L’approche du divin par l’expérience sensorielle

LE  PROPOS de Serge St-Arneault

Article publié dans le Journal Diocésain de l’Église de Trois-Rivières, édition mai 2013.

Les édifices religieux et lieux historiques abondent à Rome comme peu d’autres lieux. En longeant la Via Quattro Novembri, je découvris un jour avec étonnement les ruines d’une impressionnante salle. Il s’agissait d’un centre d’approvisionnement composé de 150 boutiques qui permettaient aux fonctionnaires impériaux de l’Empereur Trajan d’approvisionner la capitale. De gigantesques travaux avaient été nécessaires pour sa réalisation. De même que César avait financé ses travaux avec le butin pris aux Gaulois, Trajan utilisa les richesses enlevées aux Daces, peuple redoutable qui occupait à peu près l’actuelle Roumanie. Bref, il s’agit de conquête. C’est alors que j’ai commencé à comprendre quelque chose qui allait changer ma perception de l’Église et mieux comprendre qui j’étais.

En tant qu’institution humaine, héritière de la romanité, l’Église Catholique utilise la beauté des sens dans son mode de perception pour approcher le mystère divin. La mosaïque intérieure de l’église Santa Sabina qui date de 422-423 l’illustre bien. Il s’agit de faire quelques pas pour voir surgir d’autres aspects spectaculaires de l’odyssée trois fois millénaire de Rome.

Puis, je suis retourné à la Basilique St-Pierre en passant par la Santa Porta. C’était le 29 décembre 2000, année du Jubilé. La foule était si dense que toutes les places assises étaient occupées. Mes yeux ne cessaient d’être attirés par les trois symboles mille et une fois représentés sur les sculptures, les tableaux ou les fioritures placées à chaque angle de pilier. Il s’agit de la tiare papale, des clefs de St-Pierre et d’une multitude d’anges. J’associe ces symboles de la manière suivante : tiare pour l’honneur, les clefs pour le pouvoir et les anges pour la gloire. Voilà donc ce sur quoi l’Église Catholique a édifié sa Persona ou son identité.

Le dos adossé sur la paroi intérieure de la Basilique, presque à genoux, l’immensité de cet édifice et ses symboles me révélaient tout à coup qui j’étais. Cela est apparu comme un éclair. Ce que je voyais représentait qui j’étais. Dans mon unicité, j’étais celui qui recherchait la reconnaissance (honneur), j’étais celui qui désirait changer le monde (pouvoir), j’étais aussi celui qui se vantait de ce qu’il avait accompli (gloire). En d’autres mots, ce qui m’irritait dans ma perception du grandissime de l’Église était à vrai dire un reflet de mon ombre intérieure. À ma manière, j’étais soucieux de sauvegarder l’honneur de ma réputation. J’étais également attentif au pouvoir que me conférait ma propre image aux yeux des autres. Finalement, j’étais réceptif aux futiles illusions de la gloire.

Ce que j’ai compris se résume à ceci : tout comme l’Église, que les pays anglophones s’empressent toujours de qualifier de « Romaine », façonnée sous le poids de deux mille ans d’histoire, je porte des ombres qui ont besoin de guérison. La véritable conquête n’est pas celle des empires, mais plutôt celle de la liberté intérieure offerte par Jésus qui est à la fois le Christ glorifié ainsi que l’Homme crucifié. Mon chemin de conversion est identique à celui de l’Église institutionnelle. Ce parcours nous mène tous sur le seuil de notre intime Porta Santa. Jésus est là! Il frappe pour y apporter une lumière spirituelle éclipsant les ombres de l’honneur, du pouvoir et de la gloire.

C’est mon espoir que le Pape François saura nous aider à approcher le divin non pas par l’expérience sensorielle du majestueux style « romain », mais plutôt par celui de la beauté de la nature, comme l’a si bien chanté Saint François d’Assise.

Père Serge St-Arneault, M.Afr, Lusaka, Zambie

entrevue de Robert Lalonde avec le père Serge St-Arneault, M.Afr

Cliquer sur le lien suivant pour écouter l’entrevue.

Entrevue de Robert Lalonde avec le père Serge St-Arneault, M.Afr

Cette entrevue a été réalisée par téléphone et sera diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie le 6 février 2013. Remerciement à Robert Lalonde, l’animateur de l’émission Vues d’ailleurs, en diffusion tous les mercredis, 19 h, en rediffusion les vendredis à 12 h 30. Robert Lalonde est responsable de l’information Aide à l’Église en Détresse.

P.-S. Le texte ci-joint en format PDF est une transcription plus élaborée de l’entrevue radiophonique.

VUES D’AFRIQUE; RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Cette émission intitulée Vues d’Afrique sur la situation en République Démocratique du Congo en 2012 a été animée par Robert Lalonde et diffusée sur les ondes de Radio Ville-Marie.

