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Une marche dans quelques rues de Rome

Par Serge St-Arneault

En début d’après-midi du 9 septembre, je me mets en marche pour explorer la ville de Rome. Mon ambition est modeste. Quelques rues suffiront. Il ne fait pas trop chaud. C’est un temps idéal.

Notre maison est située sur Via Aurelia (1). Cette rue mène directement aux murs du Vatican pour bifurquer vers la droite. En passant, photo de la porte Pertusa (2) et une autre qui longe le mur d’où on aperçoit le dôme de la Basilique Saint-Pierre (3).

Après une douce descente, il est assez facile de se rendre à la grande place (4) et de poursuivre la route (5) vers le Château Saint-Ange (Castel Sant’Angelo 6-7). Le pont du même nom qui enjambe le Tibre permet de prendre des photos sous un autre angle (8-9-10).

Autres prises de vue (11-12-13) le long de la rivière jusqu’au pont Umberto 1 en direction sud vers la place Navona (14-15-16-17-18). Des rues étroites envahies de touristes (18) mènent à l’incontournable Panthéon (20-21-22-23-24). D’autres ruelles font apparaître les colonnes abîmées du Temple d’Hadrien (25) et finalement la fontaine de Trévi (26-27), un autre lieu incontournable.

Une autre rue étroite (29) débouche sur une grande esplanade, celle de Quirinal (30-31) avec l’impressionnant obélisque du même nom (32). Finalement, une rue en pente laisse apparaître la Torre delle Milizie ainsi que l’église Santa Caterina a Magnanapoli (32). Je me suis alors dirigé vers les marchés de Trajan, un ensemble de forums romains restauré (34-35-36-37-28-39). J’y suis resté plusieurs heures. Au sujet de cet endroit, j’ai écrit sur ‘Google Map’ que « J’oserais dire que c’est un lieu de méditation sur l’effondrement du super centre d’achat de la Rome antique. Cela devait certainement être très beau et impressionnant à en juger par la qualité des vestiges. »

Ma marche prend fin devant le monumental monument d’un blanc immaculé dédié au premier roi d’Italie ( Victor Emmanuel II (40). Tout juste à côté de là, j’ai pris l’autobus 46 pour retourner à Via Aurelia.

Une réflexion en passant

Pour avoir séjourné à Rome pendant quatre mois il y a presque vingt ans de cela, j’avais été troublé par l’omniprésence des signes papaux représentés par la tiare, symbole de l’autorité, du pouvoir pétrinien. Ma perception a cependant changé. Cette fois-ci, je suis plutôt surpris de reconnaître la marque des institutions de l’Église sur les vestiges de l’antiquité réduits à bien peu de chose comparativement à la splendeur de la Rome impériale d’y il a 2000 ans.

Le Panthéon est une bonne illustration de ce que je veux dire. Construite à l’origine pour vénérer les divinités de la religion antique, ce lieu a été transformé en église au VIIe siècle. Avec le temps, l’Église a de plus en plus laissé sa marque sur les lieux laissés vacants en ajoutant ses propres symboles ; statues, croix, églises, etc. J’ai le sentiment qu’il en est de même au niveau de nos identités individuelles et collectives. Nous nous édifions en premier lieu dans un « espace » récent ou ancien. Nous nous élevons à partir d’une référence physique. Après tout, on ne vit pas dans le vide !

Cela étant dit, l’Église de Rome, enracinée sur les vestiges de l’antiquité romaine, ne me fait plus scandale. Je comprends maintenant que le « temps » est plus crucial que « l’espace ». Dans son aspect évolutif, le « temps » libère « l’espace » de sa fixation. J’associe l’espace à l’histoire et le temps au mouvement.

Les « espaces » qu’occupaient le Panthéon tout comme les marchés de Trajan, pour ne citer que ces deux exemples, ont été relativement ou profondément transformés ou modifiés. Ainsi en sera-t-il de nos « espaces » d’aujourd’hui. Le « temps » fera son œuvre malgré nos efforts pour maintenir nos acquis. L’Esprit du Seigneur agit constamment dans le « temps » qui remodèle sans cesse les « espaces » qui … passent !

Mes premiers jours à Rome.

Par Serge St-Arneault

J’ai quitté Montréal le mardi soir 27 août sur un vol d’Air Transat. L’avion a décollé avec environ 45 minutes de retard. Comme d’habitude, impossible de dormir sur l’avion. Je suis arrivé directement à l’aéroport Fiumicino de Rome le lendemain vers 11h00, heure locale. En tout, huit heures de vol.

J’ai pris un taxi pour me rendre à notre maison générale située sur la Via Aurelia où j’étais attendu. Quelques souvenirs de mes précédents séjours me sont revenus en mémoire. La première fois, c’était en 1981, tout juste avant de me rendre en Afrique pour la première fois. Vous avez bien compté, cela fait 38 ans.

J’ai pris quelques clichés de la terrasse. Le dôme de la Basilique Saint-Pierre est nettement visible au loin. Hier, jeudi, j’ai fait le tour complet des fortifications du Vatican. Le soleil d’après-midi était très chaud. Au retour, j’ai pris un « gelato », une crème glacée artisanale selon la méthode traditionnelle italienne.

Ce matin, j’y suis retourné pour visiter le fameux musée du Vatican. Il suffit de vingt minutes à pied pour s’y rendre. Heureusement, il n’y avait pas de file d’attente malgré la foule de touristes qui commençait déjà à entrer. Un billet d’entrée coûte 16 EUROS. Une large spirale permet aux visiteurs de se rendre au sommet qui donne directement accès aux jardins. Le musée est en fait composé de douze musées selon des domaines spécifiques : période de l’antiquité, l’art grec ou les trésors égyptiens, arts antiques, arts médiévaux, arts de la renaissance et art moderne. À cela s’ajoute 7 km de salles et couloirs et 1 400 salles. Beaucoup trop en un seul jour!

