Éditorial de la revue La Lettre aux Amis du mois de mars 2024

Porter du fruit (Évangile de Marc, 4, 1-20)

Adolescent, j’ai été fortement captivé par un passage de l’Évangile de Marc (4, 1-20) où Jésus s’adresse à la foule massée sur les bords du lac. Que dit-il ? Bien qu’il soit assis dans une barque, il ne parle pas de la pêche mais des semences tombées en terre. Seules celles tombées dans une bonne terre produisent une abondance de fruits.

Cette semence, expliquera-t-il à ses disciples, est la Parole semée dans les cœurs. Dans l’édition du magazine d’aujourd’hui, nous lisons de magnifiques exemples de semailles réussies même sur des terres appauvries.

Le premier exemple est celui d’un nouveau centre dédié à venir en aide aux missionnaires qui ont traversé de lourdes épreuves. Il s’agit du Centre Bethany situé sur les hautes montagnes des Massaï au Kenya. Des psychothérapeutes sont à leur service pour les aider à cheminer vers un chemin de guérison après une expérience traumatisante. Soucieux de leur environnement, ils investissent également leurs énergies pour planter des arbres et venir en aide aux femmes Massaï qui doivent transporter leur eau avec de lourds récipients.

À la lecture de la revue, vous découvrirez le témoignage émouvant d’un jeune missionnaire qui a été kidnappé et celui d’un confrère plus âgé à qui le Seigneur a converti les épreuves en consolation.

La Parole de Dieu a aussi trouvé une bonne terre dans le cœur de Rudy, un jeune mexicain qui aspire à devenir missionnaire en Afrique. Pour le moment, il fait des efforts pour apprendre le français.

Vous verrez finalement que d’abondants fruits ont été récoltés au cours de l’année 2023 au Centre Afrika. Une foule nombreuse a célébré le premier anniversaire de sa réouverture. La joie, la danse et une table garnie étaient au rendez-vous. Nous rendons grâce à Dieu pour tous ces beaux et bons fruits, œuvre de la foi qui nous anime dans le Christ.

En cliquant sur l’image suivante, vous pouvez lire l’entièreté de la revue en version PDF.

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Lettre to Our Friends, March 2024

Lettre adressée à Félix Tshisekedi, Président de la République Démocratique du Congo.

Freddy Kyombo Senga

Par Freddy Kyombo Senga

Monsieur le Président,

Les Latins disaient : « Roma locuta, causa finita », pour dire qu’une fois que Rome a tranché une affaire, il n’y a plus de discussion sur le sujet. La cour constitutionnelle de mon pays vous a institué président en cette journée du 20 janvier 2024, il n’y a plus de discussion sur cette matière pour ceux qui respectent la loi de notre pays. À travers la dernière déclaration de la Cenco[i], vous avez certainement entendu la promesse de l’Église qui s’engage à vous accompagner pour la réussite de votre deuxième mandat auquel vous avez droit.

Monsieur le président, comme citoyen de mon pays, n’étant pas en recherche d’emploi ni d’une quelconque reconnaissance, j’aimerais m’adresser à vous pour vous souhaiter sincèrement une bonne réussite durant votre nouveau mandat, car il en va du bien de tous mes amis et du peuple congolais tout entier. Si le président de la République ne réussit pas, la conséquence directe, c’est la souffrance de la population… nous en avons déjà l’expérience.

Étant observateur de nature, je voudrais vous partager, avec une posture constructive, quelques recommandations que j’exprimerais à tout citoyen qui aurait été élu au poste que vous occupez en cette période de l’histoire de notre pays.