De Zambie, le père Serge St-Arneault y a participé par téléphone. Veuillez cliquer sur le lien suivant pour écouter l’entrevue.

Qu’est-ce qu’on est venu faire icitte?

Lettre de Zambie no 12, 26 janvier 2013

Je suis assez vieux pour me souvenir des messes en latin. J’avais environ dix ans lorsque le second Concile du Vatican a adopté les langues dites vernaculaires en remplacement du latin jusqu’à lors seule langue liturgique de l’Église Catholique. Le passage de l’un à l’autre n’a provoqué ni remous ni enthousiasme particulier, du moins là où j’ai grandi, à La Tuque. Il y eut un changement, voilà tout! De la même manière, on assistera plus tard aux « messes à gogo » au son des guitares et de la batterie dont la grosse caisse rythmait le tempo du « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, boum boum ». Cela n’a duré que le temps des roses. De fait, ce ne fut qu’un feu de paille.

Avant la disparition du latin, nous allions tous chez mes oncles et tantes au village ancestral de Saint-Adelphe pour la fête de Noël. J’en garde de très beaux souvenirs. La joie était réelle, les familles nombreuses avec plein de cousins et cousines, la nourriture abondante et les soirées interminables où les adultes jouaient aux cartes. Et puis, il y avait la neige, le froid, les décorations et les crèches dans chaque maison et surtout les becs sur le bec particulièrement affectionnés par certaines lointaines sœurs de ma grand-mère que l’on voyait qu’à ce moment-là. Nous écoutions les chants de Noël des groupes populaires comme Les Classels, Les Hou-Lops ou Les Sultants sur les « tourne-disques » de 45 tours. Bref, il y avait de l’ambiance.

Eglise de St-Adelphe de Champlain

J’ai un autre souvenir. C’est celui d’un garçon de six ou sept ans allant à la messe de minuit. Il y avait foule dans cette immense église au village de Saint-Adelphe qui accueillait la population entière du village chaque semaine. Pour s’assurer d’avoir une place à l’église, des numéros de bancs étaient alloués aux familles moyennant une contribution annuelle. Conséquemment, une famille était facilement pointée du doigt pour absence à la messe en laissant leur banc vide.

Moi, avec mes cousins, j’étais plutôt content d’aller au balcon surplombant le chœur ceinturant l’autel. Le gros curé Magnant me faisait un peu peur, non seulement par sa taille, mais aussi sa voix profonde de baryton. Mais, cette année-là, je devais être avec mes parents, car j’étais encore trop petit. Toujours est-il qu’à la sortie de la messe, sans bousculade, mais bien tassé les uns contre les autres, je me faufilais de mon mieux entre les jambes des plus grands et j’entendis un homme se plaindre à plusieurs reprises :

— Enfin, la messe est finie! Qu’est-ce qu’on est venu faire icitte, hein?

Dans les oreilles d’un enfant comme moi, cela me semblait très étrange. Aussi, je n’ai jamais oublié le profond silence de la foule qui m’entourait. Pas une seule voix ne s’est fait entendre pour répondre à cette lamentation. Le silence s’éternisait à mesure que le temps nécessaire pour franchir le porche de l’église s’allongeait. Sur le parvis extérieur, même les acclamations de « Joyeux Noël » s’étaient tues. Chacun s’en retourna vers son réveillon à pas lents sous la tombée de légers flocons de neige. Déjà, les piliers de la tradition catholique canadienne-française étaient menacés; qu’est-ce qu’on est venu faire icitte, hein?

Comme cela était le cas à l’époque de Jésus, la religion faisait partie de la culture, et il n’était pas question de conversion personnelle. La religion juive, avec ses multiples règlements à respecter, était ce qui constituait l’identité du peuple. À sa manière, le catholicisme québécois a largement contribué à préserver l’identité canadienne-française. On pourrait dire la même chose de tout autre groupement qui professe préceptes ou dogmes ou rituels identitaires. Mais qu’en est-il de la conversion personnelle?

Loin de moi l’idée que nos grands-parents n’allaient à la messe que par conformité sociale. Ma grand-mère Jeanne Veillette, du côté paternel, avait une forte personnalité. Or, un jour, elle perdit la voix. Comment alors élever des enfants, pour la plupart des garçons chamailleurs, sans pouvoir crier de temps en temps pour leur rappeler celle à qui ils doivent obéir? Ses sœurs, celles qui aiment les becs sur le bec, lui proposèrent de faire un pèlerinage au Cap-de-la-Madeleine et de prier la Sainte Vierge pour sa guérison. À l’époque, c’était une aventure plutôt qu’un voyage. Au retour, j’ignore combien de jours passés, Jeanne n’avait toujours pas retrouvé la voix.

— Nous avons fait ce pèlerinage pour rien, de dire mes grand-tantes.

