un de tes formateurs au noviciat t’avait dit: « Ne cours pas si vite. Sur les chemins de la mission, tu ne peux pas courir plus vite que Jésus. » Tu venais de Zambie, tu as été pour tous, musulmans et chrétiens de nos deux pays, un frère en Christ, un frère en humanité. Homme au grand sourire, Moses, tu étais généreux et proche des gens.

Campagne pour réclamer une interdiction fédérale des armes à feu de style armes d’assaut

Lettre Ouverte : La campagne #FemmesContreLesViolencesArmées réclame une interdiction fédérale des armes à feu de style armes d’assaut

À : Justin Trudeau, Pierre Poilievre, Yves-François Blanchet, Jagmeet Singh, Elizabeth May 

CC: Ron McKinnon, Raquel Dancho, Kristina Michaud, Paul Chiang, Pam Damoff, Iqwinder Gaheer, Peter Julian, Dane Lloyd, Glen Motz, Taleeb Noormohamed, Peter Schiefke, Doug Shipley (membres du Comité permanent de la sécurité publique et nationale) 

À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, une coalition d’organisations féministes et de femmes de tout le Canada demande au gouvernement libéral et aux partis d’opposition fédéraux de réintroduire et d’adopter des amendements au projet de loi C-21 afin de définir et d’interdire une fois pour toutes les armes à feu de style armes d’assaut.  

Nous demandons en particulier au Parti libéral, au NPD et au Bloc Québécois de tenir leur promesse d’interdire les armes à feu de style armes d’assaut, une mesure soutenue par une écrasante majorité de Canadien·nes. 

Le contrôle des armes à feu est un enjeu féministe. L’accès aux armes à feu est l’un des principaux facteurs de risque de violence armée, incluant le féminicide. Les études démontrent que la présence d’armes à feu dans un foyer où le conjoint est violent augmente considérablement le risque que la femme soit tuée. Les femmes vivant en milieu rural sont particulièrement vulnérables à la violence conjugale commise à l’aide d’une arme à feu.  

Les armes à feu de style armes d’assaut, qui sont conçues pour un usage militaire et n’ont aucune utilité civile légitime, constituent une menace directe pour la sécurité des femmes et des filles. Le massacre antiféministe de la Polytechnique en est un exemple tristement célèbre, et des fusillades de masse se produisent également dans un contexte de violence familiale. Les armes à feu de style armes d’assaut sont capables de tirer rapidement un grand nombre de balles et peuvent causer des dommages dévastateurs aux individu·es et aux communautés. Des recherches menées aux États-Unis montrent que les attaques impliquant des armes semi-automatiques dotées de chargeurs de grande capacité font en moyenne beaucoup plus de victimes et que les interdire réduit considérablement le nombre de fusillades de masse.  

Au cours des derniers mois, le débat public sur l’interdiction des armes à feu de style armes d’assaut a été perturbé par la désinformation flagrante de la part du lobby des armes à feu et d’autres opposants au contrôle des armes. Nous demandons à nos représentant·es élu·es de s’opposer fermement à de telles tactiques et de privilégier la sécurité de nos communautés en adoptant dès maintenant, dans le projet de loi C-21, une interdiction complète et permanente des armes à feu de style armes d’assaut. Nous demandons également au gouvernement de poursuivre ses consultations avec les communautés des Premières Nations, inuites et métisses et d’engager un dialogue constructif sur toutes les questions relatives au contrôle des armes à feu. 

En tant qu’organisations féministes et de femmes, nous sommes unies dans notre engagement à mettre fin à la violence basée sur le genre et à promouvoir la sécurité et le bien-être de tou·tes les Canadien·nes, notamment par une interdiction complète des armes à feu de style armes d’assaut au niveau fédéral au Canada. 

Signée par les organisations suivantes : 

National Association of Women and the Law | L’Association nationale Femmes et Droit, YWCA Canada, Fédération des femmes du Québec, Women’s Legal Education and Action Fund | Fonds d’action et d’éducation juridique pour les femmes, Ending Violence Association of Canada | L’Association canadienne pour mettre fin à la violence, Canadian Federation of University Women | Fédération Canadienne des Femmes Diplômées des Universités, Women’s Shelters Canada | Hébergement femmes Canada, Canadian Council of Muslim Women, Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, National Council of Women of Canada, Luke’s Place Support and Resource Centre for Women and Children, Canadian Women’s Foundation | Fondation canadienne des femmes, Persons Against Non-State Torture, Wisdom2Action, West Coast LEAF Association, Association féministe d’éducation et d’action sociale, Action ontarienne contre la violence faite aux femmes, South Asian Legal Clinic of Ontario, South Asian Women’s Community Centre | Centre communautaire des femmes sud-asiatiques, Barbra Schlifer Commemorative Clinic, SOS violence conjugale, Québec contre les violences sexuelles, Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Regroupement québécois des centres d’aide et de lutte aux agressions à caractère sexuel, Ontario Association of Interval & Transition Houses, Service d’Entraide Passerelle, Centre Victoria pour femmes, Alberta Council of Women’s Shelters, Newfoundland & Labrador Sexual Assault & Crisis Prevention Centre, The Canadian Association of Elizabeth Fry Societies | L’Association canadienne des sociétés Elizabeth Fry, YWCA Toronto.

