Archives du mot-clé Église Catholique

Le Pape François au Kazakhstan

Du 13 au 15 septembre 2022, le pape François s’est rendu à Nur-Sultan, anciennement Astana, capitale du Kazakhstan. Il a pris part au VIIe Congrès des responsables des religions mondiales et traditionnelles.

Table ronde avec 80 responsables de délégations composées de chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, indouistes, taoïstes, zoroastrismes et shintoïstes. Selon le pape François, tous ces représentants sont filles et fils du même ciel.
Étienne Loraillère

Présenté par Étienne Loraillère le 14 septembre 2022 sur KTO

L’IMPORTANCE DES RELIGIONS

Le monde a besoin de religions authentiques, éveillées et d’esprit lucide. Il faut que les religions prennent leur place dans nos sociétés.

Selon le pape François, « l’heure est venue de se réveiller de ce fondamentalisme qui pollue et corrode toutes les croyances, l’heure de rendre le cœur limpide et compatissant. Mais il est également temps de laisser aux seuls livres d’histoire les discours qui, trop longtemps, ici et ailleurs, ont inculqué suspicion et mépris à l’égard de la religion, comme s’il s’agissait d’un facteur de déstabilisation de la société moderne. 

Les religions ne sont pas un problème mais une partie de la solution pour une coexistence plus harmonieuse.

La recherche de la transcendance et la valeur sacrée de la fraternité peuvent inspirer et éclairer les choix à prendre dans les choix géopolitiques, sociaux, économiques, écologiques et même venir au secours des démocraties en péril. La liberté religieuse en est une condition. Cette liberté est un droit fondamental, primaire et inaliénable qu’il faut promouvoir partout et qui ne peut se limiter à la seule liberté de culte. Elle est en effet un droit de toute personne de témoigner publiquement de sa croyance : de la proposer sans jamais l’imposer. »

Grande célébration eucharistique en plein air sur le site futuriste de l’exposition universelle de 2017 situé à Nur-Sultan, la capitale du Kazakhstan.

TÉMOIGNER SANS JAMAIS IMPOSER

La guide touristique que j’ai rencontrée hier à la basilique Notre-Dame-du-Cap à Trois-Rivières m’a confié que les pèlerins ont beaucoup diminué depuis le début de la pandémie de la Covid-19. Mais, cette pandémie n’explique pas tout. La chute de la pratique religieuse, particulièrement au sein de l’Église Catholique, a chuté dramatiquement non seulement chez les francophones au Québec mais aussi en Irlande et en Pologne.

Sans être identique, il est juste de penser qu’il y a beaucoup de similarité dans la forme de pratique religieuse de ces trois bastions catholiques traditionnels. N’y a-t-il pas eu une forme d’imposition de la « pratique religieuse » associée à l’identité nationale ?

J’ai élaboré ce thème dans deux précédents articles : MA RÉVOLUTION TRANQUILLE et MA RÉVOLUTION TRANQUILLE, SUITE.

Je suis heureux que le pape François ait insisté, lors de son voyage au Kazakhstan, sur les droits des croyants qui doivent être respectés tout en s’abstenant d’imposer une religion, où que ce soit. S’adressant à la petite communauté catholique du Kazakhstan, le pape leur a souligné qu’ : « Il y a une grâce cachée en étant une petite Église, un petit troupeau ; au lieu de faire l’étalage de notre force, de notre nombre, de nos structures et de toute autre forme d’importance humaine, nous nous laissons conduire par le Seigneur et nous nous tenons humblement aux côtés des personnes. Riches en rien et pauvres en tout, nous marchons avec simplicité, proches des sœurs et des frères de notre peuple, apportant la joie de l’Évangile dans les situations de la vie. »

La crise des vocations dans l’Église catholique du Québec francophone et la chute vertigineuse de la pratique sacramentelle sont des opportunités et des signes de Dieu sur le chemin d’une spiritualité renouvelée dans le quotidien de la vie mais teintée aux couleurs de l’Évangile; témoigner sans jamais imposer.

