Ceci est le titre d’un article écrit par Caroline Montpetit relatant la soirée d’ouverture de l’exposition intitulée « Un cri un chant des voix à la mémoire de la tragédie de la Polytechnique » de l’artiste Diane Trépanière.
Diane a créé cette œuvre il y a vingt ans. En fait, il s’agit d’une installation photographique. Plusieurs autres artistes se sont jointes à Diane dans les locaux du Le Livart situé au 3980, rue St-Denis à Montréal.
J’étais présent lors de la soirée d’ouverture de l’exposition. Je faisais partie d’un groupe très minoritaire d’hommes. Le tumulte vocal environnant, comme un fond de bruit, m’a plongé dans un état second devant la symbolique stèle où figuraient toutes les victimes du drame de la Poly. Annie est représentée sur la deuxième photo à partir de la gauche. J’ai eu l’impression qu’elle était là, silencieuse et solidaire de toutes ces compagnes. Sa jeunesse éclatera pour toujours alors que je fais maintenant figure de son père. « Je suis le frère aîné d’Annie », ai-je répondu à Diane. « Je m’excuse, répondit-elle, cela fait trente ans. Mais pour elle, le temps s’est arrêté. »
Merci Diane pour tout l’amour que tu portes « à nos filles », expression souvent utilisée. Je souhaite que ton œuvre soit connue par beaucoup plus de gens, femmes, filles, hommes et garçons.
Pourquoi en parler encore? Est-ce nécessaire de
revenir sur ce triste événement? La réponse est pourtant simple : nous
sommes toutes et tous marqués pour la vie par nos expériences malheureuses, parfois
dramatiques. Ça nous colle à la peau et dans le cœur. Voilà tout!
Il y a aussi les reproches. Pourquoi ai-je encouragé ma sœur Annie à poursuivre des études universitaires à la hauteur de ses talents qui l’a menée à choisir l’École Polytechnique? Monique Lépine, la mère du jeune homme qui a surgi avec une arme à feu dans le but déclaré de tuer des ‘féministes’, a subi d’injustes réprimandes. « En un instant, dit-elle, mon statut social passa de conseillère professionnelle pour une centaine d’établissements de santé au Québec à celui de ‘mère d’un criminel’. »
Trente ans plus tard, après avoir été sollicité par sa petite-nièce, Pascale Devette, Yvon Bouchard a finalement accepté de parler, lui qui était l’un des deux professeurs présents dans la classe où la première fusillade a eu lieu. « On m’a reproché de ne pas être intervenu… », dit-il.
Mon expérience missionnaire en Afrique m’a révélé qu’il
est impossible de savoir comment nous réagirions à un événement déstabilisant
ou à une menace avant d’y faire face. On ne peut jamais s’y préparer
adéquatement.
Dans le prologue du recueil de poésie d’Annie, publié
en 2011, j’écrivais que « la rage abusive et meurtrière ne s’explique pas.
L’intolérance s’acharne sur des cibles pour la simple raison d’être ce qu’elles
sont : des femmes ou des enfants, des gens d’autres races ou de
différentes idéologies et religions. Une fausse image de l’autre, exacerbée par
une peur aveugle, semble à l’origine de comportements aussi absurdes que
tragiques, comme ce fut le cas le 6 décembre 1989. »
Trente ans plus tard, je viens d’avoir la chance de
rencontrer Monique Lépine lors du lancement de son livre intitulé « Renaître »
avec le sous-titre ‘Oser vivre après une tragédie’. Croyante, son livre
retrace son cheminement vers une reconstruction, une transformation progressive
menant à une guérison individuelle et collective. En effet, le drame de la Poly
a profondément marqué toute la société.
Les marques de nos traumatismes sont plus profondes
que les tatouages appliqués sur la peau. Pourtant, je disais aussi dans le
prologue que « le temps vient à notre secours. Avec le passage du temps, à
la lumière de l’Esprit de Jésus, nous cessons de nous ronger de l’intérieur et
de faire souffrir nos proches avec notre douleur personnelle. Le cycle de la
violence prend fin et nos cœurs brûlent de la présence invisible de ceux et
celles qui nous ont quittés, comme il nous arrive de saisir un morceau de la
vie céleste en accueillant spirituellement la présence de Jésus au moment de la
fraction du pain eucharistique. »
Trente ans, ce n’est finalement pas très long. C’est
vite passé! J’espère que d’autres personnes comme Yvon Bouchard auront cette
année le courage de s’exprimer. Monique Lépine le fait à sa manière. Son
cheminement spirituel est remarquable. Le titre de son livre n’est pas anodin :
« Renaître ». C’est ma prière que la trentième commémoration du drame
de la Poly soit le début d’un regain d’espoir, car « au-delà de la tragédie,
il y a l’amour ». C’est ce que nous vivons chaque fois que nous
commémorons l’assassinant injuste de Jésus sur une affreuse croix avec cette
mystérieuse conviction que le pardon nous est non seulement possible, mais également
source de vie nouvelle et éternelle.
