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Conférence sur l’interculturalité. Suite.

Par Serge St-Arneault, MAfr

Organisée par le regroupement Canada-Afrique pour le développement durable (CADD), la conférence du 7 octobre 2022 fait suite de la précédente rencontre qui a eu lieu le 29 janvier dernier intitulée : CONFÉRENCE VIRTUELLE SUR LE THÈME DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE ET L’INTÉGRATION DES IMMIGRANTS.

Le but de la présente conférence est de démystifier le concept du RACISME SYSTÉMIQUE en tenant compte du principe de Joyce.

Premier point : PRINCIPES DE BASE

Quelques rappels sur les PRINCIPES DE BASE DE L’INTERCULTURALITÉ évoqués lors de la première conférence.

  1. La préservation de l’unité dans la pluralité exige un effort constant. Cet esprit d’unité fait référence à une prise de conscience de nos différentes façons de réfléchir ou de prendre ensemble des décisions. Un double mouvement oscillant entre une appartenance à un groupe et le sentiment subjectif d’unicité, cette altérité donc, permet l’acceptation de la dépendance réciproque. Notre identité se construit sur la base de notre diversité.
  2. Notre identité doit demeurer plurielle. En cas contraire, il y a un risque du refus de l’autre au détriment de la vie communautaire. Il y a aussi un danger d’assimilation culturelle menant à des formes d’aliénation et, ultimement, le développement de zones conflictuelles. C’est pourquoi la consolidation d’une véritable identité plurielle est seulement atteignable que dans un climat de dialogue.
  3. L’identité de la personne ou d’un groupe est une composition multiple soutenue par une ouverture mentale. À l’exemple d’un pont, la pluralité est source du développement identitaire en reliant les individus tout autant que les peuples. En toute chose, il faut éviter la pensée unique.
  4. Notre diversité culturelle n’est pas une menace, elle est plutôt une richesse.
  5. L’émergence d’une HOSPITALITÉ SOLIDAIRE favorisera l’acceptation d’une dépendance réciproque comme fondement identitaire.

Deuxième point : MULTICULTURALISME OU INTERCULTURALISME

L’opposition idéologique entre le Canada prônant le multiculturalisme et le Québec soucieux de l’interculturalisme est régulièrement débattue non seulement dans les milieux politiques, mais aussi dans les médias. Comme il n’est pas rare de confondre l’une et l’autre, une définition des termes s’impose.

Le MULTIculturalisme se caractérise principalement par la coexistence de plusieurs cultures dans un même pays ou encore par le maintien du caractère distinctif des cultures multiples au sein d’une société. Ce concept est enchâssé dans la Charte canadienne des droits et libertés et incluse dans la Constitution du Canada depuis 1982.

L’INTERculturalisme se réfère à l’échange réciproque entre des normes et des visions culturelles qui interagissent, non pas dans une logique de compétition, mais plutôt dans le cadre d’une compréhension culturelle et d’un système de valeurs mutuelles.

Un nouveau concept est récemment apparu pour éviter la confusion apparente entre MULTI et INTER.  Il s’agit de la « LA CONVERGENCE CULTURELLE ». Ce concept a pour ambition de tenir compte de la constante évolution de l’impact du flux migratoire au Québec et de l’émergence culturelle grandissante des communautés des Premières Nations.

Troisième point : RACISME SYSTÉMIQUE

Lors de l’émission du 2 octobre 2022 à Tout le monde en parle, Carol Dubé (l’époux de Joyce Echaquan) et Patrick Martin-Ménard (avocat) ont évoqué le drame qu’a vécu Joyce Echaquan qui est morte quelques heures après avoir publié sur Facebook une vidéo dans laquelle on la voyait souffrante et victime d’insultes racistes de la part de membres du personnel hospitalier.