— Ne perdez pas courage, de chuchoter ma grand-mère, croyez et ayez confiance à la Sainte Vierge.

Le lendemain, comme cela est l’habitude pour des garçons de traire les vaches au petit matin, Jeanne sort de sa cuisine d’été, se dirige avec conviction vers la terrasse et de ses pleins poumons se met à crier;

— Les enfants! Venez! Le déjeuner est prêt!

Jeanne était guérie. Ou bien, avait-elle simplement besoin d’un petit repos, d’une vacance? Ça! Je ne saurais le dire.

Bref, où en sommes-nous? Ah! La conversion personnelle! Jésus interpelle ses frères juifs pour les éveiller à une foi qui va bien au-delà de l’appartenance culturelle. Le danger est toujours réel de perdre son identité personnelle en adoptant sans aucune critique les coutumes et les lois d’un groupe, quel qu’il soit; religieux certes, mais aussi politique, idéologique, sectaire, raciste, sexiste, extrémiste de tout acabit, etc. Tout compte fait, la question de cet homme qui demande ce qu’on vient faire icitte est pertinente. Elle est un appel au réveil et une invitation à la sincérité.

Les Canadiens français étaient connus ou perçus pour être des moutons. De même que le « peuple » allait à l’église parce que tout le monde y allait, ainsi ce « peuple » a cessé d’y aller parce qu’une nouvelle majorité en avait décidé autrement; quoi? Tu vas encore à la messe! De fait, serions-nous demeurés des moutons en remplaçant la pratique religieuse par la consommation et le loisir? Qu’est-ce qu’on est venu faire icitte, hein?

Père Serge St-Arneault,M.Afr

La sagesse émergera de la voix citoyenne

Lettre de Zambie no 10, 15 décembre 2012

Coalition pour le contrôle des armes à feu

Cette année, je trouve particulièrement difficile le 23e anniversaire de la tragédie de la Polytechnique du 6 décembre 1989. J’ai le sentiment d’être encore traumatisé par cette tragédie. Il y a quelques jours, Sylvie Haviernick m’a fait parvenir le lien de Polysesouvient dont j’ignorais l’existence. Sylvie et moi étions membres de la Coalition pour le contrôle des armes pendant quelques années. Malgré l’abolition de la législation fédérale sur l’enregistrement des armes d’épaule, la voix citoyenne n’a pas pour autant cessé de s’exprimer, aux dires de Sylvie. Heidi Rathjen, de Polysesouvient, ajoute que plusieurs affaiblissements majeurs (supplémentaires) au contrôle des armes ont été bloqués, du moins pour l’instant, suite à une « tempête parfaite » d’actions et d’incidents qui a mené à une importante victoire pour la sécurité publique.

D’un autre côté, la soirée de poésie au Centre culturel de La Tuque a été une soirée magnifique selon Christiane Giguère.

Avec l’autorisation de ma petite maman, je vous partage son témoignage qui nous enseigne la grande philosophie de l’abandon dans l’action.

Trois-Rivières, décembre 2012

Chers amis,

Je viens partager cette soirée avec vous et profiter de cette activité spéciale qui se vit à La Tuque à l’occasion du 23e anniversaire du drame de la Polytechnique pour vous livrer avec tout mon cœur ma réflexion.

À toi Annie, ma grande fille, mon amour, mon amie, tu aimais la vie, ta famille, ton amoureux, les enfants, tu étais rieuse, simple et spontanée. C’est pourquoi ton souvenir est si important pour moi d’où l’importance de me rappeler tous ces bons moments, ces instants précieux qui ont tissé nos liens, qui ont fait la personne que je suis devenue aujourd’hui. Ta personnalité porteuse de riches valeurs continue de vivre dans mon quotidien.

Aucun de nous ne peut choisir les épreuves que le destin déposera sur notre route, c’est à nous de les accepter ou de les refuser. En pensant à toi, j’ai aussi le droit d’avoir des moments de tristesse, mais c’est aussi important d’apprendre à vivre sans se désoler d’un passé qui n’est plus. Je peux maintenant profiter du bonheur présent que m’apporte ma famille, mes petits-enfants, mes amis en acceptant les joies et les douceurs de la vie, de petits miracles qui s’alignent et donnent raison de croire que des hommes et des femmes de cœur ouvrent des chemins de justice et de paix.

Un petit texte trouvé sur internet m’a fait du bien. C’est comme si c’était toi Annie qui m’envoyait un message : en mourant, le bonheur n’est pas parti avec moi… il continue.

Une réflexion qui a rempli mon cœur de lumière et d’espoir, merci Annie dont la mémoire sera toujours celle de l’amour qui continue dans mon cœur de maman, je t’aime.

Puisse l’année 2013 nous apporter à tous amour, paix et sérénité. Je vous souhaite une bonne soirée, je suis avec vous par la pensée et par le cœur, je vous aime aussi.     

