Les Québécois sont de sacrés farceurs. Ils aiment se présenter comme un peuple jovial. Ils s’affichent différents des autres et ils sont les champions du paradoxe et de la contradiction.
Ils utilisent un vocabulaire différent de celui des francophones de la planète. Quand une chose leur plaît, ils s’écrient : « C’est pas pire pantoute ». Devant une belle femme, ils déclarent : « Est pas laide ». En hiver, à -30 °C, ils affirment : « Ça s’endure ». Devant une femme qui les attire physiquement, nombre d’hommes murmurent, un sourire en coin : « J’y f’rais pas mal ! ». « M’aimes-tu ? » répètent les Québécoises sentimentales. « Je t’haïs pas », ont tendance à suggérer les chéris. (…)
D’ailleurs, l’on peut même se demander si cette pandémie ne sera pas libératrice de cette tendance québécoise à chercher à atténuer la réalité ou à refuser de l’affronter. À se faire des accroires, comme disaient nos ancêtres. (…)
Or, l’utopie québécoise est à repenser, car nous ne pouvons plus tergiverser sans risque d’y perdre définitivement notre identité.
Mon opinion sur ces affirmations
D’après Denise Bombardier, nous avons tendance à atténuer la réalité ou à refuser de l’affronter. Je me reconnais dans cette attitude. Là où ça se complique, c’est de dire que nous risquons de perdre notre identité en tergiversant de repenser notre « utopie québécoise ». En effet, notre perpétuelle crise identitaire est intimement liée à notre histoire, elle-même confrontée à l’altérité.
Citant le sociologue Marcel Rioux, Gilles Bibeau[i] relève que; « … les sociétés répondent toutes, et le Québec ne fait pas ici exception, par une double stratégie lorsqu’elles sont confrontées à l’altérité. D’un côté, la construction de l’identité se fait par renforcement de l’héritage reçu, répétition de l’identique et « retour sur soi » dans une quête des racines, une voie que le Québec a empruntée spontanément chaque fois qu’il s’est senti menacé. De l’autre, l’identification se fait par rapprochement, parfois par métissage, avec l’étranger, par emprunt au monde du voisin et par colmatage des écarts entre soi et les autres, une voie que le Québec a surtout privilégiée, selon Rioux, au temps de l’origine quand il s’est constitué en tant que société coloniale vivant des alliances avec les Premières Nations (page 326).
Thème largement utilisé par les historiens québécois et récemment repris par Éric Bédard[ii], la « survivance » de notre nation semble réapparaître depuis la défaite du référendum de 1995. N’est-ce pas là le propre de notre identité depuis l’arrivée de Jacques Cartier en 1534?
Nos ancêtres ont vraisemblablement atténué la dure réalité dès leur arrivée dans leur Nouveau Monde pour tenir le coup, pour « survivre ». Peu nombreux pendant tout le XVIIe siècle, ils ont néanmoins parcouru de vastes territoires. La dure réalité a toujours fait partie de leur quotidien. La conquête anglaise a ajouté un surplus de précarité collective. Denise Bombardier se limite à 1759, mais l’échec de la rébellion de 1837 a aussi causé un profond traumatisme collectif. Je ne m’étonne pas que nous ayons ainsi développé un goût pour atténuer la dureté de la vie avec une expression comme; « ça va pas pire! » au lieu de dire « ça va mal! ». D’ailleurs, dès le début de la pandémie de la Covid-19, ne disait-on pas; « Ça va bien aller! »? Il y a une année de cela. À vrai dire, c’est un mécanisme de défense pour toutes les personnes menacées, marginalisées, colonisées.
À propos, j’ai demandé un jour à un Zaïrois, lorsque j’étais à Gety au début des années 90, comment il allait. « Ça semble aller », a-t-il répondu pour atténuer la dure réalité. En effet, le pays traversait une période de révoltes populaires, d’anarchie et l’écroulement du Mouvement Populaire de la Révolution, Parti unique instauré par le Président Mobutu Sese Seco Kuku Mbengu Wa Za Banga en 1965 qui sera d’ailleurs renversé en 1997. J’ai alors osé ajouter la question; « Comment ça semble aller? ». « En quelque sorte » fut sa réponse.
Et maintenant, après une année de distanciation sociale et de confinement, comment allons-nous? Le 23 janvier dernier, notre premier ministre François Legault a déclaré que « Ça va aller mal avant d’aller mieux… ». Changement de ton évocateur d’une lutte à mener pour vaincre.