Selon Régis Labeaume qui participait à cette émission, ce drame est une illustration du RACISME SYSTÉMIQUE : « La tragédie entourant le décès de Joyce Echaquan est la preuve que le racisme systémique existe. Le nier est incroyable. (…) Le racisme systémique, c’est un environnement social où on diminue des gens du regard, comme les Afro-Américains le vivent aux États-Unis. C’est ça qui est systémique. Ce n’est pas que l’organisation gouvernementale décide qu’il y a (ou non) du racisme. »

Selon Carol Dubé, « Nier le racisme systémique est nourrir le racisme. »

Quatrième point : UN PROBLÈME SYSTÉMIQUE

Ces jours-ci, il est souvent question du scandale à Hockey Canada. Le professeur André Richelieu, de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM fait appel à une réflexion plus large entourant la culture du hockey. Le problème, dit-il, « m’apparaît systémique ». « On ne le réglera pas en se focalisant uniquement sur Hockey Canada et en faisant de ce dernier un bouc émissaire pour se donner bonne conscience. Le problème est sans doute beaucoup plus large », affirme M. Richelieu. (Source : Trudeau hausse le ton, Canadian Tire coupe les ponts)

En fait, il s’agit de la « culture du silence » où les langues se taisent pour s’autoprotéger ou pour tolérer l’intolérable. Les pratiques maffieuses en sont un bel exemple.

Cinquième point : LE « PRINCIPE DE JOYCE »

Le conseil des Atikamekw de Manawan et le conseil de la Nation atikamekw ont remis le 16 novembre un mémoire intitulé « Principe de Joyce » au cabinet du premier ministre François Legault.

Énoncé du principe de Joyce

Le Principe de Joyce vise à garantir à tous les Autochtones un droit d’accès équitable, sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé, ainsi que le droit de jouir du meilleur état possible de santé physique, mentale, émotionnelle et spirituelle.

Le Principe de Joyce requiert obligatoirement la reconnaissance et le respect des savoirs et connaissances traditionnels et vivantes des autochtones en matière de santé.

Le gouvernement québécois reconnait qu’il y ait du racisme dans la société, mais refuse d’accepter que ce soit une composante systématique incrustée dans l’appareil gouvernemental.

Lors de la récente campagne électorale, le premier ministre François Legault a mis en valeur les mesures instaurées à l’hôpital de Joliette pour contrer le racisme contre les Atikamekw. Il a ajouté qu’il « ne fallait pas jouer sur les mots ». Mais, les mots ont une grande importance.

Cette reconnaissance permettrait :

  1. D’établir une meilleure réciprocité de Nation à Nation (les Québécois et les Atikamekw).
  2. De progresser vers l’interculturalisme (ou la convergence culturelle) et vers l’émergence d’une hospitalité solidaire avec l’acceptation d’une dépendance réciproque comme fondement identitaire.
  3. De briser le cycle du silence qui engendre le racisme systémique.

Sixième point : QUÉBÉCOIS DE SOUCHE (?) ET LES NOUVEAUX ARRIVANTS OU IMMIGRANTS

Les nouveaux arrivants ou les immigrés connaissent-ils les traumatismes historiques des Québécois que l’on qualifie ‘de souches’, c’est-à-dire les Canadiens français devenus des Québécois ?

Que connaissent les Québécois des traumas vécus par les immigrés : fuite de pays en guerre, difficultés d’intégration au Québec, le difficile apprentissage de la langue française ?

Il y a de part et d’autre beaucoup d’ignorance malgré la longue présence de vagues successives d’immigrés : Français, Italiens, Grecs, Haïtiens, Irlandais, Anglais, etc.

Sur ce sujet, je vous invite à regarder un court métrage de 25 minutes produit par OURHQ Studios de Serine Bentaya intitulé immiGRANDS (également disponible sur YouTube)

Or, il y a peu de chance que les Québécois de souche puissent construire avec les immigrés une HOSPITALITÉ SOLIDAIRE sans connaître en premier lieu le vécu de nos ancêtres réciproques qui ont façonné des identités personnelles et culturelles extrêmement variées. Mais, en partageant nos drames collectifs, il y a une chance de favoriser petit à petit l’acceptation de nos dépendances réciproques comme nouveau fondement identitaire ICI AU QUÉBEC.

BREFS JALONS HISTORIQUES DES QUÉBÉCOIS DE SOUCHE

  1. Arrivée de premiers Français en 1534 avec Jacques Cartier.
  2. Établissement d’une colonie autour de 1608 à Québec.
  3. Conquête anglaise en 1759 avec la défaite aux plaines d’Abraham à Québec.
  4. Répression armée du régime anglais contre les patriotes en 1837.
  5. Émancipation collective des ‘Canadiens-français’ avec la Révolution tranquille entre 1960 et 1975 et l’émergence de l’identité ‘québécoise’.
  6. Échec de deux référendums sur l’indépendance; 1980 et 1995.
  7. Le multiculturalisme adopté et incorporé dans la nouvelle constitution canadienne de 1982.
  8. Seconde élection d’un gouvernement caquiste le 3 octobre 2022.

