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Pensionnats autochtones: « Il y a de la tristesse et de la colère »

AUDREY TREMBLAY, Le Nouvelliste, 11 juillet 2021 

Les récentes découvertes faites sur les sites de pensionnats autochtones soulèvent plusieurs sentiments de part et d’autre selon le prêtre de la Paroisse Saint-Martin de Tours en Haute-Mauricie, Marc Lahaie. Ce dernier serait en faveur que des fouilles aient lieu à La Tuque si les anciens pensionnaires en font eux-mêmes la demande.

« Je pense que les Premières Nations s’attendent à ça et qu’ils veulent des réponses à leurs questions. C’est à eux qu’il faudrait toutefois poser la question », lance-t-il.

Marc Lahaie côtoie les Atikamekw depuis une dizaine d’années dans le secteur de la Haute-Mauricie. Il estime que c’est un privilège de pouvoir côtoyer les membres des Premières nations et il en compte d’ailleurs parmi ses amis. Pour lui, la meilleure façon d’aller de l’avant avec une réconciliation c’est « de marcher ensemble et surtout en sachant qu’on n’a pas tous les mêmes points de repère ».

« C’est tout un processus », avoue-t-il.

Marc Lahaie avait assisté aux audiences de la Commission de vérité et réconciliation du Canada lors de son passage à La Tuque en 2013. « Après cette journée-là, j’étais allé prendre une marche sur la rive ouest. Je n’étais plus capable de rien faire de la journée. Quand tu écoutes des gens qui racontent ce qu’ils ont vécu, tu n’es pas dans l’intellectuel ou dans l’analyse: ça vient te toucher profondément. »

Marc Lahaie

Le prêtre Lahaie ajoute « qu’il n’y a rien à défendre et qu’il faut prendre le coup et arrêter de mettre des nuances. Non, non, c’est vrai, il y a des choses qui se sont passées. Il faut avouer et s’excuser. »

Les plus récentes découvertes touchent également les mêmes cordes sensibles que celles de la tristesse et de la colère, selon le prête originaire du Cap-de-la-Madeleine. « Il y a de la tristesse et de la colère pour ce que les Premières Nations ont vécu, et aussi pour tant de religieux et de religieuses qui ne peuvent pas dire un mot, qui ne sont pas tous des pareils », estime Marc Lahaie.

Ce dernier regrette qu’on mette tout le monde dans le même panier. Lui qui connaît personnellement des personnes qui ont tout donné pour la société. « Mon autre peine, c’est comme dans les familles et les nations. Dans les religieux et les religieuses, spécialement ceux qui ne sont pas décédés. Il y a eu des gens qui ont été d’une générosité et d’un don de soi inouï, comme on a des grands-parents qui ont été des héros. Ils ont fait ça en silence et ils passent ‘’pour des pareils’’ et ils ne peuvent pas dire un mot », souligne Marc Lahaie.

Est-ce que l’Église devrait présenter des excuses aux Premières nations? La question semble simple, mais la réponse, elle, demeure complexe. « La manchette crée une perception qu’en plus d’avoir fait des dégâts, l’Église ne veut pas s’excuser, ce qui n’est pas le cas », précise M. Lahaie.

« La question a été posée 150 fois dans la Commission de vérité et réconciliation, c’était un des points. L’Église en a pris acte, mais le processus était plus long. C’était déjà en démarche. Avec la nouvelle qui est sortie, les gens vont dire que c’est à cause de la pression et que ce n’est pas sincère, etc. Alors que c’était déjà en processus. […] Au-delà du Pape, l’Église fonctionne beaucoup par diocèses. Dans les endroits, il y a plusieurs évêques qui se sont excusés au nom de l’Église. Il y a beaucoup de communautés religieuses qui l’ont fait », note-t-il.

Dans la paroisse Saint-Martin-de-Tours, il y a un registre paroissial qui date de plus de 100 ans et même si certaines informations sont difficiles à retracer, on met tous les efforts nécessaires pour répondre aux questions des gens. « Je pense que le plus important au-delà de tout ça, c’est d’accompagner les gens qui ont besoin d’avoir des réponses à leurs questions, mais aussi dans le processus de deuil. […] C’est certain que des événements font remonter de la colère, mais il faut en arriver à autre chose pour être en paix. »

« Il faut qu’on chemine, qu’on avance et qu’on trouve le plus de paix possible », a conclu Marc Lahaie

Déménager la bibliothèque dans l’église Saint-Zéphirin: la Ville veut l’avis des citoyens

AUDREY TREMBLAY, Le Nouvelliste, 22 juillet 2020

LA TUQUE — La bibliothèque municipale pourrait s’installer à l’église Saint-Zéphirin. C’est du moins ce qu’envisage la Ville de La Tuque. Les citoyens seront invités à donner leur opinion sur cette idée qui a été dévoilée mardi soir lors de l’assemblée publique du conseil municipal, sans même que le Conseil de la Fabrique soit au courant des plans de la Ville.

«On aimerait présenter un projet à la population de La Tuque. Il y a beaucoup de conditions. La première condition ce serait probablement de devenir propriétaire de la bâtisse et d’y ériger la bibliothèque municipale. Ce n’est pas nouveau, ç’a été déjà pensé lorsqu’il y a eu la transformation des deux églises», lance la maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay.

Il faut dire que l’option avait déjà été analysée avec l’église Marie-Médiatrice avant de finalement se tourner vers le projet qui a donné naissance à la résidence des bâtisseurs.

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«On ne veut pas voir disparaître le bâtiment de l’église Saint-Zéphirin, c’est un bâtiment qui a une valeur patrimoniale», indique le maire.