Laurette Perron St-Arneault, Maman d’Annie.

Quant à moi, manquant littéralement d’inspiration jusqu’au moment où Justin Trudeau a osé se prononcer maladroitement sur le registre des armes à feu, j’ai griffonné ces quelques mots :

Bonsoir à chacune et chacun d’entre vous.

Cette année encore, je me joins à votre soirée de poésie en souvenir des victimes de la tragédie de la Polytechnique du 6 décembre 1989. L’année dernière, je vous avais invité à espérer sans cesse en dépit de toute réalité contraire. Une année vient de s’écouler et le défi demeure inchangé. En effet, le gouvernement canadien s’était engagé à détruire le registre des armes à feu. Il y est pratiquement parvenu. Cette année, le candidat à la chefferie du parti Libéral canadien, Justin Trudeau, par simple calcul politique, se défend bien de vouloir ressusciter le registre des armes à feu.

Allez demander aux victimes innocentes ce qu’elles en pensent. Cela est non seulement un affront, mais aussi une trahison de nos politiciens.

Ce soir, élevons le son de notre voix à l’exemple des étendards portés en tête de peloton.

Nos poèmes sont nos armes.

Elles sont la puissance de nos désirs.

Elles portent la signature de notre foi.

Oui! Sachons sans cesse espérer et croire en dépit de toute réalité contraire.

Bonne soirée,

Père Serge St-Arneault, Missionnaire d’Afrique

Lusaka, Zambie

Malala Yousafzai

Lettre de Zambie, No 9 Lusaka, 14 octobre 2012

« Prions pour la jeune Malala Yousafzai, jeune pakistanaise de 14 ans que des talibans, rebelles islamistes alliés à Al-Qaïda, ont tenté d’assassiner ».

C’est par ses mots que j’accueille les membres de notre communauté chrétienne réunie pour la messe de 6 h 30. La nouvelle a fait le tour du monde et provoqué une vague de sympathie et une condamnation sans équivoque de toutes les souches de la société pakistanaise.

Pourquoi donc vouloir sa mort ?

« Nous l’avions prévenue plusieurs fois qu’il fallait qu’elle cesse de parler contre les talibans, qu’elle arrête de soutenir les ONG occidentales et qu’elle prenne le chemin de l’islam. Quiconque critiquera les talibans subira le même sort », a déclaré Ehsanullah Ehsan, porte-parole des talibans.

Chézi, Malawi, 30 novembre 2009

Ce jour-là, un 6 décembre
Un assassinat, 14 victimes innocentes
Parce qu’elles étaient des femmes
Ce jour-là, un 11 septembre
Un assassinat, 3,000 victimes innocentes
Parce qu’elles étaient Américaines
Ce jour-là, en 2003
Un assassinat, 30,000 victimes innocentes
Parce qu’elles habitaient Bagdad

Depuis ce jour-là, en Israël, en Palestine, au Pakistan, en Afghanistan, en Somalie
Des assassinats, 300,000 victimes innocentes
Parce qu’elles n’ont aucune défense contre les déflagrations

Haine des femmes, haine des Américains, haine des Arabes, haine de l’humanité
Haine de l’autre parce qu’il me déplait, parce qu’il est autrement
Haine de Dieu qui meurt dans l’assassinat des innocents

Ce jour-là, il y a 2000 ans
Assassinat des enfants innocents
Par le carnage d’un puissant roi furieux
Ce jour-là, il y a 2000 ans
Assassinat d’un crucifié
Par l’oppression aveugle des prêtres du Temple
Ce jour-là, il y a 2000 ans
Assassinat des premiers Chrétiens
Par la rage d’un empereur effarouché

Haine des enfants, haine des prophètes, haine des messagers d’une Bonne Nouvelle
Haine des petits, haine des vulnérables, haine des pacificateurs
Haine de l’Amour qui meurt dans l’assassinat des innocents
Jusqu’à quand cette haine ?
Jusqu’à quand cette rage ?
Jusqu’à quand cette tragédie ?

Aujourd’hui encore
Assassinat de la planète terre
Par seul souci du profit, du gain, de la richesse
Aujourd’hui encore
Assassinat de la faune, de la flore
Par indifférence, par inconscience, par insouciance
Aujourd’hui encore
Assassinat de la diversité des expressions culturelles
Par volonté de domination idéologique

Haine par refus de respecter l’œuvre de Dieu
Haine par appropriation du bien commun
Haine par ignorance volontaire des particularités, des différences
Jusqu’à quand cette haine ?
Jusqu’à quand cette rage ?
Jusqu’à quand cette tragédie ?

