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Contrôle des armes: Trudeau prié de bouger

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OTTAWA — 30/11/2017. Justin Trudeau avait promis de resserrer les règles en matière de contrôle des armes à feu, et il n’a pas livré la marchandise. Et la lenteur de son gouvernement à légiférer inquiète vivement des survivants de fusillades et des proches de personnes tombées sous les balles.

La déception qu’étaient venus exprimer les neuf personnes entassées sur l’estrade d’une salle du parlement frôlait la désillusion, jeudi. D’une seule voix, ils ont exhorté le gouvernement à déposer sans plus tarder un projet de loi sur le contrôle des armes à feu.

La coordonnatrice de Polysesouvient et diplômée de Polytechnique, Heidi Rathjen, a dit être sortie fort inquiète d’une rencontre qui a eu lieu un peu plus tôt cette semaine avec le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Et selon elle, contrairement à ce qu’a récemment suggéré le ministre, les travaux du comité aviseur sur les armes avancent à pas de tortue. «Le nouveau comité a été annoncé en grande pompe et, effectivement, il est beaucoup mieux», a tenu à spécifier Mme Rathjen.

«Cependant, le comité a seulement eu deux rencontres: une en mars et une en mai. Quand le ministre s’est fait questionner par rapport à quand viendrait un projet de loi, une de ses réponses était que le comité aviseur « was hard at work »», a-t-elle souligné.

Sans trop vouloir spéculer sur les raisons de la lenteur libérale à agir, elle dit avoir peine à voir un autre facteur explicatif que la pression du lobby pro-armes. Elle soupçonne que «tous ces petits délais, ces petits reculs» sont attribuables «aux objections des propriétaires d’armes».

Et alors qu’approche le 28e anniversaire de la tragédie à l’École Polytechnique, Serge St-Arneault, qui a perdu sa soeur Annie aux mains du tireur Marc Lépine le 6 décembre 1989, a imploré le premier ministre de ne pas céder aux pressions du lobby pro-armes.

«Je sais que le lobby des armes est fort et bruyant, mais votre parti, monsieur le premier ministre, a été élu majoritaire, entre autres, pour votre promesse de renverser les dommages causés par le gouvernement Harper», a-t-il dit lorsqu’il a pris la parole au micro.

«Vous avez un mandat de la population. Ne faites pas de compromis — surtout pas pour plaire au lobby des armes. Renforcez les lois de manière à (accorder la priorité à) la sécurité publique», a fait valoir M. St-Arneault.

Le groupe Polysesouvient, qui milite depuis des années pour un meilleur contrôle des armes depuis le drame de Polytechnique, s’est trouvé de nouveaux alliés: la communauté musulmane, toujours ébranlée par la fusillade survenue en janvier à la mosquée de Québec.

Un survivant de la tragédie qui a fait six victimes, Nizar Ghali, était à Ottawa pour une première apparition publique depuis la tuerie. «J’ai vécu ce drame, j’ai vu la force de destruction de ces armes à feu. J’ai vu mes frères tomber et mourir dans leur flaque de sang», a-t-il lâché.

«Qu’attendez-vous pour agir? Qu’avez-vous besoin de plus?», a-t-il lancé à l’intention du premier ministre Trudeau.

L’impatience et le désarroi s’entendaient aussi dans la voix du père de Thierry LeRoux, ce policier tué dans l’exercice de ses fonctions en 2016 à Lac-Simon, en Abitibi, dans la cadre d’une opération qui a mal tourné.

«Thierry a été tué par un individu ayant des antécédents suicidaires connus qui n’aurait jamais dû être en possession d’armes à feu. Le système actuel lui a permis de posséder des armes légales, incluant un fusil d’assaut», a laissé tomber Michel LeRoux.

«Cette tragédie, la mort de Thierry, celle du tueur, est arrivée parce que le système actuel favorise les armes à feu, les propriétaires d’armes à feu, au détriment de la sécurité publique. C’est assez, il faut que ça change maintenant», a-t-il tranché.

Le ministre Goodale a reconnu en mêlée de presse qu’un projet de loi ne serait pas déposé d’ici la fin de l’année. Mais il a promis que le gouvernement maintenait le cap et comptait toujours présenter une trousse législative conforme à la plateforme électorale.

Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer pourquoi la promesse libérale prenait autant de temps à se matérialiser, il a laissé entendre que beaucoup d’autres dossiers dans son portfolio à la Sécurité publique l’avaient tenu occupé ces deux dernières années.