Affronter la réalité
Je diffère d’opinion par rapport à celle de Denise Bombardier sur un point. Nous n’avons pas refusé collectivement d’affronter la réalité. Nous avons simplement choisi les armes de combat approprié pour gagner : alliances avec les Autochtones, adaptation, ténacité, endurance, détermination, débrouillardise, ingéniosité, autosuffisance, humour, solidarité et le slogan « on va les avoir les Anglais! »
C’est un peu comme la tragique histoire des Chewa du Malawi. Vers 1840, ils ont été envahis par les guerriers Ngoni d’Afrique du Sud, de loin plus combattifs et physiquement supérieurs. Les ‘petits’ Chewa ont capitulé devant l’ampleur de l’envahisseur. Mais ils ont gagné à l’usure, avec le temps. Les épouses Chewa des guerriers Ngoni ont assuré la transmission de l’identité culturelle chewa à leurs enfants. Les Ngoni n’ont conservé que quelques pas de danse de leurs lointains ancêtres et les grandes plumes d’autruche de leurs apparats.
Selon Gilles Bibeau, citant l’écrivaine nigériane Chimanmanda Ngozi Adichie dans Le Danger d’une histoire unique (2009), pour que nous puissions nous libérer de la partialité attachée à l’« histoire unique », nous devrions prendre au sérieux l’idée que l’histoire est faite, partout, d’un empilement hétérogène de versions du passé et qu’il faut s’efforcer de les conjuguer si l’on veut s’approcher de la réalité et en dire toute sa complexité. Plus qu’un musée où le passé serait restitué à travers des vitrines ordonnant et classant les événements, l’histoire est, ou devrait être, une science du changement (page 328).
Que dire de plus à Denise Bombardier?
Il y a des lieux, des moments particuliers de nos vies personnelles et collectives où l’affrontement doit se faire en atténuant (rendant moins dramatique) la dureté de la réalité. C’est une question de survie. Collectivement, à ce niveau, nous sommes bons! En période d’incertitude, le réflexe de la survivance devient notre salut. Il y a une dimension eschatologique dans cette attitude; notre endurance est promesse de victoire. Ainsi donc, atténuer la réalité ne signifie pas de refuser de l’affronter.
En effet, selon Denise Bombardier : Un sondage pancanadien de l’institut Angus Reid sur la crise de la COVID-19, publié hier dans La Presse, indique que les Québécois, avec le nombre le plus élevé de décès au Canada, estiment à hauteur de 51 % que 2020 était difficile, alors qu’au Canada anglais, ils sont 63 % à l’avoir trouvée difficile.
Or, en ce qui a trait à cette promesse de victoire, ne pourrions-nous pas en dire autant pour les Chewa du Malawi, des Autochtones du Québec et des Amériques ainsi que d’innombrables autres nations en état de « survivance »? Vivement la venue d’une science du changement.
Mise au point au sujet de l’allusion de Denise Bombardier à la Révolution tranquille!
Nous avons inventé l’expression « révolution tranquille[iii]», dit-elle, une contradiction dans les termes comme on l’a toujours pratiquée.
Pour être plus exact, ‘nous’ n’avons pas inventé cette expression. Selon Jean-Philippe Warren[iv], sociologue et professeur à l’Université Concordia[v]; la désignation anglaise (« quiet revolution ») des premières années du gouvernement libéral (de Jean Lesage) a été rapidement récupérée par les politiciens, les journalistes et les intellectuels de langue française, ce qui en solidifia les assises dans l’imaginaire collectif.
Ce qu’il faut réaliser, c’est que la « quiet revolution » du Québec faisait écho à toute une série de tentatives de relèvement national de par le monde. Ce qui se passait au Québec, sans être la règle, n’était pas l’exception non plus. Les réformes du gouvernement libéral provincial prenaient place dans un contexte de bouleversement planétaire. Les années soixante ont en effet correspondu un peu partout à une période de profonde remise en cause des anciennes manières de faire dans les sphères politiques, économiques et culturelles.
René Lévesque parlait d’« accélération de l’histoire » et André Laurendeau d’« évolution rapide ». Les Québécois n’ont fait que récupérer pour eux-mêmes un concept qui était dans l’air du temps et qui servait déjà à qualifier toute une pléiade de plans de réformes en Asie, en Afrique et en Amérique latine.
Conclusion
Denise Bombardier affirme que les Québécois sont champions du paradoxe. En effet, nous sommes des êtres paradoxaux « à condition d’ajouter qu’il s’agit là d’une stratégie typique de survie que tendent à développer les personnes et les sociétés lorsqu’elles sont confrontées à des situations de marginalisation, exclusion, rejet. En un mot, lorsqu’elles sont en situation d’infériorité, de subalternité. Le contenu à donner au mot « paradoxe » ne serait donc pas celui que lui donne Madame Bombardier. On gagne davantage à vouloir être deux choses en même temps – Yvon Deschamps ne disait-il pas qu’on rêve d’un Canada fort dans un Québec libre ? Les Québécois peuvent en effet être des nationalistes sans rejeter le modèle fédéraliste. En étant les deux, on gagne toujours[vi] ».
