LOIC GOYETTE
Bonjour,
Merci à tous d’être ici aujourd’hui. Je suis Loïc Goyette, président de l’Association des étudiants et étudiantes de Polytechnique et porte-parole du Mouvement étudiant PAS_ICI, accompagnés dans la salle par les représentants de la Confédération pour le rayonnement étudiant en ingénierie au Québec (CRÉIQ) et de l’Union étudiante du Québec (UÉQ).
Malheureusement mon confrère Gabriel Comby, vice-président aux affaires externes de l’AEP, a dû s’absenter à cause d’une urgence familiale. Je parlerai donc au nom de l’AEP et du Mouvement étudiant PAS_ICI, qui regroupe 17 associations étudiantes à travers le Canada réunissant plus de 250 000 étudiantes et étudiants.
Le 6 décembre dernier marquait les 35 ans du féminicide de Polytechnique Montréal, au cours duquel 14 femmes furent tuées par un homme armé parce qu’elles étaient des femmes.
Immédiatement après ce tragique événement, l’AEP et la communauté étudiante de Polytechnique se sont engagées fermement, avec des familles de victimes ainsi que d’autres acteurs de la société civile, pour faire bannir les armes d’assaut au Canada. Ces armes, faites pour tuer le plus grand nombre de personnes le plus rapidement possible, n’ont pas leur place dans nos communautés.
Nous voyons malheureusement trop souvent, avec les tragédies ayant lieu jour après jour aux États-Unis, ce qu’un accès facile aux armes d’assaut peut occasionner. Une école, un cégep ou une université est censé être un lieu de partage de la connaissance, d’apprentissage et de camaraderie, pas un lieu de danger. Il est inacceptable que les personnes étudiantes craignent pour leur vie dans leur lieu d’enseignement.
C’est pour cela que des mesures fortes doivent être prises pour assurer la protection de nos communautés, entre autres en retirant les armes d’assaut de la circulation.
« Au cours de ces 35 années, les étudiants de Polytechnique et autres associations étudiantes sont joints aux diplômés de l’époque pour lutter pour cet objectif. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons fait la moitié du chemin, avec la prohibition de presque tous les modèles d’armes d’assaut existants. La seconde moitié, c’est-à-dire le retrait de ces armes de la circulation, est un enjeu clé dans cette élection. »
Nous demandons aussi que le prochain gouvernement se dote d’un système de préautorisation des armes à feu avant qu’elles ne rentrent sur le marché canadien. Il est absolument inacceptable que des armes techniquement prohibées se retrouvent en vente sur le marché canadien en tant qu’armes sans restriction due à des erreurs de classification faites par leurs manufacturiers ou importateurs.
Nous attendons aussi depuis longtemps que les chargeurs à grande capacité soient réellement interdits. Trop d’exceptions et d’échappatoires rendent les limites théoriques risibles.
Les victimes du massacre à Polytechnique n’ont pas été choisies au hasard: elles ont été tuées parce qu’elles étaient des femmes. Il s’agit de féminicides. La loi C-21, adoptée en 2023, contient plusieurs mesures importantes pour la protection des femmes, notamment l’interdiction automatique de posséder des armes pour une personne visée par une ordonnance de protection liée à la violence conjugale. Or, cette mesure n’est pas en vigueur, faute de réglementation habilitante. Nous demandons donc que ces mesures entrent en vigueur le plus rapidement possible.
Aujourd’hui, nous sommes à une véritable croisée des chemins en matière de contrôle des armes. Si le gouvernement entrant ne met pas en place ces mesures, nous sommes à risque de perdre tous les progrès des dernières années. L’enjeu est aussi réel aujourd’hui qu’il y a 35 ans: les tueries de masse de Fredericton en 2018, de Nouvelle-Écosse en 2020 et les nombreuses victimes de tous ces événements tragiques en sont un rappel douloureux.
