La convergence culturelle

Serge St-Arneault et Isabel Dion. Photo : Raphaël Muteba, M.Afr.

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Le 22 mars dernier, en tant que Directeur du Centre Afrika, j’ai répondu à une invitation de la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois, tenue au centre sportif et culturel du Collège Mont-Royal, pour assister à une conférence sur le thème de la convergence culturelle comme alternative au multiculturalisme.

L’opposition idéologique entre le Canada prônant le multiculturalisme et le Québec soucieux de l’interculturalité est régulièrement débattue non seulement dans les milieux politiques, mais aussi dans les médias. Comme il n’est pas rare de confondre l’une et l’autre, une définition des termes s’impose.

Le multiculturalisme se caractérise principalement par la coexistence de plusieurs cultures dans un même pays ou encore par le maintien du caractère distinctif des cultures multiples au sein d’une société.

L’interculturalisme se réfère à l’échange réciproque entre des normes et des visions culturelles qui interagissent ensemble, non pas dans une logique de compétition, mais plutôt dans le cadre d’une compréhension culturelle et d’un système de valeurs mutuelles.

De cela apparaît un nouveau concept, celui de la « convergence culturelle », pour tenir compte de la constante évolution de l’impact du flux migratoire qui prend de l’ampleur au Québec. C’est sans compter avec l’heureuse prise de parole et l’émergence culturelle grandissante des communautés des Premières Nations.

La convergence culturelle se veut sans couleur et sans religion. Verrons-nous un jour l’adoption d’une loi-cadre inscrite dans une constitution québécoise ? Seul l’avenir nous le dira.

Le débat est avant tout d’ordre politique. Mais, ce qui m’intéresse, c’est l’aspect spirituel de la question. La solidarité en tant que ciment au sein de différentes communautés culturelles, ancestrales, de souche ou plus récentes, peut-elle s’enraciner seulement avec une déclaration politique encadrée par une loi ? Un « humanisme culturel » rassembleur me semble insuffisant. La construction d’une « nouvelle identité » nécessairement plurielle doit incorporer d’autres valeurs.

Une convergence religieuse déjà existante

La spiritualité peut-elle enrichir ce nouveau concept ? La spiritualité est en soi un concept difficile à bien définir. Il y a d’innombrables formes de spiritualité basées ou non sur le patrimoine historique des religions. Mon expérience au sein du Centre Canadien Œcuménique m’enseigne que la « convergence religieuse » existe bel et bien. De nombreuses initiatives, inconnues du grand public, ont récemment permis de rassembler différentes religions dans des moments de prières partagées grâce au logiciel Zoom. La convergence ne signifie pas l’effacement des différences. La dépendance réciproque permet au contraire de prendre conscience que nous formons une unité « spirituelle » dans la diversité des rites religieux; chrétiens, musulmans, religions orientales, spiritualités autochtones, etc.

Contrairement à la perception courante que les religions s’opposent avec violence, ce qui a été le cas historiquement et continue de l’être dans certains pays, un effort de dialogue œcuménique et interreligieux réel et soutenu nous permet aujourd’hui de collaborer sur des enjeux de société communs.

Une convergence religieuse inspirante

Une société interculturelle à saveur de convergence culturelle peut-elle s’enraciner dans un climat de « convergence religieuse »? Voyons quelques avenus possibles.

  1. Une société « inspirée » par une convergence religieuse verra à développer une démarche collective constructive en considérant l’autre groupe culturel et religieux comme source de complémentarité.
  2. Cette société permettra de déceler dans la variété des formes culturelles et religieuses une source de dons, non une menace. Chaque communauté interculturelle devient ainsi un don pour tous.
  3. La diversité des dons est voulue par Dieu où chaque personne, au-delà de son identité culturelle ou religieuse, est un enfant d’un même créateur.
  4. La convergence religieuse tend vers une spiritualité de communion qui privilégie un regard respectueux et attentif aux besoins de tous, prêt à partager les fardeaux des uns et des autres, spécialement dans des moments de crises.
  5. La convergence religieuse élargit le cercle de la fraternité où chaque milieu culturel et religieux devient un lieu d’hospitalité solidaire privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une convergence culturelle.

Conclusion

J’ai apprécié la découverte d’un nouveau concept, celui de la convergence culturelle. Lors des différentes interventions, il a été question à quelques reprises du passé religieux catholique des Canadiens français. Il me semble que nous n’avons pas encore fait la paix avec notre passé religieux. Or, l’Église catholique au Québec a évolué. Elle expérimente le dialogue interreligieux depuis plusieurs décennies. Il me semble que la convergence religieuse est déjà une réalité alors que le concept de la convergence culturelle semble nouveau, du moins sur le plan du discours politique.

Isabel Dion

Je remercie Isabel Dion, présidente de la Commission de la citoyenneté du Bloc Québécois pour son invitation à assister aux conférences et témoignages de Guillaume Rousseau et Anna Simonyan.

LIENS : ARTICLES PUBLIÉS PAR SERGE ST-ARNEAULT, M.Afr

L’HOSPITALITÉ SOLIDAIRE COMME FONDEMENT DE NOS COMMUNAUTÉS INTERCULTURELLES

L’HOSPITALITÉ SOLIDAIRE COMME FONDEMENT SPIRITUEL DE NOS COMMUNAUTÉS INTERCULTURELLES

BECOMING INTERCULTURAL: PERSPECTIVES ON MISSION

2 réflexions sur « La convergence culturelle »

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