Selon le calendrier scolaire officiel, confirmé par le professeur Tony Mwaba Kazadi, ministre national de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST), les élèves des écoles primaires et secondaires publiques et privées de la République démocratique du Congo (RDC) ont repris les cours depuis lundi dernier le lundi 8 janvier 2024 après les vacances des festivités de Noël et du Nouvel An.
Tout se déroule normalement à l’Institut Abaka quoique le préfet Bunga Mbovona Ryphin a regretté le fait que certains parents continuent toujours à se plaindre au sujet des fournitures scolaires qu’ils doivent se procurer pour leurs enfants tels que les uniformes.
« Un parent qui a le souci de ses enfants se donne la peine de se préparer, a-t-il fait savoir. »
Tout en reconnaissant que la conjoncture économique actuelle est difficile pour tous les parents, le préfet les invite quand même à maximiser leurs efforts afin d’envoyer leurs enfants à l’école. En effet, l’éducation est un droit pour chaque enfant.
Le préfet a ajouté qu’il ne suffit pas seulement d’envoyer les enfants à l’école. Il faut aussi veiller à ce qu’ils soient bien nourris, en bonne santé et protégés afin qu’ils puissent étudier dans de bonnes conditions et continuer leur cycle scolaire en s’épanouissant pleinement.
Pour une petite histoire
L’Institut Abaka à Gety se trouve dans le chef-lieu de la chefferie traditionnelle des Walendu-Bindi. Plus précisément, il se situe à Nzigo, l’une des localités érigées dans la partie ouest de Gety-État dans le groupement Bamuko, sur le territoire d’Irumu dans la province de l’Ituri vers le Nord-Est de la République Démocratique du Congo.
C’est une école conventionnée catholique qui se trouve sous la juridiction de la paroisse Sainte-Famille de Gety.
Cette école secondaire fut construite entre les années 1991 et 1996 grâce aux efforts de la population de Gety et le soutien financier des amis et connaissances du père Serge St-Arneault.
Actuellement, l’Institut Abaka compte quatre sections ; commercial et administration, biologie et chimie, social ainsi que mines et géologie. Les cours se donnent dans l’avant-midi seulement entre 7h30 et 12h45.
Plusieurs enseignants ont quitté l’institut entre 1999 et 2014 à cause de la guerre qui a ravagé cette région. Heureusement, d’autres enseignants ont courageusement persisté et permis à de nombreux étudiants de poursuivre leurs études.
L’école secondaire Abaka, option commerciale et administrative, fut construite entre les années 1991 et 1996 grâce aux efforts de la population de Géty et le soutien financier des amis et connaissances du père Serge St-Arneault.
Cette école se situe dans la localité de Nzigo dans la partie ouest de Gety-État, tout près de la paroisse Sainte Famille vers le chef-lieu Munobi du groupement Bamuko dans le territoire d’Irumu, province de l’Ituri au Nord-Est de la République Démocratique du Congo.
La population est majoritairement composée des Ìndrŭ que certaines personnes appellent les « Ngiti ».
Aujourd’hui l’Institut Abaka compte trois sections ; commercial et administration, biologie et chimie, mine et géologie.
La fondation de la paroisse sainte famille de Gety-Mission
À la suite de la campagne de regroupement des villages dans la région de Kibali-Ituri entre 1915-1933, sous l’administration coloniale, les villages Karatsi, Tsede, Nyarara, Munobi, Longowi, Isura, tsadhu et Mbasa formaient déjà une importante population.
Un centre extra-coutumier se développa sous le nom de Gety-État alors qu’une église dédiée à la Sainte-Famille fut construite en 1942 à environ quatre kilomètres plus loin. Elle fut agrandie plus tard.
Résultats des examens d’état 2023
Les enseignants ont observé des améliorations en matière d’éducation à l’Institut Abaka. Selon l’actuel préfet de cette école, Mbunga Mbovona, les jeunes diplômés étaient en liesse après la publication des résultats du 22 septembre 2023.
« Je suis très heureux. J’ai obtenu 60%, de nous confier Neema Zawadi. Dans ma classe, 17 d’entre nous sur 18 participants ont réussi. »
Sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo, près d’un million d’élèves ont passé leurs examens au mois de juin dernier.
Roger Adirodu, journaliste couvrant les événements à La Chefferie de Walendu-Bindi en République Démocratique du Congo, m’a fait parvenir d’intéressantes nouvelles au sujet de la paroisse de Gety où j’ai écu entre 1987 et 1996.
Église de Gety dédiée à la Sainte Famille, le presbytère où j’ai habité en compagnie de nombreux confrères dont Thierry Cornet, Hervé Hamel et Frans Steven, tous décédés, et les bâtiments de la mission.
À cette époque, je me suis impliqué dans la promotion de l’éducation en soutenant la construction d’écoles primaires ainsi que la création de l’institut Abaka, école secondaire professionnelle axé sur les études commerciales et admiratives. Ce projet a nécessité cinq années de travaux dans des conditions très difficiles. Le salaire des enseignants provenait de la cotisation des élèves qui, de plein droit, exigeaient une performance académique de leur part. Les gens se prenaient en main en sachant qu’ils ne pouvaient pas espérer une aide gouvernementale pour assurer une bonne éducation à leurs enfants.
