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O’Toole assure qu’il va « maintenir l’interdiction » sur les armes d’assaut – Contradiction avec la plateforme

Le chef Erin O’Toole a réitéré vendredi sa volonté de « maintenir l’interdiction sur les armes d’assaut » au Canada, malgré la volonté de son parti — écrite dans sa plateforme – de renverser les restrictions adoptées à ce chapitre par le gouvernement libéral.

HENRI OUELLETTE-VÉZINA, LA PRESSE, Publié le 3 septembre 2021

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, REUTERS

« On va maintenir l’interdiction sur les armes d’assaut et en plus, on va travailler en étroite collaboration avec les policiers pour stopper la contrebande », a soutenu le conservateur lors d’une mêlée de presse tenue à Montréal en fin de matinée, où il présentait son plan pour « s’attaquer à la violence liée aux gangs de rue ».

Reste que comme la veille, pendant le débat des chefs, M. O’Toole n’a pas réellement été en mesure d’expliquer vendredi l’apparente contradiction entre cette nouvelle déclaration et le contenu de sa plateforme, qui a d’abord été soulevée jeudi soir par le chef libéral Justin Trudeau.

À la page 96 de la plateforme conservatrice, on mentionne en effet l’intention claire « d’abolir le projet de loi C-71 et le décret de mai 2020 », qui avaient interdit plusieurs types « d’armes à feu de style armes d’assaut », dont le Ruger Mini-14, qui a été utilisé dans la tuerie de Polytechnique. Dans le document, les conservateurs y proposent plutôt de « faire un examen de la Loi sur les armes à feu » pour la « mettre à jour, en créant un système de classification simplifié ».

Alors qu’il était questionné à savoir s’il compte mettre sur pied un programme de rachat obligatoire des armes d’assaut, ou s’il entend obliger les propriétaires à les rendre, le chef conservateur est aussi demeuré très évasif. « Comme j’ai dit, on va maintenir l’interdiction sur les armes d’assaut », a-t-il simplement offert, en plaidant pour un processus « transparent » et une approche « stratégique » contre la violence.

À Toronto, le chef libéral Justin Trudeau n’a pas manqué d’attaquer « le manque de clarté » du chef conservateur. « Son manque de clarté sur cet enjeu est malheureusement typique d’un chef qui dit une chose aux groupes d’intérêt, les anti-choix, les lobby des armes à feu et ceux qui nient les changements climatiques, pendant qu’il essaie de dire le contraire aux Canadiens », a martelé M. Trudeau. « C’est tout à fait irresponsable », a-t-il insisté.

« Erin O’Toole ment par omission. Il dit à sa base électorale, qui est très pro-armes : je vais dire aux Québécois que je vais interdire les armes à feu, mais en même temps, temps je vais faire en sorte que la définition d’armes d’assaut soit tellement petite que vous allez être bien contents », a réagi la ministre libérale Mélanie Joly lors d’un point de presse vendredi après-midi. « C’est le lobby des armes qui le soutient, le finance et, en même temps, lui envoie des bénévoles », a-t-elle renchéri.

« Stratégie de sortie des gangs »

Dans leur plan pour lutter contre la violence liée aux gangs de rue, les conservateurs proposent entre autres « d’amender le Code criminel » et établir une « liste d’entités des gangs criminelles », ce qui « éliminerait l’obligation pour les procureurs de faire la preuve qu’une organisation est criminelle ».

Erin O’Toole veut aussi « imposer une peine minimale obligatoire de deux ans pour possession d’arme prohibée si la personne a fait l’objet d’une ordonnance d’interdiction ou a auparavant été reconnue coupable d’une infraction relative aux armes à feu ».

Pour « créer une stratégie de sortie des gangs », le chef conservateur promet aussi de « former des partenariats avec des entreprises du secteur privé », via un programme gouvernemental qui permettrait aux membres des gangs de rue « de s’en sortir, de refaire leur vie, de trouver un bon emploi et d’obtenir le soutien pour quitter une vie de crime ».

« Trop de recrues dans les gangs, surtout les jeunes, sont contraints au cycle de la violence parce qu’il n’y a pas d’autres options », a soutenu le chef conservateur. S’il est élu, il compte aussi « ordonner la remise automatique des armes à feu aux forces policières à l’endroit où quelqu’un a été accusé d’une infraction ».

Le parti veut par ailleurs « travailler de près » avec l’Agence des services frontaliers (ASFC) et la GRC pour « cibler les activités de contrebande » avant que les armes « n’atteignent la frontière ». « Les gangs de rue sont prévenues. Comme premier ministre, je vais toujours être du côté des familles, des honnêtes citoyens et des victimes », a martelé M. O’Toole.

Il s’est par ailleurs dit bouleversé par la hausse des fusillades à Montréal, et particulièrement par la fusillade survenue il y a quelques semaines dans Rivière-des-Prairies, faisant trois décès et deux blessés.

AUTRES LIENS

Radio avec Nathalie

Entrevue avec Nathalie Provost, survivante du massacre à Polytechnique et porte-parole de PolySeSouvient : le chef Erin O’Toole a réitéré au débat sa volonté de « maintenir l’interdiction sur les armes d’assaut » au Canada, malgré le fait qu’il soit écrit dans sa plateforme qu’il souhaite renverser les restrictions adoptées à ce chapitre par le gouvernement libéral. 

Armes à feu : «il faut que les Canadiens soient très méfiants de ce qu’ils lisent derrière les mots des conservateurs»

https://omny.fm/shows/mario-dumont-vincent-dessureault/armes-feu-il-faut-que-les-canadiens-soient-tr-s-m

GLOBE AND MAIL

https://www.theglobeandmail.com/politics/article-conservatives-would-repeal-ban-on-guns-used-in-ecole-polytechnique/

CBC

https://www.cbc.ca/news/politics/erin-otoole-assault-weapons-1.6163698?__vfz=medium%3Dsharebar

Presse canadienne 

https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-03/le-contrat-d-erin-o-toole-aux-quebecois-toujours-pas-livre.php

https://www.latribune.ca/actualites/elections-federales/verification-erin-otoole-veut-il-ramener-les-armes-dassaut-au-canada-2c408870d098dd9c69f4162c4e8fe2ba

Le Devoir:

https://www.ledevoir.com/politique/canada/629748/impossible-de-savoir-quelles-armes-d-assaut-interdiraient-les-conservateurs

Canadian Press:

https://www.thestar.com/politics/federal-election/2021/09/03/otoole-promises-to-increase-penalties-for-crimes-involving-guns.html

With Video:

https://www.cp24.com/news/liberals-accuse-conservatives-of-trying-to-deceive-canadians-on-firearms-policy-1.5572609?cache=yes%3FclipId%3D86116%3Fot%3DAjaxLayout%3FclipId%3D89680

QMI:

https://www.journaldequebec.com/2021/09/03/armes-dassaut-otoole-rattrape-par-sa-plateforme

L’actualité, bilan:

https://lactualite.com/actualites/jour-20-et-lendemain-de-debat-otoole-contredit-sa-promesse-sur-les-armes-dassaut/

Global

CBC (PSS) 

https://www.cbc.ca/news/politics/erin-otoole-assault-weapons-1.6163698?__vfz=medium%3Dsharebar

L’actualité, bilan: 

https://lactualite.com/actualites/jour-20-et-lendemain-de-debat-otoole-contredit-sa-promesse-sur-les-armes-dassaut/

Radio-Canada: 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1821531/interdiction-armes-assaut-type-militaire-parti-conservateur

John Ivison 

https://montrealgazette.com/news/politics/election-2021/john-ivison-erin-otooles-promises-may-be-a-matter-of-expediency-in-this-election

QMI – Dominique Vien 

https://www.journaldequebec.com/2021/09/04/les-armes-a-feu-le-grand-ecart-de-dominique-vien