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L’Association Nationale des Femmes et leur Droit (ANFD) milite pour les réformes juridiques qui font progresser les droits des femmes à l’égalité au Canada depuis 1974. Les domaines prioritaires actuels sont : les violences faites aux femmes, la justice reproductive et les droits des femmes dans le contexte de la crise climatique.

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Campagne en ligne

Demandez une interdiction des armes d’assaut Les armes à feu de type armes d’assaut n’ont aucun usage civil légitime. Elles doivent être interdites. act.newmode.net

LIENS

Les armes de type militaire continuent d’être introduites sur le marché canadien pendant que le débat se concentre sur le processus et la désinformation. À ce propos, lire le communiqué de PolySeSouvient suivant.

Manufacturer encouraged by withdrawal of amendments, moves ahead with production of non-restricted assault-style centerfire semi-automatic weapon

La Fédération québécoise des chasseurs demande à Ottawa de revoir ses critères

(Ottawa) Le gouvernement fédéral doit se doter de critères plus objectifs pour définir les armes d’assaut afin d’éviter d’englober certaines armes de chasse, selon la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs. L’interdiction des armes d’assaut ajoutée au projet de loi C-21 l’automne dernier avait semé la confusion et le gouvernement avait finalement dû reculer. Il compte revenir à la charge après une série de consultations.

Trente organisations féministes réclament le retour des amendements

(Ottawa) Une trentaine d’organisations féministes pressent le gouvernement fédéral d’interdire les armes d’assaut de façon permanente. La coalition doit rencontrer virtuellement le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, mercredi. Le gouvernement avait causé la surprise au début du mois de février en retirant les deux amendements pour interdire les armes d’assaut de style militaire du projet de loi C-21.

New Assault firearms are being sold amid Bill C-21 debate: gun-control advocates

Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Entre la mi-janvier et la mi-mars, 89 des armes saisies par les policiers étaient des armes de poing, l’arme de prédilection des groupes criminalisés, dont la moitié provenait des États-Unis. Sur la photo, le capitaine Martin Robert montre un pistolet Glock.

Stéphanie Marin, Le Devoir, 8 avril 2023

(…) Entre la mi-janvier et la mi-mars, plus de 250 armes reliées à un crime ont été saisies par des policiers au Québec. De ce nombre, 89 étaient des armes de poing, l’arme de prédilection des groupes criminalisés, dont la moitié provenait des États-Unis. (…)

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE. Le fusil SKS, fréquemment utilisé par les chasseurs et par les Autochtones

MYLÈNE CRÊTE, LA PRESSE

(Ottawa ) Deux grands syndicats de policiers du Québec demandent au ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, de revenir à la charge pour interdire les armes d’assaut de façon permanente tout en évitant d’inclure des armes de chasse dans le lot. Le gouvernement fédéral compte déposer de nouveaux amendements en ce sens d’ici la fin du mois, a appris La Presse.

Citations :

Les nouveaux amendements contiendraient une définition des armes d’assaut qui seraient interdites par la voie législative. Déjà environ 1900 modèles sont prohibés par décret. On ne sait pas pour l’instant si ces amendements incluraient une liste de modèles interdits comme les précédents.

La désinformation Évéhiculée par la Coalition canadienne pour le droit des armes à feu (CCDAF) a été dénoncée par le groupe PolySeSouvient, qui milite pour l’interdiction des armes d’assaut.

ULYSSE BELLIER ET LUCIE AUBOURG, Agence France-Presse, 25 juin 2025

(Washington) La violence par armes à feu est une « crise de santé publique », a déclaré mardi le médecin-chef américain, qui a pour la première fois publié un rapport complet faisant de ce sujet une priorité sanitaire et recommandé une série d’actions pour lutter contre ce fléau.  

« Il faut s’en débarrasser » : des Texans rendent leurs armes

PHOTO MARK FELIX, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un policier inspecte un fusil lors d’un programme de rachat d’armes à Houston, au Texas.