Pour gagner un combat, il faut parfois atténuer la réalité grâce à une attitude dite de « survivance ». Certes, celle-ci peut déjà paraître une forme de défaite. Cependant, elle recèle une victoire engendrée par l’endurance ou une ténacité insoupçonnée. Se projeter vers l’espoir d’une vie meilleure, malgré la dure réalité, même la mort, est un gage de réussite. Celle-ci, accompagnée par la foi, en soi et en Dieu, nous oriente vers d’infinis horizons.
[iv] Que j’ai rencontré pour la première fois à Mua au Malawi vers les années 2003/2004, lui et sa petite famille en touristes et moi comme directeur adjoint du Centre Culturel Kungoni dirigé par Claude Boucher Chisale.
[v] HistoireEngagée.ca, Là où le présent rencontre le passé, ISSN 2562-7716, 14 septembre 2016.
[vi] Opinion personnelle partagée par Gilles Bibeau à la lecture de cet article.
La trame de fond de cette œuvre1 est tout à fait d’actualité. Le premier acte met en relief les préjugés tenaces à l’endroit des missionnaires, préférablement catholiques, et de la religion chrétienne perçue comme une entité étrangère imposée à la tradition africaine.
D’ailleurs, peu de temps après mon retour au pays, j’ai rencontré un directeur de musée qui me demanda à brûle-pourpoint :
— « Avez-vous fait beaucoup de conversions en Afrique? »
Voilà une conception bien ancrée dans l’imaginaire collectif; le missionnaire conquérant qui part sauver des âmes.
— « Je n’ai fait aucune conversion que je sache, lui dis-je, si ce n’est que d’approfondir la mienne. J’ai toujours considéré ma mission comme étant celle d’accompagner avec respect et disponibilité les Africains que j’ai eu le privilège de connaître. Je n’ai jamais eu le souci de dire à qui que ce soit ce qu’il devait faire ou croire. Ce qui compte est d’établir un lien de confiance. L’essentiel est dans la manière de faire, la manière d’être. Le témoignage ‘parle’ davantage que bien des ‘mots’. »
De fait, j’ai mis beaucoup d’effort dans l’apprentissage des langues et je me suis initié aux coutumes et exploré l’histoire des peuples qui m’ont accueilli. Cela a varié considérablement selon les pays et les ethnies. Il y a autant de différences linguistiques et culturelles entre les populations africaines d’Afrique de l’Ouest que celles d’Afrique Australe qu’il peut y en avoir entre un Norvégien et un Grec même s’ils sont Européens. Néanmoins, lentement, les coutumes, de combien éloignées l’une de l’autre, trouvent des complémentarités.
Toute forme d’échange sous-tend un élément d’accueil, une forme d’importation qui est soit acceptée ou bien rejetée. Un discernement s’impose. C’est parfois bénéfique ou, au contraire, nocif. Parmi tout l’éventail d’idéologies économiques, politiques ou religieuses, le plus néfaste a été et demeure les idéologies colonialistes associées à la prolifération des armes de guerre. Les conflits armés ravagent tout sur leur passage. Je le sais pour l’avoir connu en République Démocratique du Congo dans les années 90 lorsque les militaires brûlaient les villages pour soi-disant pacifier le pays. Détruire est chose facile. Par contre, retisser les liens sociaux prend beaucoup plus de temps alors que les traumatismes perdurent.
Je me rappelle, du jour au lendemain, j’ai vu les gens se lever comme un seul homme pour aller combattre l’envahisseur. Même les grands-mamans marchaient avec une lance à la main, les enseignants, les enfants. Un spectacle incroyable. Des boissons à base d’herbes cueillies dans la brousse procuraient, selon la croyance, des propriétés d’invincibilité. En temps de crise, les réflexes ancestraux refont surface en éclipsant une foi chrétienne épidermique. Il ne faut pas se faire d’illusion; si la prédication de la foi en Jésus-Christ en terre africaine subsaharienne ne date réellement que d’environ cent cinquante ans, que dire alors des peuples européens qui ne sont pas encore « convertis » malgré 2000 ans de prêche?
Tout comme l’a dit le Cardinal Lavigerie2, c’est ma conviction que l’approfondissement du message évangélique s’établira par les peuples africains eux-mêmes. Qui peut mieux comprendre le sens des paroles de Jean Baptiste qui demande aux soldats de ne brutaliser personne, de ne pas faire de chantage et de se contenter de leur solde (Luc, 3,14) que ce catéchiste que j’ai connu à Gety au Congo qui a souvent fait face aux harcèlements des militaires? Selon Guy V. Amou, « cela explique en partie pourquoi nous nous sommes montrés réceptifs au message du Christ en dépit du traumatisme associé à notre rencontre avec ceux qui l’apportaient » (page 71).