Rachel Benyaden 

https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-04/les-liberaux-promettent-de-durcir-les-lois-sur-les-armes-a-feu.php

Presse canadienne suivi 

https://www.ledevoir.com/politique/canada/629958/armes-a-feu-les-liberaux-accusent-erin-o-toole-de-mentir

Canadian Press Rachel follow up 

https://www.ctvnews.ca/politics/federal-election-2021/look-to-conservative-platform-to-fill-in-the-blanks-on-gun-policy-o-toole-1.5573803

Global – O’Toole fill in blanks, upset about US imports 

Macleans Stephen Maher 

RC Rachel 1977 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1821731/rodriguez-armes-fusils-assaut-lois-pistolets

Opinion Emmanuelle Latravere Otoole / PSS 

https://www.journaldemontreal.com/2021/09/05/le-grand-brouillard-des-armes-a-feu

La Presse Blanchet Metropolis 

https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-04/blanchet-appelle-les-autres-partis-a-durcir-les-lois-sur-les-armes-a-feu.php

No place in Canada, Trudeau says secret deal 

https://www.thestar.com/politics/federal-election/2021/09/05/trudeau-pledges-to-further-tighten-gun-control-laws-in-toronto-area-campaign-stop.html

Canadian press – OToole flip-flops 

https://www.cp24.com/news/o-toole-appears-to-break-with-election-platform-pledges-status-quo-on-firearm-bans-1.5574405

Trudeau OToole entente secrete 

https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-05/trudeau-continue-ses-attaques-envers-o-toole-au-sujet-des-armes-a-feu.php

Radio Canada – reaction au flipflop de O’Toole (PSS) 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1821868/campagne-parti-conservateur-securite-police

La Presse – Rachel demande excuses 

https://www.lapresse.ca/elections-federales/2021-09-05/armes-a-feu/les-liberaux-denoncent-les-contradictions-d-o-toole.php

Canadian press – reaction to O’toole (PSS) 

https://www.theglobeandmail.com/politics/article-erin-otoole-criticizes-defund-the-police-movement-promises-to-hire/

Global – handguns (see end of video for credibility question) 

POUR UN ENCADREMENT RAISONNABLE ET EFFICACE DES ARMES À FEU

POUR UN ENCADREMENT RAISONNABLE ET EFFICACE DES ARMES À FEU.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Conférence de presse commune des représentants des victimes des attaques de la Mosquée de Québec, du Collège Dawson et de Polytechnique, en 2018.

En réponse au texte d’André Gélinas, « Alors, on change de cible ? »

NATHALIE PROVOST, SURVIVANTE DU FÉMINICIDE À L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE ET PORTE-PAROLE DE POLYSESOUVIENT

Publié le 24 août 2021 sur La Presse +

Le texte d’André Gélinas publié dans La Presse du 13 août montre que les pratiques de désinformation et de diffamation à l’encontre de notre collectif ne sont pas exclusives aux groupes pro-armes. C’est d’autant plus regrettable de voir M. Gélinas, un ancien sergent-détective du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), se prêter à de telles tactiques alors que nous partageons fermement son objectif de contrer le trafic illégal des armes à feu.

En effet, même si notre préoccupation principale concerne les lois régissant les armes, nous appuyons activement la lutte contre le trafic d’armes, notamment pour pousser nos politiciens à autoriser les interventions policières nécessaires afin de rompre le « pipeline de fer » tel qu’exposé par l’émission J.E. il y a quelques mois.

Les mesures de prévention et le combat contre la criminalité ne sont pas deux initiatives mutuellement exclusives. Alors pourquoi attaquer les victimes d’une fusillade de masse qui cherchent à empêcher des tragédies similaires ? La réponse est évidente en ce qui concerne le lobby des armes : miser sur les armes illégales afin d’empêcher les contrôles qui touchent les amateurs d’armes.

Malheureusement, M. Gélinas emploie les mêmes mythes et présomptions couramment avancés par le lobby pro-armes, sans preuves à l’appui, de manière à dresser une cause contre l’autre et porter atteinte à notre crédibilité.

Saisissons-donc l’occasion pour examiner ces arguments erronés – aussi simplistes et séducteurs soient-ils.

« Plus de 99 % des actes criminels impliquant des armes sont le fruit d’un trafic illégal », écrit-il.

Le lobby des armes à feu soutient que le « problème » ne concerne pas les propriétaires légaux. Or, selon Statistique Canada, la moitié des homicides par balle ne sont pas liés aux gangs criminels.

DES ARMES LÉGALES

M. Gélinas doit savoir que ce n’est pas une « arme de poing illégale » qui a causé mes quatre blessures ainsi que la mort de 14 de mes consœurs à Polytechnique en 1989. Comme bien d’autres tueurs de masse (Collège Dawson – 2006, Moncton – 2014, Fredericton – 2018, etc.), le tueur était légalement propriétaire d’une arme longue. Les tireurs à l’Université Concordia (1992) et à la Grande Mosquée de Québec (2017) étaient propriétaires légaux de leurs armes de poing, s’étant même entraînés dans un club de tir avoisinant.

De plus, selon diverses enquêtes officielles au pays, la source des armes saisies dans le cadre d’activités criminelles varie substantiellement d’un endroit à l’autre. Par exemple, alors qu’à Toronto la majorité des armes saisies proviennent des États-Unis, c’est seulement une minorité pour l’ensemble des provinces de l’Ouest.

Bien que les armes de poing illégales règnent au sein des gangs de rue, la majorité des homicides conjugaux, des suicides, des tueries de masse et des meurtres de policiers par balle sont commis avec des fusils et des carabines sans restrictions.

Toujours selon M. Gélinas, il est obligatoire de communiquer avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avant la transaction afin de vérifier la validité du permis d’un acheteur potentiel.

Il est vrai qu’acheter une arme sans permis constitue un crime, mais ce n’est pas aussi clair quant à la vente d’une arme à quelqu’un sans permis.

De 2003 à 2012, alors que toutes les armes étaient enregistrées au Canada, chaque transaction passait par le système, ce qui garantissait le transfert d’un vendeur agréé à un acheteur agréé. Or, dans le cadre de la destruction du registre en 2012, le gouvernement Harper a aussi éliminé la vérification de la validité des permis : un vendeur n’a qu’à croire qu’un acheteur détient un permis valide (« le cédant n’a aucun motif de croire que le cessionnaire n’est pas autorisé… ») – ce qui constitue une immense échappatoire : « Mais je le croyais sincèrement… Prouvez le contraire ! »

C’est pourquoi, en 2015, le Parti libéral a promis d’obliger de nouveau « les vendeurs à en vérifier la validité avant de conclure la vente ». Malheureusement, la législation des libéraux (C-71) adoptée en 2018 n’impose rien de tel. Il n’est écrit nulle part ni dans la loi ni dans la réglementation qu’un vendeur doit communiquer à la GRC des renseignements associés au permis d’un acheteur potentiel afin de faire autoriser une transaction (une absurdité que le gouvernement a dû récemment admettre, à reculons). En ce qui concerne les ventes privées notamment, le nouveau système continuera de reposer entièrement sur la bonne foi des vendeurs.

« Pour ces groupes de pression, la simple idée qu’un citoyen puisse posséder légalement une arme pour des activités sportives hautement encadrées est simplement inconcevable et injustifiable. »

Que dire face à cette accusation farfelue ? Nous mettons au défi M. Gélinas et tous nos détracteurs qui prétendent que nous visons l’interdiction de l’ensemble des armes à feu de parcourir les centaines de communiqués, mémoires, documents synthèses et citations que nous avons produits au fil des ans pour trouver un seul exemple en ce sens. Impossible.

Nous ne sommes pas contre la possession d’armes à feu, ni contre la lutte contre les armes illégales. Certes, nous sommes contre les armes les plus meurtrières comme les armes d’assaut, mais notre principale revendication est un encadrement raisonnable et efficace des armes à feu en vue de prévenir les traumatismes, les blessures et les morts causés par leur mauvais usage.