Le ministre Goodale a par ailleurs nié subir des pressions indues ou exagérées en provenance du lobby pro-armes. Il a insisté sur le fait qu’il était normal, dans une société comme le Canada, d’entendre les points de vue de tous.

Meaghan Hennigan Kathleen Dixon
THE CANADIAN PRESS

Contrôle des armes : des groupes vivement inquiets de la lenteur de Trudeau.

OTTAWA — Justin Trudeau avait promis de resserrer les règles en matière de contrôle des armes à feu, et il n’a pas livré la marchandise. Et la lenteur de son gouvernement à légiférer inquiète vivement des survivants de fusillades et des proches de personnes tombées sous les balles.

La déception qu’étaient venus exprimer les neuf personnes entassées sur l’estrade d’une salle du parlement frôlait la désillusion, jeudi. D’une seule voix, ils ont exhorté le gouvernement à déposer sans plus tarder un projet de loi sur le contrôle des armes à feu.

La coordonnatrice de Polysesouvient et diplômée de Polytechnique, Heidi Rathjen, a dit être sortie fort inquiète d’une rencontre qui a eu lieu un peu plus tôt cette semaine avec le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale.

Et selon elle, contrairement à ce qu’a récemment suggéré le ministre, les travaux du comité aviseur sur les armes avancent à pas de tortue. «Le nouveau comité a été annoncé en grande pompe et, effectivement, il est beaucoup mieux», a tenu à spécifier Mme Rathjen.

«Cependant, le comité a seulement eu deux rencontres: une en mars et une en mai. Quand le ministre s’est fait questionner par rapport à quand viendrait un projet de loi, une de ses réponses était que le comité aviseur « was hard at work »», a-t-elle souligné.

Sans trop vouloir spéculer sur les raisons de la lenteur libérale à agir, elle dit avoir peine à voir un autre facteur explicatif que la pression du lobby pro-armes. Elle soupçonne que «tous ces petits délais, ces petits reculs» sont attribuables «aux objections des propriétaires d’armes».

Et alors qu’approche le 28e anniversaire de la tragédie à l’École Polytechnique, Serge St-Arneault, qui a perdu sa soeur Annie aux mains du tireur Marc Lépine le 6 décembre 1989, a imploré le premier ministre de ne pas céder aux pressions du lobby pro-armes.

«Je sais que le lobby des armes est fort et bruyant, mais votre parti, monsieur le premier ministre, a été élu majoritaire, entre autres, pour votre promesse de renverser les dommages causés par le gouvernement Harper», a-t-il dit lorsqu’il a pris la parole au micro.

«Vous avez un mandat de la population. Ne faites pas de compromis — surtout pas pour plaire au lobby des armes. Renforcez les lois de manière à (accorder la priorité à) la sécurité publique», a fait valoir M. St-Arneault.

Le groupe Polysesouvient, qui milite depuis des années pour un meilleur contrôle des armes depuis le drame de Polytechnique, s’est trouvé de nouveaux alliés: la communauté musulmane, toujours ébranlée par la fusillade survenue en janvier à la mosquée de Québec.

Un survivant de la tragédie qui a fait six victimes, Nizar Ghali, était à Ottawa pour une première apparition publique depuis la tuerie. «J’ai vécu ce drame, j’ai vu la force de destruction de ces armes à feu. J’ai vu mes frères tomber et mourir dans leur flaque de sang», a-t-il lâché.

«Qu’attendez-vous pour agir? Qu’avez-vous besoin de plus?», a-t-il lancé à l’intention du premier ministre Trudeau.

L’impatience et le désarroi s’entendaient aussi dans la voix du père de Thierry LeRoux, ce policier tué dans l’exercice de ses fonctions en 2016 à Lac-Simon, en Abitibi, dans la cadre d’une opération qui a mal tourné.

«Thierry a été tué par un individu ayant des antécédents suicidaires connus qui n’aurait jamais dû être en possession d’armes à feu. Le système actuel lui a permis de posséder des armes légales, incluant un fusil d’assaut», a laissé tomber Michel LeRoux.

«Cette tragédie, la mort de Thierry, celle du tueur, est arrivée parce que le système actuel favorise les armes à feu, les propriétaires d’armes à feu, au détriment de la sécurité publique. C’est assez, il faut que ça change maintenant», a-t-il tranché.

Le ministre Goodale a reconnu en mêlée de presse qu’un projet de loi ne serait pas déposé d’ici la fin de l’année. Mais il a promis que le gouvernement maintenait le cap et comptait toujours présenter une trousse législative conforme à la plateforme électorale.

Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer pourquoi la promesse libérale prenait autant de temps à se matérialiser, il a laissé entendre que beaucoup d’autres dossiers dans son portfolio à la Sécurité publique l’avaient tenu occupé ces deux dernières années.

Le ministre Goodale a par ailleurs nié subir des pressions indues ou exagérées en provenance du lobby pro-armes. Il a insisté sur le fait qu’il était normal, dans une société comme le Canada, d’entendre les points de vue de tous.

Contrôle des armes à feu : des groupes pressent Trudeau d’agir « pour ceux qui sont tombés »

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PUBLIÉ LE 30 NOVEMBRE 2017 À 11 H 21 MIS À JOUR À 14 H 43

« Cette tragédie – la mort de Thierry et celle de son meurtrier – est survenue parce que le système actuel favorise les […] propriétaires d’armes à feu au détriment de la sécurité publique », a déclaré – la voix étranglée par l’émotion – le père du policier Thierry Leroux, mort en devoir à Lac-Simon en février 2016. « C’est assez, il faut que ça change maintenant », a fermement revendiqué Michel LeRoux.

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Des armes à feu comme le fusil AR-15 ci-dessus sont à autorisation restreinte au Canada. Photo : La Presse canadienne/AP / Alex Brandon

Un texte de Yanick Cyr

Des victimes et des parents de victimes de tueries perpétrées avec des armes à feu se sont rendus au parlement d’Ottawa jeudi, afin de rappeler au gouvernement de Justin Trudeau sa promesse de resserrer la législation sur le contrôle des armes à feu.

« Au cours des deux dernières années, les Canadiens ont encore été témoins de plusieurs tragédies perpétrées avec des armes à feu, dont plusieurs étaient légales », a déclaré la coordonnatrice de PolySeSouvient, Heidi Rathjen.

Cette dernière déplore la lenteur du gouvernement de Justin Trudeau dans ce dossier. Elle souligne que le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, lui avait dit en octobre dernier qu’il allait déposer un projet de loi en ce sens avant la fin de l’année.

Elle a toutefois déchanté lors de sa rencontre avec le ministre, mardi dernier. M. Goodale l’a informé qu’il n’y aurait pas de projet de loi déposé avant la fin de l’année.

Un autre délai, une autre raison pour l’expliquer, d’autres déclarations […], mais rien ne nous laisse croire que ce gouvernement a l’intention d’aller de l’avant avec un solide projet de loi dans un avenir rapproché. Heidi Rathjen

« C’est une question de vie ou de mort qui requiert une action urgente du gouvernement, c’est pour ça qu’un groupe de victimes se présente ici, pour démontrer les réelles conséquences d’une faible législation sur les armes à feu, les coûts humains », a poursuivi Mme Rathjen. Elle en a profité pour réclamer au ministre Goodale un échéancier précis et un réengagement de sa part sur ses intentions de resserrer le contrôle des armes à feu.

« Le Parti libéral a promis de renforcer le contrôle des armes à feu lors de la dernière campagne électorale, a rappelé Mme Rathjen. Nous attendons une loi sur le contrôle des armes à feu depuis maintenant trois ans. »

Citant les données publiées par Statistique Canada la semaine dernière, elle souligne que les meurtres commis avec une arme à feu sont en hausse – tant le nombre que le taux – pour une troisième année de suite. Ces crimes ont augmenté de 70 % au cours des trois dernières années, ajoute-t-elle.

« Monsieur Trudeau, vous avez fait la promesse »

Trudeau, vous avez fait la promesse de resserrer la loi sur les armes à feu. Vous devez maintenant choisir entre le lobby des armes à feu et la sécurité publique. Michel LeRoux

« S’il vous plaît, pas de demi-mesure, a poursuivi M. LeRoux. Pour notre fils, pour ceux qui sont tombés comme lui et pour ceux qui continuent de servir et protéger […], il faut empêcher la possession d’armes pour les gens qui souffrent de maladies mentales connues et il faut empêcher les citoyens ordinaires d’avoir un arsenal d’armes de guerre dont le pouvoir destructeur dépasse celui des équipements policiers. »

LeRoux déplore en effet que son fils ait été tué par un homme qui avait des problèmes de santé mentale et qui détenait légalement des armes à feu.

