Francfort, Allemagne.
« L’autocar de l’hôtel arrivera dans cinq minutes. Tourner à droite à la prochaine porte sur votre gauche. C’est tout près. »
De Montréal, j’ai pris mon vol sur Air Canada le samedi 7 mai à 19h05 pour arriver à Francfort le lendemain à 8h20, heure locale, après un vol de sept heures. J’ai alors loué une chambre d’hôtel au Holiday Inn située à quinze minutes de l’aéroport de Francfort. J’y ai dormi une bonne partie de la journée. Trouver la sortie du terminal a été un peu compliqué vu son immensité et le passage nécessaire à l’immigration. Je trouve enfin l’endroit où faire ma réservation.
Évidemment, je me suis vite trouvé confus en voyant des autobus un peu partout. Le temps presse. Comment m’y retrouver? Où aller? Les indications! Pas évident! Paniquant, je m’informe auprès d’un passant.
« Attendez ici! Voyez! Là est l’affiche indiquant la liste des hôtels. Votre autocar s’arrêtera juste ici. »
Je possédais un papier sur lequel était inscrit le nom de l’hôtel. Le problème est que les autocars ont différentes tailles et affichent leur provenance de différentes façons. Soudain, je vois passer un véhicule où il est inscrit ‘Holiday Inn’ sur la portière. Loupé! Le prochain arrivera dans une demi-heure, m’a-t-on dit. Soudain arrive un minibus. C’est lui! Je montre mon papier au chauffeur qui s’élance sans rien dire. Je suis le seul passager.
Le trajet emprunte une autoroute qui traverse une forêt. Quelques courbes et voilà qu’apparaît le Holiday Inn. On m’offre la chambre 524 que j’ai tôt faite de payer. C’était la dernière chambre disponible pour une location de jour. Je prends ma carte d’accès de la chambre et puis l’ascenseur. Mais comment ouvrir une porte avec une carte ? Cela aurait pourtant été si facile en lisant le mode d’emploi écrit au verso ! Bref, un bon samaritain me montre comment faire.
Il y a deux petits lits et une salle de bain. Je ferme le rideau, car le soleil plombe. Vais-je passer toute la journée dans un four? Il y a une télévision et une lampe de bureau. Tout fonctionne sauf les lumières dans la salle de bain! Curieux! Me vient l’idée d’insérer la carte dans une fente placée au mur tout juste à côté de la porte d’entrée. La lumière apparaît et la climatisation se met en marche. Pas mal pour un ignorant!
Pas grand-chose d’intéressant à la Télé. Je me couche à 11h00, me réveille à quelques reprises pour me lever à 18h00. J’avais déjà pris ma douche le matin. Que faire maintenant pour me raser? La douanière à Montréal m’a confisqué ma crème à barbe.
« C’est au-delà de 10 ml. Je suis désolé. Vous n’aurez qu’à vous raser avec du savon. »
Je me fais donc une mousse avec un petit savon et me rase. Il est temps de descendre à la réception. Le minibus me ramènera à l’aéroport à 19h30. Je cherche le restaurant. Je le trouve, mais il n’y a personne. Je m’informe alors au réceptionniste qui m’a d’abord ignoré pour s’adresser en arabe à deux autres visiteurs.
« Prenez la sortie vers la terrasse juste là », me dit-il.
Les tables sont alignées à l’extérieur. Il y a de la verdure, de magnifiques arbres. Le ciel est bleu. C’est très beau.
« Puis-je voir le menu? »
Il approche 19h00 et je ne tiens pas à être en retard pour prendre le minibus.
Je regarde rapidement et choisis le premier menu sans savoir vraiment ce que c’est. Le serveur m’apporte quelques bouts de pain et une assiette avec du beurre, une demi-tomate toute minuscule et une olive noire trempée dans de l’huile d’olive. Belle entrée quand même! L’assiette ne tarde pas à venir. Sur un côté, des petites patates rondes, au milieu, des asperges blanches et une sauce béchamel. C’est succulent! Facile aussi à manger. Pas autant que la facture de $26.00.
Addis-Abeba, Éthiopie.
Je suis arrivé à Addis-Abeba vers 5h30. Voyage de nuit sans aucun sommeil. Je suis dans le terminal d’Addis-Abeba et je regarde les gens passer. Il y a beaucoup de Chinois. J’attends 8h00. En effet, la préposée au service à la clientèle m’a demandé de patienter.
Comme j’ai voyagé sur Air Canada et Ethiopian Airways, elle ne sait pas si j’ai droit à une chambre d’hôtel. Attendre ici jusqu’à ce soir 20h30 me semble long. Il y a du bruit; appels sur haut-parleurs et travaux de restauration à l’intérieur du terminal, surtout sur le toit. J’ai fait le tour. Bof! Les boutiques et restaurants ont l’air délabrés à l’image du terminal lui-même.
Le mieux serait de ne pas trop dormir durant le jour. J’arriverai à Lusaka vers minuit trente. Le temps de sortir et de me rendre à Woodlands, il sera 2h00. Si je pouvais dormir la nuit prochaine, cela me permettra de ne pas changer le jour pour la nuit pour le reste de la semaine.
Il est 9h45. La situation ne s’est guère améliorée. Ethiopian m’a proposé une chambre pour la journée au prix de 190 $. Dire que j’ai eu une chambre d’hôtel pour 50 euros à Francfort. J’ai donc décliné. Le seul restaurant visible est plutôt moche. Il y a plusieurs cuisiniers, mais les serveurs/serveuses sont d’une lenteur exécrable. On dirait un désordre organisé. Une heure d’attente pour commander un grand verre de jus d’orange frais au prix de 5 $. Une chance que je n’ai rien d’autre à faire.