Justin Trudeau critique la position des conservateurs sur les armes à feu

(Montréal) Tandis que la campagne électorale bat son plein, le groupe PolySeSouvient dénonce les récentes publicités du Parti libéral qui s’enorgueillit de son bilan sur le contrôle des armes à feu. Or, les efforts des libéraux apportent peu de changements concrets, selon les victimes de l’attaque de Polytechnique.

JESSICA BEAUPLAT, LA PRESSE CANADIENNE, 18 août 2021

PolySeSouvient craint également de se retrouver face à d’autres « promesses brisées » ou pire encore de voir « le peu de progrès réalisé par les libéraux » anéanti si le pouvoir changeait de main lors du prochain scrutin, explique en entrevue téléphonique la porte-parole du groupe, Nathalie Provost.

En effet, le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, a promis d’abolir la loi qui interdit quelque 1500 modèles d’armes à feu de type d’assaut, depuis mai 2020. Ce qui signifie qu’ils ne peuvent ni être utilisés, vendus ou importés légalement au pays.

En campagne à Vancouver mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu’il est inconcevable, à un moment où les Canadiens sont préoccupés par la violence armée, que les conservateurs s’engagent à renverser la mesure.

Le programme des conservateurs indique que le parti abolirait et réviserait la loi sur les armes à feu avec la contribution de la police, des propriétaires d’armes à feu, des fabricants et du public.

« La sensation qu’on a, c’est qu’on approche de la dernière heure », indique Mme Provost. « Dans cinq ans je ne serai plus là, je n’aurai plus l’énergie de me battre comme ça », explique celle qui milite depuis plus de 30 ans pour un contrôle plus strict des armes à feu.

De récents incidents impliquant des armes de poing, dans la plupart des grandes villes du pays — Toronto, Montréal, Québec — ramènent le débat sur les armes à feu à l’avant-plan.

En plus d’annonces publicitaires à la télé et à la radio, pour promouvoir le travail des libéraux en matière de protection contre les armes, une publicité vidéo du parti de Justin Trudeau s’est récemment attaquée à Erin O’Toole sur les médias sociaux pour ses positions en faveur des propriétaires d’armes.

Or, PolySeSouvient estime que les efforts des libéraux n’ont pas mené à des mesures très concrètes au cours des dernières années.

« Les mesures adoptées ou introduites ne sont qu’un pâle reflet de ce qui aurait pu constituer des progrès considérables et efficaces », peut-on lire dans un communiqué publié lundi.

Le professeur émérite à l’Université d’Ottawa Irvin Waller, auteur du livre Science and Secrets of Ending Violent Crimes (La science et les secrets pour mettre fin aux crimes violents), est plutôt d’accord avec les critiques du groupe.

« Oui, les libéraux ont avancé un peu avec l’interdiction de vente des armes [à feu, de style militaire] », avance M. Waller, mais il se montre perplexe face au programme de rachat optionnel qu’Ottawa avait l’intention d’offrir aux détenteurs d’armes récemment bannies.

Le projet de loi C-21 (mort au feuilleton avec la dissolution récente du Parlement) aurait permis au gouvernement de racheter les armes à feu de type arme d’assaut entre les mains des propriétaires.

Ceux-ci auraient également eu le droit de les garder s’ils le désirent sous des conditions strictes qui incluent l’enregistrement et le rangement sécuritaire.

Cette mesure volontaire s’appuyait sur la bonne foi des propriétaires au lieu d’être obligatoire, déplorent les membres du groupe PolySeSouvient.

Comme les familles de victimes et les survivantes, M. Waller est aussi d’avis que les actions des libéraux auraient pu se traduire en mesure plus concrètes.

Par ailleurs certaines mesures manquaient de clarté, selon le professeur. Comme celle voulant octroyer plus de pouvoir aux municipalités pour qu’elles puissent interdire les armes de poing sur leurs territoires.

Cette proposition assortie d’une enveloppe de 50 millions sur cinq ans n’était pourtant pas suffisante pour l’ensemble des villes canadiennes, estime M. Waller.

PolySeSouvient ajoute qu’en voulant accorder plus de pouvoir aux villes quant à la réglementation des armes à feu, le gouvernement Trudeau s’est défilé devant ses responsabilités et s’est incliné devant le lobby des armes à feu.

Le groupe a exprimé d’autres inquiétudes par rapport au projet de loi C-21 présenté en février.

Celui-ci visait notamment à protéger les potentielles victimes de violence conjugale en leur permettant de demander aux tribunaux une ordonnance pour la saisie immédiate des armes appartenant à un proche ou la suspension de permis.

Une aberration, selon Mme Provost, qui ne comprend pas pourquoi « une femme qui a peur » devrait se lancer « dans des procédures judiciaires ».

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.

LIENS

CBC overview

https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/gun-control-quebec-federal-parties-election-1.6133579

Comment Matt Gurney

https://nationalpost.com/opinion/matt-gurney-on-gun-control-and-other-issues-liberals-are-big-on-promises-but-rarely-deliver

QMI Libs vs Cons

https://www.journaldemontreal.com/2021/08/16/otoole-accuse-par-les-liberaux-de-vouloir-legaliser-les-armes-dassaut

Video – Nathalie on CTV

https://montreal.ctvnews.ca/liberals-failing-to-keep-canadians-safe-from-gun-violence-says-polytechnique-survivor-1.5549578

Audio -Nathalie Radio 15-18 français

https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/le-15-18/episodes/561142/rattrapage-du-mardi-17-aout-2021/9

Groupe de victimes réagit aux publicités gouvernementales sur le contrôle des armes à feu alors que les élections sont déclenchées

Montréal, 16 août 2021 — Au début du mois d’août, le gouvernement libéral a lancé une campagne publicitaire à la radio et à la télé de plusieurs millions de dollars vantant son bilan sur le contrôle des armes à feu. Une autre annonce publiée sur les médias sociaux s’attaque à Erin O’Toole relativement à sa promesse d’abroger les lois sur le contrôle des armes.

Les familles de victimes et les survivants du féminicide à l’École Polytechnique qui militent depuis plus de 30 ans en faveur de contrôles plus stricts ont réagi avec consternation et désarroi face à ce qu’ils considèrent une tentative complètement malhonnête et clairement politique, financée par des fonds publics, de faire croire aux Canadiens que le gouvernement libéral a tenu tête aulobby des armes et qu’il a réalisé des progrès concrets et importants en matière de contrôle des armes à feu.

« D’abord, les Canadiens doivent comprendre que seule une minorité des mesures adoptées par les libéraux découlant des promesses de 2015 et de 2019 ont été mises en œuvre, y compris la plupart des mesures associées à la campagne de 2015 qui ont été adoptées il y a plus de deux ans, » explique Nathalie Provost, survivante du massacre à Polytechnique.

« Mais surtout, les mesures adoptées ou introduites ne sont qu’un pâle reflet de ce qui aurait pu constituer des progrès considérables et efficaces. Ce que nous avons vu jusqu’à présent ne représente que des demi-mesures ou des mesures creuses truffées de concessions au lobby des armes. »

Voir ici notre Bilan des principales promesses libérales sur le contrôle des armes (2015-2021) : https://polysesouvient.ca/Documents/DOCU_21_08_16_PromessesLiberaleArmes.pdf

Ces annonces laissent présager que le contrôle des armes fera partie de la plateforme des libéraux de Trudeau pour une troisième fois. Cependant, étant donné la succession de promesses non tenues, les Canadiens sont en droit de se demander s’ils peuvent croire monsieur Trudeau cette fois-ci. En quoi de nouvelles promesses se distingueront-elles des deux dernières séries de promesses?