La Ville souligne également que des investissements majeurs, qui nécessiteront plusieurs millions, doivent être faits à la bibliothèque Annie-St-Arneault.

Les élus municipaux veulent un mandat clair de la population pour mettre en place toutes les conditions favorables à élaborer ce projet à caractère «culturel, historique, touristique».

«Une des premières conditions, c’est de consulter la population, les jeunes et les moins jeunes. Je vais mandater le greffier pour trouver une formule où je peux consulter tous les gens. Là-dedans, ça va nous prendre un mandat de la population», note le maire Tremblay.

«Ce que l’on s’engage à faire, c’est de créer les conditions pour le faire. Je ne suis pas l’homme le plus patient. Je ne veux pas faire ça sur 15 ans. J’aimerais créer un comité de travail», a-t-il ajouté.

Le personnel de la bibliothèque a été rencontré à ce sujet et la Ville soutient qu’ils sont emballés par le projet et qu’ils se sentent très concernés.

Le maire Tremblay a également tenu à rassurer la population, il n’est pas question de faire concurrence au Complexe culturel Félix-Leclerc.

Il sera également possible de partager l’endroit pour des services sacramentels pendant un certain temps.

Impossible pour le moment de chiffrer le projet, mais chose certaine la ville «ne va pas acheter ça à 600 000 $».

«Il faudra que ce soit acceptable», insiste le maire.

Ce dernier n’a toutefois pas encore rencontré les gens de la Fabrique. La Ville avait demandé à la Fabrique de montrer patte blanche au niveau des états financiers avant d’ouvrir la discussion.

«Cette condition-là n’a toujours pas été établie, mais comme je vous dis, je me propose pour communiquer avec Mme Fréchette et de voir ce qu’il peut être fait. Il devra y avoir des discussions d’ordre technique, financier et d’organisation aussi sur le comité. Ce que j’aimerais aussi, c’est qu’on rejoigne tous les gens», indique M. Tremblay.

Le maire voulait avant tout informer et consulter la population. Le conseiller municipal, Jean Duchesneau, a toutefois indiqué qu’il ne fallait pas le faire au détriment des autres projets qui sont sur pause à l’heure actuelle.

«Ce n’est pas une mauvaise idée, mais il ne faudra pas non plus négliger les autres projets qui sont en attente ou en manque de subventions parce qu’on n’a pas d’argent pour les compléter, je pense au parc du lac Saint-Louis», a-t-il fait valoir.

Surprise

La présidente du conseil de Fabrique, Lise Fréchette, a été surprise d’apprendre la nouvelle via la diffusion du Conseil municipal mardi soir.

«J’ai été surprise. Il me semble que ç’aurait été décent de nous en parler avant», avoue-t-elle.

«Moi je n’ai pas à prendre position, ce sont les marguilliers qui doivent le faire […] Je ne sais pas si tout le monde est au courant, je n’ai pas le point de vue des marguilliers, mais je ne crois pas que ce soit négatif. On souhaite devenir des partenaires. On n’était pas partenaires avec la Ville, et ça fait longtemps qu’on dit qu’on doit l’être. On va le devenir selon leurs intentions», ajoute-t-elle.

Le sujet sera évidemment à l’ordre du jour des prochaines réunions, et une position sera prise dans les prochains jours.

«Je ne crois pas que ce sera négatif. On est à la recherche d’un partenaire qui a un projet. Depuis le temps qu’on cherche un projet pour faire vivre cette bâtisse-là. Par contre, je n’ai pas encore l’opinion des marguilliers», note Mme Fréchette.

La bibliothèque Annie-St-Arneault, quant à elle, pourrait demeurer disponible pour des organismes communautaires si le projet allait de l’avant.

Église Saint-Zéphirin: Marc Lahaie croit que le projet peut être positif

AUDREY TREMBLAY, Le Nouvelliste, 23 juillet 2020

La Tuque — La Ville de La Tuque a annoncé en début de semaine que la bibliothèque municipale pourrait s’installer à l’église Saint-Zéphirin et que les citoyens seront consultés à cet effet. Le prêtre de la paroisse Saint-Martin-de-Tours, Marc Lahaie, a été surpris d’apprendre la nouvelle, mais il soutient que l’idée semble intéressante.

Marc Lahaie souligne d’entrée de jeu que les marguilliers devraient se prononcer de façon officielle dans les prochaines semaines. Toutefois, de façon personnelle, il pense que l’idée est positive.

«Il y a sûrement un élément très positif pour le patrimoine de La Tuque. […] Autrefois, il y avait beaucoup de prêtre et de personnes impliquées qui veillaient à la structure des bâtiments. Ces années-ci autant pour les presbytères que les églises au Québec, il n’y a plus beaucoup de monde pour veiller au grain. Les prêtres ont des charges immenses et ne peuvent pas tout faire. Il y a de moins en moins de bénévoles et de sous», affirme Marc Lahaie.

«Le meilleur service qu’on peut rendre à la population comme ça, c’est de trouver ce qu’il y a de mieux. Toutefois, il ne faut pas avoir des discussions pendant 15 ans, il va être trop tard. On sait déjà que la paroisse ne peut pas supporter tout ça, ca fait longtemps qu’on le dit. C’est heureux qu’on se pose la question pour la bibliothèque et pour le patrimoine lui-même c’est certain», lance-t-il.

Rappelons que les élus municipaux vont bientôt consulter les citoyens afin de connaître leur opinion sur le sujet. Ils veulent un mandat clair de la population pour mettre en place toutes les conditions favorables à élaborer ce projet à caractère «culturel, historique, touristique».