En terme sociologique, il y a constamment un danger d’aliénation en absorbant sans nuance ou critique un processus de socialisation. Dans cette même ligne de pensée, Guy V. Amou propose d’offrir «une grille différente pour une lecture du monde » (page 70). C’est ce que mon confrère Bernhard Udelhoven a démontré dans son livre intitulé Unseen Worlds3 qui donne des pistes de réflexion sur la manière d’aborder le monde des esprits, de la sorcellerie4 et le satanisme.
Il ne s’agit pas de savoir si ces croyances sont vraies ou fausses. Là n’est pas la question. Le monde des « esprits » est une « réalité » comme l’air qu’on respire. Dans cet univers mental, ou cette vision du monde collectivement partagée par beaucoup de peuples africains, même dans la modernité, les grilles d’analyse associées à ces « réalités » sont tout aussi valables, appropriées et porteuses de sens que peuvent être les croyances ou superstitions occidentales. C’est une question de contexte culturel.
Or, les coutumes, les idéologies, de même que les textes sacrés ou religieux ainsi que les traditions ancestrales, aussi structurantes soient-elles socialement parlant, peuvent engendrer des formes d’aliénations collectives si elles ne sont pas remises en question. Il ne faut jamais oublier que toute forme de structure sociale ou mentale est d’origine humaine, fruit d’un processus d’assimilation ou d’intégration où l’éducation joue un rôle crucial. Il faut donc du courage, de la confiance en soi et la foi pour oser questionner l’ordre établi.
À ce titre, les accusations que Jésus porte contre les autorités religieuses du temple de Jérusalem l’on conduit à la mort. De dire que « le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2, 27) signifie que les structures inhérentes à toutes les formes de socialisation sont faites pour l’avancement et la promotion des humains (libération) sans quoi, dans une mutation figée et absolue, se profile un danger d’enfermement (enfer!) ou encore d’aliénation.
Ainsi donc, il faut aussi se méfier des mécanismes de contrôle inhérents à toute forme de structure sociale, familiale, politique, économique et même (ou surtout!) religieuse. C’est là le propre des structures de radicalisation qui rejettent toutes autres formes de pensée que celles établies par les dogmatistes, les fondamentalistes, les extrémistes ou les sectaires et suprématistes de tout acabit. Selon Guy V. Amou, « la culture, où qu’elle soit, ne peut survivre en répudiant toute forme d’évolution » (page 72). Autrement, cela conduit « à la mort de l’âme ou du spirituel. »
Parallèlement, la parole de l’Évangile, au-delà du christianisme historique européen, est certes « étrangère, mais pas incompatible » (page 73), car le cœur de l’être humain est partout le même indépendamment des cultures, coutumes et rituels. Chacune de ses formes d’expression n’entrouvre qu’une facette de la fenêtre culturelle comprise dans le sens d’une expression ponctuelle ou d’une vision particulière du monde basée sur une perception limitée et incomplète.
L’attitude essentielle pour une rencontre interculturelle productive est celle de l’ouverture du cœur et l’absence de jugement. Dès mon arrivée au Congo, les gens me questionnaient à propos d’un missionnaire qui était retourné en Belgique après tout au plus une dizaine d’années. À leurs dires, il n’avait pas réalisé beaucoup d’œuvres sociales telles que des constructions (chose très répandue chez les missionnaires : écoles, dispensaires, églises, etc.), mais « il nous aimait »! Émerveillement, respect et amour sincère sont les ingrédients nécessaires pour que la rencontre des cœurs surpasse les limites culturelles. Cela permet même de s’accueillir réciproquement au-delà des différentes croyances.
LE DEUXIÈME ACTE
Le deuxième acte du livre se réfère à Saint Augustin (pages 106-107). Amou développe l’idée que « la musique affirme l’intelligence des sens.Et cette intelligence n’est rien d’autre que … le souffle divin en chaque être humain ».
Qu’en est-il alors de la richesse musicale des milliers de langues africaines? N’y a-t-il pas là aussi l’expression d’une intelligence des sens? La signification des mots, leur portée et leur évocation composent une grande richesse avec son lot de proverbes, de chants, de danses et de rituels qui ont pour source l’inspiration divine. Missionnaire au Malawi depuis 50 ans, mon ami Claude Boucher ne cesse de répéter que l’Esprit de Dieu agissait dans la vie de « nos » ancêtres bien avant l’arrivée des premiers missionnaires européens5.
Chaque peuple africain a conçu son mythe de la création; chez les Chewa d’Afrique Australe, le premier homme a été capturé dans un filet de poisson, chez les Ngoni du Malawi, il a été obligé de descendre des cieux par une corde6en punition pour avoir enfourché le taureau réservé à Dieu seul.
Ces nombreux mythes illustrent à leur façon l’ordre hiérarchique de la société, ses lois et tabous. Les noms de Dieu reflètent aussi une évocation de son mystère : il est nommé Mzimu Wamkulu = l’Esprit suprême, Chiuta ou Chauta = le Grand Arc-en-ciel, Chisumphi = le Donneur de la pluie, Leza = le Pourvoyeur, Namalenga ou Mlengi = le Créateur de l’homme et du monde.