MOISÉS ÁVILA, AGENCE FRANCE-PRESSE

« (Houston) Dans la voiture de Marilyn Bragg, au Texas : les cinq armes à feu de son mari défunt. « Je ne veux pas de ça chez moi, je ne sais même pas tirer », affirme la retraitée avant de les confier aux autorités. »

Un article publié dans La Presse aujourd’hui, 20 février 2023, par Moisés Ávila de l’Agence France-Presse, est révélateur d’une tendance. Du moins, c’est ce que je souhaite. L’idée est simple : donner une chance aux détenteurs d’armes à feu; pistolets, fusils et armes semi-automatiques de s’en débarrasser de façon sécuritaire.

Ces propriétaires d’armes à feu reçoivent un montant d’argent en échange. Au-delà de cet aspect pécunier, pourquoi prendre le risque de subir un vol d’armes à feu qui a connu une croissance de 16% au cours des dix dernières années aux États-Unis ?

Si l’idée de de départir d’armes à feu prend de l’ampleur dans l’État du Texas qui est l’un de ceux où il est le plus facile de se procurer une arme, il est raisonnable de croire que cette BONNE IDÉE prenne de l’ampleur dans tout le pays.

Le port d’armes, est-il écrit dans l’article, y est autorisé sans restriction, au nom du deuxième amendement de la Constitution américaine. Mais, j’ai déjà contesté cette affirmation dans un article que j’ai publié le 23 février 2018 intitulé L’épineuse question du contrôle des armes à feu aux États-Unis d’Amérique où je démontrais que la vente et la libre possession d’armes à feu prôné par la NRA étaient basées sur une interprétation tendancieuse et partielle du deuxième amendement. La NRA l’a transformée en une idéologue antidémocratique qui, paradoxalement, va à l’encontre des idéaux des fondateurs des États-Unis d’Amérique.

Enfin, la suprématie idéologique du deuxième amendement commence à être contesté : « Mais pour Rodney Ellis, le responsable du comté, les auteurs de la Constitution – rédigée au XVIIIe siècle – n’auraient jamais pu imaginer la modernité des armes à feu d’aujourd’hui. »

« Donc jusqu’à ce que l’on arrive à changer les mentalités et qu’on parvienne à un encadrement raisonnable des armes à feu dans ce pays, ce type d’initiative est le genre de choses que nous devons faire. »

AUTRE LIEN : Les origines racistes du deuxième amendement. L’historienne Carol Anderson a même révélé les origines racistes du deuxième amendement.

Clarification nécessaire de la définition permanente des armes d’assaut de style militaire

Photo Serge St-Arneault : vue du parlement canadien de la fenêtre de l’édifice Wellington.

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Encore une fois[i], je me suis retrouvé à l’édifice Wellington à Ottawa pour accompagner Heidi Rathjen, Nathalie Provost et Boufeldja Benabdallah qui étaient invités à faire partie d’un groupe de témoins et à comparaître lors de la 57e séance du Comité permanent de la sécurité publique et de la sécurité nationale (SECU) de la Chambre des Communes pour l’étude sur les effets des amendements retirés (G-4 et G-46) au projet de loi C-21, Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu).

Selon Francis Langlois, membre associé à l’observatoire des États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand et professeur d’histoire au Cégep de Trois-Rivières, le gouvernement a fait deux erreurs dans le dépôt de son projet de loi C-21. Il a tout d’abord déposé le retrait des deux amendements visant à interdire les « armes d’assaut de style militaire » en fin de deuxième lecture et surtout, la définition qu’il entendait utiliser était plutôt complexe. Afin d’éclaircir le débat, il faut, une définition ancrée dans la réalité technique des armes à feu (AAF), ce qui évitera les dérapages sémantiques que sont les expressions « armes d’assaut » et « armes de chasse ».

« Si l’objectif du gouvernement est de diminuer le risque de futures tueries de masse en sortant de telles armes du marché canadien, il doit les catégoriser en fonction de leur mécanisme de tir plutôt que par des définitions contestables et contournables. Une telle catégorisation évitera également d’avoir à tenir à jour une longue liste de modèles, l’industrie ayant toujours joué sur le pointillé de la loi pour vendre sa production éventuelle.[ii] »

Désinformation

PolySeSouvient ainsi que le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) avaient d’ailleurs réclamé que les amendements retirés du projet de loi C-21[iii] soient réintroduits, voire clarifiés, et simplifiés, pour mettre fin à la désinformation qui, selon eux, a fait dérailler l’adoption de la pièce législative.