Au moment du drame, je me suis
retrouvé à l’oratoire Saint-Joseph en compagnie de quelques familles des
victimes. J’ai en mémoire ce père d’une des 14 femmes assassinées qui se
demandait comment communiquer avec Madame Lépine pour partager avec elle notre
désarroi. Nous la savions l’une des nôtres, impuissant pourtant à pouvoir le
lui dire. C’est maintenant fait, trente ans plus tard!
Les chrétiens de Montréal se sont rassemblés à la cathédrale Marie-Reine du Monde tout illuminée en rouge pour symboliser tous les croyants persécutés, toutes religions confondues. Néanmoins, une attention plus particulière a été donnée aux 327 millions de chrétiens qui subissent la persécution ou la discrimination. Selon Marie-Claude Lalonde, directrice nationale de l’organise « Aide à l’Église en Détresse », cela représente au moins le quart des chrétiens dans le monde.
Prier est
un acte concret de solidarité pour soutenir spirituellement pour ceux et celles
dont le courage et la foi sont accablés par des manifestations du mal comme la
discrimination, les procès et arrestations injustes, l’emprisonnement, la
torture et parfois même la mort.
La messe
était présidée par Monseigneur Christian Lépine, Archevêque de Montréal
accompagné de S.E. Mgr Thomas Dowd, évêque auxiliaire de Montréal et de V.G.
Père (Abouna) Élie Yachouh. À souligner la présence de la chorale de la
cathédrale catholique syriaque Saint-Éphrem de Laval.
En compagnie de quelques membres de
PolySeSouvient, dont Heidi Rathjen et
Nathalie Provost ainsi que des étudiants de la Polytechnique, j’ai
assisté à la séance du conseil de ville de Montréal où une motion pour un
contrôle efficace des armes à feu était présentée par le parti d’opposition,
mais unanimement approuvé par tous les élus.
Le conseil municipal exige donc que
le gouvernement fédéral interdise la possession des armes d’assaut et armes de
poing au Canada.
Les élus ont également endossé la
proposition de PolySeSouvient de geler les ventes des armes d’assaut et d’interdire
l’importation et la fabrication de nouvelles armes de poing.
Cet événement intervient dans un
contexte particulier où plusieurs événements, partout au pays, souligneront le
30e anniversaire de la tragédie du 6 décembre 1989 à la
Polytechnique de Montréal.
Osons espérer que d’autres
villes canadiennes s’engageront aussi sur cette lancée initiée par la Ville de Montréal.
Motion 65.01 de l’Opposition officielle de
la Ville de Montréal présentée
lors de la séance du conseil municipal du 18 novembre
2019
Attendu que, selon Statistique Canada, le nombre
d’homicides par armes à feu a augmenté pour la quatrième année consécutive (de
2013 à 2017), soit de 103 % en quatre ans, avec le taux actuel représentant
le taux « le plus élevé observé au Canada depuis 1992 »;
Attendu que lenombre d’armes de poing
au Canada a plus que doublé depuis 2012 (passant de 465 000 à
935 000) et que ces armes, selon Statistique Canada, sont à l’origine
d’environ 24 % de tous les homicides au pays;
Attendu que le nombre d’armes à feu achetées
légalement au Canada et revendues à des personnes qui les utilisent à des fins
criminelles a « considérablement augmenté » selon plusieurs autorités
à travers le pays, dont la police de Toronto;
Attendu que depuis 2008, selon la Sûreté du Québec, 66 000 armes ont été saisies au Québec;
Attenduque la Ville de
Montréal enregistre annuellement le tiers des infractions relatives aux armes à
feu dans la province;
Attendu qu’en moyenne 18 personnes par an meurent
assassinées à l’aide d’une arme à feu à Montréal et que cela représente plus de
50 % des homicides annuels;
Attendu que le 6 décembre 1989, il y a trente
ans, a eu lieu le féminicide à l’École Polytechnique, qui a enlevé la vie à 14
jeunes femmes par le moyen d’une arme acquise légalement;
Attendu que les armes utilisées dans les tueries de
masse de Concordia (1992) et de la Mosquée de Québec (2017) étaient des armes
de poing légales, et que celle utilisée à Toronto (2018) avait été volée d’un