Mais il y a Celui qui a détruit la haine
Celui-là n’a pas résisté à ses bourreaux
Lui seul a ouvert la voie du pardon en profondeur

Ce que tu fais au plus petit des miens, dit Jésus, c’est à moi que tu le fais. Enfants à naître, enfants de la rue, enfants abusés
Femmes assassinées, innocentes victimes de bombes meurtrières

Forêts rasées, océans pollués, injustices planétaires tolérées
Jusqu’à quand cette haine ?
Jusqu’à quand cette rage ? Jusqu’à quand cette tragédie ?

Dieu de nos pères que nous avons oublié
Jésus, Fils de Dieu, dont le nom est profané
Esprit d’Amour rejeté.

Par ta naissance, Jésus, nait une Lumière d’Espérance
Par ta Parole, Jésus, s’ouvre le chemin de la Foi
Par ta croix, Jésus, tu nous indiques l’Amour en abolissant la haine vengeresse

Pardonne-nous, Seigneur
Guide-nous sur le chemin du pardon mutuel
Apprends-nous le sacrifice, à rendre sacré ce qui est nécessaire pour engendrer et protéger la Vie
Amen !

Haine des petits, haine des vulnérables, haine des pacificateurs
Haine de L’Amour qui meurt dans l’assassinat des innocents
Jusqu’à quand cette haine ?
Jusqu’à quand cette rage ?
Jusqu’à quand cette tragédie ?

Cet extrait de mon poème écrit le 30 novembre 2009 a de nouveau sa pertinence. D’où vient cette haine meurtrière ? Qu’est-ce qui pousse certaines personnes à défigurer le visage de l’humanité où chaque personne est une histoire sacrée ? Comme je l’ai aussi écrit pour le journal La Presse du 27 novembre 1999, en référence à la tragédie de la Polytechnique du 6 décembre 1989, il s’agit de l’assassinat d’une image. En s’en prenant à une jeune fille sans défense, les talibans ont cherché à détruire une idole imaginaire qui les effraie.

Choisir_d'aimer

Or, je découvre aujourd’hui une autre raison pour laquelle l’assassinat est commis contre les innocents. C’est la lecture d’un livre, publié en 2006 par les Presses de Taizé intitulé Choisir d’aimer, Frère Roger de Taizé 1915-2005, qui m’aide à comprendre. Ce livre retrace le cheminement du Frère Roger jusqu’à sa mort le 16 août 2005 pendant la prière du soir dans l’église de la Réconciliation. Celui qui a milité toute sa vie pour l’unité des chrétiens a été tragiquement assassiné par un acte maladif d’une femme. Les dernières pages écrites par le Frère François me donnent un nouvel éclairage sur le pourquoi de cette tragédie.

« Dans beaucoup de messages que nous avons reçus, la mort de frère Roger a été comparée à la mort violente de Martin Luther King, de Mgr Romero ou de Gandhi. À ce moment-là, cela nous a sûrement aidés de voir frère Roger dans la lignée de ces témoins qui ont donné leur vie. Toutefois, en y réfléchissant un peu plus, on ne peut pas nier qu’il y ait aussi une différence. Car ceux-là se trouvaient dans un combat d’origine politique, idéologique, et ont été assassinés par des adversaires qui ne pouvaient pas supporter leur opinion et leur influence. La mort des moines de Tibhirine, elle aussi, dans le contexte d’un affrontement politique, même s’ils ont été éliminés non par peur de l’influence qu’ils auraient pu avoir sur les événements, mais simplement parce qu’ils étaient un symbole trop fort. (…)

Frère Roger est fascinant par son innocence (c’est-à-dire quelqu’un pour qui les choses ont une évidence et une immédiateté qu’elles n’ont pas de la même façon pour les autres), sa perception immédiate, son regard. Et je pense qu’il a vu dans les yeux de certains que la fascination pouvait se transformer aussi en méfiance ou en agressivité. En effet, pour quelqu’un qui porte en soi des conflits insolubles, cette innocence a dû devenir insupportable. Alors il ne suffisait pas d’insulter ou de bafouer cette innocence. Il fallait l’éliminer. Le docteur Bernard de Senarclens a écrit à propos de la personne qui a mis fin à la vie de frère Roger : « Si la lumière est trop vive, et je pense que ce qui émanait de frère Roger pouvait éblouir, cela n’est pas toujours facile à supporter. Alors, ne reste que la solution d’éteindre cette source lumineuse en la supprimant (pages 129-133) ».

Il me semble que la jeune Malala Yousafzai a quelque chose à la fois du combat politique ou idéologique et de l’innocence dont parle le frère François à propos du frère Roger. Cette enfant fascine par sa jeunesse, son courage et sa conviction. Pour les talibans qui portent en soi des conflits insolubles, cette innocence est intolérable. La source lumineuse doit s’éteindre sans pitié. Toute personne qui vit dans des ténèbres intérieures, rage contre la clarté et la vérité.