Selon le reportage d’Émilie Bergeron de La Presse canadienne, « À cause de l’absence de définition globale et permanente dans la loi, de nouveaux modèles d’armes d’assaut ont progressivement envahi le marché canadien (depuis des interdictions mises en place). Sans définition dans la loi, les manufacturiers vont continuer à introduire des modèles et un retour en arrière sera beaucoup plus facile sous un gouvernement qui ne partagerait pas les mêmes valeurs de sécurité publique », a déclaré mardi Nathalie Provost, porte-parole de PolySeSouvient et survivante de la fusillade de Polytechnique, en témoignant devant le comité parlementaire de la sécurité publique[iv].

Extraits lors de la séance

Depuis plus de trois décennies, PolySeSouvient et d’autres victimes de tueries de masse commis par des armes de type militaire militent pour leur interdiction. Moi, j’ai honte qu’après 33 ans de lutte, nous n’arrivions pas dans notre pays à nous mettre d’accord. Bien que toutes nos démarches soient appuyées par la majorité des Canadiens, nous devons encore venir devant vous pour faire valoir l’importance d’interdire les armes d’assaut. Pourquoi ces armes n’ont-elles pas été interdites immédiatement après la tragédie de Polytechnique en 1989 ?

Avec une définition, les manufacturiers ne pourront pas mentir. Cette stratégie permettra d’ajuster la liste des armes prohibées selon les critères établis plutôt qu’être constamment à courir après le danger de la mise en marché de nouvelles armes plus puissantes que nous ne voulons pas reconnaître (comme acceptables) au Canada. Notre objectif est une DÉFINITION PERMANENTE. Nous n’en pouvons plus de refaire ce chemin de croix. Il faut décortiquer les amendements retirés (G-4 et G-46) de manière que les Canadiens comprennent bien leur véritable nature et leur impact. C’est sur un fondement scientifique et rationnel, encré sur des faits, que de nouveaux amendements clairs et améliorés pourront être adoptés. Nous y tenons !

Nous espérons aujourd’hui que ces consultations spéciales viseront avant tout à clarifier les véritables impacts des amendements G-4 et G-46 car tout nouvel amendement doit être fondé sur des préoccupations réelles et légitimes. (…) Le manque de clarté des amendements constitue un défi majeur. Nous soutenons pleinement le langage dans les deux amendements afin de le rendre plus simple et plus facile à comprendre pour les profanes. (…) Nous reconnaissons que des questions spécifiques liées aux droits de chasse des peuples autochtones doivent être abordées. Nous continuons d’appuyer la définition évolutive proposée dans le document G-4. Mais, nous suggérons de modifier cette définition évolutive pour éviter que les fabricants ne contournent l’interdiction des armes semi-automatiques de style militaire.

L’intention du projet de loi n’était pas de retirer le droit des nations autochtones de chasser. Nous ne voulons pas non plus avoir une incidence adverse sur les chasseurs. Mais, il ne faut pas perdre de vue le souvenir des victimes. Il est nécessaire de s’assurer qu’il n’y aura plus de massacres semblables comme celui de la Polytechnique de Montréal et de la mosquée de Québec. Taleeb Noormohamed

« Au sujet des nouveaux modèles d’arme à feu (produit par) des manufacturiers qui utilisent des échappatoires pour trouver des façons de contourner la liste existante (d’armes prohibées), PolySeSouvient est souvent obligé d’en informer le gouvernement et la GRC des nouveaux modèles (d’armes à feu). Cela montre qu’il y a quelque chose de mal organisé (au niveau gouvernemental et de la GRC). » Peter Julian

DÉFINITION PERMANENTE

Une DÉFINITION PERMANENTE, comprenant une liste, permettrait de répertorier et d’interdire les nouveaux modèles d’armes d’assaut qui entreraient sur le marché. Cette définition devrait comprendre les éléments suivants :

  • Capacité d’armes semi-automatiques de conception militaire pouvant tirer en rafale avec des chargeurs de plus de cinq balles et incompatibles pour la chasse.
  • Les armes à feu qui ont une énergie initiale extrêmement puissante qui dépasse tout usage citoyenne normale.

Ma conclusion

« Petit train va loin ! » dit-on. Justement, j’ai voyagé en train ce jour-là au prix de $155, aller-retour Montréal-Ottawa. C’est dispendieux pour un confort plutôt modeste et pour éviter le stress de la conduite automobile.

Bref, pour une rare fois, j’ai eu le sentiment que les échanges ont, de part et d’autre, été constructifs et respectueux, comme l’a souligné la députée Raquel Dancho qui avait pourtant, en novembre dernier, déclaré que la définition proposée était « la plus importante interdiction des fusils de chasse au Canada. »

Lors de l’audience, les affirmations techniques présentées par PolySeSouvient étaient basées sur des faits scientifiques et l’avis des experts. Bien sûr, nous sommes émotifs face à la violence et la souffrance qui en résulte, mais les vrais intervenants émotionnels et irrationnels sont les membres du lobby des armes dont l’identité semble reposer entièrement sur la possession d’armes de poing ou d’assaut et qui déforment la réalité pour appuyer leur propagande qui s’est avérée mensongère[v] [vi].