J’aurais demandé à mon président, chef de l’État Congolais, une fois élu, de prendre une distance « d’objectivité » par rapport aux militants de son parti politique qui chercheraient à faire de lui une « propriété » privée de leur famille politique. Je comprends très bien le sentiment de reconnaissance envers ceux qui ont soutenu sa candidature, parce que de la même famille politique. Mais seulement, une fois élu, il est le président de toute la république et donc redevable à toute la nation. Il est responsable de son bilan devant le peuple tout entier. Il devrait donc se méfier de ceux qui s’agglutinent autour de lui et qui lui chuchotent : « c’est notre pouvoir ! » (Faisons-en ce que nous voulons) … Ceux-là ne seront jamais inquiétés par la loi ou jugés par l’histoire en cas d’échec lors de son mandat. En plus de ça, c’est ce genre de comportement qui enracine et exacerbe les clivages tribaux et les actes tribalistes dans notre pays.

J’aurais conseillé à mon président de ne pas permettre à son entourage de traiter avec mépris et arrogance ses adversaires politiques. Si ces derniers étaient capables de compétitionner contre lui, s’ils ont montré la capacité de faire adhérer une partie des citoyens à leur cause, ce sont logiquement des personnes à respecter et avec qui dialoguer.

Je ne parle pas du « dialogue malhonnête pour se répartir le gâteau » … je parle d’un dialogue civilisé où les braves compétiteurs se reconnaissent mutuellement, se demandent pardon pour les « débordements verbaux ou l’excès de zèle de leurs militants » pour se concentrer sur le bien à faire au peuple de toutes tendances confondues. Il est le président et il a le pouvoir d’approcher humblement tout citoyen susceptible de lui prodiguer un conseil sur la manière de mieux servir la population pour laquelle il a postulé pour la présidence.

J’ai sciemment utilisé le mot « humblement » pour signifier que l’orgueil et surtout l’arrogance démontrent plus la « petitesse » d’une personne que sa « grandeur ». Un président a le devoir de sauvegarder la grandeur de son peuple en affichant des valeurs qui promeuvent et fédèrent son peuple. Ainsi, il peut approcher les citoyens qu’on qualifie ou qui se qualifient d’opposants, pour parler avec eux du bien du pays. Puisqu’ils avaient de bonnes idées en postulant comme lui, ils pourraient aussi partager avec lui les méthodes qu’ils ont conçues pour soulager rapidement la souffrance de leur peuple. S’ils sont abordés avec tout le respect, ils ne vont pas refuser d’aider les peuples qu’ils voulaient servir ; à moins d’être foncièrement vicieux. Tout ceci devrait pouvoir se faire sans nécessairement rabaisser ses adversaires politiques en leur proposant « des postes » ou « de l’argent ».

Monsieur le président, un grand homme d’État ratisse large pour trouver les « perles » rares qui peuvent apporter leurs reflets « diversifiés » pour le bien et la beauté d’une nation. Ne laissez surtout pas votre entourage et vos conseillers donner de vous l’image d’un chef qui, curieusement, ne choisit souvent ses collaborateurs que parmi des personnes ressortissantes de son « espace géographique d’origine ».

L’expérience nous a montré que fréquemment les personnes choisies de cette manière, prennent leurs aises et, par leurs actions, ternissent l’image du chef de qui ils se réclament. Quoi de plus naturel que les gens arrivent à conclure que le chef est certainement au courant de ce genre de comportement et qu’il est probablement complice de cette méconduite. Il est parfaitement possible de se mettre à l’abri en mettant sur pied une manière équitable de recruter des collaborateurs qui rassurent la nation entière.

On n’est pas obligé de copier les bêtises des autres. Ainsi, justifier ce comportement avec les arguments tels « c’est la seule personne qui est compétente en ce domaine, c’est un expert mondialement connu » sonne comme un vulgaire mensonge, surtout quand ladite personne n’arrive pas à produire les résultats escomptés. Si les offres d’emploi ou les appels d’offres étaient transparents et réellement publics, je suis sûr que les services seraient nettement meilleurs. Les citoyens auraient déjà leurs permis de conduire ou leurs cartes d’identité et beaucoup d’autres services qui nous classent parmi les pays les plus risibles de la planète Terre. Les compétences, il y en a beaucoup si on les cherche de la bonne manière.