propriétaire légal;
Attendu que le Service de police de la Ville
de Montréal (SPVM) collige des données sur le nombre de crimes et de meurtres
commis à l’aide d’une arme à feu sur son territoire, ni le nombre d’armes à feu
volées, mais que la diffusion n’est pas complète ou systématique;
Attendu que la Ville de Montréal a adopté en
2018 à l’unanimité une motion demandant au gouvernement fédéral de bannir les
armes d’assaut et les armes de poing;
Attendu que le Parti libéral du Canada s’est engagé
à interdire les armes d’assaut, mais a choisi de laisser aux municipalités le
fardeau d’interdire les armes de poing;
Attendu que l’approche la plus efficace pour
encadrer ou interdire les armes de poing est d’instaurer une mesure au niveau
de l’ensemble du territoire canadien décrétée par le gouvernement fédéral, qui
seul a compétence sur le criminel;
Attendu que la ville de Toronto a mis en place
un programme de rachat des armes à feu en 2019 et que ce dernier a permis de
récupérer 3100 armes pour un coût de 750 000$;
Attendu que moins d’armes à feu en circulation
signifie moins de chances qu’elles soient utilisées à de mauvaises fins et que
plusieurs études démontrent que le simple fait d’avoir ce genre de programme
provoque des discussions utiles sur les risques associés aux armes à feu et sur
les bonnes pratiques (comme le respect des normes sur l’entreposage
sécuritaire), ce qui contribue à réduire les accidents, les vols et l’usage
impulsif des armes en général;
Il est proposé par Lionel Perez, chef de l’Opposition
officielle et conseiller de la Ville du district de Darlington;
et appuyé par Karine Boivin Roy, conseillère de la
Ville du district de Louis-Riel;
Que la Ville de Montréal réitère au nouveau
gouvernement fédéral l’urgence d’interdire la possession privée des armes
d’assaut et d’armes de poing au Canada et qu’elle souligne l’importance
de maintenir cette compétence au niveau fédéral;
Que la Ville de Montréal réclame la cessation immédiate de l’importation et de la fabrication des armes de poing et d’armes d’assaut au Canada;
Que la Ville de Montréal demande à ce que le SPVM diffuse des données précises sur le nombre de meurtres et de crimes dus aux armes à feu, et compile et diffuse des données sur leur statut (légal ou illégal), tout en envisageant de compiler et diffuser des données sur le nombre de suicides dus aux armes à feu.
Que la Ville de Montréal demande au
gouvernement fédéral de mettre en place et de financer un programme national de
rachat volontaire d’armes à feu;
Que la Ville de Montréal partage cette résolution avec la Fédération canadienne des municipalités, l’Union des municipalités du Québec, et la Fédération québécoise des municipalités.
Le Centre Canadien de Sensibilisation à l’Amélanisme (CCSAM-OBNL) et le Centre Afrika de Montréal ont eu l’honneur de recevoir ce vendredi 25 octobre 2019 de 12h00 à 14h00 l’épidémiologiste de réputation mondiale, le Dr J.-J. MUYEMBE, venu parler de la problématique de la maladie d’Ébola à la diaspora congolaise et africaine, en présence des scientifiques du CanPaada dont les Professeurs Dr Michel CHRÉTIEN et Dr Majambu Mbikay de l’IRCM, et des médecins congolais membres de la délégation dont le Dr Sele YEMBA SELEMANI, Conseiller du Chef de l’État.
La salle de conférence était pleine des docteurs en médecine et en sciences de l’éducation, condisciples du Dr MUYEMBE à l’Université Lovanium : Rémi BIAKABUTUKA, Ndia-Bintu KAYEMBE, TSHIBEMBA, Paul KANAMBI, Charles KASANGANA, Gustave KIYANDA. Dr Akier ASSANDJA, Dr NKANU et l’épidémiologiste TSHIENDE ainsi que tous les participants ont eu des réponses à toutes leurs questions même celles concernant la situation sécuritaire dans la partie du pays touchée par l’épidémie.
Toutes les questions ont été abordées sans tabou et en toute
transparence. Le Dr YEMBA SELEMANI, représentant du Chef de l’État a eu des
mots justes sur les questions sanitaires, sécuritaires et politiques du pays de
Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO.
