Un meilleur contrôle des armes à feu commence avec le bulletin de vote

POINT DE VUE / Alors que les électeurs se rendent aux urnes pour élire le prochain gouvernement fédéral, la sécurité de nos communautés et la prévention des fusillades de masse, des féminicides et des suicides sont des enjeux électoraux majeurs.

Heidi Rathjen, Diplômée de Polytechnique et coordonnatrice de PolySeSouvient

Serge St-Arneault, Frère d’Annie St-Arneault (décédée en 1989 à Polytechnique)

La semaine dernière, PolySeSouvient a partagé avec les Canadiens son analyse des actions et promesses des partis politiques. Le collectif estime que les mesures essentielles de contrôle des armes à feu ont le plus de chances d’être réalisées sous un prochain gouvernement libéral.

En tant que chef libéral, M. Carney a promis d’achever le programme de rachat des armes d’assaut. Il a également promis de mettre en œuvre les mesures adoptées dans le cadre du projet de loi C-21, dont la révocation automatique du permis de possession d’arme d’une personne trouvée coupable de crimes violents ou qui fait l’objet d’une ordonnance de protection liée à la violence conjugale ou au harcèlement criminel. Il s’est également engagé à améliorer la capacité de la GRC à tracer les armes utilisées pour commettre des crimes.

En revanche, le leader conservateur, M. Poilievre, a promis d’abroger toutes les mesures de contrôle des armes adoptées par le gouvernement Trudeau. Cela inclut la loi C-21 qui retire automatiquement les armes à feu aux agresseurs conjugaux et gèle les ventes d’armes de poing, ainsi que le projet de loi C-71 qui rétablit les registres de ventes commerciales et exige la vérification du permis d’un acheteur potentiel.

Plus inquiétant encore, M. Poilievre – qui a voté contre toutes les mesures de contrôle des armes depuis qu’il a été élu député il y a 21 ans – s’est engagé à annuler l’interdiction des armes d’assaut qu’il qualifie de simples «fusils de chasse». Ces armes posent indéniablement un danger majeur pour la sécurité publique. Notons que les chasseurs ont encore le choix entre près de 20 000 modèles de carabines et de fusils qui demeurent légaux.

Le leader conservateur propose aussi une tolérance zéro envers les activités illicites, y compris la prison à vie pour cinq chefs d’accusation ou plus d’importation ou d’exportation de dix armes à feu illégales ou plus, de même que «la Loi des trois coups» à l’américaine. Bien qu’un châtiment approprié soit un objectif louable, des peines plus sévères ne découragent généralement pas la criminalité, en particulier dans les cas de crimes passionnels, tels les homicides conjugaux, ou de crimes motivés par la haine, comme les tueries de masse qui se terminent souvent par un suicide.

La prévention devrait être la priorité absolue, et non la punition, qui arrive après que le mal est fait.

Si le problème du trafic d’armes dans les grands centres urbains comme Toronto est réel et mérite l’attention des autorités, les données probantes montrent que, à travers le pays, la plupart des armes saisies par la police et jusqu’à la moitié des armes à feu utilisées dans les homicides ont été obtenues légalement au Canada. Les conservateurs citent constamment des statistiques sur la criminalité urbaine, mais ils passent sous silence les homicides ruraux, les meurtres familiaux, les fusillades de masse et les suicides par balles.

Comme c’est le cas pour la plupart des fusillades de masse, les tireurs à Polytechnique, à Concordia, à Dawson et dans le cadre des deux massacres dont M. Poilievre a parlé au cours du débat des chefs de jeudi dernier (pour justifier l’utilisation de la clause dérogatoire sur les peines consécutives) possédaient tous légalement les armes qu’ils utilisaient. Il s’agit des événements survenus à la mosquée de Québec et des meurtres de trois agents de la GRC à Moncton.

Le gouvernement doit à la fois s’attaquer au marché illégal et empêcher la mauvaise utilisation des armes légales.

Les électeurs soucieux de la sécurité publique devraient réfléchir attentivement à leurs choix, compte tenu des deux approches radicalement différentes proposées pour lutter contre la violence par armes à feu.

LIENS

À Montréal, un autre combat

Plus de 800 kilomètres séparent la ville de Timmins, dans le nord de l’Ontario, et Montréal, là où est survenu le féminicide de Polytechnique en 1989. Quatorze femmes y avaient perdu la vie.

Deux survivantes de la tuerie – Nathalie Provost, candidate libérale dans Châteauguay–Les Jardins-de-Napierville, et Heidi Rathjen, porte-parole de PolySeSouvient – militent depuis pour le contrôle des armes à feu afin d’éviter d’autres tueries de masse.

PolySeSouvient estime que ses demandes ont de meilleures chances de se concrétiser sous un gouvernement libéral et qu’un vote pour le Bloc québécois garantirait « un appui important de la part d’au moins un parti d’opposition ». Le groupe note que le Nouveau Parti démocratique (NPD) a joué sur les deux tableaux lors de la dernière session législative. L’ensemble du caucus a finalement voté pour la loi C-21 après qu’elle eut été modifiée.

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