« Les libéraux doivent trancher entre faire semblant d’appuyer le contrôle des armes à feu et le faire progresser de manière concrète et importante. Au moins lorsque les Canadiens votent pour les Conservateurs, ils savent qu’ils votent en faveur des intérêts du lobby des armes parce que la position du parti est claire : abroger le peu de progrès réalisé par les Libéraux, entre autres. En comparaison, les libéraux de Trudeau sont extrêmement malhonnêtes quant à leurs engagements et leur bilan. »

« Nous espérons que les médias qui couvriront cette campagne électorale ne s’arrêteront pas aux points de discussion des Libéraux, mais examineront ce qu’ils ont réellement accompli. Car en scrutant les détails des lois et règlements, on s’aperçoit que pas grand-chose n’a changé depuis que le gouvernement Harper a anéanti nos lois sur le contrôle des armes : des dizaines de milliers d’armes d’assaut restent entre les mains de propriétaires privés ; les chargeurs à grande capacité sont toujours facilement accessibles ; les armes de poing continuent à proliférer de façon exponentielle ; et d’importantes lacunes concernant les vérifications d’antécédents et les mesures préventives (en cas de suicide et de violence conjugale) se traduisent en tragédie sur tragédie, » conclut madame Provost.

PolySeSouvient se tourne contre les libéraux

Autrefois enthousiaste, le regroupement PolySeSouvient a déchanté par rapport aux promesses des libéraux.

Dans deux longs communiqués, ceux-ci reviennent sur les propositions des libéraux faites depuis l’entrée au pouvoir de Justin Trudeau au poste de premier ministre.

«D’abord, les Canadiens doivent comprendre que seule une minorité des mesures adoptées par les libéraux découlant des promesses de 2015 et de 2019 ont été mises en œuvre, y compris la plupart des mesures associées à la campagne de 2015 qui ont été adoptées il y a plus de deux ans», a déclaré Nathalie Provost, une survivante de l’attentat de Polytechnique.

«Mais surtout, les mesures adoptées ou introduites ne sont qu’un pâle reflet de ce qui aurait pu constituer des progrès considérables et efficaces. Ce que nous avons vu jusqu’à présent ne représente que des demi-mesures ou des mesures creuses truffées de concessions au lobby des armes», a-t-elle ajouté.

Polysesouvient est un groupe de citoyens bénévoles, dont de nombreux témoins, survivants et familles des victimes du massacre du 6 décembre 1989, qui œuvrent pour un meilleur contrôle des armes et dont les objectifs sont endossés par l’Association des Étudiants de Polytechnique, l’Association des étudiants aux cycles supérieurs de Polytechnique, le CA de l’Association des diplômés de Polytechnique, l’Ordre des ingénieurs du Québec, le Réseau des ingénieurs du Québec, l’École Polytechnique, l’École de technologie supérieure et plusieurs associations étudiantes de génie du Québec.
A/S: 
info@polysesouvient.ca ; téléphone : 514-816-7818 ; @polysesouvient ; www.polysesouvient.ca

PolySeSouvient exhorte les députés à voter contre le projet de loi sur les armes

OTTAWA — L’organisme PolySeSouvient exhorte les députés fédéraux à voter contre le nouveau projet de loi du gouvernement libéral sur le contrôle des armes à feu, affirmant qu’il ne va pas assez loin pour être sauvé.

Dans une lettre envoyée cette semaine, PolySeSouvient estime que le projet de loi récemment déposé aux Communes représente une capitulation des libéraux face au lobby des armes à feu. L’initiative libérale équivaut à jeter l’éponge en matière de contrôle des armes à feu, soutient l’organisme, fondé par des victimes et des proches des femmes tuées à l’École polytechnique en 1989.

La lettre de PolySeSouvient est signée par Nathalie Provost, qui a été atteinte de quatre balles lors de la tuerie de l’École polytechnique de Montréal. Elle a été envoyée à tous les députés à l’exception des conservateurs, étant donné l’opposition du parti au projet de loi, au motif qu’il cible injustement les propriétaires d’armes à feu responsables, mais pas les criminels.

Le projet de loi C-21, déposé le 16 février, vise à interdire les armes à feu dites «d’assaut», mais le programme de rachat des armes existantes serait volontaire. Le projet de loi libéral offrirait aussi aux municipalités la responsabilité d’interdire l’entreposage des armes de poing sur leur territoire.

PolySeSouvient a fait pression pour un rachat obligatoire des armes à feu récemment interdites pour s’assurer qu’elles ne peuvent pas être utilisées à mauvais escient, ainsi que pour une interdiction nationale des armes de poing pour éviter une courtepointe de lois à travers le pays.

Le groupe souhaite également que le gouvernement endigue l’accès facile aux chargeurs qui sont plafonnés à cinq ou dix balles, mais qui peuvent être facilement modifiés pour contenir leur pleine capacité illégale ou encore plus.

Le projet de loi introduirait des mesures sur un «drapeau rouge» et un «drapeau jaune» permettant à des personnes, comme des amis ou des parents concernés, de demander aux tribunaux de retirer immédiatement les armes à feu à une personne, ou de demander à un contrôleur des armes à feu de suspendre et d’examiner un permis individuel de posséder des armes.

PolySeSouvient y voit «un écran de fumée» qui imposerait un nouveau fardeau aux particuliers.

Dans une lettre adressée au premier ministre le 18 mars, PolySeSouvient indique que si Justin Trudeau ne modifie pas substantiellement son projet de loi, il ne sera plus le bienvenu aux cérémonies de commémoration du drame de Polytechnique.

Mary-Liz Power, porte-parole du ministre de la Sécurité publique Bill Blair, a déclaré vendredi que «nous travaillerons avec toutes les parties intéressées pour assurer la sécurité de nos communautés», mais il n’est pas clair si cela pouvait signifier des changements importants à la législation.

PolySeSouvient souhaite que le gouvernement libéral retire carrément son projet de loi. Mais s’il devait demeurer au feuilleton, l’organisme demande aux députés de le rejeter en deuxième lecture à la Chambre des communes.

La coordinatrice de PolySeSouvient Heidi Rathjen a déclaré que la plupart des réponses de députés libéraux à la lettre répètent jusqu’à présent les points de discussion officiels qui accompagnaient le dépôt du projet de loi, «ce qui nous dit que pour l’instant, peu ou rien n’a changé par rapport à la position du gouvernement».

Le Bloc québécois affirme que le projet de loi ne protégera pas le public.

PolySeSouvient n’avait reçu vendredi aucune réponse du NPD. Mme Rathjen a qualifié la réticence générale du parti à l’égard du projet de loi «d’inquiétante», soulignant que les néo-démocrates pourraient avoir le pouvoir de décider de son sort.

Le porte-parole du NPD en matière de sécurité publique, Jack Harris, a souligné que le parti appuyait depuis longtemps des actions plus sévères contre les armes à feu dites «d’assaut» et les efforts pour éliminer les armes de la rue.

Dans une entrevue, il a également exprimé sa consternation face au problème de longue date de la contrebande d’armes à feu. M. Harris a laissé entendre que le NPD appuie généralement le projet de loi, mais il a ajouté qu’il souhaitait entendre des témoins sur le projet de loi au Comité de la sécurité publique de la Chambre des communes.

Gun-control group urges MPs to vote against ‘weak’ Liberal firearms bill

Joe Biden réclame l’interdiction des fusils d’assaut

(Boulder) Le président Joe Biden a réclamé mardi l’interdiction des fusils d’assaut après une nouvelle tuerie qui a relancé le débat sur la prolifération des armes à feu aux États-Unis et dont l’auteur présumé, un jeune homme de 21 ans, a été inculpé.

Publié le 23 mars 2021 

LAURENT BANGUET, AGENCE FRANCE-PRESSE

Ce massacre lundi, qui a fait 10 morts dont un policier dans un supermarché de Boulder, dans le Colorado, est intervenu moins d’une semaine après qu’un homme a abattu huit personnes dans des salons de massage asiatiques d’Atlanta, en Géorgie. Une répétition qui a suscité des appels pressants envers l’administration démocrate et les élus à agir.

