L’hospitalité solidaire comme fondement de nos communautés interculturelles

Par Serge St-Arneault, M.Afr

Inspiré par une résolution du dernier chapitre, l’atelier sur la vie en communautés interculturelles comme témoignage apostolique a réuni 18 confrères, incluant les animateurs Freddy Kyombo, Andreas Göpfert ainsi que le secrétaire Jean-Paul Guibila, du 1er au 8 septembre 2019 à la Maison Généraliste.

L’objectif global de ce rassemblement était de définir une spiritualité interculturelle avec comme objectif d’aider nos communautés M.Afr à améliorer leur témoignage communautaire. C’est à ce niveau que l’hospitalité solidaire apparaît être la notion qui définit le mieux le fondement de nos communautés interculturelles.

Grâce à une construction progressive de nos communautés internationales inspirée dès sa fondation par la parole du Cardinal Lavigerie insistant sur « l’esprit de corps » pour témoigner du Christ et des valeurs du Royaume de Dieu, nous sommes à même d’évaluer périodiquement notre identité. Plus que jamais, nous tenons compte de notre diversité culturelle perçue non pas comme une menace, mais plutôt comme une richesse. Notre désir profond est de témoigner notre unité dans la diversité.

Cela pose un sérieux défi. En effet, la préservation de l’unité dans la pluralité exige un effort constant. Cet esprit d’unité fait référence à une prise de conscience de nos différentes façons de réfléchir ou de prendre ensemble des décisions. Un double mouvement oscillant entre une appartenance à un groupe et le sentiment subjectif d’unicité, cette altérité donc, permet l’acceptation de la dépendance réciproque. Notre identité se construit sur la base de notre diversité.

Ainsi donc, notre identité doit demeurer plurielle. En cas contraire, il y a un risque du refus de l’autre au détriment de la vie communautaire, un danger d’assimilation culturelle menant à des formes d’aliénation et un danger de développement de zones conflictuelles. Par contre, la consolidation de l’identité est atteinte dans un climat de dialogue.

Risques qui menacent le développement de l’identité communautaire

Une intoxication du climat relationnel s’accroît avec une exagération des différences ethniques et leur manipulation et instrumentalisation. Une purification des perceptions est donc nécessaire avec le développement d’un sens critique. Celle-ci évitera la violence.

L’identité de la personne ou d’un groupe est une composition multiple soutenue par une ouverture mentale. C’est dans ce cadre que la pluralité est source du développement identitaire qui relie les individus comme les peuples à l’exemple d’un pont. En toute chose, il faut éviter la pensée unique.

Un autre risque ou danger est la propagation de stéréotypes ou étiquettes discriminatoires. En tant que personnes consacrées au Royaume de Dieu, nous sommes particulièrement choisis pour lutter contre cela. La démarche à privilégier est celle d’une spiritualité de la communion fraternelle respectueuse des différences. Être disciple du Christ est d’affirmer que nous sommes tous complémentaires des uns des autres.

Une forte identité, individuelle et collective, est à la fois exigeante et tout à fait compatible avec une spiritualité de la communion. En effet, elle repose sur la volonté affichée d’acquérir une nouvelle vision de soi basée sur le concept de l’interculturalité. C’est dans ce sens que l’interculturalité est perçue par certaines personnes ou groupes comme une grande provocation.

Difficultés liées aux changements constants

Les stéréotypes et préjugés reposent sur des codes culturels liés sur le rapport que l’homme a établi avec la nature, le temps, l’espace, la maladie et la mort, le pouvoir. La variété des comportements culturels est presque infinie. De nos jours, nous devons ajouter la présence de la culture numérique qui pose de nouveaux défis. Une différence notable se fait sentir entre les nouvelles générations et les aînés. Ces derniers ont plus de difficulté à suivre le rythme des nouveautés numériques.

Vers une spiritualité interculturelle

Comment pouvons-nous intégrer la spiritualité de l’interculturalité dans notre quotidien ?

  1. Nous devons être prêts à changer notre regard et nos modes de perception.
    • En développement une démarche constructive.
    • En considérant l’autre personne ou l’autre groupe comme une source de complémentarité.
    • En appréciant l’autre comme un don pour moi, non pas une menace.
    • Ainsi, une communauté interculturelle devient un don pour tous.
  2. Nous devons valoriser la diversité qui est voulue par Dieu.
    • À l’exemple de Moïse qui doit se déchausser pour pénétrer dans le lieu sacré de la rencontre, nous aussi, nous nous déchaussons de nos préjugés pour prioriser la spiritualité de l’interculturalité.
    • Nous sommes tous les enfants d’un même créateur.
    • La diversité est un don de Dieu.
    • La diversité est suscitée par l’Esprit de Dieu.
  3. Nous devons chercher à atteindre ou tendre vers la spiritualité de communion.
    • Pour bien jouer son rôle, l’Église devrait avant tout être la maison ou l’école de la communion.
    • À privilégier : le regard du cœur, l’attention à l’autre, la capacité de voir le positif chez l’autre (personne ou groupe) et partager les fardeaux.
  4. Nous devons construire la fraternité (référence : 1 Jean, 4,20).
    • En élargissant notre « cercle de fraternité »
    • En devenant des LIEUX D’HOSPITALITÉ SOLIDAIRES en privilégiant le vrai dialogue et la construction progressive d’une spiritualité interculturelle dans l’accueil de l’autre.

Conclusion

Nous avons accordé beaucoup d’attention à l’hospitalité depuis notre fondation. La solidarité fait aussi partie de notre façon de vivre en communauté. Sur ce point, il n’y a rien de nouveau. Par contre, en conjuguant plus intimement ces deux dimensions, nous parvenons à incorporer l’interculturalité au sein de nos communautés. C’est alors que l’interculturalité se définit comme une spiritualité, c’est-à-dire un lieu d’expression de l’Esprit, don de Dieu.

Participants à l’atelier « Vivre en communauté interculturelles comme témoignage apostolique aujourd’hui », Rome du 1 au 8 septembre 2019. 1: Freddy Kyombo. 2: Paul Makambi Kitha. 3: Andreas Göpfert. 4: Michael Mpindo. 5: Robert Ubemu. 6: Georges Jacques. 7: Robert Ubemu. 8: Armand Galay. 9: Daniel Nana. 10:  Paul Johnston. 11: Benjamin Jigeesh. 12: Hans Joachim Lohre. 13: Serge St-Arneault. 14: Serge Boroto. 15: Emmanuel Noufé. 16: Robbin Simbeye. 17: Bonaventure Bwanakweri. 18: Alex Manda.

5 réflexions sur « L’hospitalité solidaire comme fondement de nos communautés interculturelles »

  1. Un problème grandissant dans la Société … Une session tout à fait à point …. qui se complique par des difficultés de bonne entente, non seulement dans la ligne Africains-Non africains … Mais , dans une ligne de confrontation entre africains eux -mêmes … Certains, comme en Afrique du Sud parlent de Xenophobia !!

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