Le Dr Michel CHRÉTIEN a précisé la contribution que la RDC est en droit
d’attendre du Canada et a souligné les ententes conclues entre l’Institut
Nationale de Recherche Biomédicale (INRB) de Kinshasa et l’Institut de
recherches cliniques de Montréal (IRCM).
Serge ST-ARNEAULT, M.Afr, directeur du Centre Afrika de Montréal et
André-Man MBOMBO, président du Centre Canadien de Sensibilisation à
l’Amélanisme (CCSAM) remercient le Prof Dr Jean-Jacques MUYEMBE et sa
délégation, le Prof Dr Michel CHRÉTIEN et le Prof Dr Majambu Mbikay pour leur
générosité de cœur et d’esprit pour ce moment d’échange et de partage.
Ebola en RDC : Jean-Jacques Muyembe plus mobilisé que jamais
Pionnier dans les années 70 de la lutte contre Ebola, le Dr Jean-Jacques
Muyembe se bat pour éviter la propagation du virus dans la ville de Goma à
l’est du pays. Nommé par le président Félix Tshisekedi, l’épidémiologiste
souhaite mettre en place des campagnes de vaccination d’ampleur, et
sensibiliser les populations aux mesures d’hygiènes indispensables pour
prévenir la transmission de la maladie.
En début d’après-midi du 9 septembre, je me mets en marche pour explorer
la ville de Rome. Mon ambition est modeste. Quelques rues suffiront. Il ne fait
pas trop chaud. C’est un temps idéal.
Notre maison est située sur Via Aurelia (1). Cette rue mène directement aux murs du Vatican pour bifurquer vers la droite. En passant, photo de la porte Pertusa (2) et une autre qui longe le mur d’où on aperçoit le dôme de la Basilique Saint-Pierre (3).
Après une douce descente, il est assez facile de se rendre à la grande place (4) et de poursuivre la route (5) vers le Château Saint-Ange (Castel Sant’Angelo 6-7). Le pont du même nom qui enjambe le Tibre permet de prendre des photos sous un autre angle (8-9-10).
Autres prises de vue (11-12-13) le long de la rivière jusqu’au pont Umberto 1 en direction sud vers la place Navona (14-15-16-17-18). Des rues étroites envahies de touristes (18) mènent à l’incontournable Panthéon (20-21-22-23-24). D’autres ruelles font apparaître les colonnes abîmées du Temple d’Hadrien (25) et finalement la fontaine de Trévi (26-27), un autre lieu incontournable.
Une autre rue étroite (29) débouche sur une grande esplanade, celle de Quirinal (30-31) avec l’impressionnant obélisque du même nom (32). Finalement, une rue en pente laisse apparaître la Torre delle Milizie ainsi que l’église Santa Caterina a Magnanapoli (32). Je me suis alors dirigé vers les marchés de Trajan, un ensemble de forums romains restauré (34-35-36-37-28-39). J’y suis resté plusieurs heures. Au sujet de cet endroit, j’ai écrit sur ‘Google Map’ que « J’oserais dire que c’est un lieu de méditation sur l’effondrement du super centre d’achat de la Rome antique. Cela devait certainement être très beau et impressionnant à en juger par la qualité des vestiges. »
Ma marche prend fin devant le monumental monument d’un blanc immaculé dédié au premier roi d’Italie ( Victor Emmanuel II (40). Tout juste à côté de là, j’ai pris l’autobus 46 pour retourner à Via Aurelia.
Une réflexion en passant
Pour avoir séjourné à Rome pendant quatre mois il y a presque vingt ans de cela, j’avais été troublé par l’omniprésence des signes papaux représentés par la tiare, symbole de l’autorité, du pouvoir pétrinien. Ma perception a cependant changé. Cette fois-ci, je suis plutôt surpris de reconnaître la marque des institutions de l’Église sur les vestiges de l’antiquité réduits à bien peu de chose comparativement à la splendeur de la Rome impériale d’y il a 2000 ans.
Le Panthéon est une bonne illustration de ce que je veux dire. Construite à l’origine pour vénérer les divinités de la religion antique, ce lieu a été transformé en église au VIIe siècle. Avec le temps, l’Église a de plus en plus laissé sa marque sur les lieux laissés vacants en ajoutant ses propres symboles ; statues, croix, églises, etc. J’ai le sentiment qu’il en est de même au niveau de nos identités individuelles et collectives. Nous nous édifions en premier lieu dans un « espace » récent ou ancien. Nous nous élevons à partir d’une référence physique. Après tout, on ne vit pas dans le vide !