Identifié comme Ahmad Al Aliwi Alissa, le suspect a été blessé à la jambe et hospitalisé. Il se trouve dans un « état stable », a déclaré Maris Herold, la cheffe de la police de Boulder. « Il a été inculpé de dix meurtres », a-t-elle précisé.

Les motivations de cet homme, décrit comme « asocial » et « paranoïaque » par des proches qui pour certains ont évoqué des troubles psychiques, ne sont pas encore connues.  

Le jeune homme, issu d’une famille d’immigrants syriens et revendiquant sa religion musulmane, avait fait l’acquisition d’une arme semi-automatique Ruger AR-556 moins d’une semaine avant la fusillade.

Toutes les victimes ont été identifiées et étaient âgées de 20 à 65 ans. Parmi elles figure notamment un policier de 51 ans, Eric Talley, premier arrivé sur place pendant la fusillade. Des dizaines de personnes lui ont rendu hommage mardi en recouvrant de fleurs et de ballons sa voiture de patrouille, garée devant le poste de police de Boulder, pour honorer sa mémoire. Trois autres victimes étaient des employés du supermarché King Soopers.

Le président Biden a ordonné que les drapeaux soient mis en berne dans tous les bâtiments publics. « Je n’ai pas besoin d’attendre une minute de plus, encore moins une heure, pour prendre des mesures de bon sens qui sauveront des vies à l’avenir et pour exhorter mes collègues à la Chambre et au Sénat à agir », a-t-il dit. « Nous devons aussi bannir les fusils d’assaut », a-t-il ajouté.

« Bang, bang, bang »

Le suspect est accusé d’avoir abattu 10 personnes lundi après-midi dans ou autour du magasin King Soopers de Boulder.

Des images diffusées en direct ont montré un homme, seulement vêtu d’un short de sport et les mains menottées dans le dos, emmené par des policiers hors du magasin. Selon les enquêteurs, le suspect s’était dévêtu avant de se livrer aux policiers d’élite qui avaient pénétré dans le supermarché.

Des témoins avaient indiqué avoir d’abord entendu plusieurs coups de feu sur le stationnement du King Soopers, où Ahmad Al Aliwi Alissa aurait commencé par tuer un homme de plusieurs balles avant de poursuivre ses tirs à l’intérieur après l’arrivée de la police.  

Nevin Sloan, qui en a réchappé de peu avec sa femme Quinlan, a décrit la panique grandissante à mesure que les détonations se rapprochaient.

« Soudain, on a entendu plus de “bang, bang, bang, bang”. J’ai couru vers elle (sa femme) et je lui ai dit “Eh, il faut qu’on sorte d’ici” », a-t-il raconté à la chaîne CBS. Ils ont ensuite aidé d’autres clients à fuir par une sortie de secours, selon lui.

« Il faut agir »

Les fusillades de ce type, notamment dans les écoles, les centres commerciaux ou les lieux de culte, sont un mal récurrent des États-Unis que les gouvernements successifs ont été impuissants à endiguer.

« Nous devrions pouvoir faire nos courses sans crainte… Mais en Amérique, c’est impossible », a déploré mardi l’ancien président Barack Obama, appelant dans un communiqué à « surmonter l’opposition de politiciens lâches et la pression du lobby des armes à feu ».

« Il faut agir maintenant pour empêcher ce fléau de continuer à ravager notre population », a dit la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a de son côté dénoncé « une épidémie continue de violence par armes à feu qui vole des vies innocentes avec une alarmante régularité ».

Mais l’hypothèse d’un durcissement des lois sur les armes reste improbable compte tenu de l’opposition des républicains.

Le Colorado a déjà connu deux des pires tueries de l’histoire américaine. En 1999, deux adolescents avaient tué 12 camarades de classe et un enseignant dans leur lycée de Columbine. Et en 2012, un homme lourdement armé avait abattu 12 personnes dans un cinéma d’Aurora.

La ville de Boulder avait décrété une interdiction sur les « armes de type fusil d’assaut » et les chargeurs à grande capacité après une fusillade dans une école secondaire de Parkland (17 morts), en Floride en 2018. Mais selon le journal Denver Post, un juge a suspendu cette interdiction la semaine dernière, une décision saluée par la National Rifle Association (NRA), le premier lobby des armes.

Cette organisation a publié sur Twitter après la fusillade de Boulder une reproduction du deuxième amendement de la Constitution américaine protégeant le droit des citoyens à porter les armes.

LIEN

Au sujet du deuxième amendement sans cesse répété par les partisans de la NRA, je vous propose de lire l’article suivant que j’ai écrit à ce sujet :

L’ÉPINEUSE QUESTION DU CONTRÔLE DES ARMES À FEU AUX ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE.

Extrait :

Des survivantes de Polytechnique ne veulent plus être vues avec Trudeau

Extrêmement déçues par le nouveau projet de loi d’Ottawa sur le contrôle des armes à feu, une trentaine de survivantes et proches de victimes de la tuerie de Polytechnique demandent à Justin Trudeau de ne plus apparaître à leurs côtés lors des commémorations futures.

TRISTAN PÉLOQUIN, LA PRESSE, Publié le 18 mars 2021

« Ça suffit, les belles photos de monsieur Trudeau avec le regard larmoyant à nos côtés », lance Nathalie Provost, une survivante de la tuerie qui a cosigné la lettre ouverte acheminée au premier ministre mercredi.

« Si vous poursuivez avec ce projet de loi, plus jamais nous n’accepterons de vous recevoir à nos côtés lorsque nous pleurerons la mort de nos filles, de nos sœurs, de nos amies, lors des commémorations annuelles », promet la lettre envoyée au premier ministre.

Les 33 signataires reprochent au gouvernement d’essayer de « duper » la population avec du « verbiage politique et des slogans accrocheurs » avec son nouveau projet de loi C-21, qu’ils décrivent comme une « trahison ». Ce projet de loi, déposé en février, permettra aux propriétaires de plus de 1500 modèles d’armes à feu « de type militaire » de conserver leurs armes selon des conditions plus strictes. Il leur sera notamment interdit de les utiliser dans des champs de tir, de les léguer ou de les vendre, d’en acquérir de nouvelles ou d’en importer. Ils devront aussi obtenir un permis de possession d’arme à autorisation restreinte, les enregistrer et se conformer à des règles d’entreposage plus contraignantes.

En 2019, M. Trudeau avait lui-même promis, lors de la cérémonie commémorative marquant le 30e anniversaire de la tuerie de Polytechnique, de « renforcer le contrôle des armes à feu en éliminant et en interdisant les armes d’assaut de style militaire ». « Nous avons un consensus clair à la Chambre des communes, nous avons un consensus clair à travers le pays », avait-il déclaré, devant une foule largement composée de survivantes du drame et de leurs proches.

Son gouvernement a ensuite annoncé, en mai dernier, qu’il souhaitait interdire ces armes « conçues expressément pour les soldats et pour tuer des gens ». Le Ruger Mini-14, utilisé par le tueur de Polytechnique, et la VZ58, arme que possédait le tueur de la Grande Mosquée de Québec (mais qui s’est enrayée) figurent dans la liste des armes désormais prohibées.

Le gouvernement Trudeau a cependant mis de l’eau dans son vin en février, en annonçant une forme de « clause grand-père » (clause de droits acquis) pour permettre aux propriétaires actuels de ces armes semi-automatiques « de type militaire » de les conserver.

Un programme de rachat de 250 millions de dollars, prévu par le gouvernement pour retirer ces armes des mains des propriétaires, devient de ce fait volontaire.

M. Trudeau a indiqué qu’il « remerci[ait] les signataires de la lettre et leur répondra[it] directement ». « Nous partageons leur volonté de resserrer le contrôle des armes à feu au pays et nous les remercions pour leur travail et leur engagement », a-t-il affirmé dans une déclaration transmise par son attachée de presse Ann-Clara Vaillancourt.

