L’héritage chrétien au Québec : un trésor à préserver pour les générations futures

Alexandrina Diac

Alexandrina Diac, MBA, Directrice générale, Fondation du Grand Séminaire de Montréal

Cet été, j’ai eu l’occasion de parcourir notre magnifique province, découvrant ainsi l’ampleur et la richesse de son patrimoine historique et culturel. Ce qui m’a particulièrement touchée, au-delà des paysages époustouflants, c’est la beauté des édifices religieux qu’on retrouve autant dans les petits villages que dans les grandes métropoles.

Je me souviens particulièrement d’une visite à la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, où, en contemplant les vitraux scintillants, je ne pouvais m’empêcher de penser aux générations de visiteurs qui ont trouvé réconfort et inspiration dans ce lieu. Des trésors inestimables comme la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec, l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, la Cathédrale Saint-Michel de Sherbrooke, le musée des Ursulines et tant d’autres, incarnent un héritage précieux. Chacun de ces lieux offre un patrimoine spirituel et culturel qui continue de nous fasciner même aujourd’hui.

À l’heure où le Québec se redéfinit dans un monde en constante évolution, il est essentiel de se pencher sur les racines profondes qui ont façonné notre identité collective. Face à une perte progressive de repères culturels, il devient crucial de réfléchir à l’importance de préserver notre héritage chrétien. Dans ce contexte, cette préservation me paraît non seulement comme un devoir, mais comme une nécessité pour garantir un avenir harmonieux et éclairé pour notre société.

Force est d’admettre que la société québécoise moderne est profondément enracinée dans la tradition catholique qui a nourri un écosystème riche et diversifié au fil des siècles. Ces racines ont produit des fruits significatifs dans des domaines essentiels tels que l’éducation, la santé, la culture, la politique, l’économie et la bienfaisance. Depuis ses débuts, l’Église catholique a fourni des leaders inspirants qui ont marqué tous les aspects de notre société, contribuant ainsi à son développement et à son identité.

Des figures visionnaires telles que François de Laval, Marguerite Bourgeoys et Marie de l’Incarnation ont joué un rôle central dans la fondation de nombreuses écoles, collèges et universités, influençant durablement notre système éducatif et les valeurs morales des Québécois.es. Ces établissements ont formé et inspiré des personnalités publiques marquantes comme Jean Chrétien, George-Étienne Cartier, Henri Bourassa, René Lévesque, Pierre Elliott Trudeau et Jean Charest, pour n’en citer que quelques-unes.

En outre, les ordres religieux ont apporté une contribution significative non seulement au système de santé du Québec, mais aussi aux services sociaux. Ils ont établi, géré et financé de nombreux hôpitaux, cliniques et institutions de soins, tout en soutenant divers services sociaux tels que les œuvres de charité, les programmes de soutien familial et les initiatives communautaires visant à aider les plus vulnérables.

Nos magnifiques églises et cathédrales, en plus de représenter un patrimoine culturel inestimable, constituent aujourd’hui des pôles d’attraction pour les pèlerins et les touristes, jouant ainsi un rôle crucial dans l’économie locale.

Bien que le nombre de pratiquants ait diminué, environ 6,2 millions de Québécois.es, soit 70 % de la population, se déclarent catholiques. Aujourd’hui encore, l’Église catholique du Québec, à travers ses 18 diocèses et plus de 900 paroisses, continue de jouer un rôle essentiel dans divers secteurs, notamment l’éducation, la santé et ses diverses œuvres caritatives. Ces institutions comblent les lacunes des services publics, créent des emplois et contribuent de manière significative au bien-être de notre société.

En ce qui me concerne, j’estime que l’éducation demeure un élément central de cet héritage à préserver.  Depuis 1840, le Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal (GSAM) est le pilier de la formation des leaders catholiques, que ce soit les nombreux prêtres qui y ont fait leurs études ou plus récemment les différent.e.s intervenant.e.s communautaires intéressé.e.s par les cours universitaires qui y sont offerts. En restant attentive aux évolutions de notre société, cette institution continue de se moderniser et de former des personnes inspirantes qui incarnent des valeurs fondamentales comme l’amour, la paix, l’équité et l’accueil. En préparant ces futurs leaders à s’engager activement pour le bien commun, le GSAM joue un rôle crucial dans la construction d’une société québécoise juste, harmonieuse et responsable.

