Qui l’avait imaginé? Même les Zambiens n’y rêvaient pas. Ils sont si habitués à se rendre tout au plus en demi-finale. Cette fois-ci, les Chipolopolos, c’est-à-dire les Boulets, de l’équipe nationale de football, ou soccer, ont emporté leur premier titre de champion de la coupe d’Afrique en battant la redoutable équipe des Éléphants de Côte-d’Ivoire par un barrage au but, après un match de deux heures sans pointage. Déjà, la demi-finale contre le Ghana avait fait naître un élan patriotique sans précédent. Les foules se sont alors précipitées dans les rues pour exprimer leur joie. Encore plus en fut-il après une angoissante attente pour atteindre la dernière minute de la finale. Huit balles, c’est-à-dire huit tirs au but, ont été nécessaires pour abattre l’Éléphant, au dire des commentateurs sportifs. L’explosion d’allégresse qui s’en est suivi a duré toute la nuit jusqu’au retour des héros le lendemain après-midi, en provenance du Gabon. Jamais n’a-t-on vu une foule si nombreuse à l’aéroport de Lusaka. Le débordement était incontrôlable, ou presque. La télévision nationale a télédiffusé en direct pendant toute la journée les différentes étapes du retour des joueurs.
Cette victoire est d’autant plus significative que c’est précisément à Libreville, au Gabon, que la presque totalité de l’équipe nationale zambienne de football avait connu une fin tragique dans un écrasement aérien le 27 avril 1993. Depuis cette date, jamais la sélection zambienne n’avait refoulé le sol gabonais. Symboliquement, les joueurs ont déposé des gerbes de fleurs sur le lieu de l’accident quelques jours seulement avant l’ultime confrontation contre la Côte d’Ivoire. Les dirigeants de l’équipe et l’entraineur, Hervé Renard, français, y ont vu un signe du destin. L’équipe actuelle allait conquérir le trophée en souvenir et au nom de ceux qui ont péri. Cela s’est effectivement réalisé le 12 février dernier.