ET LES NOUVEAUX ARRIVANTS

  1. D’une grande diversité de cultures, de races, de langues, etc.
  2. Comment et pourquoi les accueille-t-on au Canada, au Québec ? Est-ce par besoin de mains-d’œuvre seulement ? Pour quoi d’autre ?
  3. Les Québécois de souche les connaissent-ils ?
    Lire le lien suivant du journal La Presse du 9 octobre 2022 pour mieux comprendre : Qui sont les immigrants au Québec ?

ET LES AUTOCTHONES

  1. Les perceptions commencent à changer depuis quelques années : reconnaissance de l’État et des Églises des politiques désastreuses des tentatives d’assimilation des enfants dans les pensionnats. Des efforts sur le chemin de la réconciliation sont déployés.
  2. Ces communautés sont elles-mêmes d’une grande diversité : langues, coutumes, etc.
  3. Malgré leur poids démographique minoritaire, leur taux de natalité est très élevé. Que leur réserve l’avenir ?

Septième point : CONDITIONS POUR LE SUCCÈS D’UNE HOSPITALITÉ SOLIDAIRE

Les Québécois de souche font face à d’immenses peurs liées à leur histoire et leur statut minoritaire francophone. Que connaissent-ils des nouveaux arrivants, sinon des stéréotypes discriminatoires ? Exemple : le voile musulman (référence : Vers une respectueuse neutralité religieuse). Le nœud du problème n’est pas vraiment le voile, mais l’Islam radical.

Propositions :

  • Accepter nos dépendances réciproques comme nouveau fondement identitaire. C’est une longue et exigeante entreprise.
  • Voter de nouvelles lois gouvernementales sont nécessaires, comme la reconnaissance du Principe de Joyce.
  • Reconnaitre que la diversité de notre patrimoine religieux mondial est une richesse spirituelle commune.

Huitième point : VERS UNE SPIRITUALITÉ INTERCULTURELLE OU DE LA CONVERGENCE CULTURELLE

Tout comme les éléments culturels propres aux peuples, le patrimoine religieux mondial est une richesse universelle à partager sur le chemin d’une hospitalité solidaire. Comment pouvons-nous alors intégrer la spiritualité de l’interculturalité dans notre quotidien ?

  1. Nous devons être prêts à changer notre regard et nos modes de perception.
    a) En développant une démarche constructive.
    b) En considérant l’autre personne ou l’autre groupe comme une source de complémentarité.
    c) En appréciant l’autre comme un don pour moi, non pas une menace. Une communauté interculturelle devient ainsi un don pour tous.
  2. Nous devons valoriser la diversité qui est voulue par Dieu.
    a) À l’exemple de Moïse qui doit se déchausser pour pénétrer dans le lieu sacré de la rencontre, nous aussi, nous nous déchaussons de nos préjugés pour prioriser la spiritualité de l’interculturalité.
    b) Nous sommes tous les enfants d’un même créateur.
    c) La diversité est un don de Dieu.
    d) La diversité est suscitée par l’Esprit de Dieu.
  3. Nous devons chercher à tendre vers la spiritualité de communion.
    a) Pour bien jouer son rôle, l’Église devrait avant tout être la maison ou l’école de la communion.
    b) À privilégier : le regard du cœur, l’attention à l’autre, la capacité de voir le positif chez l’autre (personne ou groupe) et partager les fardeaux.
  4. Nous devons construire la fraternité (référence : 1 Jean, 4,20).
    a) En élargissant notre « cercle de fraternité »
    b) En devenant des LIEUX D’HOSPITALITÉ SOLIDAIRES en privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une spiritualité interculturelle dans l’accueil de l’autre.

Intéressants liens : VIIe Congrès des responsables des religions mondiales et traditionnelles. LE PAPE FRANÇOIS AU KAZAKHSTAN

Neuvième point : VERS UNE VISION UNIVERSELLE

Nous nous sommes limités à la problématique vécue ici, au Québec. Cependant, au niveau planétaire, nous faisons face à des défis de très grande envergure. Notre planète peut-elle devenir un LIEU D’HOSPITALITÉ SOLIDAIRE MONDIAL ?

