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Cérémonie annuelle de remise de bourses 2019 de Polytechnique Montréal.

Du métro ‘Université de Montréal’, trois niveaux d’escaliers roulants mènent à la tour emblématique de l’Université. Le temps était gris, maussade et frileux avec des résidus de neige. Une marche contournant les principaux bâtiments me conduit alors au pied d’un long escalier qui aboutit à l’entrée de Polytechnique aux allures imposantes, massives.

En ce 28 mars 2019, j’avais presque oublié cet épisode où je m’y suis trouvé vers le mois de février 1990 en compagnie de mes parents. Je ne sais plus comment nous étions venus. Une maquette de l’Université est visible à l’entrée, au premier étage. Derrière se trouvent la cafétéria et les escaliers roulants. Six étages plus haut, je suis l’un, sinon le premier, invité à me présenter.

Un grand écran annonce le but de la soirée : cérémonie annuelle de remise de bourses de Polytechnique Montréal. Un orchestre jazz de deux musiciens occupe l’espace sonore. Les invités arrivent progressivement et la cérémonie débute avec quelques minutes de retard. Je suis content d’être avec Sylvie Haviernick, sœur de Maud, l’une des 14 victimes de Poly. Nous représentons le Fonds des Victimes du 6 décembre 1989.

Nos cinq lauréates sont assissent à nos côtés. Elles ont à peu près l’âge d’Annie… il y a trente ans. Malheureusement, nous n’avons pas la chance de mieux nous connaître avec la succession de plus de deux heures de remise de bourses. Au moins, il restera une photo!

Nos cinq bourses ont été attribuées à cinq jeunes étudiantes de 1er Cycle. Les lauréates de cette année sont Anne-Julie Avoine-Blondin (Génie industriel), Rosalie Lévesque (Génie électrique), Caroline Safi (Génie chimique), Wendy Sieu (Génie industriel) et Mihaela Talpos (Génie électrique). Chacune a reçu un montant de $2 000.

Au total, ce sont plus de 480 bourses d’une valeur de plus d’un million trois cent mille dollars qui ont été distribués à des centaines de lauréats et lauréates gracieusement offertes par des fondations et entreprises.

Il est bien de mentionner que la mission de la Fondation et Alumni de Polytechnique Montréal est d’œuvrer au rayonnement et au développement de Polytechnique Montréal, comme université d’excellence internationale en génie. Elle comporte deux axes :

  • Relations avec les diplômés de Polytechnique Montréal : Rassembler et mobiliser les diplômés et futurs diplômés pour renforcer le sentiment d’appartenance, multiplier les relations, élargir le rayonnement et soutenir le développement de Polytechnique Montréal.
  • Développement philanthropique : Initier et entretenir des relations durables avec les donateurs et mécènes pour atteindre les objectifs philanthropiques d’appui au positionnement et à l’essor de Polytechnique Montréal.

Soutenir Polytechnique Montréal, c’est contribuer à bâtir aujourd’hui  le génie de demain! C’est contribuer à changer le monde!

Polytechnique, un 6 décembre

Par Jacques Gauthier, écrivain

Quand arrive le 6 décembre, c’est inévitable, je me rappelle la tuerie de l’École polytechnique de Montréal. C’était en 1989, j’avais rencontré à la maison, quelques mois avant la tragédie, Annie St-Arneault, âgée de dix-huit ans, sœur de mon ami Serge, missionnaire d’Afrique. Elle sera tuée avec treize jeunes femmes par Marc Lépine, blessant quatorze autres personnes, avant de se suicider. Vingt-neuf ans plus tard, je me souviens. Chaque année, nous commémorons ce triste événement, pour ne pas oublier l’inoubliable? La blessure ne se referme pas aisément au cœur des amis et des familles qui sont proches des victimes. Ce devoir de mémoire est vital; il permet de ne pas oublier et il suscite désengagements comme celui d’un meilleur contrôle des armes à feu. Je dédie ce poème à mes quatorze sœurs à peine éteintes.

L’étudiante du 6 décembre

fixe l’horizon qui s’assombrit

larmes de sang sur la neige

le tireur marque le pas

fauchant dans l’ombre

des fleurs à peine écloses

Le soir frisquet tombe

retour à la demeure du cœur

l’aumône d’un requiem

ferveur des respirations

chant fraternel et silencieux

des fruits à peine ouverts

Tant de peurs et de cris

transmis de mères en filles

les armes s’entrechoquent

on entend l’écho des pleurs

ces secrets qui s’échappent

des vies à peine mûries

L’Avent presse le jour

brûle avec l’encens

le cortège s’arrête

cierges à la main

la cire fondue au feu

des âmes à peine éteintes 

Pour aller plus loin: voir le site Polysesouvient et celui de Serge St-Arneault.
Lire aussi sur le blogue de Jacques Gauthier : La tuerie de Newtown.

Ma rencontre avec Chrystia Freeland et Federica Mogherini.

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© Martin Ouellet-Diotte, AFP | Une quinzaine de femmes ministres des Affaires étrangères posent pour une photo de famille, le 21 septembre 2018 à Montréal.

