
Grâce à ses talents sportifs et ses origines autochtones, Carey Price inspire la fierté. Il est un modèle de réussite. Nous avons tous été touchés par ses absences à cause de ses blessures et de son retrait du jeu pour raison médicale.

Comme tous les citoyens de notre pays, Carey a le droit d’émettre ses opinions sur le projet de loi C-21 sur les armes à feu. Malheureusement, sa sortie publique sur les médias sociaux a provoqué un profond malaise et suscité beaucoup de questionnement. Pourquoi avoir choisi ce moment-ci qui coïncide avec les commémorations entourant la tragédie du féminicide du 6 décembre 1989 à la Polytechnique de Montréal ? Pourquoi s’associer avec une organisation qui prône la vente d’un calendrier avec le code promotionnel ‘Poly’ ? Nous en sommes vivement offensés.

The opinion of an anglo columnist doesn’t matter much in this town. But on behalf of 14 murdered women who can’t speak for themselves, I will fight any attempt to retire Carey Price’s number with everything I have. That’s a promise.
Il y a aussi eu beaucoup de confusion avec la déclaration du club de hockey du Canadien qui s’est excusé en son nom, affirmant qu’il ne savait pas ce qui s’était passé il y a 33 ans, et Carey Price affirmant le contraire le lendemain.
Quoiqu’il en soit, l’arme de chasse qu’il affiche dans ses mains n’est pas prohibée et ne figure pas sur la liste des armes qui seront prohibées dans le projet de loi C-21. Son indignation contre ce projet de loi est injustifiée. A-t-il été encouragé d’agir comme il l’a fait par quelqu’un d’autre ? Il semble pourtant défendre sa déclaration.
Loi C-21
La position de PolySeSouvient est claire et sans ambiguïté. La loi C-21 et les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino annoncés au mois de mai dernier.
En bref, la loi C-21 vise à l’interdiction globale et permanente des armes de style militaire. Ce type d’arme inclut les armes d’assaut ainsi que les armes semi-automatiques de grande capacité ou modifiables incluant celles soi-disant adaptées pour la chasse, mais conçues par les fabricants.
Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses.