Le jour de la Saint-Valentin de 2023 ne sera pas pour moi la commémoration du saint patron des amoureux, mais celui d’une énième tentative pour aboutir à une déclaration courageuse, mais nécessaire pour bannir une fois pour toutes la prolifération d’armes d’assaut de type militaire des mains de simples citoyens canadiens. Cela ne doit pas être un enjeu d’idéologie politique partisane, mais le fruit d’un consensus global.

Envers et contre tout, je garde espoir que notre pays adoptera une vision prophétique en clarifiant une définition permanente qui satisfera les chasseurs ainsi que les citoyens des Premières Nations et assurera une plus grande sécurité pour la majorité des canadiens. Nous le devons pour la mémoire des toutes les personnes, surtout enfants et femmes, victimes de meurtre par armes à feu.

À gauche : Serge St-Arneault, Heidi Rathjen,
Nathalie Provost et Boufeldja Benabdallah.
À droite : Nathalie Provost en entrevue
dans les studios de TVA Nouvelles à Ottawa

PRINCIPAUX LIENS :

Mémoire de PolySeSouvient :
En anglais : New amendments aimed at banning assault weapons
En français : sera publiée sous peu sur le site de PolySeSouvient.

Chambre des Communes :
Effets des amendements retirés (G4 et G-46) au projet de loi C-21, Loi modifiant certaines lois et d’autres textes en conséquence (armes à feu)

La Presse :
Cri du cœur de PolySeSouvient et de la mosquée de Québec

L’Actualité :
Armes: PolySeSouvient veut que les amendements retirés de C-21 soient réintroduits

IHeartRADIO :
Polysesouvient veut que les amendements retirés de C-21 soient réintroduits

Radio-Canada :
PolySeSouvient veut que les amendements retirés de C-21 soient réintroduits

TVA  Nouvelles :
Projet de loi sur le contrôle des armes à feu: plaidoyer pour le dépôt de nouveaux amendements

National Post :
‘Disinformation’ was behind opposition to withdrawn gun control amendments, groups tell MPs

Bloc Québécois :
Le Bloc déposera un projet de loi pour corriger le tir.
Les peines avec sursis devraient être interdites dans la majorité des cas d’agression sexuelle, selon le député Rhéal Fortin. Il compte déposer un projet de loi au cours des prochaines semaines afin de revenir aux peines minimales pour ces crimes et ceux commis avec des armes à feu.


[i] Freddy Kyombo, Un combat juridique contre la prolifération d’armes à feu, 5 novembre 2022

[ii] Francis Langlois, Catégoriser les armes à feu efficacement, La Presse, 4 février 2023

[iii] Outre la définition des armes d’assaut prohibées qui a été retirée, le C-21 prévoit des mesures qui renforceraient le gel des armes de poing. La législation permettrait également de retirer les permis d’armes à feu des personnes commettant de la violence conjugale ou se livrant à du harcèlement criminel, ainsi que d’augmenter les peines maximales pour la contrebande et le trafic d’armes à feu de 10 à 14 ans.

[iv] Émilie Bergeron, PolySeSouvient veut que les amendements retirés de c-21 soient réintroduits, La Presse canadienne.

[v] Jim Bronskill, The Canadian Press, Gun-control group tells MPs ‘disinformation’ muddied assault-style firearm measures. A prominent voice for stricter gun control is telling MPs the federal government’s efforts to outlaw assault-style firearms have become mired in disinformation.

[vi] New amendments aimed at banning assault weapons. Document sent to Ron McKinnon, Chair, Standing Committee on Public Safety and National Security, House of Common, February 9, 2023.

AUTRE LIEN :

Controverses entourant le projet de loi C-21

Carey ne doit pas être instrumentalisé par les lobbys « proarmes » qui pourraient facilement le mettre dans l’embarras en faisant de lui un porte-étendard de la culture républicaine américaine jurant la victoire du deuxième amendement tout en défaisant les démocraties.

Grâce à ses talents sportifs et ses origines autochtones, Carey Price inspire la fierté. Il est un modèle de réussite. Nous avons tous été touchés par ses absences à cause de ses blessures et de son retrait du jeu pour raison médicale.

Plus notre voix porte, plus il faut l’utiliser avec prudence pour s’assurer de faire une contribution solide et constructive. Parce que les vedettes ont des voix fortes, il est parfois important de leur répondre. C’est le cas ici.