Quels sont les problèmes en perspective qui nous affectent tous : changement climatique, immigration climatique, confrontation entre pays pour le contrôle de l’eau potable, impact de nouvelles pandémies, diminution des droits de la personne sous des régimes dictatoriaux, polarisation des idéologies politiques et religieuses par l’extrémisme et le fondamentalisme.

Au niveau planétaire, serons-nous un jour capables d’accepter une dépendance réciproque comme fondement identitaire regroupant tous les peuples, toutes les nations et toutes les religions ?

DIVERSITÉ CULTURELLE ET INTÉGRATION DES IMMIGRANTS – SUITE. RACISME SYSTÉMIQUE

INVITATION
CONFERERENCE VIRTUELLE

THÈME:  DIVERSITÉ CULTURELLE
ET INTÉGRATION DES IMMIGRANTS – SUITE

SOUS-THÈME : RACISME SYSTÉMIQUE

CONFERENCIER : LE PÈRE SERGE ST-ARNEAULT, MAfr
DIRECTEUR DU CENTRE AFRIKA, MONTRÉAL

Le 7 octobre de 13h-14h

Bien cordialement,

Gabriel K. NGARLEM, coordonnateur

(438) 936 3697

La convergence culturelle

Serge St-Arneault et Isabel Dion. Photo : Raphaël Muteba, M.Afr.

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Le 22 mars dernier, en tant que Directeur du Centre Afrika, j’ai répondu à une invitation de la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois, tenue au centre sportif et culturel du Collège Mont-Royal, pour assister à une conférence sur le thème de la convergence culturelle comme alternative au multiculturalisme.

L’opposition idéologique entre le Canada prônant le multiculturalisme et le Québec soucieux de l’interculturalité est régulièrement débattue non seulement dans les milieux politiques, mais aussi dans les médias. Comme il n’est pas rare de confondre l’une et l’autre, une définition des termes s’impose.

Le multiculturalisme se caractérise principalement par la coexistence de plusieurs cultures dans un même pays ou encore par le maintien du caractère distinctif des cultures multiples au sein d’une société.

L’interculturalisme se réfère à l’échange réciproque entre des normes et des visions culturelles qui interagissent ensemble, non pas dans une logique de compétition, mais plutôt dans le cadre d’une compréhension culturelle et d’un système de valeurs mutuelles.

De cela apparaît un nouveau concept, celui de la « convergence culturelle », pour tenir compte de la constante évolution de l’impact du flux migratoire qui prend de l’ampleur au Québec. C’est sans compter avec l’heureuse prise de parole et l’émergence culturelle grandissante des communautés des Premières Nations.

La convergence culturelle se veut sans couleur et sans religion. Verrons-nous un jour l’adoption d’une loi-cadre inscrite dans une constitution québécoise ? Seul l’avenir nous le dira.

Le débat est avant tout d’ordre politique. Mais, ce qui m’intéresse, c’est l’aspect spirituel de la question. La solidarité en tant que ciment au sein de différentes communautés culturelles, ancestrales, de souche ou plus récentes, peut-elle s’enraciner seulement avec une déclaration politique encadrée par une loi ? Un « humanisme culturel » rassembleur me semble insuffisant. La construction d’une « nouvelle identité » nécessairement plurielle doit incorporer d’autres valeurs.

Une convergence religieuse déjà existante

La spiritualité peut-elle enrichir ce nouveau concept ? La spiritualité est en soi un concept difficile à bien définir. Il y a d’innombrables formes de spiritualité basées ou non sur le patrimoine historique des religions. Mon expérience au sein du Centre Canadien Œcuménique m’enseigne que la « convergence religieuse » existe bel et bien. De nombreuses initiatives, inconnues du grand public, ont récemment permis de rassembler différentes religions dans des moments de prières partagées grâce au logiciel Zoom. La convergence ne signifie pas l’effacement des différences. La dépendance réciproque permet au contraire de prendre conscience que nous formons une unité « spirituelle » dans la diversité des rites religieux; chrétiens, musulmans, religions orientales, spiritualités autochtones, etc.

Contrairement à la perception courante que les religions s’opposent avec violence, ce qui a été le cas historiquement et continue de l’être dans certains pays, un effort de dialogue œcuménique et interreligieux réel et soutenu nous permet aujourd’hui de collaborer sur des enjeux de société communs.