Mon président, le peuple tout entier regarde vers vous pour sentir que votre gouvernance améliore effectivement leur vécu quotidien. Ils n’ont plus besoin de plus de promesses ; tout a été déjà dit. Je demanderai à mon président, s’il veut réussir son deuxième et dernier mandat, d’être extrêmement regardant sur la productivité de chaque ministère et sur l’équité de tous ceux qui façonnent notre nation à la base. Parlant de ces derniers, et ne prenant que l’exemple des enseignants, des agriculteurs, des policiers et des militaires… je n’hésiterais pas à vous dire, qu’en termes de salaire, ils devraient être mieux traités que les parlementaires.

Les enseignants façonnent notre nation en « édifiant » jour après jour tous les citoyens qui seront appelés à bâtir une nation forte au cœur de l’Afrique. En les « paupérisant » tel qu’ils le sont aujourd’hui, nous coupons nous-mêmes les « racines » qui devaient faire de notre pays ce « grand arbre » sous lequel toutes les nations d’Afrique et d’ailleurs pourraient venir s’abriter et vivre. Les enseignants pauvres ne peuvent produire que des cadres médiocres, sans ambition et sans esprit de grandeur.

Quant aux agriculteurs dont la vocation est de nourrir toute la nation, s’ils n’ont pas l’appui des crédits bancaires, ils ne compteraient que sur de maigres récoltes qui feraient du Congolais un peuple mal nourri et dont les ambitions ne resteraient qu’au niveau du « ventre », des besoins de base. Ce n’est pas une recette qui contribue à la construction et au développement d’une nation forte.

Quant aux policiers et militaires, paupérisés à outrance tels qu’ils sont, les armes qu’ils portent deviennent une tentation irrésistible pour la délinquance et la prédation ; ils deviennent un danger pour la population et pour la nation, car leur violence et leur délinquance révoltent la population contre les gouvernants.

Cher président, il y a moyen, sans grands discours et sans trop de promesses, de réparer cette partie de la gestion de la cité. Donnez-leur des salaires décents, même l’équivalent de 500 $ que nos parlementaires « claquent » en une soirée, juste pour s’amuser… cela nourrirait et donnerait un peu de dignité à ceux qui ont la charge d’éduquer, de nourrir et de protéger votre peuple.

J’aurais pu dire tout ceci avec une grande colère, mais j’ai choisi la patience, comme celle de notre Dieu qui nous donne toujours une seconde chance malgré nos errements.

Si vous m’écoutez, c’est très bien ! Si vous vous offusquez, je vous comprendrai très bien. Je suis un citoyen Congolais et je ne fais que mon devoir de m’adresser à celui qui a la responsabilité du peuple auquel j’appartiens. Une parole de Dieu peut nous aider tous : « Sagesse 6, 1-9 ».

Que Dieu le miséricordieux vous bénisse et vous guide dans l’accomplissement de sa volonté pour le peuple congolais

Une voix qui crie dans le désert !


[i] La Conférence épiscopale nationale du Congo (abrégé Cenco) est une conférence épiscopale de l’Église catholique qui rassemble les ordinaires de la hiérarchie catholique en République démocratique du Congo.

Commémoration de l’attentat à la Grande Mosquée de Québec, 29 janvier 2024

Par Serge St-Arneault, M.Afr

À vrai dire, Québec n’est pas si loin de Trois-Rivières. L’autoroute est dégagée comme en été et le trafic est modéré. Je suis en route vers la Grande Mosquée de Québec pour souligner la tuerie qui a eu lieu au même endroit en 2017. Mes pensées voguent entre ces nombreuses tragédies qui ont marqué pour toujours nos vies. Il m’apparaît très clairement que ma présence sur cette autoroute, ce déplacement, est la conséquence d’un triste événement imposé. Je regardais de nouveau la belle photo de ma soeur Annie en essayant d’imaginer ce que nous aurions vécu ensemble, en famille, si le féminicide à la Polytechnique de Montréal n’avait pas eu lieu en 1989.