« Si quelqu’un allume une lampe, il ne la mettra pas dans un trou ou sous un meuble, mais sur un lampadaire, pour que ceux qui entrent voient la lumière. Ta lampe, c’est ton œil. Si ton œil est transparent (innocent), toute ta personne sera lumineuse. Mais s’il est mauvais, tu seras toi aussi dans l’obscurité. Fais donc attention que ta lumière intérieure ne devienne pas ténèbres » (Luc 11, 33-35).

Jésus le Christ, lumière intérieure
Ne laisse pas mes ténèbres me parler.
Jésus le Christ, lumière intérieure
Donne-moi d’accueillir ton amour.
Chant de Taizé

Père Serge St-Arneault, M.Afr

(Johannesburg) La prix Nobel de la paix, la Pakistanaise Malala Yousafzai, a déclaré mardi lors d’une allocution en Afrique du Sud que le régime taliban a rendu impossible d’« être une fille » en Afghanistan et a appelé à qualifier « l’apartheid fondé sur le genre » de « crime contre l’humanité ».

AGENCE FRANCE-PRESSE, La Presse, 5 décembre 2023

Voyage imprévu au Malawi

Lusaka, 7 octobre 2012

La nouvelle nous a tous pris par surprise : « L’évêque émérite Patrick Kalilombé de Lilongwé est décédé le lundi 24 septembre à Zomba. Les funérailles auront lieu vendredi prochain à Lilongwé ». Pourtant, l’opération chirurgicale qu’il avait subie aux intestins s’était bien déroulée. Il prenait déjà du mieux et il blaguait, comme à son habitude. Mais voilà, il est mort en fin d’après-midi.

Au Malawi, l’événement a pris une envergure nationale. Bien connu pour ses positions innovatrices dès le début de son épiscopat en 1972 avec la promotion des communautés ecclésiales de base, cela avait suscité beaucoup d’incompréhension non seulement dans les milieux politiques de l’époque, mais aussi au sein de l’épiscopat. Bref, son mandat s’est abruptement terminé en 1976 avec son expulsion du pays. Notre confrère Kalilombé, car il était aussi un Missionnaire d’Afrique, a poursuivi des études bibliques aux États-Unis et, par la suite, a enseigné pendant de nombreuses années en Angleterre avant de retourner au Malawi en 1999. Il a poursuivi son enseignement à l’université de Zomba jusqu’en 2008. Il est donc décédé à l’âge de 79 ans après 55 années de vie missionnaire.

En premier, je ne songeais pas à m’y rendre pour les funérailles. La décision d’y aller a spontanément surgi après une brève conversation avec mon confrère malawien Edmond Banda. Nous nous sommes retrouvés à Lilongwé le jeudi vers 16 h après un périple de dix heures en voiture. Je croyais rêver. Je revoyais avec étonnement le centre de recherche et d’action sociale de Kanengo où j’avais vécu au début de mon expérience au Malawi en 2001 (voir le lien : Rivière de diamants | Serge St-Arneault | Travel).

Les funérailles se sont déroulées successivement à Zomba, à Mua, où Patrick Kalilombé est né, et à Lilongwé. De nombreux prêtres, confrères et une foule nombreuse ont assisté aux différentes célébrations liturgiques et vigiles échelonnées sur quatre jours sur une distance de plus de 300 km. L’enterrement a finalement eu lieu à Likuni, en banlieue de Lilongwé, en présence de tous les évêques du Malawi ainsi que du vice-président du pays, l’Honorable Khumbo Kachali, représentant du gouvernement.

Silivano

Cela m’a permis de retourner brièvement à Chézi le samedi matin. Je voulais revoir mon ami Chiponda. Ensemble, nous sommes allés rendre visite à l’une de ses filles qui a donné naissance il y a un an à un beau garçon qui s’appelle Silivano, du nom de mon frère Sylvain. J’avais l’impression d’un retour aux sources et de reprendre goût au Chichéwa.

Nous avons mangé un peu de nsima avec comme accompagnement des morceaux de pâte de soja. Il faut peu de chose pour fraterniser. Le chef du village qui était aussi avec nous n’en revenait tout simplement pas. Seule note inquiétante; Chiponda m’a confié que la maman de Silivano souffre de malaises au niveau de l’abdomen depuis l’accouchement de l’enfant. Le temps était trop bref pour rendre visite à la maman d’un autre bébé du nom de Loréta, du nom de ma mère Laurette.

Quelques heures vites passées, brèves salutations à mes confrères Filiyanus Ekka, indien, ainsi que Moïse Kombé Yébédié, malien, à la paroisse de Chézi et me voilà reparti. Mais, avant de retourner à Lilongwé, Chiponda m’a conduit sur les lieux d’une nouvelle école privée de niveau secondaire située à Msambo. Quel défi!