Cela étant dit, l’Église de Rome, enracinée sur
les vestiges de l’antiquité romaine, ne me fait plus scandale. Je comprends
maintenant que le « temps » est plus crucial que « l’espace ».
Dans son aspect évolutif, le « temps » libère « l’espace »
de sa fixation. J’associe l’espace à l’histoire et le temps au mouvement.
Les « espaces » qu’occupaient le Panthéon
tout comme les marchés de Trajan, pour ne citer que ces deux exemples, ont été
relativement ou profondément transformés ou modifiés. Ainsi en sera-t-il de nos
« espaces » d’aujourd’hui. Le « temps » fera son œuvre malgré
nos efforts pour maintenir nos acquis. L’Esprit du Seigneur agit constamment
dans le « temps » qui remodèle sans cesse les « espaces » qui
… passent !
Inspiré par une résolution du
dernier chapitre, l’atelier sur la vie en communautés interculturelles comme
témoignage apostolique a réuni 18 confrères, incluant les animateurs Freddy
Kyombo, Andreas Göpfert ainsi que le secrétaire Jean-Paul Guibila, du 1er
au 8 septembre 2019 à la Maison Généraliste.
L’objectif global de
ce rassemblement était de définir une spiritualité interculturelle avec comme
objectif d’aider nos communautés M.Afr à améliorer leur témoignage
communautaire. C’est à ce niveau que l’hospitalité solidaire apparaît être la
notion qui définit le mieux le fondement de nos communautés interculturelles.
Grâce à une construction
progressive de nos communautés internationales inspirée dès sa fondation par la
parole du Cardinal Lavigerie insistant sur « l’esprit de corps » pour
témoigner du Christ et des valeurs du Royaume de Dieu, nous sommes à même d’évaluer
périodiquement notre identité. Plus que jamais, nous tenons compte de notre
diversité culturelle perçue non pas comme une menace, mais plutôt comme une
richesse. Notre désir profond est de témoigner notre unité dans la diversité.
Cela pose un sérieux
défi. En effet, la préservation de l’unité dans la pluralité exige un effort
constant. Cet esprit d’unité fait référence à une prise de conscience de nos
différentes façons de réfléchir ou de prendre ensemble des décisions. Un double
mouvement oscillant entre une appartenance à un groupe et le sentiment
subjectif d’unicité, cette altérité donc, permet l’acceptation de la dépendance
réciproque. Notre identité se construit sur la base de notre diversité.
Ainsi donc, notre identité
doit demeurer plurielle. En cas contraire, il y a un risque du refus de l’autre
au détriment de la vie communautaire, un danger d’assimilation culturelle
menant à des formes d’aliénation et un danger de développement de zones
conflictuelles. Par contre, la consolidation de l’identité est atteinte dans un
climat de dialogue.
Risques qui menacent le développement de
l’identité communautaire
Une intoxication du
climat relationnel s’accroît avec une exagération des différences ethniques et
leur manipulation et instrumentalisation. Une purification des perceptions est
donc nécessaire avec le développement d’un sens critique. Celle-ci évitera la
violence.
L’identité de la
personne ou d’un groupe est une composition multiple soutenue par une ouverture
mentale. C’est dans ce cadre que la pluralité est source du développement
identitaire qui relie les individus comme les peuples à l’exemple d’un pont. En
toute chose, il faut éviter la pensée unique.
Un autre risque ou
danger est la propagation de stéréotypes ou étiquettes discriminatoires. En
tant que personnes consacrées au Royaume de Dieu, nous sommes particulièrement
choisis pour lutter contre cela. La démarche à privilégier est celle d’une spiritualité
de la communion fraternelle respectueuse des différences. Être disciple du
Christ est d’affirmer que nous sommes tous complémentaires des uns des autres.
Une forte identité,
individuelle et collective, est à la fois exigeante et tout à fait compatible
avec une spiritualité de la communion. En effet, elle repose sur la volonté
affichée d’acquérir une nouvelle vision de soi basée sur le concept de
l’interculturalité. C’est dans ce sens que l’interculturalité est perçue par
certaines personnes ou groupes comme une grande provocation.
Difficultés liées aux changements constants
Les stéréotypes et
préjugés reposent sur des codes culturels liés sur le rapport que l’homme a
établi avec la nature, le temps, l’espace, la maladie et la mort, le pouvoir.