C’est pourquoi nous sommes heureux de mettre en lumière les actions et les promesses de tous les partis politiques canadiens sur la question du contrôle des armes, et d’inviter les Canadiens soucieux de la sécurité publique à prendre en considération ces informations lorsqu’ils décideront quel parti représente le mieux leurs valeurs et points de vue en lien avec le contrôle des armes. »
SERGE ST-ARNEAULT
C’est en mémoire de ma sœur Annie St-Arneault et des treize autres victimes que je suis ici pour représenter d’autres membres des familles des victimes – bien que nous sommes de moins en moins nombreux au fil des décennies depuis la tragédie à Polytechnique.
Plus que jamais, les élections fédérales qui ont lieu en ce moment détermineront le sort du contrôle des armes au Canada pour les prochaines décennies. Ayant perdu un être cher dans le cadre d’une violence extrême résultant de l’accès légal à une arme d’assaut, j’invite tous les Canadiens à accorder une attention particulière aux engagements des partis politiques sur la question.
HEIDI RATHJEN
Sur la base d’une analyse approfondie des réalisations, activités et engagements des partis entre 2021 et 2025, voici l’évaluation de PolySeSouvient quant à la performance de chaque parti en matière de contrôle des armes :
Parti conservateur
Le Parti conservateur n’a pas répondu à notre enquête multipartite sur le contrôle des armes à feu. Cependant, son chef et ses députés ont été très clairs au cours des quatre dernières années quant à leur position sur le contrôle des armes à feu. Le Parti conservateur parle du « droit » (inexistant) des Canadiens de posséder des armes à feu et s’est opposé à toutes les mesures introduites par le gouvernement Trudeau. Le chef du parti, Pierre Poilievre, a également passé les dernières années à dénaturer l’interdiction libérale des armes d’assaut, la qualifiant de « prise d’armes » (« gun grab »), disant aux foules que les libéraux cherchent à « interdire les fusils de chasse » et répétant la rhétorique du lobby des armes qui limite « tous les crimes commis avec des armes à feu » à la contrebande d’armes à feu.
Pourtant, les armes d’assaut que les Conservateurs appellent des « fusils de chasse » et souhaitent rendre légales de nouveau sont des armes de « conception tactique/militaire avec un chargeur de grande capacité […dont le] caractère mortel inhérent les rend impropres à un usage civil et constitue une menace sérieuse pour la sécurité publique », comme le tristement célèbre AR-15. Malgré les récentes prohibitions, les chasseurs ont toujours accès à près de 20 000 modèles de fusils et carabines légaux.
Poilievre a explicitement promis d’abroger toutes les mesures de contrôle des armes adoptées par les libéraux, y compris le projet de loi C-21 (qui retire les armes à feu des agresseurs domestiques et gèle les ventes d’armes de poing), le projet de loi C-71 (qui rétablit les registres des ventes commerciales et oblige la vérification du permis d’un acheteur potentiel) et la prohibition d’armes d’assaut.
Parti libéral
Bien qu’il ait initialement mal géré le dossier des armes d’assaut et qu’il ait permis des retards indéfendables dans la mise en œuvre du projet de loi C-21, le Parti libéral a ultimement réalisé des améliorations majeures et concrètes en termes de contrôle des armes et, ce, sur plusieurs fronts : (1) l’interdiction de presque tous les modèles d’armes d’assaut, (2) l’introduction de mesures révolutionnaires pour protéger les victimes de violence conjugale, (3) un gel sur les ventes d’armes de poing et (4) la mise en place de nouvelles mesures pour lutter contre le trafic illégal.
Le Parti libéral promet de respecter les principaux engagements pris par le passé : (1) le rachat tant attendu des armes prohibées, (2) la recherche d’une solution concernant la classification du modèle SKS et (3) la mise en œuvre des mesures en suspens, y compris celles qui attendent un règlement d’application (ex. : concernant la violence domestique) ou celles qui ont été promises, mais qui n’ont pas encore été livrées (ex. : veiller à ce que la GRC et non les manufacturiers et importateurs américains détermine la classification des nouveaux modèles, veiller à ce que les chargeurs ne puissent pas être modifiés pour contenir plus de cinq cartouches, et combler les lacunes concernant l’exemption olympique du gel sur les ventes d’armes de poing).