Il est de notre responsabilité de préserver et de promouvoir les institutions qui œuvrent pour sauvegarder cet héritage précieux tout en étant attentifs aux défis contemporains, afin que les valeurs et les contributions des leaders catholiques continuent d’enrichir notre société pour l’épanouissement des générations à venir.

 La conquête de la Palestine, de Balfour à Gaza, une guerre de cent ans

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Le 20 août 2024, une foule compacte occupait l’entièreté de la librairie Le Port de Tête1. La majorité des gens se tenaient debout. C’était du jamais vu en période estivale. En effet, les présentations de livre attirent généralement peu de monde en été.

Que se passe-t-il à la librairie ?

Le nouveau livre de Rachad Antonius intitulé La conquête de la Palestine2 s’avère être d’une grande actualité. Comment comprendre l’origine de la tragédie qui s’éternise à Gaza depuis le 7 octobre 2023 ? Gilles Bibeau, l’animateur de la soirée, a admirablement orienté le sujet en compagnie de l’auteur ainsi que de Fabienne Presentley de l’organisation Voix juives indépendantes Canada.

Ce livre3 permet de jeter un regard différent de celui véhiculé par les grands médias et les élites politiques occidentales. Selon l’auteur, seul un renversement de cette dynamique de conquête permettra d’en arriver à une solution durable et d’éviter des catastrophes encore plus coûteuses, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

Points marquants du livre sur la conquête de la Palestine

Il n’est pas facile de résumer en quelques lignes une conférence sur un livre qui suscite tant d’émotions à un moment précis où une guerre fait rage à Gaza tuant des dizaines de milliers de civils dont une majorité de femmes et d’enfants innocents. Des bombardements incessants pleuvent sur de simples gens pris dans un piège sans issues. Nous n’en pouvons plus nous-mêmes de subir les bombardements d’images de destruction.

« Cette guerre se comprend mieux quand on la replace dans l’histoire des cent dernières années. On voit alors que son objectif réel n’est pas de détruire le Hamas, mais de tenter de réduire au minimum le nombre de Palestiniens à Gaza pour pouvoir s’approprier le maximum possible de ce territoire »4 (page 98).

Voilà l’objectif du livre ; remettre ce conflit dans son contexte historique. « Au moment de la création de l’État d’Israël, il n’était pas évident, pour bon nombre d’observateurs occidentaux, que la logique de l’appropriation de la terre mènerait nécessairement au nettoyage ethnique, qui lui-même mènerait à des massacres à tendance génocidaires. La crise de Gaza a révélé ces enchevêtrements » (page 135). 

Dans le contexte historique de la dépossession violente des Palestiniens et de leur expulsion, il est également important de noter que « les trente ans de négociation de paix depuis Oslo n’ont abouti qu’à encore plus de contrôle israélien sur les territoires occupés et à une dépossession encore plus marquée pour les Palestiniens, le tout accompagné de violences quotidiennes pratiquées tant par l’armée israélienne que par les colons juifs en Cisjordanie » (page 133).

Mes souvenirs de la Palestine de 2001

Selon le rabbin Noach que j’avais rencontré à Jérusalem en 20015, la coexistence fraternelle et l’acceptation des différences entre Juifs sont un microcosme de l’histoire de l’humanité. Selon lui, « le rassemblement des exilés, c’est-à-dire des enfants d’Israël dispersés depuis 2000 ans à travers le monde, est ce qui permet la RECRÉATION de la NATION d’Israël sur la TERRE et devient le véhicule de l’ultime rédemption de l’humanité où cesseront toutes les guerres et marquera la venue du Messie. Ainsi se réaliseront les prophéties du rassemblement de tous les peuples. Aucun autre peuple qu’Israël ne peut être la lumière des nations. L’État d’Israël est l’avant-stade de l’ultime aboutissement de la rédemption de l’humanité. Il s’agit de la volonté divine. Israël ne mérite pas cet honneur. C’est Dieu qui l’a choisi. La nécessité théologique de la rédemption de l’humanité passe nécessairement par le retour des enfants d’Israël sur SA TERRE PROMISE ».