Il n’est donc pas étonnant que la révélation du « Dieu Père » des Évangiles ait trouvé sa place dans le cœur des Africains au-delà de la dichotomie, souvent perçu comme une opposition, entre la foi ancestrale et le message apporté par les missionnaires. Essentiellement, c’est la même mélodie qui se fredonne; celle du « souffle divin en chaque être humain ».
Néanmoins, pour qu’une mélodie devienne harmonieuse, la parole, tout comme le souffle, a besoin d’un encadrement porteur de sens. Un simple son devient une parole dans la mesure où il est compris. Ce concept est minutieusement élaboré par Guy V. Amou dans le personnage de Joachim, un passionné de l’intégration des jeunes Africains au Québec par le biais de la formation de groupes d’échanges (page 123).
« L’objectif visé, dit-il, est de les ramener à définir, par eux-mêmes, ce qui, d’un point de vue culturel, les lie les uns aux autres » (page 125).
La démarche devient alors pédagogique en incluant la réalité québécoise. Une intégration réussie exige une attention « au patrimoine culturel de nos hôtes » (page 127). Quel est donc ce patrimoine?
LE TROISIÈME ACTE
La réponse se trouve dans le troisième acte. Selon l’auteur, ce patrimoine inclut l’apport indispensable des traditions autochtones (Amérindien, Métis ou Inuit7 françaises et gaéliques (page 169). Cela me semble particulièrement vrai en ce qui concerne les Amérindiens. Depuis plusieurs années, il y a en effet un éveil national dans tout le Canada pour tenter de faire réparation pour les erreurs historiques commises à leur détriment. En revanche, peu de choses sont dites de nos jours dans l’intégration des éléments culturels anglophones que nous avons assimilés comme peuple conquis il y a un peu plus de deux cent cinquante ans.
Selon Éric Bédard8, beaucoup d’historiens et d’intellectuels ont eu recours au concept de la survivance pour résumer les années qui s’écoulent de 1840 à 1950. Ce concept permet de souligner que le peuple canadien-français a tenu tête en démontrant qu’il possède une culture, un folklore et une mémoire collective. Malgré la grande pauvreté matérielle qui a sévi après la rébellion de 1837, ce peuple est parti à la conquête « des pays d’en haut9 » sous l’inspiration légendaire du curé Antoine Labelle.
Se distançant du pouvoir politique, ce peuple a aussi trouvé en l’Église Catholique un lieu où affirmer son identité et maintenir sa survie en affirmant sa foi catholique et la langue française. Cela a pris fin au tournant de 1950 qui nous a conduits à la Révolution tranquille10. L’avènement de l’identité québécoise des années 1960 a été la rupture avec la survivance. Nous n’étions plus de ceux « nés pour un petit pain11.» D’immenses chantiers ont vu le jour : nationalisation de l’électricité, réforme dans les domaines de la santé et de l’éducation, création de nouveaux leviers économique, etc.
Mais, était-ce trop tard? En effet, nos manières de penser, de manger, de travailler, d’administrer nos vies personnelles et sociales, même notre accent, sont plus proches de nos voisins anglophones que nos cousins Français. C’est à se demander si nous ne serions pas devenus, culturellement parlant, des Anglais d’expression française. Qu’à cela ne tienne, Amou met en relief l’attitude requise qu’il faut privilégier et qui consiste à « se rendre disponible aux modulations de l’univers autour de soi » (page 169). Curieusement, peut-être y a-t-il dans ces mots quelque chose de l’ordre ou du concept de la survivance? En effet, « se rendre disponible » ne veut pas dire « assimilation ».
Je ne peux m’empêcher ici de m’attarder un peu sur le traumatisme collectif vécu par les Canadiens12 suite aux défaites de 1759 et de 1837. Il faut se rappeler que l’état de guerre a prévalu pendant toute la période du régime français. Les massacres perpétrés par les Iroquois et les affrontements incessants contre les Anglais fragilisaient constamment une petite population déjà aux prises avec un taux élevé de morts causés par les noyades ou naufrages, les maladies (la petite vérole ou picote) ou par le gèle en période hivernale13.