Le directeur-entrepreneur, monsieur L. Magombo, m’a fortement impressionné. Avec peu de moyens, mais une tonne de courage, il a entrepris cet audacieux projet avec pour atout la conviction que l’avenir repose sur l’éducation. Pour le moment encore, les salles de cours servent de dortoirs en attendant la construction de meilleurs lieux d’hébergement pour une soixantaine de pensionnaires, garçons et filles. Cela m’émerveille. J’y ai inscrit sans hésiter le fils de Chiponda pour sa première année d’étude.

Ayons une pensée pour le Malawi qui traverse une période d’incertitude. Les indices économiques sont catastrophiques à la suite d’une dévaluation de 100 % de la monnaie. Il y a même des voix qui s’élèvent pour prédire l’arrivée prochaine d’une famine, consécutive à la quasi-suppression des subventions pour les fertilisants agricoles. Le Malawi n’a plus de devises étrangères pour soutenir les initiatives économiques du défunt président Bingu wa Mutharika. De nombreux chantiers de construction sont arrêtés.

La jeunesse zambienne

Ma dernière lettre de Zambie remonte à environ trois mois. Plusieurs fois déjà, j’ai eu l’idée d’écrire un petit mot sans que cela se réalise. Entre temps, je vous ai fait suivre un lien au journal Le Nouvelliste au sujet de la controverse autour de l’abolition du registre des armes à feu au Canada. Encore, il y a une semaine à peine, j’ai ajouté une autre réflexion que vous avez peut-être lue sur mon blogue.

Tout cela a cependant passé presque inaperçu avec le déclenchement des élections au Québec et, ces jours-ci, les révoltes populaires et meurtrières dans les pays musulmans. Au cœur du brouhaha de ces conflits sociopolitiques et religieux, la force de la jeunesse, sa vitalité et l’espoir qu’elle suscite, voilà ce qui attire mon attention. Les Jeux olympiques à Londres ont rassemblé la jeunesse mondiale. Mais, c’est ici à Lusaka, partout où je vais, que la jeunesse m’émerveille.

J’ai surtout senti cela lorsque je suis allé à la foire agricole et commerciale qui s’est tenue au début du mois d’août. Des milliers d’exposants présentaient leurs produits incluant les services financiers, les concessionnaires de véhicules de tout genre tels que les machines et outils agricoles, les produits forestiers, les services gouvernementaux de développement, les compagnies de communication, de transformation alimentaire, d’investissement, de planification urbaine sans oublier les hélicoptères de l’armée nationale et les majorettes. Ce salon du commerce et de l’industrie a lieu chaque année depuis 1916.

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Je suis ébahi de voir toute cette masse humaine se faufiler entre les kiosques. Les enfants sont partout, à l’affut d’un spectacle ou autre attraction. Je vois de jeunes adultes affichant leur fierté et leur beauté. J’y décèle une vitalité extraordinaire. L’avenir semble possible malgré le défi économique que doit affronter le pays.

Le mois dernier, je suis allé célébrer la messe au centre universitaire situé tout juste de l’autre côté de notre rue. Ce campus déménagera en janvier prochain sur un autre site plus approprié situé à 16 km au nord de Lusaka. Une fois les travaux terminés, des milliers d’étudiants y trouveront un centre d’apprentissage de grand niveau. Les responsables sont des religieuses appartenant à la société des Filles de Marie Immaculée, une Société de vie apostolique d’origine indienne.

Leur vocation est centrée sur la lutte contre l’ignorance, l’alphabétisme, l’injustice et l’esclavage économique. Le fondateur, le père J.E. Arul Ray, a débuté en 1984 dans le petit village perdu de Keechalm, près de Thiruthani situé à 125 km de Chennai, au Tamil Nadu en Inde. Aujourd’hui, la communauté s’élève à 425 jeunes femmes, assurant la responsabilité administrative de leurs nombreuses universités dispersées à travers le monde, qui emploient aussi 600 éducateurs. Sur le continent africain, trois Campus sont situés en Tanzanie, un au Malawi, deux en Zambie et un au Sierre Leone.

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Nous accueillons souvent ces religieuses dans notre chapelle lors de la messe du matin à 6h30. Je dirais que leur moyenne d’âge est entre 25 et 30 ans. Je trouve cela fascinant : une jeunesse indienne qualifiée et responsable d’un campus au service de la jeunesse zambienne.

Récemment, j’ai aussi mis en ordre la liste de nos propres candidats d’Afrique australe. Notre centre de formation à Balaka, Malawi, accueille 40 d’entre eux. Nous en avons 12 en stage apostolique dans différent pays du continent africain, 7 sont au noviciat et 10 en théologie. En tenant compte de l’ensemble de nos centres de formation, nous avons près de 500 candidats.

« La jeunesse est toujours belle », me disait un jour une brave dame. Et je crois qu’il est possible de rester ainsi même avec l’âge. Réjouissons-nous de la jeunesse porteuse d’avenir.