La chasse sportive

Jeune, à La Tuque, je me rappelle une autre conversation que j’ai eue avec un chasseur lorsque je travaillais à l’usine de papier de la C.I.P.
– La chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile.
Dans le sport compétitif, il est normal que les équipements se perfectionnent pour espérer une victoire. Mais les armes de chasse doivent-elles se perfectionner au point de ne laisser aucune chance de survie à l’animal chassé ?
Au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit. Il est légitime d’exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiables.
33e commémoration du féminicide du 6 décembre 1989
Comme chaque année, nous nous sommes rassemblés au belvédère Kondiaronk, une vaste terrasse panoramique sur le mont Royal. Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. Selon le rituel, les noms des 14 femmes assassinées, dont ma sœur Annie, ont été nommés au moment où les faisceaux bleus étaient allumés sur le belvédère.
Puis, les dignitaires ont déposé en silence une rose blanche sur une table placée en face d’un tableau où figurait une photo des 14 femmes honorées. Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a été le premier à faire quelques pas supplémentaires pour se diriger à l’extérieur du chalet pour voir les faisceaux. Quelques-uns l’ont suivi tels que François Legault et son épouse.
Autour de moi, je n’ai pas reconnu d’autres membres des familles des victimes. Peut-être étais-je le seul ? En revanche, j’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!
Laissons parler les experts
La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.
La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu; la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël. Le président Joe Biden promet à nouveau d’interdire les fusils d’assaut aux États-Unis où il y a un puissant lobby des armes à feu.
Comme individu, il nous incombe de faire des choix librement et en connaissance de cause. Nous sommes responsables de nos décisions. Il en est de même pour la société que nous formons qui est dirigée par des gouvernements élus démocratiquement. Il faut maintenant saisir le momentum et faire des choix collectifs à la hauteur des immenses défis qui nous attendent : changement climatique, propagation de nouveaux virus, menace à l’écosystème, migration de populations menacées, etc.
La crise financière que nous connaissons en ce moment est le résultat des effets dévastateurs de la pandémie de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine, prélude de plus grandes menaces à venir. Plus que jamais nous devons nous mettre à l’écoute des scientifiques et prendre collectivement des mesures pénibles mais nécessaires qui affecteront notre style ou notre niveau de vie. Le contrôle des armes à feu, particulièrement le bannissement des armes d’assaut, s’inscrit dans ce grand mouvement de changement civilisationnel.
Le Nouvelliste, vendredi 9 décembre
«Ç’a été une réaction très forte», avoue-t-il en entrevue avec Le Nouvelliste.
Il souligne que les propos de Carey Price ont provoqué un malaise, mais également beaucoup de questionnements.
«Est-ce que ça vient de son propre gré, ou bien est-ce qu’il a été influencé par quelqu’un ou par un groupe pour faire cette déclaration à ce moment-ci? On peut se poser la question, mais je n’ai pas de réponse. On se demande pourquoi.»
Même s’il convient que l’athlète a le droit à son opinion sur le projet de loi C-21, il soutient que la notoriété de Carey Price, le fait qu’il soit une figure publique respectée, un modèle et une référence sportive, accentue le malaise et la confusion dans un débat qui est «extrêmement sensible et extrêmement important».
«Ce qu’il dit a des impacts, bien évidemment.»
«Ça nous fait mal une déclaration comme celle-là. D’autant plus que l’arme qu’il tient dans ses mains ce n’est pas une arme qui sera bannie dans le projet de loi. C’est une arme qui sera acceptée. […] Il n’a jamais été question de bannir toutes les armes de chasse», précise M. St-Arneault qui est également membre du mouvement PolySeSouvient.
Dans les derniers jours, le gardien de but du Canadien de Montréal s’est affiché très clairement contre le projet de loi C-21 sur les réseaux sociaux. Il a également manifesté son soutien à la Coalition canadienne pour les droits des armes à feu (CCDAF) qui a, elle aussi, suscité de vives réactions pour avoir utilisé l’acronyme «POLY» comme code promotionnel. Un geste qui passe mal.
«Je me sens insulté», lance M. St-Arneault.
«C’est une insulte carrément. Je pense que c’est intentionnel. Ils se sont sentis vexés qu’on s’en prenne aux armes à feu. C’est d’une maladresse… C’est un manque de sensibilité, un manque de respect, un manque total de considération… pour les femmes en particulier. C’est une espèce de provocation», ajoute-t-il.
Pour Serge St-Arneault, l’indignation du joueur de hockey est injustifiée. Le Latuquois estime qu’il faut laisser parler les experts.
«La variété des opinions est souhaitable. Elle est source de progrès et mène à des solutions. Sur des sujets complexes, l’avis des experts est une aide précieuse. Émettre une opinion sans fondement sur un enjeu important risque de mener à la désinformation.»
«La question de la définition des catégories d’armes à feu est difficile, même entre les experts. Malgré tout, de nombreux pays ont adopté des mesures restrictives sur la possession d’armes à feu: la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, la France, le Royaume-Uni et Israël», fait-il remarquer.
Rappelons que le gouvernement libéral a déposé, au printemps dernier, le projet de loi C-21 sur le contrôle des armes à feu au Canada. Un moment historique selon Serge St-Arneault.
«C’était un événement extrêmement fort, c’était électrique.»
Pour lui, les récents amendements proposés par le gouvernement fédéral respectent les engagements du ministre Marco Mendicino.
«Les armes de chasse légalement utilisées pour les chasseurs consciencieux et respectueux des lois ne sont pas prohibées. Leur chasse demeure un sport. Étant donné son caractère de dangerosité, la possession et l’utilisation d’armes à feu nécessitent des mesures de sécurité rigoureuses», note M. St-Arneault.
Ce dernier se souvient d’ailleurs de certaines conversations avec des chasseurs alors qu’il travaillait à l’usine de papier de la C.I.P à La Tuque, sa ville natale. Un d’eux lui avait alors souligné que «la chasse est un sport. Comme dans tous les sports, il faut donner une chance à l’adversaire selon les règles du jeu. À la chasse, l’animal doit avoir sa chance. Il en tient au chasseur d’être habile».
Serge St-Arneault rappelle qu’au Canada, la possession d’une arme à feu est un privilège, pas un droit, et soutient qu’il est légitime d’«exiger que ce droit s’exerce uniquement pour des chasseurs munis d’une arme à feu moins létale que celles utilisées par des militaires, conçues pour tuer, ou celles de type semi-automatique ou modifiable».
Commémoration du féminicide du 6 décembre 1989
Comme chaque année, Serge St-Arneault a participé à la cérémonie au belvédère Kondiaronk sur le mont Royal. Des roses blanches ont été déposées devant les photos des 14 femmes décédées. Leurs noms ont été prononcés au moment où les faisceaux bleus se sont allumés sur le belvédère.
«Contrairement aux autres années, et à cause de la forte pluie, la cérémonie a eu lieu à l’intérieur du chalet. La solennité de l’événement a fait place à la sobriété. […] Ce n’est pas mauvais. Ça permet de goûter le silence et la gravité de l’événement qui s’est déroulé il y a déjà 33 ans», commente-t-il.
«J’étais entouré de plusieurs dizaines de jeunes étudiantes et étudiants en génie provenant de différents centres universitaires. Cette jeunesse est un signe d’espérance. La relève est là!», se réjouit-il.
Si l’émotion est différente d’un 6 décembre à l’autre, il s’agit toujours d’une occasion de rendre hommage à sa sœur. Nathalie Provost, une survivante de la tuerie, écrivait d’ailleurs dans une lettre ouverte publiée récemment dans les médias qu’Annie St-Arneault était femme lumineuse, le genre de personne qu’on ne peut pas s’empêcher d’aimer, et qu’elle faisait l’unanimité.
Elle soutient qu’elle était une femme douce, curieuse, et ouverte d’esprit, ce à quoi acquiesce le frère d’Annie St-Arneault.
«C’est une très belle définition d’Annie», a-t-il conclu.
Peut-on conclure que plus il y a d’armes à feu en circulation, plus il y a de morts accidentelles ?
Oui, évidemment. « Mais c’est surtout l’encadrement légal qui fait la différence », note Francis Langlois, professeur au cégep de Trois-Rivières et chercheur associé à l’Observatoire sur les États-Unis de la chaire Raoul-Dandurand.
DAVANTAGE D’ACCIDENTS MORTELS AUX ÉTATS-UNIS
En 2020 aux États-Unis, près de 500 personnes ont été tuées par un coup de feu accidentel. C’est beaucoup plus qu’au Canada, même en tenant compte de la population. Selon Statistique Canada, le nombre de personnes tuées au pays par une décharge accidentelle d’arme à feu a connu des hauts et des bas depuis 20 ans. Entre 2000 et 2004, il se situait entre 18 et 20 par année, avant d’amorcer une diminution qui allait atteindre seulement 2 décès en 2014 (le fameux Registre des armes à feu a été aboli en 2012). Depuis huit ans, le nombre de morts a recommencé à augmenter, atteignant 15 décès en 2020 (dernière année pour laquelle les données sont disponibles).