« Soumise à une double capitulation, celle de Québec en 1759 et celle de Montréal en 1760, la Nouvelle-France y laisse ses biens, son prestige et jusqu’à son nom. (…) Dépossédés, spoliés, en partie ruinés, 60,000 habitants se retrouvent après la défaite dans un pays misérable14. »
Ensuite, de 1840 à 1870, au moment où triomphait le libéralisme économique, l’Église Catholique a agi comme un état en l’absence de l’État en prenant en charge, au nom de la charité chrétienne, les soins de santé et d’éducation pour ne nommer que ceux-là. En insistant sur la préservation de la foi et de la langue face à l’ennemi identifié comme « Anglais et protestant15», l’institution cléricale a finalement privilégié une religiosité basée sur la sacramentalité et les dévotions plutôt que l’accompagnement des croyants dans leur quête spirituelle plus intime. Bref, « il est impératif de critiquer notre passé collectif dans un Québec encore malade et souffrant de son passé religieux16. »
Le professeur Norman Cornett va dans le même sens en affirmant que « Le Québec, à cause de son histoire qui lui est spécifique en Amérique du Nord, jusqu’à la Révolution tranquille, doit faire le bilan de ce lourd passé quant à la religion (catholique). » Certes, « Au point de vue de la religion organisée, institutionnelle, dogmatique, le Québec vit une réaction à cause de ce passé pré-Révolution tranquille. Mais faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain? Là, il faut se poser la question. L’héritage du Québec est quand même riche et une bonne partie de cet héritage, de cette histoire, relève de la religion. Alors, prenons ce qui est bon et sachons faire la part des choses17. »
« Collectivement marqué par la religion catholique, le Québec ne pourra jamais s’expliquer sans elle. D’autre part, il n’y a pas de nécessité absolue entre ‘être québécois’ et ‘être catholique’. (…) Comment les Québécois feront-ils la paix avec leur passé religieux sans perdre l’acquis de leurs parents18? »
En d’autres mots : Comment concevoir un avenir personnel ou collectif sans tenir compte de son passé ? Au dire du professeur Norman Cornett « la langue en elle-même ne suffit pas pour garantir l’avenir du Québec. Il faut une substance culturelle. Or, dans une certaine mesure, la religion fait partie de cette substance. Il faut avoir une masse critique culturelle suffisamment affirmée pour assurer l’avenir de la société québécoise ou la nation québécoise19. »
Gilles Bibeau interprète cette observation en disant que « le Québec ne pourra survivre comme peuple à l’âge postmoderne que s’il s’appuie sur sa culture historique et que s’il reconnaît que la religion catholique se situe au cœur de cet héritage20. »
Tout récemment, j’ai trouvé des propos semblables émanant de Fatima Houda-Pepin21 publiés dans Le Journal de Montréal22 au sujet de l’épineuse question du retrait du crucifix du salon bleu du parlement. Pour elle; « Outre les Autochtones, le Québec est une nation fondée par des Canadiens français catholiques qui ont laissé leurs marques dans l’histoire, et cette histoire est aussi religieuse. L’Assemblée nationale en est dépositaire. »
Je note aussi que les deux premières lignes de notre hymne national se chantent par ces mots : Terre de nos aïeux, ton front est ceint de fleurons glorieux, car ton bras sait porter l’épée, il sait porter la croix! Ton histoire est une épopée des plus brillants exploits. Voici deux de ces fleurons glorieux :
« La conquête anglaise (de 1759) brisa d’un coup tout le rouage de l’administration civile, tout en laissant intacte la même organisation. Gouverneurs, intendants, conseillers et commandants étaient partis; les principaux seigneurs s’enfuirent à leur tour de la colonie, et ainsi le peuple, qui n’avait jamais appris à se gouverner ou à s’aider, se vit abandonné à ses propres conseils. L’anarchie s’en serait suivi sans les curés de paroisse, qui, assumant une mission de double paternité, à la fois spirituelle et temporelle, devinrent plus que jamais les seuls gardiens de l’ordre, par tout le Canada23 ».
Aussi, après la défaite de 1837, « l’Église a su user de la liberté religieuse pour construire un ensemble remarquable d’institutions fondées à la fois sur la sociabilité paroissiale et sur la dynamique d’ordre religieux en pleine expansion24 » À cela, dans une entrevue avec le sociologue Gérard Bouchard25, celui-ci aborde ce sujet sous l’angle des valeurs : « Quelles étaient les valeurs que l’Église Catholique essayait d’inculquer à ses fidèles québécois? Les valeurs de charité, d’égalité, de compassion, la solidarité. Il y a ça dans le crédo catholique. Elle a pas mal réussi de ce point de vue-là, je trouve. On est la société la plus égalitaire d’Amérique du Nord. Dans la lutte contre la pauvreté, on a fait preuve d’une efficacité extraordinaire durant les trois dernières décennies du siècle. Mais, je veux dire, collectivement, il faut être fier de ce qu’on est26. »
LA DERNIÈRE SCÈNE
Pour revenir maintenant aux personnages de David et de Céline dans le premier chapitre du roman de Guy V. Amou, ceux-ci représentent bien ces Québécois modernistes et avant-gardistes aux prises avec des questionnements identitaires. Il y a une peur à peine voilée dans les dialogues qui illustre bien celle qui s’est insérée dans notre psyché collective. La structure pyramidale du pouvoir clérical exerçant sa maîtrise bienveillante à l’image d’un dieu « tout puissant » s’apparente à une forme de mécanisme de contrôle qui caractérise les idéologies. J’ai déjà souligné cet aspect un peu plus haut. C’est là que se situe le danger d’aliénation! Peut-être y a-t-il ici l’une des raisons qui motivent les militants de la laïcité à agir pour le retrait de toutes formes de signes religieux dans l’espace public.