Une convergence religieuse inspirante

Une société interculturelle à saveur de convergence culturelle peut-elle s’enraciner dans un climat de « convergence religieuse »? Voyons quelques avenus possibles.

  1. Une société « inspirée » par une convergence religieuse verra à développer une démarche collective constructive en considérant l’autre groupe culturel et religieux comme source de complémentarité.
  2. Cette société permettra de déceler dans la variété des formes culturelles et religieuses une source de dons, non une menace. Chaque communauté interculturelle devient ainsi un don pour tous.
  3. La diversité des dons est voulue par Dieu où chaque personne, au-delà de son identité culturelle ou religieuse, est un enfant d’un même créateur.
  4. La convergence religieuse tend vers une spiritualité de communion qui privilégie un regard respectueux et attentif aux besoins de tous, prêt à partager les fardeaux des uns et des autres, spécialement dans des moments de crises.
  5. La convergence religieuse élargit le cercle de la fraternité où chaque milieu culturel et religieux devient un lieu d’hospitalité solidaire privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une convergence culturelle.

Conclusion

J’ai apprécié la découverte d’un nouveau concept, celui de la convergence culturelle. Lors des différentes interventions, il a été question à quelques reprises du passé religieux catholique des Canadiens français. Il me semble que nous n’avons pas encore fait la paix avec notre passé religieux. Or, l’Église catholique au Québec a évolué. Elle expérimente le dialogue interreligieux depuis plusieurs décennies. Il me semble que la convergence religieuse est déjà une réalité alors que le concept de la convergence culturelle semble nouveau, du moins sur le plan du discours politique.

Isabel Dion

Je remercie Isabel Dion, présidente de la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois pour son invitation à assister aux conférences et témoignages de Guillaume Rousseau et Anna Simonyan.

LIENS : ARTICLES PUBLIÉS PAR SERGE ST-ARNEAULT, M.Afr

L’HOSPITALITÉ SOLIDAIRE COMME FONDEMENT DE NOS COMMUNAUTÉS INTERCULTURELLES

L’HOSPITALITÉ SOLIDAIRE COMME FONDEMENT SPIRITUEL DE NOS COMMUNAUTÉS INTERCULTURELLES

BECOMING INTERCULTURAL: PERSPECTIVES ON MISSION

L’hospitalité solidaire comme fondement de nos communautés interculturelles

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Inspiré par une résolution du dernier chapitre, l’atelier sur la vie en communautés interculturelles comme témoignage apostolique a réuni 18 confrères, incluant les animateurs Freddy Kyombo, Andreas Göpfert ainsi que le secrétaire Jean-Paul Guibila, du 1er au 8 septembre 2019 à la Maison Généraliste.

L’objectif global de ce rassemblement était de définir une spiritualité interculturelle avec comme objectif d’aider nos communautés M.Afr à améliorer leur témoignage communautaire. C’est à ce niveau que l’hospitalité solidaire apparaît être la notion qui définit le mieux le fondement de nos communautés interculturelles.

Grâce à une construction progressive de nos communautés internationales inspirée dès sa fondation par la parole du Cardinal Lavigerie insistant sur « l’esprit de corps » pour témoigner du Christ et des valeurs du Royaume de Dieu, nous sommes à même d’évaluer périodiquement notre identité. Plus que jamais, nous tenons compte de notre diversité culturelle perçue non pas comme une menace, mais plutôt comme une richesse. Notre désir profond est de témoigner notre unité dans la diversité.

Cela pose un sérieux défi. En effet, la préservation de l’unité dans la pluralité exige un effort constant. Cet esprit d’unité fait référence à une prise de conscience de nos différentes façons de réfléchir ou de prendre ensemble des décisions. Un double mouvement oscillant entre une appartenance à un groupe et le sentiment subjectif d’unicité, cette altérité donc, permet l’acceptation de la dépendance réciproque. Notre identité se construit sur la base de notre diversité.

Ainsi donc, notre identité doit demeurer plurielle. En cas contraire, il y a un risque du refus de l’autre au détriment de la vie communautaire, un danger d’assimilation culturelle menant à des formes d’aliénation et un danger de développement de zones conflictuelles. Par contre, la consolidation de l’identité est atteinte dans un climat de dialogue.

Risques qui menacent le développement de l’identité communautaire

Une intoxication du climat relationnel s’accroît avec une exagération des différences ethniques et leur manipulation et instrumentalisation. Une purification des perceptions est donc nécessaire avec le développement d’un sens critique. Celle-ci évitera la violence.