« Ces armes sont des outils qui ont été conçus spécifiquement pour tuer le plus de gens possible, le plus rapidement possible, et elles n’ont pas leur place dans notre société. Depuis le 1er mai 2020, il est illégal d’utiliser, d’acheter, de vendre, de transférer ou de léguer des armes d’assaut de style militaire dans notre pays. Nous allons continuer d’écouter et de travailler avec les provinces, les municipalités, et les parties prenantes qui veulent resserrer le contrôle des armes à feu », ajoute la déclaration.

Influence du lobby des armes

Jean-François Larrivée, l’un des cosignataires de la lettre dont la femme est morte sous les balles lors du drame de Polytechnique, déplore qu’« aucune des tragédies, que ce soit celle de Polytechnique, celle de Dawson ou celle de la mosquée de Québec, n’aurait été empêchée avec ce projet de loi du gouvernement Trudeau ».

« Les tueurs responsables de ces tragédies avaient tous des armes légalement acquises. Si le gouvernement ne rend pas son programme de rachat des armes d’assaut obligatoire, ou s’il n’exige pas qu’elles soient rendues inopérantes, en coulant par exemple du plomb dans le canon, rien n’empêchera une personne dont deux fils se touchent dans la tête de provoquer un drame semblable. Ce n’est pas un simple édit gouvernemental qui interdit leur utilisation qui va empêcher des drames de se produire », croit-il.

Pour Mme Provost, qui milite depuis des années pour l’interdiction des armes d’assaut, « le puissant lobby des armes à feu a fini par gagner ».

Le projet de loi C-21 s’est aussi attiré les critiques de nombreuses municipalités du gouvernement québécois, parce qu’il délègue aux villes le pouvoir d’interdire les armes de poing. La ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, s’est dite « agacée » par cette délégation de pouvoir aux quelque 1100 municipalités de la province, qui risque selon elle de créer de la « confusion ».

« Réalisez-vous que votre projet de loi vise à créer une mosaïque de plus de 3000 législations auprès de municipalités qui n’ont jamais demandé et qui ne veulent pas de ce pouvoir ? », demandent les cosignataires à M. Trudeau, qui y voient un « fardeau inutile sur les épaules des élus municipaux ».

Avec Mélanie Marquis, La Presse

LIENS :

VIDEO Radio-Canada

Canadian Press

Updated – Montreal

Canadian Press: update – Canada

CBC – English

Presse canadienne française

Le Metro – lettre publiée

Metro 

Welland Tribune

RADIO ICI Radio-Canada Hugo Lavoie

Radio 98.5 

Des familles de Polytechnique menacent de déclarer Trudeau « persona non grata »

Des survivantes, des familles et des témoins touchés par le drame de Polytechnique ont l’impression d’avoir été utilisés par le gouvernement libéral.

Louis Blouin, Radio-Canada

Le premier ministre du Canada est accusé « d’abandonner » et de « trahir » les victimes de violence par armes à feu et leurs proches. Dans une lettre cinglante adressée à Justin Trudeau, des survivantes et des proches de femmes tuées lors du drame de Polytechnique lui demandent de revoir de fond en comble son projet de loi C-21 sur le contrôle des armes.

Le ton de la longue missive, dont Radio-Canada a obtenu copie, est très dur.

Nous tenons, par la présente, à vous exprimer notre colère à l’endroit du lamentable projet de loi C-21, peut-on lire d’entrée de jeu dans la lettre envoyée à Justin Trudeau. L’absence d’un programme de rachat obligatoire pour les armes d’assaut interdites au printemps 2020 est au cœur des critiques.

Les signataires accusent le gouvernement libéral d’hypocrisie. Bien que vous et votre gouvernement puissiez sans doute duper une importante partie de la population avec du verbiage politique et des slogans accrocheurs, vous ne pouvez pas duper les familles et les survivants qui se battent depuis plus de 30 ans pour le contrôle des armes, peut-on lire dans la lettre.

Elle contient aussi une mise en garde claire : si Justin Trudeau ne modifie pas substantiellement sa proposition législative sur le contrôle des armes, il ne sera plus le bienvenu aux commémorations du drame de Polytechnique du 6 décembre 1989.

Une trentaine de personnes ont signé la lettre, dont une quinzaine de proches de victimes du drame de Polytechnique, ainsi que des survivantes et des témoins.

Le gouvernement Trudeau maintient que son approche est la bonne en matière de contrôle des armes à feu.

Si Justin Trudeau a participé aux commémorations du 6 décembre ces dernières années à Montréal, l’accueil pourrait être bien différent la prochaine fois. Jean-François Larivée, qui a perdu son épouse Maryse Laganière le 6 décembre 1989, ne mâche pas ses mots envers le premier ministre.

Nathalie Provost, une survivante de la tuerie, en rajoute : Pour moi, il n’est plus le bienvenu là. Je n’irai plus le saluer. Je n’accepterai plus ses bons mots de condoléances ou de sympathie […]. Pour moi, ça devient de l’hypocrisie de le répéter fois après fois et de ne pas faire les gestes qui sont efficaces.

Je dois vous avouer qu’on se sent utilisés, affirme Nathalie Provost.

Un sentiment que partage Jean-François Larivée. Ils se sont servis de ce qu’on disait, de ce qu’on faisait, pour avoir plus de votes et, finalement, ils nous trahissent parce que le projet de loi qui est déposé, là, ce n’est absolument rien. C’est de la poudre aux yeux, c’est un écran de fumée, affirme-t-il.

Un projet de loi critiqué

Le groupe PolySeSouvient aimerait que l’interdiction des armes d’assaut annoncée au printemps dernier soit accompagnée d’un programme de rachat obligatoire, plutôt que facultatif. Selon ce qui est prévu dans le projet de loi C-21, les propriétaires des armes proscrites ne seraient pas forcés de les rendre aux autorités en échange d’une compensation et pourraient les conserver, sans les utiliser, à condition de les entreposer de manière sécuritaire.

Les signataires déplorent que, selon le plan libéral, ces armes demeurent en circulation; ils craignent qu’un éventuel gouvernement conservateur puisse annuler cette interdiction.

Demain, dans une semaine, dans un an, les tueurs de Polytechnique, de Dawson ou de la mosquée, tous détenteurs de permis de possession et propriétaires d’armes d’assaut acquises légalement, pourraient commettre les mêmes massacres avec les mêmes armes et les mêmes chargeurs à grande capacité, est-il écrit dans la lettre. Non, nous ne serons pas plus en sécurité grâce à votre projet de loi.

Ottawa garde le cap

Dans une déclaration écrite, le bureau du premier ministre a remercié les signataires de la lettre et s’est engagé à leur répondre directement. Nous allons continuer d’écouter et de travailler avec les provinces, les municipalités, et les parties prenantes qui veulent resserrer le contrôle des armes à feu, a-t-on ajouté.

Le projet de loi, comme tel, nous sommes persuadés que c’est la bonne approche à prendre, affirme de son côté Joël Lightbound, secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique. Il rappelle que les groupes intéressés pourront s’exprimer en comité parlementaire et assure que le gouvernement sera à l’écoute.

M. Lightbound réitère que des programmes de rachat obligatoire des armes d’assaut ont eu des résultats mitigés dans d’autres pays, comme la Nouvelle-Zélande. Le tiers des armes leur a été rendu, les deux tiers sont toujours en circulation, souligne-t-il.

Au Canada, les propriétaires qui veulent conserver les armes interdites devront les enregistrer et ne pourront pas les utiliser, ajoute-t-il. Je comprends la douleur des familles des victimes qui veulent qu’on en fasse toujours plus, explique-t-il.