Dans un tel contexte, bien involontairement, la présence des migrants fait renaître chez les Québécois une peur de la religion perçue avant tout « comme une institution dont on a perdu le sens27 ». Le problème n’est donc pas chez les migrants, mais chez nous, c’est-à-dire dans notre propre perception remplie de craintes qui nous ancrent encore une fois dans un réflexe de « survivance » saupoudré de colère! Saurons-nous un jour nous « rendre disponibles aux modulations de l’univers autour de soi »? En d’autres mots, comment se faire confiance et faire confiance aux autres? C’est une question de choix. Pour contrer le danger d’aliénation, en tant qu’individu ou collectivement, nous devons faire des choix le plus consciemment possible en tenant compte de paramètres rigoureux (lois, règlements, constitutions, contrats, conventions, ententes, etc.) que ces choix présupposent. Le danger est de suivre une pensée dominante ou une idéologie sans discernement parce que « c’est comme ça28! »
ÉPILOGUE
Pourquoi l’histoire de Joachim devient-elle si tragique dans cette pièce de théâtre? Pourquoi un tel drame? La vie peut-elle être autre chose qu’une succession de tragédies personnelles et collectives? Je dis cela en référence à l’omniprésence des « esprits ancestraux » toujours aux aguets pour s’assurer que les enseignements transmis par la tradition soient observés. Au Malawi, cela s’appelle le mwambo. Cette expression englobe les rituels, les liturgies, la culture et les traditions c’est-à-dire tout ce qui empreinte le caractère identitaire des Chewa.
Selon ce concept, tout écart de conduite engendrera assurément un malheur tel qu’un accident, la maladie ou la mort. Cela a pour conséquence de générer une peur viscérale paralysante qui freine tout effort de changement au niveau familial, religieux ou encore politique.
Heureusement, la pièce théâtrale de Guy V. Amou ouvre des horizons libérateurs; certes expatrié, mais exilé, jamais! (page 165). J’ai moi-même vécu dans trois pays africains, le plus récent étant la Zambie. Essentiellement, ce que j’ai découvert semble a priori simpliste; la plupart du temps nos paroles s’évanouissent alors que nos gestes, nos regards et nos attitudes restent encrés dans les mémoires29.
C’est cela qui, me semble-t-il, m’a permis de me sentir à l’aise partout où je suis allé. Librement, je suis parti, librement je reprends contact avec mes racines québécoises après 36 ans de périple en Europe et en Afrique. Selon Guy V. Amou, cela est possible dans la mesure où nous conservons nos « attaches inusables avec nos origines » (page 165).
La liberté est un concept philosophique. De son côté, la libération voisine le pardon sincère à l’exemple de l’acteur principal de la pièce de théâtre; Joachim. Y a-t-il là un parallèle avec le drame de la mort injuste de Jésus sur la croix? En y pensant bien, c’est par ce sacrifice que l’humanité tout entière s’est délivrée de l’emprise d’un exil imposé pour revêtir l’esprit des expatriés qui endossent la réalité des choses.
« Je ne suis pas un exilé, mais seulement un expatrié » aux dires de Guy V. Amou. Cela est vrai dans la mesure où nous ne quittons pas mentalement de notre terre natale. Or, notre terre natale originelle et universelle est dans le cœur de Dieu depuis toute éternité. Un jour viendra où nous intégrerons définitivement nos origines d’enfants de Dieu sous un « ciel et une terre nouvelle (Ap. 21-22) ».
Là aboutira notre finitude!
(1) Guy V. Amou, Je ne suis pas un exilé, Théâtre, Les Éditions Grenier, 2017, 172 pages. Pièce de théâtre pour souligner les 25 années d’existence du Centre Afrika de Montréal en 2014.
(2) Évêque d’Alger et fondateur de la Société des Missionnaires d’Afrique en 1868.
(5) Selon le Pape François, il faut prendre en compte l’apport que les différents peuples et les différentes cultures « offrent au chemin du Peuple de Dieu ». Source : La Croix (sur Radio Vatican), 29 septembre 2017.
(6) Tableau réalisé par Claude Boucher, M.Afr, directeur du musée Kungoni à Mua, Malawi.
(7) Au Québec, on parle plus souvent des Amérindien, Métis ou Inuit.
(8) Éric Bédard, Survivance. Histoire et mémoire du XIXe siècle canadien-français, Boréal, 2017.
(9) Politique pour développer les chemins de fer et peupler le nord de la province de Québec.