Comme tous les citoyens de notre pays, Carey a le droit d’émettre ses opinions sur le projet de loi C-21 sur les armes à feu. Malheureusement, sa sortie publique sur les médias sociaux a provoqué un profond malaise et suscité beaucoup de questionnement. Pourquoi avoir choisi ce moment-ci qui coïncide avec les commémorations entourant la tragédie du féminicide du 6 décembre 1989 à la Polytechnique de Montréal ? Pourquoi s’associer avec une organisation qui prône la vente d’un calendrier avec le code promotionnel ‘Poly’ ? Nous en sommes vivement offensés.

There is no way the Canadiens can propose to retire Price’s number without sparking significant outrage. There is simply no way he deserves to have his number raised to the rafters at the Bell Centre, not after this.
The opinion of an anglo columnist doesn’t matter much in this town. But on behalf of 14 murdered women who can’t speak for themselves, I will fight any attempt to retire Carey Price’s number with everything I have. That’s a promise.

Il y a aussi eu beaucoup de confusion avec la déclaration du club de hockey du Canadien qui s’est excusé en son nom, affirmant qu’il ne savait pas ce qui s’était passé il y a 33 ans, et Carey Price affirmant le contraire le lendemain.

Quoiqu’il en soit, l’arme de chasse qu’il affiche dans ses mains n’est pas prohibée et ne figure pas sur la liste des armes qui seront prohibées dans le projet de loi C-21. Son indignation contre ce projet de loi est injustifiée. A-t-il été encouragé d’agir comme il l’a fait par quelqu’un d’autre ? Il semble pourtant défendre sa déclaration.

Loi C-21

La position de PolySeSouvient est claire et sans ambiguïté. La loi C-21 et les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino annoncés au mois de mai dernier.

En bref, la loi C-21 vise à l’interdiction globale et permanente des armes de style militaire. Ce type d’arme inclut les armes d’assaut ainsi que les armes semi-automatiques de grande capacité ou modifiables incluant celles soi-disant adaptées pour la chasse, mais conçues par les fabricants.

Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses.

Plus de trente ans après Polytechnique, et alors que d’autres tragédies meurtrières ont mis en scène des armes qu’on gagnerait à exclure du périmètre public, C-21 est essentiel, en dépit du grondement d’opposition propre au lobby des armes qui l’entoure.

La chasse sportive

PolySeSouvient se dit ouvert au compromis. « On n’est pas contre les armes, on n’est pas contre les chasseurs et on n’est pas contre la chasse, affirme Mme Provost. Donc, travaillons ensemble pour avoir une liste qui fait que les armes qui devraient être reconnues comme des armes de chasse raisonnables soient exclues du règlement. »

Jeune, à La Tuque, je me rappelle une autre conversation que j’ai eue avec un chasseur lorsque je travaillais à l’usine de papier de la C.I.P.

–          La chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile.

Dans le sport compétitif, il est normal que les équipements se perfectionnent pour espérer une victoire. Mais les armes de chasse doivent-elles se perfectionner au point de ne laisser aucune chance de survie à l’animal chassé ?

Au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit. Il est légitime d’exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiables.

33e commémoration du féminicide du 6 décembre 1989

Comme chaque année, nous nous sommes rassemblés au belvédère Kondiaronk, une vaste terrasse panoramique sur le mont Royal. Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. Selon le rituel, les noms des 14 femmes assassinées, dont ma sœur Annie, ont été nommés au moment où les faisceaux bleus étaient allumés sur le belvédère. 

Puis, les dignitaires ont déposé en silence une rose blanche sur une table placée en face d’un tableau où figurait une photo des 14 femmes honorées. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a été le premier à faire quelques pas supplémentaires pour se diriger à l’extérieur du chalet pour voir les faisceaux. Quelques-uns l’ont suivi tels que François Legault et son épouse.

Autour de moi, je n’ai pas reconnu d’autres membres des familles des victimes. Peut-être étais-je le seul ? En revanche, j’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!

Laissons parler les experts

La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.

La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu; la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël. Le président Joe Biden promet à nouveau d’interdire les fusils d’assaut aux États-Unis où il y a un puissant lobby des armes à feu.

Comme individu, il nous incombe de faire des choix librement et en connaissance de cause. Nous sommes responsables de nos décisions. Il en est de même pour la société que nous formons qui est dirigée par des gouvernements élus démocratiquement. Il faut maintenant saisir le momentum et faire des choix collectifs à la hauteur des immenses défis qui nous attendent : changement climatique, propagation de nouveaux virus, menace à l’écosystème, migration de populations menacées, etc.