Me voilà donc dans la mosquée. Je reconnais les lieux. Déjà, les journalistes pointent leurs micros vers le ministre fédéral Jean-Yves Duclos.

Puis, ma nièce Roxanne arrive avec Philippe, son amoureux, que j’ai la joie de présenter à Heidi Rathjen, coordonnatrice de PolySeSouvient. Sans trop tarder, la cérémonie commence. Nous sommes tous assis sur l’immense tapis moelleux qui couvre toute la pièce.

Un homme est assis à notre droite. Il reconnaît Heidi qui est à ma gauche. De toute évidence, ils se connaissent depuis longtemps. Étant au milieu, que faire de mieux que de m’introduire.

  • Bonsoir, je m’appelle Serge. Je suis venu ici en compagnie de Heidi au nom de PolySeSouvient. Je vous présente ma nièce Roxanne et son copain Philippe. C’est la première fois qu’ils viennent ici.
  • Enchanté. Je suis Bruno Marchand, maire de la ville de Québec.

Mariam et Sophie Marois, animatrices de la soirée, présentent le sens du rassemblement : La commémoration citoyenne de l’attentat à la Grande Mosquée de Québec de ce soir est un exercice de mémoire pour faire le point des sept dernières années et pour avancer ensemble.

Les animatrices invitent ensuite Édith Picard, aînée de la nation huronne-wendat de Wendake, à prendre la parole. Dans son mot de bienvenue, elle souhaite que la cérémonie soit pleine de quiétude. Ce ne sera pas tout à fait ce qui arrivera.

L’imam Mohamed Fouad récite ensuite quelques versets du Coran. Il chante en arabe. Sans être excessif, le son est amplifié dans une résonance semblable à un écho lointain, comme s’il s’agissait d’atteindre une immense foule. Pourtant, nous ne sommes qu’une centaine de personnes.

Puis, une minute de silence est respectée en mémoire de ceux qui ont perdu leur vie dans la même salle où a lieu le rassemblement : Ibrahima Barry, Mamadou Tanou Barry, Khaled Belkacemi, Aboubaker Thabti, Abdelkrim Hassane et Azzedine Soufiane.

Suite de la présentation de Mariam et Sophie Marois

Chaque vie humaine est sacrée, représentant une parcelle de l’humanité tout entière. Le deuil de chaque vie perdue est incommensurable. Mais, nous savons aussi qu’il y a des solidarités dans le deuil. Nous voulons les mettre de l’avant ce soir.

Cette solidarité qui nous accompagne depuis sept ans est une immense richesse ; avec les familles et les proches des victimes, entre les différentes confessions religieuses de la ville de Québec, avec la Nation huronne-wendat et les autres peuples autochtones des territoires voisins, avec l’École Polytechnique de Montréal, la communauté de London en Ontario, la synagogue de Pittsburgh aux États-Unis, la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande et d’autres. Nous soulignons la présence solidaire de Heidi Rathjen et Serge St-Arneault de PolySeSouvient. Merci d’être avec nous ce soir.

Boufeldja Benabdallah

Je commence à bien connaître Boufledja. Nous nous retrouvons régulièrement pour la cause du contrôle des armes à feu. Aussi, avec le Centre Canadien d’Œcuménisme dont nous sommes membres. Il a le verbe facile et il est bon communicateur. Il transmet ses convictions avec émotions comme dans un livre ouvert.

Il y a beaucoup de bienfaits dans ce monde et nous en remercions Dieu, dit-il. Mais les armes de guerre sont source de violence comme cela s’est produit dans cette mosquée. C’est important de se rappeler tout ça. Nous ne pleurons pas juste vainement. Nous pleurons pour nous rappeler ces moments importants. À travers cette tristesse qui nous a tous frappés, Dieu nous a conduits vers la joie. En effet, le lendemain de la tragédie du 29 janvier 2017, quinze mille personnes ont bravé le froid à moins de 40 degrés pour venir nous dire « nous sommes des vôtres, nous sommes avec vous, nous vous tenons ». Et la joie est née, la joie de ne pas se sentir tout seul, d’être accepté comme des citoyens à part entière.