« Thierry a été tué par un individu ayant des antécédents suicidaires connus et qui n’aurait jamais dû être en possession d’une arme à feu, a-t-il déclaré. Le système actuel lui a permis d’en posséder, des armes légales, incluant un fusil d’assaut, et ce, malgré les antécédents et la menace qu’il représentait pour lui-même, son entourage et les policiers. Les autorités le savaient. »

Le frère d’une victime [Annie St-Arneault] de Polytechnique, Serge St-Arneault, abonde en ce sens : « Je sais que le lobby des armes est fort et bruyant, mais votre parti, Monsieur le Premier Ministre, a été élu majoritaire entre autres pour votre promesse de renverser les dommages causés par le gouvernement Harper ».

Vous avez un mandat de la population, ne faites pas de compromis, surtout pas pour plaire au lobby des armes. Renforcez les lois de manière à renforcer la sécurité publique. Serge St-Arneault

Blessée par le tireur du Collège Dawson en 2006, Meaghan Hennigan confie qu’elle souffre toujours des séquelles physiques des deux balles reçues – l’une dans un bras et l’autre dans la hanche droite – lors de la tragédie.

Elle souligne qu’en raison de l’assouplissement de la loi sur le contrôle des armes à feu du gouvernement de Stephen Harper en 2012, les Canadiens sont moins bien protégés que lors de la tragédie de Dawson. Mme Hennigan précise que le tireur avait le droit de posséder le fusil d’assaut – à autorisation restreinte – qu’il a utilisé pour commettre son geste.

Mme Hennigan ajoute que le nouveau modèle du fusil d’assaut utilisé à Dawson échappe maintenant à tout contrôle au Canada. « Personne ne peut savoir qui en a un ou combien il en a », déplore-t-elle.

Tout en dénonçant l’islamophobie, le vice-président du Centre culturel islamique de Québec Boufeldja Benabdallah a joint sa voix et celle des siens pour réclamer un resserrement du contrôle des armes à feu.

C’est l’accès aux armes [pour] des personnes malades et [mal] intentionnées que nous ne voudrions plus dans ce pays de grandes libertés. Boufeldja Benabdallah

Le 29 janvier 2017, un tireur s’est introduit dans la mosquée de Québec où une soixantaine de personnes étaient réunies pour la prière. L’individu a ouvert le feu sur les fidèles tuant six personnes et en blessant grièvement cinq autres.

À l’approche de la commémoration du 6 décembre 1989.

Cela dit, nous ne pouvons pas baisser les bras. D’autant plus que le groupe des étudiants et diplômés de Polytechnique pour le contrôle des armes Polysesouvient mène de nouveau cette année une campagne pour demander à nos élus de renforcer le contrôle des armes au Canada.

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Fraîchement arrivé à Montréal, j’ai repris contact avec Heidi Rathjen qui coordonne une conférence de presse qui se tiendra à Ottawa le jeudi 30 novembre. Heidi m’a invité à représenter les familles des victimes de la Polytechnique. J’y serai donc. Même si j’ai participé à un événement semblable en l’an 2000, ça me remue quand même profondément.

Les souvenirs remontent, un pincement du cœur réapparaît saupoudré d’une colère sourde de constater que le Canada, au lieu de maintenir bravement une politique de sécurité publique, a plutôt détruit un consensus unique au monde en faveur d’une protection contre les fusils semi-automatiques récemment légalisés dans le pays.

Bref, je vous invite à être attentif aux médias qui couvriront notre conférence de presse à Ottawa le 30 novembre prochain. J’assisterai aussi à l’illumination des 14 faisceaux en mémoire d’Elles, le mercredi 6 décembre 2017 à 17h00 sur le belvédère du Mont-Royal.

Autre lien : Drame de Polytechnique: 27 ans après, une victime continue de se confier

PolySeSouvient regroupe les témoins, survivants et familles des victimes de la tragédie à l’École Polytechnique qui appuient le contrôle des armes; le groupe a été mis sur pied suite aux premières menaces du gouvernement Harper en vue d’abolir l’enregistrement des armes d’épaule.

Cette mesure faisait partie de la loi adoptée en décembre 1995 pour laquelle madame Rathjen s’est battue pendant six années en tant que directrice de la Coalition pour le contrôle des armes, le mouvement pancanadien qu’elle a cofondé (avec Wendy Cukier) suite à la tuerie à Polytechnique qu’elle fréquentait alors comme étudiante. PolySeSouvient se bat actuellement contre un lobby pro-armes extrêmement bien organisé, dans le but d’assurer l’instauration d’un registre des armes d’épaule au Québec.