La variété des comportements culturels est presque infinie. De nos jours, nous
devons ajouter la présence de la culture numérique qui pose de nouveaux défis.
Une différence notable se fait sentir entre les nouvelles générations et les
aînés. Ces derniers ont plus de difficulté à suivre le rythme des nouveautés
numériques.
Vers une spiritualité interculturelle
Comment pouvons-nous
intégrer la spiritualité de l’interculturalité dans notre quotidien ?
Nous devons être prêts à changer notre regard et nos modes de perception.
En développement une démarche constructive.
En considérant l’autre personne ou l’autre groupe comme une source de complémentarité.
En appréciant l’autre comme un don pour moi, non pas une menace.
Ainsi, une communauté interculturelle devient un don pour tous.
Nous devons valoriser la diversité qui est voulue par Dieu.
À l’exemple de Moïse qui doit se déchausser pour pénétrer dans le lieu sacré de la rencontre, nous aussi, nous nous déchaussons de nos préjugés pour prioriser la spiritualité de l’interculturalité.
Nous sommes tous les enfants d’un même créateur.
La diversité est un don de Dieu.
La diversité est suscitée par l’Esprit de Dieu.
Nous devons chercher à atteindre ou tendre vers la spiritualité de communion.
Pour bien jouer son rôle, l’Église devrait avant tout être la maison ou l’école de la communion.
À privilégier : le regard du cœur, l’attention à l’autre, la capacité de voir le positif chez l’autre (personne ou groupe) et partager les fardeaux.
Nous devons construire la fraternité (référence : 1 Jean, 4,20).
En élargissant notre « cercle de fraternité »
En devenant des LIEUX D’HOSPITALITÉ SOLIDAIRES en privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une spiritualité interculturelle dans l’accueil de l’autre.
Conclusion
Nous avons accordé
beaucoup d’attention à l’hospitalité depuis notre fondation. La solidarité fait
aussi partie de notre façon de vivre en communauté. Sur ce point, il n’y a rien
de nouveau. Par contre, en conjuguant plus intimement ces deux dimensions, nous
parvenons à incorporer l’interculturalité au sein de nos communautés. C’est alors
que l’interculturalité se définit comme une spiritualité, c’est-à-dire un lieu
d’expression de l’Esprit, don de Dieu.
Participants à l’atelier « Vivre en communauté interculturelles comme témoignage apostolique aujourd’hui », Rome du 1 au 8 septembre 2019. 1: Freddy Kyombo. 2: Paul Makambi Kitha. 3: Andreas Göpfert. 4: Michael Mpindo. 5: Robert Ubemu. 6: Georges Jacques. 7: Robert Ubemu. 8: Armand Galay. 9: Daniel Nana. 10: Paul Johnston. 11: Benjamin Jigeesh. 12: Hans Joachim Lohre. 13: Serge St-Arneault. 14: Serge Boroto. 15: Emmanuel Noufé. 16: Robbin Simbeye. 17: Bonaventure Bwanakweri. 18: Alex Manda.
Au nom de la Société des Missionnaires d’Afrique, le père Jesus Marie Velasco a pris possession de la trilogie « L’albinos avatar » écrit par André-Man Mbombo (Éditions Solstice Austral, 2017, 2018, 2019). Ces livres font maintenant partie de la collection officielle de la bibliothèque des Missionnaires d’Afrique à Rome, Italie.
Le tome 1 fait découvrir les errances
d’une albinos aux humeurs colorées qui échappe aux sacrifices rituels et dresse
un tableau de la condition humaine dans l’Afrique traditionnelle.
Le tome 2 est un plaidoyer contre les
croyances sur l’albinisme à travers les témoignages des albinos et fait
apparaître une lueur d’espoir.
Le tome 3 qui sort en janvier 2019
présente une albinos épanouie qui s’est prise en charge qui fait de la défense
des droits de la personne de ses semblables un sacerdoce.
Avec les mots et l’écriture, l’auteur veut
apporter sa modeste contribution à la stigmatisation des discriminations des
albinos.
À cette trilogie s’ajoute aussi la publication
de la première édition de la Journée Internationale de Sensibilisation à
l’albinisme à
Montréal tenue au Centre Afrika le 13 juin 2018 intitulée « La mélanine épinglée,
de l’albinisme à l’amélanisme », avec la participation d’André-Man Mbombo,
LL.M. et du Dr Mbikay Majambu, Phd.