Bloc Québécois
Le Bloc Québécois a généralement appuyé tous les efforts du gouvernement, y compris le projet de loi C-21 et l’interdiction des armes d’assaut. Le porte-parole en matière de sécurité publique a fait un travail rigoureux pour améliorer le projet de loi en comité. Contrairement à tous les autres partis, le Bloc Québécois a appuyé les groupes de femmes en votant contre la mesure « ex-parte » qui, selon eux, pourrait nuire aux femmes (la mesure a été adoptée).
Le parti promet d’appuyer les mesures en suspens, comme la mise en œuvre rapide de C-21, l’interdiction des chargeurs modifiables et un système garantissant que la GRC – et non l’industrie – détermine la classification des nouveaux modèles, en plus d’aborder la question de la classification du modèle SKS.
Nouveau Parti Démocratique
Alors que le NPD avait promis d’appuyer l’interdiction des armes d’assaut et une certaine forme d’interdiction des armes de poing, ses actions à l’étape du comité parlementaire ont été l’opposé. Les deux porte-parole du NPD en matière de sécurité publique ont activement saboté les tentatives des libéraux d’inclure une telle interdiction dans le projet de loi C-21, s’attribuant même le mérite du retrait des amendements à cet effet. Ils ont également fait pression pour exempter l’ensemble des « tireurs pratiques » du gel des achats d’armes de poing, ce qui aurait essentiellement annulé le gel, s’attirant les félicitations du lobby des armes.
Ainsi, les promesses du NPD d’achever le rachat des armes prohibées – pour lesquelles ils se sont battus afin qu’elles demeurent légales – et d’empêcher les échappatoires liées à l’exemption olympique en lien avec le gel des armes de poing n’ont pas de crédibilité.
Toutefois, le parti promet d’achever rapidement la mise en œuvre de la loi C-21, d’éliminer les exemptions et les échappatoires qui contrecarrent les restrictions sur la capacité des chargeurs et d’empêcher les fabricants de contourner les règles de classification des armes à feu.
Pour conclure :
« Les Canadiens qui se rangent du côté du lobby des armes et de son idéologie qui veut que la possession d’armes soit un ‘droit’ ont un choix clair : c’est le Parti conservateur. Pour ceux qui veulent que des armes d’assaut semi-automatiques de type militaire soient de nouveau rendues légalement accessibles aux citoyens ordinaires et qui veulent se débarrasser de mesures de sécurité, telles que le retrait automatique des armes à feu aux agresseurs domestiques et la vérification par les vendeurs de la validité du permis d’un acheteur potentiel, le Parti conservateur est le parti pour vous.
Bien que les quatre autres partis se soient engagés à compléter le rachat des armes d’assaut et à mettre en œuvre les mesures en suspens du projet de loi C-21, nous croyons, sur la base des actions passées, que seuls les engagements à cet effet des libéraux, des bloquistes et des verts sont crédibles.
Étant donné que les libéraux ont adopté trois décrets historiques interdisant quelque deux mille modèles d’armes d’assaut (et ce, malgré une opposition massive et une campagne de désinformation extrêmement efficace), qu’ils ont institué un gel sur l’achat de nouvelles armes de poing et qu’ils ont adopté des mesures qui changent la donne en termes de protection pour les femmes et les enfants contre la violence armée, PolySeSouvient croit que les mesures essentielles de contrôle des armes en suspens (retirer les armes d’assaut prohibées de la circulation, interdire les chargeurs de grande capacité et mettre en œuvre les mesures relatives à la violence conjugale) ont les meilleures chances de se concrétiser sous un nouveau gouvernement libéral.
Cela dit, un vote pour le Bloc Québécois garantira un appui important de la part d’au moins un parti d’opposition ».
LIENS
PolySeSouvient says Liberals, Bloc Québécois are Canada’s best options for gun control, by News Staff Posted April 15, 2025
Liberals most likely to deliver on gun control, says PolySeSouvient, Jim Bronskill Tue, April 15, 2025
PolySeSouvient vante le bilan libéral en matière de contrôle des armes à feu, Jim Bronskill – La Presse canadienne à Ottawa
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