Il est remarquable de constater que le niveau d’éducation a sans cesse progressé malgré la perturbation du calendrier scolaire à la suite de conflits armés dans la région, surtout au tournant de l’an 2000. Le niveau d’alphabétisation est aujourd’hui estimé à environ 60%.
Bonne nouvelle
Je viens d’apprendre qu’un Institut pédagogique nommé l’Institut Supérieur Pédagogique de Gety (ISP/GETY) a ouvert ses portes il y a deux ans. Les bâtiments se trouvent à Karatsi, une localité voisine de l’agglomération de Gety. Cent-dix étudiants sont inscrits cette année.
Les premiers lauréats ont obtenu leur certificat en novembre 2020. Photo prise devant l’église de Gety.
Reportage adressé au père Serge et rédigé par Jean-Claude Loba Mkole, O.P., professeur et directeur général de l’ISP/Gety.
Brève historique
Les premières écoles ont vu jour dans le sud du territoire d’Irumu vers les années 1940 avec l’arrivée des premiers missionnaires catholiques. Dès lors, le nombre d’écoles ne cesse de croître au même rythme que l’accroissement démographique de la population qui, pour la seule Chefferie des Walendu-Bindi, où se situe l’ISP/Gety, est estimé à 258 écoles dont 166 écoles primaires, 84 écoles secondaires et 8 écoles maternelles avec un effectif de 64,763 élèves répartis comme suit : 452 écoliers au niveau de la maternel, 52,352 au primaire et 11,959 au secondaire.
Cependant, dans la majorité des écoles secondaires, la plupart des enseignants sont sous-qualifiés. En dehors de cette problématique, la région de Gety est restée pendant plus de deux décennies dans une zone en perpétuelle insécurité dont les conséquences sont assez fâcheuses sur les tissus socioéconomiques de la population.
C’est dans ce contexte que le projet de création de l’Institut Supérieur Pédagogique de Gety a été initié par quelques membres de l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC).
L’ISP/Gety est maintenant légalement autorisé à fonctionner depuis le 14 novembre 2018 et officiellement admis par un arrêté ministériel datant du 31 mai 2021.
Le premier bâtiment temporaire a été érigé grâce aux moyens de bord : les sticks d’eucalyptus offert par la paroisse Sainte Famille de Gety, les roseaux et cordes apportées par l’ensemble de la population, etc.
Travaux de construction de l’Institut
Par sa structure, l’ISP/Gety comprend deux sections :
A) Section des sciences exactes avec les filières de biologie-chimie, géographie et gestion de l’environnement ; mathématique-physique ainsi que l’agronomie et protection des terres agricoles.
B) Section des lettres et sciences humaines avec quatre filières : le français-langues africaines, l’anglais et culture africaine, histoire et sciences sociales et les sciences commerciales et administratives. Le projet de construction du premier bâtiment en blocs de ciment de quatre auditoires est l’initiative de la communauté locale Bindi, c’est-à-dire les parents d’élèves, les enseignants, les professionnels de la santé, les opérateurs économiques et les églises locales. Cela représente un budget de $21,000 dont 30% provient de la contribution des membres de la communauté et 70% du soutien de l’AJEDEC.
L’ouverture de l’année académique 2022 et l’inauguration du premier bâtiment a eu lieu en date du 5 janvier 2022.
La cérémonie pour la bénédiction de bâtiment a été dirigée par l’Abbé Léon Malobhi Kpasini, actuel Curé de la paroisse Sainte Famille de Gety.
Initialement prévu pour une durée de six mois, les travaux de construction ont pris plus de quatre ans pour être achevé. Avec l’appui de l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC), les travaux de finition, notamment la fixation des plafonds, le revêtement du sol, les crépissages, la peinture et le carrelage en vitre ont été entrepris et achevé en décembre 2021.
Pour cette année académique 2021-2022, l’ISP/Gety compte 93 étudiants et 17 étudiantes dont la majorité proviennent de l’Institut ABAKA de Gety.
Les premiers diplômés de l’ISP/Gety sont déjà engagés comme enseignants au sein des écoles secondaires du milieu. Il s’agit de dix lauréats à qui les grades de graduat ont été conférés en date du 30 octobre 2021 ; en voici la liste selon les options.
Option Français :
1) Mme LASI NEEMA Joséphine, Ressortissante de l’Institut ABAKA de Gety.
2) Mme ODUDHU GAYASI Germaine, Ressortissante de l’Institut ABAKA de Gety.
3) Mme PELUYI APBOSI, Ressortissant de l’Institut ABAKA de Gety.
4) M. OZOBA LEMA, Ressortissant de l’Institut de Badjanga.
5) Mme DUTI WARASI Anne Marie, Ressortissante de l’Institut de Badjanga.
6) M. WARA ADJITSU, Ressortissant de l’Institut de Singo/Bavi.
Option Biologie-chimie :
1) ANDROZO KAGORO, Ressortissant de l’Institut de SUKISA/Bunia.