Sur la photo :
Debout; Serge St-Arneault, M.Afr, Secrétaire général du Centre Canadien de Sensibilisation à l’Aménalisme,
C’est mon quatrième séjour à Rome. La
fois dernière, je n’ai pas eu la patience de faire la queue pour entrer dans la
basilique Saint-Pierre. Cette longue chaîne humaine était de nouveau interminable
il y a deux jours et j’ai laissé tomber.
─ « La messe débutera à 9h00
demain matin à la basilique », de dire Martin Grenier.
Voilà qui est intéressant. D’autant
plus qu’il n’y aura pas de file d’attente. Les priants ont en effet directement
accès aux lieux de culte le dimanche.
─ « Départ de notre maison à Via
Aurelia à 8h00 », d’ajouter Martin.
J’étais au rendez-vous en compagnie de Paul Makambi Kitha, un jeune confrère malawien nouvellement ordonné, et de Paul Johnston, un confrère canadien et recteur de notre maison de formation en Inde.
La fraîcheur du matin est bienvenue pour notre marche vers le Vatican. Nous y étions une demi-heure plus tard. D’un même pas, nous nous dirigeons vers l’immense porte d’entrée. Le gigantisme du bâtiment de plus de 15 000m2 et d’une capacité pouvant accueillir 60 000 personnes ne cesse encore de m’impressionner. Pourtant, les proportions sont d’un si bel équilibre que, tout compte fait, je ne me sens pas écrasé comme ce fut le cas la première fois par l’une ou l’autre de ces énormes sculptures accrochées aux parois. Ma perception de cet endroit a ainsi changé.
Je garde pourtant ce souvenir d’être
un moucheron prêt à être écrasé par un géant. L’énormité des colonnades et
surtout les formes géométriques du plafond doré m’impressionnaient tellement
que machinalement je me levais les mains au-dessus de la tête pour me protéger
d’un danger imaginaire. Rien de tel, cette fois-ci.
L’allée centrale était pour ainsi dire complètement dégagée. Les détails du monumental baldaquin de Saint-Pierre de Bernini, une œuvre baroque impressionnante, se précisaient à mesure que je m’y approchais. La foule n’était pas si nombreuse. Au signal donné par les membres de la sécurité, nous avons contourné le baldaquin pour nous rendre en face de « la chaire de Saint-Pierre » où la messe allait être célébrée en Italien. Cette chaire est l’expression symbolique de l’autorité exercé par l’évêque de Rome.
La première lecture tirée du livre de
Ben Sira le Sage invite à l’humilité pour trouver grâce devant le Seigneur.
« L’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. (Si 3,29) » C’est
aussi ce thème que développe Jésus dans l’évangile en nous suggérant de prendre
la dernière place lorsqu’invité à une noce pour éviter d’être ‘remis à sa
place’, la dernière, en s’accaparant de la première (Lc 14, 7-14). Ça tombe
bien, je me suis assis au dernier banc sans même y penser. Mes confrères m’ont
rejoint au même endroit… et nous sommes resté là !
Toutes les nationalités du monde
étaient représentées. Foule plus nombreuse qu’au début, silencieuse comme moi
qui ne parle pas la langue des autochtones. Qu’à cela ne tienne, le Seigneur
est présent pour tous même si ce n’est pas le meilleur endroit pour prier. Attention
! Je parle pour moi.
Bref, la messe était terminée après
40 minutes. Une messe normale, quoi ! À la sortie, il n’a pas fallu beaucoup de
temps pour perdre la trace de mes confrères. Errant, je me suis mis à suivre un
mouvement de foule se dirigeant vers la droite.
─ « Qu’est-ce qui attire les gens
de ce côté-là ? » me suis-je demandé.
Une porte, une petite porte cette fois-ci enfin, mène à la sacristie où se trouve des médailles, bouquins et autres objets pieux à vendre ainsi qu’un musée, celui de Saint-Pierre. Il suffit de cinq EUROS pour y entrer. Cela donne droit à un écouteur conçu pour expliquer aux visiteurs les différents objets numérisés qui s’y trouvent : tombeau d’un pape dont j’ai oublié le nom qui couvre pratiquement tout l’espace du plancher, immenses chandeliers du XVIe siècle, des reliques incluant un fragment de la croix de Jésus, des vêtements liturgiques brodés d’or confectionnés il y a des centaines d’années et j’en passe. C’est ce qui a été rescapé après le sac de Rome en 1527 et surtout le pillage des troupes de Bonaparte lors de leur invasion de l’Italie entre 1796 et 1800. C’est documenté !
