Par Serge St-Arneault, M.Afr
Selon le document de travail de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques qui se tient à Rome, les jeunes aspirent à une «Église authentique » qui puisse briller par «exemplarité, coresponsabilité et solidité culturelle»… «une Église moins institutionnelle, et plus relationnelle, capable d’accueillir sans juger préalablement, amie et proche, accueillante et miséricordieuse».
Nous sommes tous tributaires de structures pour notre survie individuelle et collective au risque de dégénérer ou, pire encore, de nous autodétruire. J’en ai fait l’expérience au Zaïre au début des années 1990 lorsque le pays s’est effondré dans le pillage et la guerre civile. Les repaires sociaux disparaissent alors à la même vitesse que la sécurité des personnes. C’est ce qu’on appelle le chaos.
Ici, nous avons raison d’être fiers de nos structures politiques, juridiques et économiques. Nous avons nos chartes, nos constitutions, nos institutions et nos valeurs. Pourtant, en tant que citoyens et croyants, nous nous sentons bousculés par l’évolution des mœurs, la complexification des relations internationales et les enjeux écologiques.
Sociologiquement, les institutions, aussi nécessaires soient-elles, mènent parfois vers des formes d’aliénation. Il y a des familles dysfonctionnelles où la peur et la violence engendrent des traumatismes. Les régimes politiques totalitaires engendrent des guerres. C’est pourquoi nul n’est tenu de défendre à tout prix une institution, un régime, un système ou une structure déficiente ou opprimante.
Ce qui compte avant tout au sein de toute forme institutionnelle est de nous permettre de vivre dignement. C’est pour cela que le drame des enfants, pour ne prendre que cet exemple, abusés par les représentants de l’Église fait si mal. Plus douloureux et scandaleux est l’effort des institutions religieuses et cléricales de protéger la réputation de l’Église plutôt que de rendre justice aux plus vulnérables.
L’Église Catholique a plus de 2000 ans d’histoire. Cela a permis la consolidation d’une richesse non seulement matérielle, mais aussi doctrinale et ecclésiale. Par contre, nos structures ne sont plus adaptées à la réalité changeante d’aujourd’hui. Que faire de nos églises désertées ?
Dans un contexte où les appartenances identitaires se diversifient, l’Église au Québec vit un tournant missionnaire. Voilà une opportunité à saisir. Nous devons en profiter pour redéfinir notre vision en tant que communauté croyante en Jésus-Christ. Sans tourner le dos à notre appartenance catholique, nous pouvons désormais témoigner de notre foi en osant mettre à l’écart ce qui nous empêche d’être une «Église authentique » pour reprendre les mots ci-haut mentionnés.
Il est temps de nous alléger du fardeau d’une institution trop lourde à gérer. Le temps est venu de briller par «exemplarité, coresponsabilité et solidité culturelle». Reste à savoir comment définir tout cela.
Article publié dans le Bulletin électronique Église de Trois-Rivières – septembre/octobre/novembre 2018