La crise financière que nous connaissons en ce moment est le résultat des effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, prélude de plus grandes menaces à venir. Plus que jamais nous devons nous mettre à l’écoute des scientifiques et prendre collectivement des mesures pénibles mais nécessaires qui affecteront notre style ou notre niveau de vie. Le contrôle des armes à feu, particulièrement le bannissement des armes d’assaut, s’inscrit dans ce grand mouvement de changement civilisationnel.

Le Nouvelliste, vendredi 9 décembre

«Ç’a été une réaction très forte», avoue-t-il en entrevue avec Le Nouvelliste.

Il souligne que les propos de Carey Price ont provoqué un malaise, mais également beaucoup de questionnements.

«Est-ce que ça vient de son propre gré, ou bien est-ce qu’il a été influencé par quelqu’un ou par un groupe pour faire cette déclaration à ce moment-ci? On peut se poser la question, mais je n’ai pas de réponse. On se demande pourquoi.»

Même s’il convient que l’athlète a le droit à son opinion sur le projet de loi C-21, il soutient que la notoriété de Carey Price, le fait qu’il soit une figure publique respectée, un modèle et une référence sportive, accentue le malaise et la confusion dans un débat qui est «extrêmement sensible et extrêmement important».

«Ce qu’il dit a des impacts, bien évidemment.»

«Ça nous fait mal une déclaration comme celle-là. D’autant plus que l’arme qu’il tient dans ses mains ce n’est pas une arme qui sera bannie dans le projet de loi. C’est une arme qui sera acceptée. […] Il n’a jamais été question de bannir toutes les armes de chasse», précise M. St-Arneault qui est également membre du mouvement PolySeSouvient.

Dans les derniers jours, le gardien de but du Canadien de Montréal s’est affiché très clairement contre le projet de loi C-21 sur les réseaux sociaux. Il a également manifesté son soutien à la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCDAF) qui a, elle aussi, suscité de vives réactions pour avoir utilisé l’acronyme «POLY» comme code promotionnel. Un geste qui passe mal.

«Je me sens insulté», lance M. St-Arneault.

«C’est une insulte carrément. Je pense que c’est intentionnel. Ils se sont sentis vexés qu’on s’en prenne aux armes à feu. C’est d’une maladresse… C’est un manque de sensibilité, un manque de respect, un manque total de considération… pour les femmes en particulier. C’est une espèce de provocation», ajoute-t-il.

Pour Serge St-Arneault, l’indignation du joueur de hockey est injustifiée. Le Latuquois estime qu’il faut laisser parler les experts.

«La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.»

«La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu: la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël», fait-il remarquer.

Rappelons que le gouvernement libéral a déposé, au printemps dernier, le projet de loi C-21 sur le contrôle des armes à feu au Canada. Un moment historique selon Serge St-Arneault.

«C’était un événement extrêmement fort, c’était électrique.»

Pour lui, les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino.

«Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses», note M. St-Arneault.

Ce dernier se souvient d’ailleurs de certaines conversations avec des chasseurs alors qu’il travaillait à l’usine de papier de la C.I.P à La Tuque, sa ville natale. Un d’eux lui avait alors souligné que «la chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile».

Serge St-Arneault rappelle qu’au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit, et soutient qu’il est légitime d’«exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiable».

Commémoration du féminicide du 6 décembre 1989

Comme chaque année, Serge St-Arneault a participé à la cérémonie au belvédère Kondiaronk sur le mont Royal. Des roses blanches ont été déposées devant les photos des 14 femmes décédées. Leurs noms ont été prononcés au moment où les faisceaux bleus se sont allumés sur le belvédère.

«Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. […] Ce n’est pas mauvais. Ça permet de goûter le silence et la gravité de l’événement qui s’est déroulé il y a déjà 33 ans», commente-t-il.

«J’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!», se réjouit-il.

Si l’émotion est différente d’un 6 décembre à l’autre, il s’agit toujours d’une occasion de rendre hommage à sa sœur. Nathalie Provost, une survivante de la tuerie, écrivait d’ailleurs dans une lettre ouverte publiée récemment dans les médias qu’Annie St-Arneault était femme lumineuse, le genre de personne qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer, et qu’elle faisait l’unanimité.

Elle soutient qu’elle était une femme douce, curieuse, et ouverte d’esprit, ce à quoi acquiesce le frère d’Annie St-Arneault.

«C’est une très belle définition d’Annie», a-t-il conclu.

Extraits

Peut-on conclure que plus il y a d’armes à feu en circulation, plus il y a de morts accidentelles ?

Oui, évidemment. « Mais c’est surtout l’encadrement légal qui fait la différence », note Francis Langlois, professeur au cégep de Trois-Rivières et chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand. 