Par Serge St-Arneault

À l’initiative du Cabinet de la Ministre des Affaires étrangères du Gouvernement du Canada et avec l’aide du Service des communications et des relations publiques de la Polytechnique Montréal, j’ai été invité à assister à une commémoration voulue par les femmes ministres des Affaires étrangères réunies pour un sommet historique à Montréal les 21 et 22 septembre 2018.

Je suis allé au Parc du 6 décembre[1] tôt dans l’après-midi de samedi où allait se dérouler l’événement. Je me suis aussitôt dirigé près de la stèle illustrant la lettre ‘A’ et le nom de ma sœur Annie gravé sur le sol. La température était splendide. Sylvie Haviernick, la sœur de Maud, m’a ensuite rejoint. Ensemble, nous avons attendu l’arrivée de la ministre Chrystia Freeland ainsi que Federica Mogherini, représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères. Notre rôle consistait à les accueillir officiellement. De fait, les premières voitures à apparaître ont été celles de la ministre des Affaires étrangères suédoise et de la République d’Andorre.

Tout compte fait, il y avait peu de monde présent si ce n’est les officiels du gouvernement et les journalistes tenus à distance. Sylvie et moi avons donc conduit nos hôtes le long du tracé séparant les 14 noms étalés sur le sol. Toutes les autres femmes ministres de leur différent pays ont suivi le cortège en déposant les roses blanches. J’accompagnais Federica Mogherini. Elle était très touchée par le lieu et la symbolique des fleurs. Elle a improvisé un discours après celui de Chrystia Freeland.

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Après la séance de photos, les voitures protocolaires noires étaient vites au rendez-vous pour le départ des femmes ministres. Federica Mogherini était elle-même un peu nerveuse car elle devait prendre son vol à 16h00 à l’aéroport en direction de New York dans le cadre de la 73e Assemblée générale de l’ONU.

─ « Je vous souhaite bon voyage. Revenez nous voir. Il y a beaucoup de belles choses à découvrir à Montréal. »

─ « Je n’y manquerai pas. Merci pour votre accueil. »

─ « Oh! Madame Freeland, permettez-moi de vous dire une chose. »

─ « Oui! Je vous écoute. »

─ « J’aime votre nom. Je l’aime vraiment. »

Elle s’est mise à rire. Freeland signifie littéralement ‘libre pays’.

─ « Nous savons tous que les discussions que vous menez pour un nouvel accord commercial avec les États-Unis ne sont pas faciles. Mais courage. Nous sommes fiers de vous. »

Je vous laisse le soin de deviner ce qu’elle m’a répondu. C’est maintenant un ‘secret d’État’. Je vous le dirai au creux de l’oreille mais pas plus. Enfin, je me suis surpris de lui dire à haute voix : « On vous aime! »

En un rien de temps, presque tout le monde était parti. Pourtant, il restait encore une voiture protocolaire. (Question : pourquoi sont-elles toujours noires?)

Je m’adresse alors au responsable du service protocolaire qui n’en finissait plus de nous remercier d’être venu.

─ « En tout cas, lui dis-je, si vous voulez que nous revenions, je pose une condition. »

─ « Laquelle, me dit-il. »

─ « Et bien! La prochaine fois, je veux moi aussi être reconduit à mon domicile dans l’une de vos voitures protocolaires noires. »

Je suis certain qu’il a déjà oublié.

Ma dernière bise, je l’ai donnée à Sylvie en nous promettant mutuellement de nous revoir bientôt. Puis, j’ai pris le métro à deux coins de rue plus loin.

Ceci dit, je suis donc profondément touché par le geste de ces femmes qui ont insisté pour se recueillir un bref moment au Parc du 6 décembre en mémoire de celles qui ont été tuées lors de la tragédie de la Poly il y aura bientôt 29 ans. Selon les reportages journalistiques, je note que l’élimination de la violence fondée sur le genre était l’un des thèmes discutés par ces femmes ministres. C’est leur désir d’établir une tradition de coopération. Je leur souhaite bonne chance.

Autres liens :

Huffpost - Chrystia Freeland

Canada : première réunion de femmes ministres des Affaires étrangères

Sommet historique de femmes ministres des Affaires étrangères à Montréal

Ottawa créera un poste d’ambassadeur pour les femmes, la paix et la sécurité

Monument 6 déc 01b

[1] La place du 6 décembre a été inaugurée en 1999 pour souligner le 10e anniversaire de la tragédie de la Polytechnique où 14 femmes ont été assassinées. Cette œuvre de l’artiste Rose-Marie Goulet est une initiative de la Fondation des victimes du 6 décembre contre la violence. Les matériaux sont choisis de telle sorte que le passant doit s’attarder pour déchiffrer le nom de la femme sur l’un des sept arcs de cercle. Annie St-Arneault et Maud Haviernick sont deux des quatorze victimes, sœurs de Serge et de Sylvie respectivement.

(Source :http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/3899.html)