Par Serge St-Arneault, M.Afr
La conférence de presse de PolySeSouvient était sur le point de commencer sous le vaste chapiteau aménagé sur le terrain de l’École Polytechnique. Quelques caméras étaient déjà en place devant le podium où les personnes désignées pour cette conférence allaient parler. Devant ce podium, à mes côtés, se tenaient des jeunes qui représentaient les associations étudiantes.
Les photographes étaient aussi à l’œuvre.
— Bonjour, dis-je à l’un d’entre eux. Comment allez-vous?
— Je vais bien merci, répondit-il. J’étais à Ottawa hier pour suivre la campagne électorale. Je n’ai jamais vu autant de mesure de sécurité de toute ma carrière journalistique.
— C’est peut-être dû au phénomène de polarisation.
— Vous avez raison. Il y avait un homme accompagné de son fils de huit ans qui m’injuriait. Pour lui, les médias « sont les mauvais ». Je lui ai alors dit que j’avais moi aussi un fils de l’âge du sien et que je prenais soin, en sa présence, de faire preuve de respect pour mon prochain. Après tout, comme parents, nous devons bien éduquer nos enfants. Et il s’est alors tu.
La polarisation! Voilà où nous sommes rendus. Le juste milieu semble avoir disparu du radar! Dans le contexte des armes d’assaut de type militaire, nous n’avons d’autre choix que d’exiger le bannissement complet de telles armes de guerre des mains de simples citoyens. Ces armes sont essentiellement conçues pour tuer. Étant une question de sécurité publique, nous ne voulons pas connaître la prolifération des armes à feu comme cela est actuellement le cas aux États-Unis.
Vous êtres trop émotifs
J’ai reçu un message sur les réseaux sociaux me disant que je fais honte aux femmes qui ont été assassinés lors de la tragédie de la Poly parce que je milite pour un contrôle effectif ou, mieux encore, le bannissement des armes d’assaut dans notre pays. J’ai compris que celui qui m’a envoyé ce message est vraiment attaché à son arme à feu, un attachement émotif. Émotif! Oui, je le suis aussi mais pour une autre raison; ma sœur Annie est l’une des quatorze victimes de Poly.
Cela me rappelle un événement que j’ai vécu il y a plus de vingt ans. J’avais été invités par une congrégation religieuse de Bellechasse pour leur parler du contrôle des armes à feu qui était alors en vigueur. Une heure plus tard, j’ai demandé aux religieuses pourquoi le curé, présent au début de ma présentation, avait quitté les lieux si tôt.
— C’est qu’il possède une arme à feu et il pense que vous la lui enlèverez, m’ont-elles confié.
Pourtant, les armes de chasse n’ont jamais été prohibées au Canada. À force de propager la fausse nouvelle (Fake News) que les honnêtes chasseurs ne pourront plus utiliser leurs armes, même les curés paniquent, du moins ceux qui pratiquent la chasse sportive.
Édouard Montpetit
Après la conférence de presse, je suis descendu à pied en direction du Boulevard Édouard Montpetit. J’y découvre pour la première fois un bronze du premier secrétaire de l’Université de Montréal en 1929 : Édouard Montpetit.
Ensuite, j’ai poursuivi ma marche en direction de la Place du 6 décembre. J’ai pris le temps de déchiffrer le nom de chacune des quatorze femmes inscrites sur le sol. J’ai prié et revécu en mémoire les nombreuses fois où j’y étais venu, tout particulièrement lors de la visite de l’Honorable Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères.
Ensuite, j’ai poursuivi ma prière à l’Oratoire Saint-Joseph où d’importants travaux d’aménagement sont en cours d’exécution. J’ai suivi la route sinueuse ascendante menant à la chapelle du Frère André.
D’une grande sobriété, celle-ci semble hors contexte à côté de l’immense oratoire. Curieusement, j’y vois de nouveau cette polarisation qui, cette fois-ci, s’exprime dans le style architectural. J’ai pris plusieurs photos dans la plus grande de deux, mais j’ai prié dans la petite chapelle.