DAVANTAGE D’ACCIDENTS MORTELS AUX ÉTATS-UNIS

En 2020 aux États-Unis, près de 500 personnes ont été tuées par un coup de feu accidentel. C’est beaucoup plus qu’au Canada, même en tenant compte de la population. Selon Statistique Canada, le nombre de personnes tuées au pays par une décharge accidentelle d’arme à feu a connu des hauts et des bas depuis 20 ans. Entre 2000 et 2004, il se situait entre 18 et 20 par année, avant d’amorcer une diminution qui allait atteindre seulement 2 décès en 2014 (le fameux Registre des armes à feu a été aboli en 2012). Depuis huit ans, le nombre de morts a recommencé à augmenter, atteignant 15 décès en 2020 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles).

Que dirait-elle ?

Par Nathalie Provost

En troisième année de Poly, en génie mécanique, je me suis fait une nouvelle amie. Comme moi, elle avait perdu le groupe d’origine et nous nous retrouvions dans la même classe. Je ne sais pas si elle était de ce groupe parce qu’elle passait comme moi trop de temps au local étudiant ou bien parce qu’elle était entrée à Poly à la session d’hiver, mais nous nous sommes retrouvées dans la même classe à mon grand bonheur.

C’était une fille lumineuse. Vous savez ? De ces personnes qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer. Moi, mon gros caractère et mes idées arrêtées sur tous les sujets, je me trouvais confrontée à la douceur, à la curiosité, à l’ouverture d’esprit. On avait envie d’étudier avec elle, d’être en équipe avec elle. Elle faisait l’unanimité.

Le 6 décembre 1989, cette fille était dans ma classe. À la pause, nous sommes allées ensemble au bureau étudiant pour savoir si Alcan (aujourd’hui Rio Tinto) l’avait embauchée comme ingénieure junior. Il me semble que oui. Ils avaient fait le bon choix. Elle saurait rallier ses collègues peu importe leur rôle.

Mais le 6 décembre 1989, Annie Saint-Arnault est décédée. Elle était mon amie. Je l’ai vue mourir.

Aujourd’hui, nous sommes 33 ans plus tard. Depuis vendredi dernier, nous sommes dans une frénésie assez troublante qui commerce à coup de code promo utilisant l’acronyme POLY, qui instrumentalise un joueur de hockey renommé qui fait figure de symbole national. Diverses opinions sont échangées sans réelle écoute et surtout souvent sans références solides. C’est à qui parlera le plus vite, le plus fort.

Je vous écris et le souvenir d’Annie me revient. Comme se comporterait-elle dans ce débat ? Quelle serait son approche ? Mon amie lumineuse était une pacifique, elle appuierait sûrement notre souhait pour une meilleur contrôle des armes. Cette amie venait d’une région où la chasse est une pratique courante. Je suis certaine qu’elle souhaiterait que ceux qui la pratique puissent poursuivre cette activité.

Annie était une ingénieure (enfin presque). Je suis certaine qu’elle s’appuierait sur la science pour clarifier sa position. Je suis certaine qu’elle prendrait le temps d’écouter les experts. Je crois qu’elle ne s’agiterait pas devant des épouvantails voulant faire croire que la perte de privilège est une perte de droit. Je ne crois pas qu’elle lèverait le ton pour dire clairement ce qu’elle croit juste et acceptable. Je ne crois pas qu’elle chercherait à jeter le bébé avec l’eau du bain. Elle saurait distinguer le bon grain de l’ivrai.

La demande pour un meilleur contrôle des armes a débuté en janvier 1990. J’en étais, au côté des étudiants, des familles des victimes, des professeurs et de la société québécoise et canadienne. Les étudiants ont à l’époque déposé la plus importante pétition demandant un meilleur contrôle des armes à feu. Notre demande centrale : interdire les armes telles celle utilisée par le meurtrier de Polytechnique. Malgré plusieurs tentatives, cette demande initiale n’a toujours pas été satisfaite. Mais plus que jamais en 33 ans, nous, les survivants, les familles des victimes, les étudiants de Polytechnique, la société québécoise et canadienne, nous touchons au but.

Aujourd’hui, en ce 6 décembre, je nous invite tous, moi incluse, à réfléchir comme mon amie Annie Saint-Arnault. A prendre un pas de recul avant de crier à l’imposture, à l’incompétence, à l’improvisation ou à la mauvaise foi. Nous devons ensemble, ceux qui souhaitent un plus grand contrôle comme les chasseurs, discuter posément avec les experts et soutenir nos députés qui sont engagés dans un travail d’analyse important qui demande sagesse et réflexion.

Je crois que nous devons nous inspirer d’Annie. Nous lui devons.

LIENS

Olivier Du Ruisseau, 7 décembre 2022