(10) Certains chercheurs renvoient à un article du Globe and Mail ou du Montreal Star dans lequel serait apparue pour la première fois l’expression anglaise de « quiet revolution ». Cependant, personne n’est en mesure d’en donner la source exacte. Source : Jean-Philippe Warren – Professeur à l’Université Concordia, Le Devoir, 4 avril 2016.
(11) C’est une expression québécoise dont la définition exprime une certaine résignation face à un destin miséreux. Être né pour un petit pain signifie être né pour vivre pauvrement.
(12) Avant de promouvoir l’identité québécoise, nous étions des Canadiens français. Mais, à l’origine, nous étions les Canadiens.
(13) Tanguay, Cyprien, prêtre, À travers les registres, notes, Librairie Saint-Joseph, Cadieux et Derome, Montréal, 1886.
(14) Benoît Lacroix, La foi de ma mère, la religion de mon père, Bellarmin, 2002, page 19.
(15) Dans mon enfance, on disait souvent : « On va les avoir, les anglais! » comme pour affirmer notre désir semi-conscient de prendre collectivement notre revanche un jour.
(16) Propos recueilli du professeur Gilles Bibeau lors d’une conférence sur les enjeux de la diversité religieuse des migrants. Conférence organisée par l’Association canadienne pour la santé mentale au Centre Saint-Pierre le 3 septembre 2017.
(17) Entrevue sur YouTube (2013) : Pr. Norman Cornett en entrevue à La Chemise – Quelle place pour la spiritualité au Québec?
(18) Benoît Lacroix, La foi de ma mère, la religion de mon père, Bellarmin, 2002, page 30.
(19) Entrevue sur YouTube (2013) : Pr. Norman Cornett en entrevue à La Chemise – Symboles religieux au Québec: sacrés ou culturels?
(20) Correspondance privée.
(21) Fatima Houda-Pepin est une femme politique et une politologue québécoise. Elle était la députée de la circonscription de La Pinière à l’Assemblée nationale du Québec entre 1994 et 2014.
(22) Pour en finir avec le crucifix à l’Assemblée nationale, dans Le Journal de Montréal, 24 octobre 2017, page 26.
(23) Cyprien Tanguay : « L’accroissement continu et régulier de la population canadienne, provenait de l’excellente organisation qui existait parmi elle, et, cette organisation n’était autre que celle établie par le clergé canadien, le seul corps de l’État qui n’avait pas abandonné son poste à la suite de la conquête. Ce fait, si remarquable, a été hautement reconnu par un historien distingué, mais dont l’impartialité ne saurait être suspectée. Nous voulons parler de M. Francis Parkman, qui, à la fin de son The Old Regime in Canada, fait la remarque suivante : “The English conquest shattered the whole apparatus of civil administration at a blow, but it left her untouched. Governors, intendants, councils and commandants, all were gone; the principal seigniors fled the colony; and a people who had never learned to control themselves or help themselves, were suddenly left to their own advice. Confusion if not anarchy, would have followed, but for the parish priests, who in a character of double paternity, half spiritual and half temporal, became more than ever the guardians of order throughout Canada.” (The Old Regime in Canada, by Francis Parkman, p. 400; Boston: Little, Brown & Co. 1874). »
(24) Éric Bédard (2017) citant Jean-Marie Fecteau, La liberté du pauvre. Crime et pauvreté au XIXe siècle québécois, Montréal, VLB, 2004, p. 237.
(25) Émission ‘Second Regard’ avec l’animateur Alain Crevier sur ICI Radio-Canada télé. Entrevue avec Gérard Bouchard, Raison et déraison du mythe, dimanche 26 avril 2015.
(26) Discours du père Serge St-Arneault lors de l’inauguration de la bibliothèque « Annie St-Arneault » (2015). Site internet « Espace Perso de Serge ». Également publié dans La Missive, Bulletin de l’Association des descendants de Paul Bertrand dit Saint-Arnaud (ADBStar), volume 10, numéro 1, Hiver-Printemps 2016.
(27) Propos recueilli du professeur Gilles Bibeau.
(28) Lorsque j’étais plus jeune, et c’est peut-être encore le cas, on disait des gens qu’ils « suivaient comme des moutons ». Cela laisse entendre qu’on fait comme tout le monde sans trop savoir pourquoi. Là réside le risque d’aliénation.
(29) « Je vous ai écouté l’autre jour à la messe au village de … », me suis-je fait dire plusieurs fois. « C’était bon! ». « Ah oui! Et qu’avez-vous retenu de mon sermon? » « Je ne m’en souvent plus, mais c’était bon! » Les sourires m’indiquent qu’il est resté une saveur de bonheur. Et c’est ce qui compte!
Texte rédigé par Serge St-Arneault, M.Afr, directeur du Centre Afrika, dans le cadre du lancement du livre ‘Je ne suis pas un exilé’, lecture publique accompagnée de chants du monde a cappella, 29 novembre 2017 à l’Écomusée du fier monde, Montréal.