Nous commémorons cette solidarité laïque et interconfessionnelle. Nous vivons au sein d’un peuple qui a la main sur le cœur et qui est compatissant. Nous ne l’avons jamais oublié. Nous avons, de notre côté, le devoir de mieux connaître l’histoire du Québec et de la comprendre pour devenir un partenaire à part entière. De même avec les peuples des Premières Nations. Nous avons la chance de vivre dans un magnifique pays. Nous n’oublierons jamais les appuis des autorités fédérales, provinciales et municipales. Nous n’oublions pas non plus la lutte de Heidi et de ses sœurs de PolySeSouvient qui ont lutté pendant plus de 32 ans pour faire reconnaître le féminicide de Polytechnique. Elles ont poussé jusqu’à l’adoption de la loi C-21 contre les armes de poings et les armes d’assaut. Bravo pour le travail de PolySeSouvient. Pour notre bien, elles ont donné de leur temps, gratuitement. C’est parce que nous aimons notre pays.

Je souligne la présence de Mona Abuamara, la représentante de la Palestine au Canada. On ne fait pas d’amalgame. Nous sommes solidaires de toutes les tristesses de ce monde. Nous disons qu’après ces tristesses, il nous faut des éclaircies et même des soleils pour transporter nos désirs vers des firmaments extraordinaires. Le peuple palestinien le mérite. De même que tout le Moyen-Orient. Les musulmans ne sont pas contre les Juifs. Ceux-ci forment un peuple tout comme nous. Pourquoi se déchirer entre peuples alors que notre seul désir est de bien vivre ensemble ?

Bruno Marchand, le seul politicien à avoir fait une allocution ce soir-là, à l’invitation des animatrices, doit enjamber mes deux jambes étalées sur le tapis. Je n’y peux rien, je suis incapable de m’assoir en petit bonhomme !

Existe-t-il une parole pour apaiser les cœurs, demande-t-il ? Nous ne cesserons jamais de la chercher !

Je suis convaincu qu’au-delà du mal qui ne cesse de progresser, il y a des hommes et des femmes qui s’activent. Boufeldja a eu raison de nommer Heidi qui se bat depuis des décennies pour s’assurer que ce qui se passe au sud de notre frontière ne se répète pas ici. Un combat de David contre Goliath. Ça, c’est l’action d’une femme de bien, avec Serge et avec les autres.

Un passage de l’écrivain St-Exupéry qui résume l’essentiel que nous devrions porter : « si tu diffères de moi, mon frère, ma sœur, loin de me léser, tu m’enrichis ». La Ville de Québec est riche de ses différences, de ses couleurs, riche de cette capacité à concevoir la vie différemment et continuer de vouloir développer ensemble quelque chose d’unique. Merci à chacun d’entre vous de nous enrichir.

Amira Elghawaby est alors invitée à prendre la parole. En tant que représentante spéciale pour la lutte contre l’islamophobie au Canada, elle se doit tout naturellement de faire son discours en anglais et en français. Son français d’ailleurs est très bon. Il me semble qu’une partie importante de son message prononcé en anglais n’aura aucun impact. D’ailleurs, les médias, du moins ceux que j’ai retracés, ne lui accordent aucune attention. Dommage ! Au sujet du lieu de culte de la mosquée, elle évoque ceci :

Places of worship are meant to represent sacred refuge from the stresses and harshness of the world beyond its walls, and yet, on January 29, 2017, the tranquility that was saw of this room was destroyed by hate, by Islamophobia. And now, we mark the passage of time, seven years since fear, ignorance, demonization, and violent extremism destroy the lives of so many families and shock our country to its very core. (…)

Our collective action has the power to make positive change and ensure that our rights, our freedoms are fully respected, and that we are safe everywhere and anywhere. Notre action collective a le pouvoir de véritablement changer la donne. Merci.