On entend les scies électriques et marteaux résonner de tous les côtés. J’ai pris deux comprimés pour soulager mon mal de tête. La journée sera longue. J’ai trouvé une prise de courant. J’espérais brancher mon portable. Sauf que la prise est incompatible avec mon fil d’alimentation. Ma seule consolation est de visualiser comment sera l’aérogare une fois les travaux de restauration terminés. Il y a en effet deux immenses panneaux en face de moi illustrant le futur terminal qui sera prêt en 2017.
14h00. Les marteaux-piqueurs sont sur le toit et font un bruit infernal. Deux militaires, hommes, viennent de passer en te tenant par la main. Je calcule. Cela fait 8 heures que j’attends et il m’en reste encore autant avant que le prochain avion s’envole. Ce sera donc une attente de 16 heures. De plus, il fait chaud, de plus en plus chaud. J’ai mangé un curry ce midi en regardant un reportage sur un écran de télévision; des animaux vivants dans l’arctique polaire. Le curry n’était pas mauvais, mais sec. Il manquait la sauce barbecue de St-Hubert.
J’ai les jambes ankylosées. J’ai comme des spasmes. Ouin! Ça pourrait être mieux! Je m’interroge souvent lorsque je vois les montages de produits sur les étalages des boutiques hors taxe et les choix de restaurant. Montréal et Francfort n’en manquent pas. Pourquoi y en a-t-il autant? Ici, j’ai le sentiment qu’il n’y a rien … d’intéressant. Conclusion; je suis fatigué et il me reste encore de longues heures d’attente et un long voyage. Je dois dire que les jeunes Éthiopiennes sont très jolies.
16h00. Les préposées aux déchets m’ont réveillé. J’ai probablement dormi une heure sur un siège allongé plutôt inconfortable. Les autres bruits sont devenus un bruit de fond. Il me semble avoir entendu la pluie sur le toit de tôle. Le ciel est couvert de nuages. D’immenses fenêtres s’étalent sur toute la longueur du terminal et laissent pénétrer la lumière du jour.
J’essaie d’économiser la batterie du portable du mieux que je peux. Il me reste 30% de capacité. De quoi ajouter quelques lignes. Je vais y penser deux fois plus qu’une avant de voyager encore sur Ethiopian.
18h30. J’attends dans cet aéroport depuis 13 heures. J’ai dormi une autre petite heure sur le même siège inconfortable. Le bruit ne m’importune plus. J’ai oublié de dire plus tôt que j’ai voulu acheter une barre de chocolat avec gaufrette et un Pepsi. Total de 9 $; le Pepsi 1 $, la gaufrette 8 $. Je me suis contenté du Pepsi. Maintenant même, je viens de commander un thé et un morceau de gâteau. L’embarquement ne débutera qu’à 20h30. Ma batterie va bientôt être trop basse pour continuer à écrire.
Woodlands, Lusaka
Il est 2h24 et je suis dans ma chambre. Le voyage a été long; 45 heures au total depuis Montréal en comptant les arrêts. Le dernier vol n’a duré que trois heures. Nous n’étions qu’une vingtaine de passagers à descendre de l’avion qui poursuivait son vol vers Harare au Zimbabwe. Autre frustration; je n’ai pas pu récupérer mes bagages. J’ai donc fait une réclamation. Quand trouverais-je mes valises?
Tout juste avant de sortir, l’hôtesse de l’air m’a donné un questionnaire à remplir pour évaluer le service d’Ethiopian. Je ferais mieux d’y répondre un peu plus tard, car mes réponses vont être salées.
Un taximan m’attendait à la sortie avec mon nom écrit sur une feuille. Nous n’avons croisé personne sur tout le trajet, 25 km, pour nous rendre à Woodlands. Ni même une voiture! Rien! C’est comme un couvre-feu. Jerry, le taximan, m’a expliqué que l’élite antiémeute patrouille dans les rues la nuit et malmène quiconque s’aventure seul. Cela fait suite à l’arrestation de 12 suspects, dont 4 Rwandais, accusés d’avoir assassiné des gens selon des rituels de sorcellerie. Il semble même que l’un d’eux soit un chirurgien qui a prélevé des membres sur les cadavres, aux dires de Jerry.
Je m’attendais à ce que ma chambre soit propre en arrivant, mais ce n’est pas le cas. De plus, le tuyau d’écoulement du robinet n’est plus étanche. J’ai dû mettre un seau sous l’évier pour éviter que l’eau se répande partout. De plus, je n’ai pas sommeil. Pour me consoler, je porte ma belle robe de chambre, car il fait plutôt frais.
Lusaka, 11 mai 2016.
J’ai récupéré mes bagages hier après-midi. J’ai nettoyé ma chambre et fixé le tuyau d’évacuation du robinet. J’ai également bien dormi la nuit dernière. Lisant le journal du matin, j’ai noté que des arrestations ont eu lieu suite à ces meurtres liés à des rituels de sorcelleries. Aucun rwandais n’est mentionné, mais plutôt quatre soldats de l’armée Zambienne.
En revenant de l’aéroport, je me suis arrêté pour saluer mon ami Jean-Marie Nderere Mungu, d’origine rwandaise. J’étais inquiet à son sujet. Heureusement, il n’a pas été attaqué et sa famille se porte bien.
« Ce sont de fausses rumeurs contre les expatriés rwandais, dit-il, qui ont provoqué ces incidents. »