Conservation du registre des armes armes à feu

Question de Gabriel Deliste du journal Le Nouvelliste, Trois-Rivières :

Au sujet de la décision de la Cour supérieure du Québec qui donne raison au Québec qui demande la conservation du registre des armes à feu malgré qu’Ottawa ait manifesté son intention de le détruire, crois-tu que la raison l’emporte sur des considérations idéologiques?

Réponse :

Bonjour Gabriel,
Oui, je suis content. Seulement, comment puis-je répondre à ta question? Ce n’est pas facile. Je me rappelle simplement que Harper a récemment invité Brian Mulroney pour lui demander conseil à la veille des élections provinciales qui laissaient déjà présagé un nouveau gouvernement péquiste. Stephen Harper n’est pas sans réaliser qu’il a perdu la confiance des Québécois. Il forme un gouvernement majoritaire sans l’appui du Québec.

La destruction des données du registre des armes à feu est perçue par une majorité de Québécois comme un affront, un manque de considération et de respect. Pourquoi s’acharner à détruire des registres qui ont été financés par tous les Canadiens alors que ces mêmes données peuvent être utilisées par les provinces canadiennes qui désirent les conserver? Cette destruction est un abus de pouvoir. Le projet de commission canadienne des valeurs mobilières en est un autre exemple.

Est-ce que la raison l’emporte sur les considérations idéologiques? Du côté du juge Blanchard, la raison semble en effet l’emporter. Par contre, cela n’est pas le cas du côté du gouvernement fédéral qui s’attriste de la décision de la Cour. Contrairement à leur affirmation, je ne crois pas que les Conservateurs ont été élus à cause de cette promesse électorale, du moins au Québec. Leur faible nombre de député en est la preuve.

Notre Premier Ministre Canadien fait face à un choix. Il peut décider de s’acharner avec sa vision idéologique. J’ose espérer qu’il fera preuve de sagesse en reconnaissant qu’un tel acharnement politique est contraire au bien commun. L’exercice du pouvoir est avant tout, ou devrait être, l’expression d’un leadership de service. Le défi est d’équilibrer en justice ce leadership en tenant compte de la diversité des provinces canadiennes.

La culture de l’arme à feu dénoncée

Publié le 23 juillet 2012 à 09h36

Photo: La Presse

Gabriel Delisle, Le Nouvelliste

(Trois-Rivières) Les nouvelles vont vite en 2012. Particulièrement de tragédies qui se propagent à la vitesse de l’éclair sur Internet et les réseaux sociaux. Serge St-Arneault, le frère d’Annie St-Arneault, une des victimes de la tragédie de la Polytechnique, a été très touché par cet autre drame lorsqu’il a appris de l’Afrique qu’un autre tireur fou avait sévi. Aujourd’hui prêtre missionnaire d’Afrique, il dénonce de la Zambie, d’où il œuvre depuis plusieurs années, la culture et le culte de l’arme à feu encore et toujours très présent aux États-Unis.

Serge St-Arneault avait déjà exprimé des réflexions au sujet du droit constitutionnel américain de posséder une arme à feu dans son livre Rivière de diamants.

Après ce qui vient de se passer au Colorado, il dénonce encore une fois le droit fondamental de porter une arme qui est, selon lui, basé sur des considérations historiques qui ne tiennent plus en 2012, plus de 200 ans après la ratification de la constitution américaine.

« Je conteste l’interprétation courante que ce droit soit inscrit comme un droit absolu, injustement interprété par la Nationale Rifle Association (NRA) américaine. Ce droit n’était valable qu’au moment de la création de milices pour assurer la sécurité d’État au moment de la guerre d’indépendance américaine », exprime-t-il deux jours après la fusillade d’Aurora.

« Or, cette urgence historique n’est plus une réalité puisque les États-Unis possèdent la plus forte armée au monde. Il s’agit d’une déformation abusive de l’histoire pour le compte d’un groupe, la NRA, qui impose son idéologie de terreur. La logique est simple: plus il y a d’armes à feu légalement accessible sur le marché, plus il y a de victimes innocentes», estime le prêtre missionnaire qui précise que «toutes les armes à feu utilisées par le «fou» au cinéma du Colorado étaient des armes achetées légalement ».

Serge St-Arneault a longtemps réfléchi sur les évènements de 1989 qui ont coûté la vie à sa sœur Annie ainsi qu’à ses treize compagnes de l’école Polytechnique.

Il a cherché longtemps à comprendre les motivations profondes du geste de Marc Lépine. Le prêtre estime que le tueur d’Aurora vivait lui aussi dans un délire.

« Le fou du cinéma du Colorado vivait dans un délire associé au pouvoir héroïque de Batman. Il a cherché à détruire une image qui l’effrayait, celle de sa propre haine contre ceux et celles qui ne le comprenaient pas. À son insu, il a défiguré le visage de l’humanité où chaque personne est une histoire sacrée. »

Tuerie dans un cinéma au Colorado

Missionnaire sans frontières