À retenir une reproduction de la « Pieta » de Michelangelo (1475-1564), une immense toile datant de 1520 représentant la transfiguration, une autre illustrant le couronnement de la Vierge qui date du début du XIe siècle. Le reste, vous verrez sur les photos suivantes, donne un aperçu des couloirs savamment enrichi par des plafonds peints. Quelques fenêtres permettent d’avoir un autre coup d’œil sur les jardins.

Une autre toile qui couvre un mur entier représente la cérémonie de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Cela remonte au 8 décembre 1854. Finalement, des escaliers nous mènent à la fameuse chapelle Sixtine où il est interdit de photographier. La foule, je vous l’assure, est si nombreuse qu’il est difficile de circuler. Les fresques ont été rénovées il y a quelques années. J’ai trouvé une illustration de la grande murale du jugement dernier ainsi que la renommée image où Dieu pointe le doigt vers Adam.

Est-ce une toile ou une photo? Je n’en suis pas certain. C’est une représentation du Vatican faite par Weeser-Krell (Trier-Berlin-Rom) de 1887/88. Vous remarquerez qu’à cette époque, il n’y avait aucune construction à l’arrière de la Basilique. Les dernières photos montrent l’un des douze musées ainsi que la spirale pour redescendre, différente de la première, vers la sortie.

Ma visite au musée du Vatican est faite. Plus de six millions de visiteurs visitent ces lieux chaque année, provenant de partout à travers le monde.

Prochaine étape; une session qui débute lundi prochain sur le thème des communautés interculturelles. Nous sommes une quinzaine de participants venant de toute l’Afrique, d’Amérique, d’Europe et même de l’Inde. À suivre!

L’approche du divin par l’expérience sensorielle

LE  PROPOS de Serge St-Arneault

Article publié dans le Journal Diocésain de l’Église de Trois-Rivières, édition mai 2013.

Les édifices religieux et lieux historiques abondent à Rome comme peu d’autres lieux. En longeant la Via Quattro Novembri, je découvris un jour avec étonnement les ruines d’une impressionnante salle. Il s’agissait d’un centre d’approvisionnement composé de 150 boutiques qui permettaient aux fonctionnaires impériaux de l’Empereur Trajan d’approvisionner la capitale. De gigantesques travaux avaient été nécessaires pour sa réalisation. De même que César avait financé ses travaux avec le butin pris aux Gaulois, Trajan utilisa les richesses enlevées aux Daces, peuple redoutable qui occupait à peu près l’actuelle Roumanie. Bref, il s’agit de conquête. C’est alors que j’ai commencé à comprendre quelque chose qui allait changer ma perception de l’Église et mieux comprendre qui j’étais.

En tant qu’institution humaine, héritière de la romanité, l’Église Catholique utilise la beauté des sens dans son mode de perception pour approcher le mystère divin. La mosaïque intérieure de l’église Santa Sabina qui date de 422-423 l’illustre bien. Il s’agit de faire quelques pas pour voir surgir d’autres aspects spectaculaires de l’odyssée trois fois millénaire de Rome.

Puis, je suis retourné à la Basilique St-Pierre en passant par la Santa Porta. C’était le 29 décembre 2000, année du Jubilé. La foule était si dense que toutes les places assises étaient occupées. Mes yeux ne cessaient d’être attirés par les trois symboles mille et une fois représentés sur les sculptures, les tableaux ou les fioritures placées à chaque angle de pilier. Il s’agit de la tiare papale, des clefs de St-Pierre et d’une multitude d’anges. J’associe ces symboles de la manière suivante : tiare pour l’honneur, les clefs pour le pouvoir et les anges pour la gloire. Voilà donc ce sur quoi l’Église Catholique a édifié sa Persona ou son identité.

Le dos adossé sur la paroi intérieure de la Basilique, presque à genoux, l’immensité de cet édifice et ses symboles me révélaient tout à coup qui j’étais. Cela est apparu comme un éclair. Ce que je voyais représentait qui j’étais. Dans mon unicité, j’étais celui qui recherchait la reconnaissance (honneur), j’étais celui qui désirait changer le monde (pouvoir), j’étais aussi celui qui se vantait de ce qu’il avait accompli (gloire). En d’autres mots, ce qui m’irritait dans ma perception du grandissime de l’Église était à vrai dire un reflet de mon ombre intérieure. À ma manière, j’étais soucieux de sauvegarder l’honneur de ma réputation. J’étais également attentif au pouvoir que me conférait ma propre image aux yeux des autres. Finalement, j’étais réceptif aux futiles illusions de la gloire.

Ce que j’ai compris se résume à ceci : tout comme l’Église, que les pays anglophones s’empressent toujours de qualifier de « Romaine », façonnée sous le poids de deux mille ans d’histoire, je porte des ombres qui ont besoin de guérison. La véritable conquête n’est pas celle des empires, mais plutôt celle de la liberté intérieure offerte par Jésus qui est à la fois le Christ glorifié ainsi que l’Homme crucifié. Mon chemin de conversion est identique à celui de l’Église institutionnelle. Ce parcours nous mène tous sur le seuil de notre intime Porta Santa. Jésus est là! Il frappe pour y apporter une lumière spirituelle éclipsant les ombres de l’honneur, du pouvoir et de la gloire.

C’est mon espoir que le Pape François saura nous aider à approcher le divin non pas par l’expérience sensorielle du majestueux style « romain », mais plutôt par celui de la beauté de la nature, comme l’a si bien chanté Saint François d’Assise.

Père Serge St-Arneault, M.Afr, Lusaka, Zambie