Il est temps de sortir. Ce que je fais à pas lent, car je suis fatigué. D’autant plus que je n’ai pratiquement pas dormi de la nuit. Je ne me suis pas encore ajusté au décalage horaire de six heures qui sépare Montréal de Rome. Ça aussi, c’est documenté !
Je suis sorti en prenant une dernière photo des Gardes suisse pontificaux en fonction avec leur bel habit coloré si caractéristique. J’avais hâte de retourner à la maison. J’espérais reprendre un gelato en route, mais le comptoir était fermé. Après tout, nous sommes dimanche.
Il me reste quinze minutes avant le
début de la session sur la vie en communauté interculturelle comme témoignage
apostolique aujourd’hui pour laquelle je suis venu à Rome. À la prochaine.
J’ai quitté Montréal le mardi soir 27 août
sur un vol d’Air Transat. L’avion a décollé avec environ 45 minutes de retard.
Comme d’habitude, impossible de dormir sur l’avion. Je suis arrivé directement
à l’aéroport Fiumicino de Rome le lendemain vers 11h00, heure locale. En tout,
huit heures de vol.
J’ai pris un taxi pour me rendre à notre
maison générale située sur la Via Aurelia où j’étais attendu. Quelques
souvenirs de mes précédents séjours me sont revenus en mémoire. La première
fois, c’était en 1981, tout juste avant de me rendre en Afrique pour la
première fois. Vous avez bien compté, cela fait 38 ans.
J’ai pris quelques clichés de la terrasse.
Le dôme de la Basilique Saint-Pierre est nettement visible au loin. Hier,
jeudi, j’ai fait le tour complet des fortifications du Vatican. Le soleil
d’après-midi était très chaud. Au retour, j’ai pris un « gelato », une
crème glacée artisanale selon la méthode traditionnelle italienne.
Ce matin, j’y suis retourné pour visiter le
fameux musée du Vatican. Il suffit de vingt minutes à pied pour s’y rendre.
Heureusement, il n’y avait pas de file d’attente malgré la foule de touristes
qui commençait déjà à entrer. Un billet d’entrée coûte 16 EUROS. Une large spirale
permet aux visiteurs de se rendre au sommet qui donne directement accès aux
jardins. Le musée est en fait composé de douze musées selon des domaines
spécifiques : période de l’antiquité, l’art grec ou les trésors égyptiens,
arts antiques, arts médiévaux, arts de la renaissance et art moderne. À cela
s’ajoute 7 km de salles et couloirs et 1 400 salles. Beaucoup trop en un
seul jour!
À retenir une
reproduction de la « Pieta » de Michelangelo (1475-1564), une immense
toile datant de 1520 représentant la transfiguration, une autre illustrant le
couronnement de la Vierge qui date du début du XIe siècle. Le reste,
vous verrez sur les photos suivantes, donne un aperçu des couloirs savamment
enrichi par des plafonds peints. Quelques fenêtres permettent d’avoir un autre
coup d’œil sur les jardins.
Une autre toile
qui couvre un mur entier représente la cérémonie de la proclamation du dogme de
l’Immaculée Conception. Cela remonte au 8 décembre 1854. Finalement, des
escaliers nous mènent à la fameuse chapelle Sixtine où il est interdit de
photographier. La foule, je vous l’assure, est si nombreuse qu’il est difficile
de circuler. Les fresques ont été rénovées il y a quelques années. J’ai trouvé
une illustration de la grande murale du jugement dernier ainsi que la renommée
image où Dieu pointe le doigt vers Adam.
Est-ce une toile
ou une photo? Je n’en suis pas certain. C’est une représentation du Vatican
faite par Weeser-Krell (Trier-Berlin-Rom) de 1887/88. Vous remarquerez qu’à
cette époque, il n’y avait aucune construction à l’arrière de la Basilique. Les
dernières photos montrent l’un des douze musées ainsi que la spirale pour
redescendre, différente de la première, vers la sortie.
Ma visite au
musée du Vatican est faite. Plus de six millions de visiteurs visitent ces
lieux chaque année, provenant de partout à travers le monde.
Prochaine étape;
une session qui débute lundi prochain sur le thème des communautés
interculturelles. Nous sommes une quinzaine de participants venant de toute
l’Afrique, d’Amérique, d’Europe et même de l’Inde. À suivre!