J’étais à La Tuque hier pour présider la messe de funérailles de Madame Alvina Lefebvre, la maman de man chère amie Thérèse Moisan avec laquelle je participais aux activités pastorales à l’école secondaire. Épouse de feu Lionel Moisan, Alvina était âgée de 101 ans.
Il y a environ une quarantaine d’années, Madame Lefebvre a composé un texte en prévision de ses funérailles.
J’éprouve toujours une certaine émotion lorsque je retourne à La Tuque.
L’église St-Zéphirin est l’église mère. C’est un impressionnant édifice aux allures d’une cathédrale.
Enfant, j’allais généralement prier avec mes parents à l’église Marie-Médiatrice, démolie il y a quelques années. Mais, en famille, nous allions occasionnellement à l’église St-Zéphirin. Les statues accrochées sur les murs m’intimidaient.
Même aujourd’hui, cette église impose sa stature. Ses vitraux illustrant l’esprit missionnaire des Canadiens français, ses colonnes de marbre, son orgue Casavant, ses mosaïques, sa hauteur, tout cela illustre la foi de nos ancêtres qui construisaient avec une vision de mille ans. Aujourd’hui, nos autorités religieuses et politiques cherchent ensemble comment préserver ce lieu de culte déserté. Y verrons-nous un jour s’y installer la bibliothèque municipale?
J’ai profité de mon bref séjour à La Tuque pour me rendre au Lac St-Louis où se tenait jadis la renommée course à la nage des 24 heures qui attirait jusqu’à 30,000 visiteurs. Commencée en 1965, cette compétition de nage a cessé en 1982.
Il ne reste plus rien de cette époque si ce n’est que le réaménagement réduit de l’édifice, qu’on appelait Le 120, devenu maintenant le Centre Sakihikan, un centre d’ancrage culturel autochtone.
Tant qu’à lui, le Lac St-Louis est devenu un petit sanctuaire de pêche urbaine durant la belle saison.
La nature a repris sa place au lieu d’avoir un lac ceinturé de béton. Le chant des oiseaux est constant au côté des bernaches qui se promènent librement.
C’est maintenant votre tour de vous rendre à La Tuque.
Hérouxville — Le mouvement d’opposition au
registre québécois des armes à feu prend de l’ampleur en Mauricie, mais se
passera sans La Tuque. Le conseil de cette ville renommée pour ses pourvoiries
et son festival de chasse demeure partisan de l’application du registre des
armes à feu, une façon de contrôler un équipement au potentiel dangereux.
Depuis quelques jours, de plus en
plus d’administrations municipales contestent le registre des armes à feu.
Hérouxville s’oppose au registre et vient d’adopter une résolution demandant au
gouvernement un moratoire sur la question. Trois-Rives a fait de même la
semaine dernière et Saint-Alexis-des-Monts s’apprête à adopter une résolution
similaire lundi. Cette orientation n’influence en rien la position de La Tuque.
Selon le maire Pierre-David Tremblay, le registre est une bonne chose.
«On a fait la réflexion sur ce
sujet récemment et on est pour. J’ai été policier à Montréal durant 27 ans. À
Montréal, 80 % des appels sont à caractère social: disputes, cas de violence
conjugale. Le registre apporte un certain contrôle. C’est bon d’en avoir, c’est
ce que j’ai vu dans ma pratique. Comme policier, ça m’a servi plusieurs fois
dans ma carrière. Plus tu contrôles, moins il y a d’armes en circulation. Et
ici, nous avons la bibliothèque
Annie-St-Arneault. Il y a toute la symbolique, un respect pour Mme
St-Arneault», raconte M. Tremblay, en faisant référence à cette victime de la
tuerie de la Polytechnique de Montréal survenu en décembre 1989.
Bernard Thompson, maire
d’Hérouxville, se dit sensible aux tragédies comme Poly ou l’attentat à la
mosquée de Québec. Il croit toutefois que l’aspect émotif devrait être mis de
côté lorsqu’on aborde un tel dossier.
«Ce sont les régions contre
Montréal. C’est là, le problème. C’est une loi bâtie à coup d’émotivité et ce
n’est pas sain. On a manqué l’aspect rationnel des choses. Qu’est-ce que ça
donne de plus, un registre? Quelqu’un doit avoir un permis (de possession) pour
avoir une arme. Si on a déjà une inscription avec le permis, après le cours de
manutention, le gouvernement a déjà les données. Pourquoi partir un registre à
coup de millions, alors que le problème n’est pas le registre? Il faut regarder
qui on a pointé avec le registre: les chasseurs. Et ce ne sont pas eux qui
tuent du monde», mentionne le maire Thompson.
Ce dernier indique que plusieurs
chasseurs l’ont interpellé sur le sujet. Michel Bourassa, maire de
Saint-Alexis-des-Monts, tient le même langage.
«Je m’en fais parler tous les jours depuis le mois de décembre. Les gens disent que le registre est inutile. Dépenser 25 millions de dollars et avoir 75 % des armes qui ne sont pas enregistrées, c’est un peu de l’entêtement. Ce qu’on entend en ville et dans les régions de chasseurs, c’est différent. Si les gens réagissent comme ça, c’est qu’ils sont assez intelligents pour voir que ça ne fonctionne pas vraiment. Ils ont l’expérience du registre canadien et il a été aboli.» M. Tremblay sait que le registre peut représenter un sujet délicat pour les chasseurs. Mais le maire de La Tuque souligne que le permis de possession d’armes à feu demeure un privilège.
«C’est la même chose que pour un
permis de conduire. T’as un permis pour utiliser le véhicule et ton véhicule
doit être immatriculé. Le permis d’acquisition et de possession d’armes à feu
n’indique pas le nombre d’armes que tu utilises. Tu aimes ton sport? Tu
immatricules ton véhicule pour aller dans le bois et tu fais la même chose avec
ton arme. Je suis un chasseur. La loi ne me brime pas. Ça prend 20 minutes pour
enregistrer mes armes, ça ne coûte rien. J’ai inscrit mes armes.»
M. Thompson et M. Bourassa
insistent sur le fait que leur municipalité n’encourage nullement la
désobéissance face à cette loi provinciale. Les deux maires croient d’autre
part que l’argent investi dans le registre devrait plutôt aller en prévention
et en soutien à des organismes.
«Selon les gens, le gouvernement
ferait mieux de mettre l’argent en santé mentale. On s’enlise dans des millions
de dollars et ça ne finira plus», dit M. Bourassa.
«Il faut parler de prévention,
avance Bernard Thompson. Il faut accorder de l’aide aux organismes
communautaires pour les couples en difficulté et au soutien aux hommes et aux
femmes avec des problèmes de santé mentale avant de mettre des millions pour un
registre qui n’empêchera jamais une personne de tirer.»
«Ce n’est pas parce que tu mets
de l’argent en santé mentale qu’on n’aura plus personne de malade», réplique M.
Tremblay.
À titre de préfet de la MRC de
Mékinac, Bernard Thompson va suggérer aux autres municipalités d’emboîter le
pas. «Je comprends ceux qui veulent se chercher une sécurité. Mais ce n’est pas
dans un registre.»