PolySeSouvient aimerait aussi voir une interdiction des armes de poing à l’échelle nationale, alors que le gouvernement Trudeau veut laisser le soin aux villes, individuellement, de les interdire sur leur territoire. Ce fardeau n’incombe pas aux villes, selon les signataires. Assumez vos propres responsabilités, monsieur le premier ministre! lancent-ils.

À Ottawa, les troupes bloquistes ont déjà laissé entendre qu’elles avaient l’intention de proposer des changements au projet de loi C-21 en comité parlementaire pour que le programme de rachat des armes d’assaut de type militaire soit obligatoire. Selon la députée Kristina Michaud, le gouvernement Trudeau doit faire preuve de courage une fois pour toutesS’il est pour un resserrement du contrôle des armes d’assaut, il doit rendre le programme de rachat obligatoire, comme nous le lui demandons, a-t-elle ajouté.

Le Nouveau Parti démocratique, de son côté, déplore que le projet de loi C-21 manque cruellement de mordant, en matière de lutte contre le trafic d’armes, notamment. Toutefois, il ne fait pas du programme de rachat obligatoire une condition sine qua non pour l’appuyer.

À la mi-février, le Parti conservateur avait réitéré son opposition à un régime d’interdiction des armes d’assaut et à un programme de rachat pour les propriétaires. Le fait de retirer leurs armes aux citoyens respectueux des lois ne fait rien pour arrêter les dangereux criminels et les gangs qui obtiennent leurs armes illégalement, avait alors déclaré le lieutenant politique d’Erin O’Toole au Québec, le député Richard Martel.

Pour Nathalie Provost, c’est la bataille de la dernière chance pour obtenir une loi plus musclée en matière de contrôle des armes. Si ce projet de loi est adopté [dans sa forme actuelle], pour nous, c’est comme un combat perdu complètement. C’est 30 ans de militantisme perdus. Trente ans d’engagement, trente ans de convictions, perdus, dit-elle.

On allait avoir un château en pierre, puis on a fini avec un château de cartes qu’un simple souffle des conservateurs va pouvoir détruire, s’inquiète Jean-François Larivée.

Armes d’assaut: 30 ans de combat inutile au Canada

Par Serge St-Arneault

Plusieurs familles des victimes de la tragédie de la Polytechnique de Montréal du 6 décembre 1989 luttent depuis trente ans pour retirer les armes d’assaut de nos rues. Cela ne s’est jamais réalisé, pas même pendant la brève période du registre des armes à feu, pourtant utile, mais aboli en 2012 par le gouvernement Conservateur du premier ministre Harper. Depuis lors, beaucoup d’innocentes personnes ont perdu leur vie par des armes d’assaut légalement acquises selon les lois canadiennes. Logiquement, ces armes devraient être réservées aux professionnels militaires.

Certes, nous ne sommes pas aux États-Unis où la violence associée aux armes à feu est hors de contrôle. Près de 40 000 Américains ont été tués par balle en 2017. Cela représente un assassinat toutes les quinze minutes. Malheureusement, nous imitons de plus en plus cette culture valorisant la possession d’armes à feu. Le meurtre par balles d’une adolescente de 15 ans survenu à Montréal le 7 février est le plus récent exemple.

Aux dernières élections, le Parti libéral du Canada avait promis d’instaurer des mesures visant l’interdiction des armes d’assaut de style militaire. La promesse consistait à mettre en place un programme de rachat pour toutes les armes d’assaut. Au mois de mai 2020, le premier ministre Trudeau a annoncé l’interdiction «de vendre, d’acheter, de transporter, d’importer ou d’utiliser des armes d’assaut de type militaire au Canada.»

Or, malgré un sondage effectué par Environics Research pour le compte de PolySeSouvient qui montre que la majorité des Canadiens (61%) veut que le gouvernement Libéral respecte sa promesse électorale de racheter toutes les armes d’assaut existantes, nous apprenons avec consternation qu’un projet de loi ira dans le sens opposé. Le rachat des armes d’assaut, comme cela se fait en Nouvelle-Zélande et en Australie, ne sera pas obligatoire. Tant que ces armes de guerre seront en circulation, elles représenteront un risque pour la santé publique.

À titre d’exemple, Corey Hurren, un réserviste du Manitoba âgé de 46 ans et partisan avoué de la conspiration violente et fasciste de QAnon, était en possession d’un fusil Norinco S12 interdit, un fusil de chasse Lakefield Mossberg, un fusil de chasse Grizzly Arms et un chargeur de grande capacité interdit lorsqu’il s’est introduit par infraction avec un camion sur le terrain de Rideau Hall le 2 juillet 2020 et voulait faire arrêter le premier ministre Trudeau. Il voulait, semble-t-il, exprimer à quel point tout le monde était en colère contre l’interdiction des armes à feu et les restrictions de la COVID-19.

Nous ne sommes pas des cruches pour imaginer que les propriétaires d’armes d’assaut vont simplement garder leurs armes en souvenir des jours où ils pouvaient les utiliser. Ils savent très bien qu’un éventuel gouvernement conservateur dirigé par O’toole annulerait l’interdiction. Ce faisant, nous nous retrouverons encore une fois à la case de départ dans notre lutte. L’idéologie de la National Rifle Association des États-Unis s’imposera ainsi dans notre pays. Ce sera alors la fin de notre combat qui a débuté il y a plus de trente ans.

Ma sœur Annie a été assassinée dans une salle d’étude par une arme d’assaut de type militaire. Même avec le prochain projet de loi du gouvernement fédéral, ce genre de tragédie pourrait se reproduire de nouveau. Si cela est bel et bien l’intention du gouvernement de ne pas tenir sa promesse électorale qui a contribué à son élection, nous garderons le sentiment d’avoir été manipulés pour gagner des votes. Cela n’est rien de moins qu’une trahison. Les victimes d’armes à feu, leurs familles, d’hier, d’aujourd’hui et de demain se souviendront de ce sinistre calcul politique.

LIEN : SORCELLERIE ET THÉORIES COMPLOTISTES

Plante invite Trudeau à bannir lui-même les armes de poing

(Ottawa) La Ville de Montréal exhorte le gouvernement Trudeau à jeter aux orties son projet de déléguer aux municipalités le pouvoir de restreindre ou d’interdire les armes de poing sur leur territoire. Un tel plan serait inefficace et entraînerait une balkanisation en matière de mesures de contrôle de ce type d’arme au pays.

Publié le 15 octobre 2020

MÉLANIE MARQUIS et JOËL-DENIS BELLAVANCE, LA PRESSE

En lieu et place, la Ville de Montréal presse le gouvernement libéral de prendre une fois pour toutes le taureau par les cornes en adoptant lui-même un train de mesures pour interdire la possession privée, l’importation et la fabrication d’armes de poing d’un bout à l’autre du pays.

Alors que l’on constate une escalade de violence depuis un an dans le secteur nord-est de Montréal marquée par des coups de feu tirés en plein jour, des jeunes qui sont armés et des résidants qui sont terrorisés, la mairesse Valérie Plante doute de l’efficacité du plan des libéraux de Justin Trudeau concernant les armes de poing.

« Montréal a toujours été un chef de file dans la lutte contre la possession et l’utilisation des armes à feu. Tristement, la métropole a trop souvent été le théâtre de graves tragédies et de féminicides lors desquels des armes d’assaut et de poing ont été utilisées », a affirmé Mme Plante dans un courriel à La Presse.

« En mai dernier, le gouvernement fédéral a légiféré dans le dossier des armes d’assaut. J’invite les élus de la Chambre des communes à poursuivre le travail amorcé et [à] inclure rapidement les armes de poing », a-t-elle ajouté.

En coulisses, on fait aussi valoir que même si la Ville de Montréal avait le pouvoir de légiférer pour bannir les armes de poing, rien n’empêcherait un individu de se procurer ce même type d’arme dans une autre ville qui n’aurait pas de telles restrictions.

Lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle, dimanche dernier, la mairesse Plante a exprimé sa vive inquiétude face à une recrudescence des incidents impliquant des armes de poing dans certains quartiers de la métropole, dont Montréal-Nord et le Vieux-Montréal.

« On voit de plus en plus de gens qui ont des armes, qui ont accès à des armes, comme à Toronto, a-t-elle dit. Les armes d’assaut vont être légiférées par le fédéral, mais toutes les armes, les pistolets, ce n’est pas le cas. Moi, je ne trouve pas ça normal qu’on puisse acheter aussi facilement des armes comme celles-là », a-t-elle fait valoir.

Revendications à l’échelle nationale

Et Valérie Plante n’est pas seule parmi les maires à exiger qu’Ottawa prenne davantage les choses en main. À Toronto et à Vancouver, les premiers magistrats John Tory et Kennedy Stewart réclament également une interdiction des armes de poing à l’échelle nationale depuis un bon moment. Il s’agit « d’une mesure parmi plusieurs autres que le gouvernement du Canada devrait mettre en place pour aider à mettre fin à la violence par arme à feu », a déclaré à La Presse le maire John Tory, déterminé à bannir ces armes dans la métropole ontarienne.

Son homologue de la métropole de la Colombie-Britannique est animé de la même ambition. « Si le gouvernement fédéral met en œuvre une législation qui permettrait à la Ville de Vancouver de mettre en place une interdiction des armes de poing, je ferais de mon mieux pour travailler avec le conseil afin de l’implanter », a soutenu M. Stewart dans une déclaration transmise à La Presse.

En dépit des récriminations émanant du camp Plante, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, entend maintenir le cap.

« Nous présenterons un projet de loi qui nous donnera de nouveaux pouvoirs pour garder les armes à feu hors de portée des criminels en mettant fin à la contrebande d’armes à feu au Canada, ainsi qu’au trafic d’armes à feu par détournement et par achat par prête-nom », a ajouté la porte-parole du ministre de la Sécurité publique.

Dans le discours du Trône du 23 septembre dernier, où il a énoncé ses grandes priorités des prochains mois, le gouvernement Trudeau a réaffirmé son intention de donner aux municipalités « la capacité de restreindre ou d’interdire les armes de poing » et de « renforcer les mesures de contrôle du flux d’armes illégales qui entrent au Canada », notamment en provenance des États-Unis.

Pour déléguer un tel pouvoir aux municipalités, le gouvernement Trudeau devra amender le Code criminel et obtenir la collaboration des provinces. Or, cette proposition se heurte à un mur en Saskatchewan, où le gouvernement de Scott Moe a adopté une loi en juin interdisant aux municipalités de la province d’avoir recours à un tel pouvoir si Ottawa devait le leur accorder. L’Alberta s’y oppose aussi farouchement, le premier ministre Jason Kenney affirmant que la démarche d’Ottawa est vouée à l’échec.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ne s’est pas montré enthousiaste à l’idée de donner le feu vert à Toronto, où les fusillades sont un véritable fléau depuis plusieurs années. Quant au premier ministre britanno-colombien John Horgan, actuellement en campagne électorale, il s’est dit désireux de travailler avec les autres ordres de gouvernement en vue de bannir les armes de poing.

AUTRES LIENS :

Ruée sur les armes

La pandémie de COVID-19 et l’instabilité sociale ayant suivi la mort de George Floyd inquiètent de nombreux Américains qui ont décidé de s’acheter une arme pour se protéger. Les ventes ont même atteint un niveau record en juin sur fond d’élection présidentielle, générant des problèmes de stocks pour certains commerçants assaillis de clients.

Publié le 21 octobre 2020

MARC THIBODEAU, LA PRESSE

Quelques citations de cet article :

Selon les plus récentes données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), près de 40 000 Américains ont été tués par balle en 2017.

Selon une étude du Center for American Progress, les jeunes Américains sont frappés de plein fouet par la violence liée aux armes. L’organisation relève que bon an, mal an, plus de la moitié des personnes tuées par balle ont moins de 30 ans.

Les Afro-Américains sont particulièrement touchés. L’organisation Everytown for Gun Safety estime qu’en moyenne, 26 membres de cette communauté sont tués et 104 blessés quotidiennement. Dans les grandes villes, 68 % des victimes de meurtre sont afro-américaines.

Malgré l’impasse qui prévaut souvent sur le plan politique, une majorité d’Américains se disent favorables à un resserrement des règles régissant l’accès aux armes. 

Québec injecte 65 millions pour contrer la violence par arme à feu

(Québec) Devant une recrudescence des crimes liés à l’utilisation des armes à feu, les forces policières québécoises redoubleront d’efforts dans leur lutte contre le crime organisé et les « groupes criminels ». Le gouvernement Legault confirme des sommes de 65 millions pour les appuyer dans leurs actions.

Publié le 21 octobre 2020 à 5h00

FANNY LÉVESQUE, LA PRESSE

Quelques citations de cet article :

La ministre Guilbault a confirmé l’ajout de 65 millions pour lutter contre les réseaux criminels et la violence liée aux armes à feu, ce qui comprend un investissement de 32,5 millions sur cinq ans qui avait été annoncé dans le cadre du budget Girard, en mars 2020. S’ajoutent 27,6 millions qui proviennent du Fonds fédéral d’action contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs.

Près de 4,5 millions provenant de la distribution annuelle du produit des biens confisqués à la suite d’activités criminelles seront également partagés entre les divers corps de police qui participent à ce genre de programme.

Y aura-t-il une guerre civile?

(Tucson, Arizona) Potrero surgit au milieu de la route sinueuse qui serpente dans le sud de la Californie. Entre deux montagnes, le panneau surgit : Potrero, population : 646. Il se fait tard et j’ai du chemin à faire, mais mon regard est attiré par un petit attroupement devant le « centre communautaire ».

Publié le 22 octobre 2020

YVES BOISVERT, LA PRESSE

Quelques citations de cet article :

À Phoenix, dimanche, je me suis arrêté dans une boutique d’armes à feu. Elle était fermée, mais « John », un ancien de l’armée devenu instructeur, venait y faire un tour. Je suis entré avec lui. Il voulait que je ne le photographie que de dos. Il porte un pistolet Glock bien visible à la ceinture, selon cette règle existant en Arizona et dans plusieurs États qui permet de porter une arme sans permis pourvu qu’on puisse l’apercevoir. C’est pour une arme « cachée » qu’on doit obtenir un permis de port d’arme à feu. Il transporte avec lui un 9 mm d’assaut semi-automatique, « surtout pour dissuader ». « Nos ventes d’armes ont explosé cet été, me dit-il. On a de la difficulté à obtenir certains modèles. Le prix des munitions augmente. »

Pourquoi les gens s’arment-ils ? La peur dans les foyers n’est pas à confondre avec l’armement des milices. Mais difficile de ne pas faire un lien entre le racisme et les « tensions raciales » et les différents motifs d’armement légal.

D’après le Southern Poverty Law Center, le nombre de membres de milices armées de divers ordres s’est multiplié par huit après l’élection de Barack Obama. Il y aurait 100 000 personnes dans l’un ou l’autre des 276 groupes identifiés. Ce n’est pas négligeable, même dans un pays de 330 millions d’habitants. Quand on voit qu’un de ces groupes armés complotait pour kidnapper et assassiner la gouverneure du Michigan, c’est clairement plus qu’un jeu pour grands garçons. Les groupes suprémacistes blancs, qui se recoupent avec ces milices antigouvernement bien souvent, sont considérés par le FBI comme la plus grande menace terroriste intérieure au pays.

PATRICK WHITE
PUBLISHED DECEMBER 13, 2020 in the Globe and Mail

PHILIPPE TEISCEIRA-LESSARD, LA PRESSE. Publié le 17 décembre 2020.

La police de Montréal met en place une escouade de lutte au trafic d’armes à feu devant une « hausse atypique des événements » violents dans le nord-est de la ville.