L’approche du divin par l’expérience sensorielle

LE  PROPOS de Serge St-Arneault

Article publié dans le Journal Diocésain de l’Église de Trois-Rivières, édition mai 2013.

Les édifices religieux et lieux historiques abondent à Rome comme peu d’autres lieux. En longeant la Via Quattro Novembri, je découvris un jour avec étonnement les ruines d’une impressionnante salle. Il s’agissait d’un centre d’approvisionnement composé de 150 boutiques qui permettaient aux fonctionnaires impériaux de l’Empereur Trajan d’approvisionner la capitale. De gigantesques travaux avaient été nécessaires pour sa réalisation. De même que César avait financé ses travaux avec le butin pris aux Gaulois, Trajan utilisa les richesses enlevées aux Daces, peuple redoutable qui occupait à peu près l’actuelle Roumanie. Bref, il s’agit de conquête. C’est alors que j’ai commencé à comprendre quelque chose qui allait changer ma perception de l’Église et mieux comprendre qui j’étais.

En tant qu’institution humaine, héritière de la romanité, l’Église Catholique utilise la beauté des sens dans son mode de perception pour approcher le mystère divin. La mosaïque intérieure de l’église Santa Sabina qui date de 422-423 l’illustre bien. Il s’agit de faire quelques pas pour voir surgir d’autres aspects spectaculaires de l’odyssée trois fois millénaire de Rome.

Puis, je suis retourné à la Basilique St-Pierre en passant par la Santa Porta. C’était le 29 décembre 2000, année du Jubilé. La foule était si dense que toutes les places assises étaient occupées. Mes yeux ne cessaient d’être attirés par les trois symboles mille et une fois représentés sur les sculptures, les tableaux ou les fioritures placées à chaque angle de pilier. Il s’agit de la tiare papale, des clefs de St-Pierre et d’une multitude d’anges. J’associe ces symboles de la manière suivante : tiare pour l’honneur, les clefs pour le pouvoir et les anges pour la gloire. Voilà donc ce sur quoi l’Église Catholique a édifié sa Persona ou son identité.

Le dos adossé sur la paroi intérieure de la Basilique, presque à genoux, l’immensité de cet édifice et ses symboles me révélaient tout à coup qui j’étais. Cela est apparu comme un éclair. Ce que je voyais représentait qui j’étais. Dans mon unicité, j’étais celui qui recherchait la reconnaissance (honneur), j’étais celui qui désirait changer le monde (pouvoir), j’étais aussi celui qui se vantait de ce qu’il avait accompli (gloire). En d’autres mots, ce qui m’irritait dans ma perception du grandissime de l’Église était à vrai dire un reflet de mon ombre intérieure. À ma manière, j’étais soucieux de sauvegarder l’honneur de ma réputation. J’étais également attentif au pouvoir que me conférait ma propre image aux yeux des autres. Finalement, j’étais réceptif aux futiles illusions de la gloire.

Ce que j’ai compris se résume à ceci : tout comme l’Église, que les pays anglophones s’empressent toujours de qualifier de « Romaine », façonnée sous le poids de deux mille ans d’histoire, je porte des ombres qui ont besoin de guérison. La véritable conquête n’est pas celle des empires, mais plutôt celle de la liberté intérieure offerte par Jésus qui est à la fois le Christ glorifié ainsi que l’Homme crucifié. Mon chemin de conversion est identique à celui de l’Église institutionnelle. Ce parcours nous mène tous sur le seuil de notre intime Porta Santa. Jésus est là! Il frappe pour y apporter une lumière spirituelle éclipsant les ombres de l’honneur, du pouvoir et de la gloire.

C’est mon espoir que le Pape François saura nous aider à approcher le divin non pas par l’expérience sensorielle du majestueux style « romain », mais plutôt par celui de la beauté de la nature, comme l’a si bien chanté Saint François d’Assise.

Père Serge St-Arneault, M.Afr, Lusaka, Zambie