Traduction : Les lieux de culte sont censés représenter un refuge sacré contre le stress et la dureté du monde au-delà de ses murs, et pourtant, le 29 janvier 2017, la tranquillité qu’on y voyait a été détruite par la haine, par l’islamophobie. Et maintenant, nous marquons le passage du temps, sept ans depuis que la peur, l’ignorance, la diabolisation et l’extrémisme violent détruisent la vie de tant de familles et choquent notre pays jusqu’au cœur. (…)

Notre action collective a le pouvoir d’apporter des changements positifs et de garantir que nos droits et nos libertés soient pleinement respectés et que nous soyons en sécurité partout et en tout lieu. Notre action collective a le pouvoir de véritablement changer la donne. Merci.

Zineb Filali et Marjorie Sheyn, deux jeunes Québécoises, ont également pris la parole avec ferveur en insistant sur le respect des différences dans un monde pluraliste. Finalement, la poétesse Houmou Giro a terminé la soirée avec un poème engagé.

Qu’est-ce que les médias ont retenu de la soirée ?

Les médias, me semble-t-il, n’ont pas accordé beaucoup d’intérêt aux différents messages exprimés. Les cris d’un jeune homme proférés à l’endroit du ministre Jean-Yves Duclos ont été disproportionnellement étalés dans les médias. Cet incident a provoqué un grand malaise chez les organisateurs de la soirée. Au moins, ce n’était que des cris, pas des projectiles d’arme à feu !

Le message que je retiens

Je suis déçu que les beaux messages exprimés par les porte-paroles soient passés presque sous silence. Les tragédies bouleversent profondément nos vies. Nous nous retrouvons soudainement, malgré nous, à nous lancer sur de nouveaux et douloureux chemins. Mais, nous ne pleurons pas juste vainement. À travers cette tristesse qui nous a tous frappés, Dieu nous a conduits vers la joie. Ces paroles de Boufeldja sont prophétiques et réconfortantes. Et la joie est née, la joie de ne pas se sentir tout seul, d’être accepté comme des citoyens à part entière, ajoute-t-il.

À mes yeux, le traumatisme de l’ignoble assassinat de Jésus par les Romains reste vif dans la mémoire spirituelle des chrétiens. Une tragédie sans nom, incompréhensible. Pourtant, Jésus avait lui-même prédit que la joie emplirait les cœurs droits.

Nous sommes solidaires de toutes les tristesses de ce monde. Nous disons qu’après ces tristesses, il nous faut des éclaircies et même des soleils pour transporter nos désirs vers des firmaments extraordinaires. (Boufeldja)

Pour les chrétiens, la promesse de la résurrection est ce chemin menant vers ces éclaircies, vers ces soleils transformateurs de firmaments extraordinaires. Merci, Boufeldja, pour ton espérance radieuse, qu’Allah, ton Dieu, t’inspire au-delà du tragique. Notre combat est commun : vivre intensément le respect mutuel dans un vivre ensemble constructif. Notre vocation est commune : rendre grâce à Dieu pour tous ses bienfaits, source de joie profonde, au-delà des épreuves.

LIENS

Sept ans plus tard, Québec se souvient de la tuerie à la grande mosquée

Commémorations sur fond de tensions à Québec

Cérémonie tendue sept ans après la tuerie de la grande mosquée de Québec

Attentat à la grande mosquée de Québec : 7 ans plus tard, « c’est important de se rappeler »

Pour cette seconde commémoration à l’intérieur du lieu de culte où s’est produit l’attentat, les noms des victimes ont retenti sobrement.

Le Soleil : Coup d’éclat à la commémoration de la Grande Mosquée