Justification de l’idéologie sioniste d’un point de vue biblique

Tout devient clair ! La justification du CONTRÔLE DES TERRITOIRES PALESTINIENS est basée sur la conviction qu’Israël doit rester fidèle au plan de Dieu et ainsi devenir le chemin incontournable du salut de l’humanité.

Je me rappelle être intervenu à la fin de l’exposé du rabbin Henri Noach avec cette double observation. Primo, les oppositions entre Juifs sont souvent virulentes, particulièrement au niveau des partis politiques, mais aussi entre les trois principaux courants religieux qu’il avait lui-même décrits. Secundo, quelle est la place juridique des 21% d’Arabes détenteurs de la citoyenneté israélienne vivant en Israël ? (Note : les Arabes israéliens comprennent des chrétiens et des musulmans, identifiés comme Palestiniens. Sont exclus les réfugiés juifs dits orientaux immigrés de pays arabe.)

Le rabbin a alors admis qu’il y avait, à cette époque, 17 différents partis politiques à la Knesset. Par contre, il a choisi la voie de l’évitement en ce qui concerne le deuxième point.

Toujours selon lui, la justification du CONTRÔLE DES TERRITOIRES PALESTINIENS est basée sur la conviction qu’Israël doit rester fidèle au plan de Dieu et ainsi devenir le chemin incontournable du salut de l’humanité. Il ajoute que la coexistence fraternelle des peuples et du respect de leurs diversités culturelles ne concerne que les Juifs regroupés autour de la « loi du retour ». Son interprétation des textes bibliques est de type fondamentaliste. Ainsi donc, la TERRE est un droit exclusif d’Israël. En d’autres mots, LA RECONQUÊTE DU TERRITOIRE est une volonté divine et un préalable obligatoire pour la venue du Messie (Juif). Ce n’est qu’une question de temps. Finalement, la présence des Palestiniens est un obstacle à la réalisation du plan de rédemption de Dieu pour l’humanité.

Comment alors agir pour la justice envers tous ?

Des voix s’élèvent de plus en plus pour dénoncer l’idéologie sioniste dont le projet ultime est l’établissement d’un État exclusivement juif sur un territoire déjà habité par les Palestiniens, ce qui a et continu d’entrainer leur dépossession et leur expulsion (page 107). Cela n’est pas à confondre avec l’antisémitisme qui se définit comme une attitude d’hostilité contre les Juifs en tant que Juifs, c’est-à-dire parce que Juifs et essentiellement pour cela (page 106).

Voix juives indépendantes Canada ; des Juifs antisionistes

Selon Fabienne Presentey, juive, qui signe la préface du livre de Rachad Antonuis, « la tragédie qui se déploie en direct sous nos yeux, tous les jours depuis le 7 octobre 2023, révèle l’ampleur des conséquences de la négation de l’existence des Palestiniens·nes et de la violence, de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid visant à anéantir leurs villages, leur culture et leurs moyens de subsistance – en bref, la Palestine tout entière » (page 14).

Or, des « voix juives (qui) s’élèvent pour dénoncer cette guerre génocidaire contre les Palestiniens·nes comprennent que le sionisme a instrumentalisé le judaïsme et hypothéqué l’avenir des deux peuples » (page 15).

Voix juives indépendantes Canada (VJI) est une organisation issue de la base ancrée dans la tradition juive qui s’oppose à toute forme de racisme et qui promeut la justice et la paix pour tous en Israël-Palestine. VJI dispose de comités locaux actifs partout au Canada, dans les villes et sur les campus universitaires.