L’identité de la personne ou d’un groupe est une composition multiple soutenue par une ouverture mentale. C’est dans ce cadre que la pluralité est source du développement identitaire qui relie les individus comme les peuples à l’exemple d’un pont. En toute chose, il faut éviter la pensée unique.

Un autre risque ou danger est la propagation de stéréotypes ou étiquettes discriminatoires. En tant que personnes consacrées au Royaume de Dieu, nous sommes particulièrement choisis pour lutter contre cela. La démarche à privilégier est celle d’une spiritualité de la communion fraternelle respectueuse des différences. Être disciple du Christ est d’affirmer que nous sommes tous complémentaires des uns des autres.

Une forte identité, individuelle et collective, est à la fois exigeante et tout à fait compatible avec une spiritualité de la communion. En effet, elle repose sur la volonté affichée d’acquérir une nouvelle vision de soi basée sur le concept de l’interculturalité. C’est dans ce sens que l’interculturalité est perçue par certaines personnes ou groupes comme une grande provocation.

Difficultés liées aux changements constants

Les stéréotypes et préjugés reposent sur des codes culturels liés sur le rapport que l’homme a établi avec la nature, le temps, l’espace, la maladie et la mort, le pouvoir. La variété des comportements culturels est presque infinie. De nos jours, nous devons ajouter la présence de la culture numérique qui pose de nouveaux défis. Une différence notable se fait sentir entre les nouvelles générations et les aînés. Ces derniers ont plus de difficulté à suivre le rythme des nouveautés numériques.

Vers une spiritualité interculturelle

Comment pouvons-nous intégrer la spiritualité de l’interculturalité dans notre quotidien ?

  1. Nous devons être prêts à changer notre regard et nos modes de perception.
    • En développement une démarche constructive.
    • En considérant l’autre personne ou l’autre groupe comme une source de complémentarité.
    • En appréciant l’autre comme un don pour moi, non pas une menace.
    • Ainsi, une communauté interculturelle devient un don pour tous.
  2. Nous devons valoriser la diversité qui est voulue par Dieu.
    • À l’exemple de Moïse qui doit se déchausser pour pénétrer dans le lieu sacré de la rencontre, nous aussi, nous nous déchaussons de nos préjugés pour prioriser la spiritualité de l’interculturalité.
    • Nous sommes tous les enfants d’un même créateur.
    • La diversité est un don de Dieu.
    • La diversité est suscitée par l’Esprit de Dieu.
  3. Nous devons chercher à atteindre ou tendre vers la spiritualité de communion.
    • Pour bien jouer son rôle, l’Église devrait avant tout être la maison ou l’école de la communion.
    • À privilégier : le regard du cœur, l’attention à l’autre, la capacité de voir le positif chez l’autre (personne ou groupe) et partager les fardeaux.
  4. Nous devons construire la fraternité (référence : 1 Jean, 4,20).
    • En élargissant notre « cercle de fraternité »
    • En devenant des LIEUX D’HOSPITALITÉ SOLIDAIRES en privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une spiritualité interculturelle dans l’accueil de l’autre.

Conclusion

Nous avons accordé beaucoup d’attention à l’hospitalité depuis notre fondation. La solidarité fait aussi partie de notre façon de vivre en communauté. Sur ce point, il n’y a rien de nouveau. Par contre, en conjuguant plus intimement ces deux dimensions, nous parvenons à incorporer l’interculturalité au sein de nos communautés. C’est alors que l’interculturalité se définit comme une spiritualité, c’est-à-dire un lieu d’expression de l’Esprit, don de Dieu.

Participants à l’atelier « Vivre en communauté interculturelles comme témoignage apostolique aujourd’hui », Rome du 1 au 8 septembre 2019. 1: Freddy Kyombo. 2: Paul Makambi Kitha. 3: Andreas Göpfert. 4: Michael Mpindo. 5: Robert Ubemu. 6: Georges Jacques. 7: Robert Ubemu. 8: Armand Galay. 9: Daniel Nana. 10:  Paul Johnston. 11: Benjamin Jigeesh. 12: Hans Joachim Lohre. 13: Serge St-Arneault. 14: Serge Boroto. 15: Emmanuel Noufé. 16: Robbin Simbeye. 17: Bonaventure Bwanakweri. 18: Alex Manda.