
AUDREY TREMBLAY, Le Nouvelliste, 6 décembre 2019
La Tuque — En 2015, les dirigeants de la Ville de La Tuque ont rebaptisé l’édifice de la bibliothèque à la mémoire d’Annie St-Arneault, l’une des 14 victimes de la tragédie de l’École polytechnique de Montréal. On souhaitait que la Latuquoise reste gravée dans la mémoire collective des citoyens du Haut Saint-Maurice.
«C’était une suggestion du conseil municipal à ce moment-là pour souligner le 25e. La décision avait été unanime», lance Estelle Paulhus, directrice du loisir et de la culture de Ville de La Tuque. Par ce geste, le conseil municipal désirait rendre hommage à Annie St-Arneault et s’assurer que son histoire traversera le temps.
«C’était une femme qui aimait l’art et la littérature. Il y avait un lien naturel avec la bibliothèque. […] La bibliothèque est un lieu de savoir et d’apprentissage. La tragédie était aussi dans un lieu d’apprentissage et de savoir. C’est un symbole très fort de nommer la bibliothèque», indique Mme Paulhus.
Il s’agissait d’ailleurs du premier bâtiment municipal baptisé au nom d’une personne à La Tuque. D’ailleurs, la famille avait été très touchée par cet honneur. «Ç’a été très important pour mes parents. Ça l’était pour tout le monde, les amis, la famille, mais ç’a été un moment extrêmement important pour mes parents. Cette reconnaissance officielle de la Ville de La Tuque, c’est quelque chose. C’est très significatif», a souligné Serge St-Arneault, le frère d’Annie.
Il y a un espace, à l’intérieur de la bibliothèque, dédié à Annie St-Arneault. AUDREY TREMBLAY
La famille souhaitait alors que les générations futures qui vont fréquenter la bibliothèque puissent avoir accès à la poésie et à d’autres documents, mais surtout qu’ils connaissent le nom d’Annie et qu’ils s’interrogent sur la tragédie qu’ils n’ont pas connue. Un espace à l’intérieur de la bibliothèque est également dédié, depuis 2015, à la mémoire de cette étudiante en génie mécanique décédée à 23 ans en assistant à son dernier cours avant l’obtention de son diplôme.
En 2011, Serge St-Arneault a publié un recueil de poèmes que sa sœur avait rédigé. Ce recueil fait partie des objets exposés à sa mémoire à la Bibliothèque Annie-St-Arneault de La Tuque. «Dès son enfance, elle a démontré ses talents artistiques en écrivant des pièces de théâtre et comme flûtiste. Elle a commencé à écrire des poèmes à l’âge de 12 ans jusqu’à la veille de sa mort à 23 ans. Elle avait aussi un esprit scientifique, non pas pour défendre le féminisme, mais parce qu’elle aimait ça. Déjà à cette époque, elle se souciait des problèmes environnementaux. Sa foi en Dieu était palpable. Le recueil de sa poésie le montre bien. Il s’intitule «Une parole pour traverser le temps».
«Dans la préface de ce recueil, j’écrivais que «son tragique décès nous prive de la présence d’une femme exceptionnelle. Cette poésie, la sienne, nous montre une âme profonde, parfois tourmentée. C’est notre souhait que ce recueil lui redonne un droit de parole qui lui a été injustement enlevé. Le message que j’aimerais laisser est précisément celui de l’importance de préserver le souvenir d’Annie», a conclu Serge St-Arneault.
Commémoration
Ce vendredi 6 décembre à 16 h 30, le Toit de l’amitié, une maison d’hébergement et de services pour femmes victimes de violence conjugale, organise un rassemblement à la bibliothèque Annie St-Arneault. «C’est une commémoration. On va lire un texte. On pense aux 14 victimes et on se rappelle que la folie des hommes peut encore tuer des femmes. C’est à 16 h 30 parce que c’est arrivé à la brunante aussi en 1989. On veut garder cet esprit-là», a indiqué Ginette Girard, coordonnatrice du Toit de l’amitié.