Conclusion

Au moment de publier cet article, la guerre à Gaza entre dans son douzième mois. Rien n’indique une fin prochaine du conflit qui s’étend maintenant en Cisjordanie. Il en a fallu de peu pour que l’Iran entre de plein pied dans cette guerre. Est-il possible d’arrêter le cycle de cette violence ?

En 2001, de la fenêtre de ma chambre, posant précisément mon regard sur les toits du quartier arabe de la vieille ville de Jérusalem, j’écrivais ceci dans mon journal de voyage :

Toi! Jérusalem! Qui es-tu à mes yeux ?

Peux-tu être une icône malgré tes déchirures, ton histoire tragique, tes traumatismes violents et répétitifs que tu tètes comme le lait maternel d’un nourrisson ?

Robin Roberson

« Il nous faut cesser de condamner celles et ceux qui nous entourent, supprimer nos projections par rapport à celles et ceux que nous mésestimons, et accepter que le problème réside en fait en nous ». Robin Roberson

  1. Librairie générale agréée, livres neufs et d’occasion, située au 262 Mont-Royal Est, Montréal QC H2T 1P5. Voir : Itinéraire ↩︎
  2. Par Rachad Antonius, La conquête de la Palestine, de Balfour à Gaza, une guerre de cent ans, Les Éditions Écosociété, juillet 2024, 164 pages. Préface de Fabienne Presentey. Rachad Antonius est professeur titulaire retraité du département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal. Il est l’auteur de plusieurs livres, dont Islam et islamisme en Occident (avec Ali Belaidi, PUM, 2023). ↩︎
  3. Ce livre n’est pas une histoire du conflit entre Israël et la Palestine. Il n’aborde qu’un seul aspect de ce conflit, qui est le plus central : l’histoire de la mainmise graduelle du mouvement sioniste sur la terre de Palestine depuis plus de cent ans. Tenir compte de cette vérité élémentaire permet de remettre les pendules à l’heure sur certains débats qui occupent l’espace public, surtout depuis la guerre de Gaza déclenchée en octobre 2023. Car le conflit israélo-palestinien n’a pas commencé avec l’attaque du Hamas du 7 octobre. Pour comprendre ce qui s’est passé ce jour-là, et ce qui a suivi, il faut prendre en considération tout ce qui a précédé cette date fatidique. 
    Rachad Antonius présente la conquête de la Palestine à partir de trois moments structurants : la Déclaration Balfour et le Mandat britannique (période 1917 – 1922), la création de l’État d’Israël (1947−1949) et les accords d’Oslo (1993−1995). Il aborde ensuite des questions délicates qui ont été exacerbées depuis la guerre de Gaza. L’opposition au projet sioniste est-elle une forme d’antisémitisme ? Quelle est la place de la violence de part et d’autre dans le conflit ? Pourquoi les divers plans de paix ont-ils échoué ? Le droit international peut-il indiquer une voie à suivre pour une solution pacifique et équitable ? Quelle est la responsabilité des pays occidentaux à l’égard de la situation au Proche-Orient ?
    La conquête de la Palestine nous permet de jeter un regard différent de celui véhiculé par les grands médias et les élites politiques occidentales. Seul un renversement de cette dynamique de conquête permettra d’en arriver à une solution durable et d’éviter des catastrophes encore plus coûteuses, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens. ↩︎
  4. Rachad Antonius, La conquête de la Palestine, Les Éditions Écosociété, juillet 2024, page 98. ↩︎
  5. Voir l’article intitulé La Palestine : terre promise pour qui ? sur le lien suivant : https://sergestarno.com/2021/05/23/la-palestine-terre-promise-pour-qui/ ↩︎

Des groupes exhortent Ottawa à agir vite sur la réglementation

Plusieurs groupes de la société civile, dont des organisations défendant les droits des femmes, demandent au gouvernement libéral de compléter rapidement la législation sur les armes à feu adoptée l’année dernière en adoptant des règlements et des directives cruciaux.

La Presse, Jim Bronskill, La Presse Canadienne, 3 septembre 2024

By Jim Bronskill The Canadian Press, Toronto Star, September 3, 2024

Le Devoir avec La Presse canadienne, 3 septembre 2024.