2) ANDROZO KANDADHU, Ressortissant de l’Institut ABAKA de Gety.
Option Anglais culture africaine :
1) BAHATI KABONA Adeodatus, Ressortissant de l’Institut de Gety/Isura.
2) NDODHU MAGO, Ressortissant de l’Institut de Gety/Isura.
Jusqu’à présent l’ISP/Gety ne bénéficie d’aucune subvention publique. La charge entière de l’Institution revient aux parents des étudiants et au gestionnaire principal qui est l’Association des Jeunes pour le Développement Communautaire (AJEDEC).
L’actuel chef de chefferie des Walendu Bindi, sa Monsieur Fidèle Mongaliema Bangadjuna a étudié à l’Institut ABAKA de Gety. Photo prise lors de son assermentation. Les feuilles couvrants les têtes sont des kokido, généralement utilisées lors des cérémonies traditionnelles et en temps de conflits.
Les défis majeurs de l’ISP/Gety pour sa viabilité demeurent :
a) la construction en dure de trois bâtiments contenant quatre auditoires chacun pour augmenter la capacité d’accueil des étudiants ;
b) la construction et équipement d’un bâtiment pour la bibliothèque ;
c) la construction d’un bloc administratif et son équipement,
d) la construction de campus pour le logement des étudiants venant de loin et enseignants visiteurs.
Nous sommes reconnaissants pour les œuvres inoubliables que vous avez rendues à toute la communauté de Gety. Nous pensons tout particulièrement à la construction de l’l’institut Abaka de Gety et la création d’une bibliothèque paroissiale.
Professeur Jean Claude LOBA MKOLE O.P., directeur général de l’ISP/Gety.
Mes remerciements
Je remercie le journaliste Roger Adirodu et le professeur Loba Mkole pour ce reportage. Je suis émerveillé de constater l’énorme progrès qui a eu lieu depuis mon départ de Gety en 1996. Connaissant bien cette région, je suis conscient des énormes défis qui ont été relevés depuis plus de 25 ans au niveau de l’éducation. Je suis fier de vous, cher Gétiens et Gétiennes. Vous avez toujours fait preuve de courage et de détermination. Votre exemple m’inspire encore aujourd’hui. Que Dieu vous bénisse!
Père Serge St-Arneault, M.Afr, Gétien de coeur pour toujours.
AZUNA MUKEE, assistant à la rechercheChristine TEMANYA BYARUHANGA, administratriceMonsieur BIRIDO TSATSI Aimé
À partir de la gauche : madame TEMANYA BYARUHANGA Christine, administratrice du budget et originaire de la chefferie Bahema Boga, Professeur Jean-Claude LOBA MKOLE O.P., Monsieur BIRIDO TSATSI Aimé, promoteur et président du comité de gestion et directeur exécutif de L’AJEDEC et Professeur Ozunga, secrétaire général académique.
Mon premier séjour à Géty, à l’époque au Zaïre, remonte à 1982. Je n’y étais resté que quelques jours. J’y suis retourné après mon ordination sacerdotale en 1987. Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis mon départ en février 1996, mais une partie de mon cœur y est resté et y restera pour toujours.
Autour de 1992, nous avons connu d’extrêmes tentions tribales entre la tribu des Héma de Boga et celle des Indru (Walendu-Bindi) de Géty. Je me rappelle des séances de négociations de paix que les missionnaires avions facilité sous un manguier situé en zone neutre à mi-chemin entre les tribus ennemies. Bref, la guerre a de nouveau éclaté dans cette région. Il y a cependant une différence. L’ennemi vient de l’Ouganda. Voici un reportage que je viens de recevoir ce matin du journaliste Roger Adirodu.
« Plusieurs déplacés de Boga et Tchabi vivent sans assistance humanitaire. Des centaines de personnes ont fui les atrocités perpétrées par des rebelles ougandais pour se réfugier vers les villages de Bukiringi et de Géty, chef-lieu de la chefferie des Walendu-Bindi, au sud d’Irumu, dans la province de l’Ituri. L’information a été relayée par Gabriel Androzo Nyama, président de la société civile des Walendu-Bindi, le jeudi 10 juin 2021 au cours d’un entretien téléphonique accordée à notre rédaction. Les gens vivent dans des conditions difficiles.
Les déplacées sont hébergées dans des familles d’accueil, dans des écoles et à l’église catholique de Géty. Préoccupé par la résurgence de l’insécurité dans la zone, cet acteur de la Société civile plaide pour une aide urgente. »
Sur cette carte, Boga se situe à une soixantaine de kilomètres sur la gauche.
Ma consolation est de savoir que les Héma sont accueillis chez les Indru, autrefois ennemis. Cela n’enlève rien au drame qui s’y joue en ce moment. De plus, ce conflit est totalement écarté du réseau des nouvelles internationales.
Voici quelques photos prises par Roger Adirodu il y a quelques mois illustrant quelques bâtiments de Géty-Mission où j’ai vécu; l’église, notre maison, les écoles primaires et l’Institut d’enseignement secondaire Abaka. Celui-ci a été construit sur une période de cinq ans, complété tout juste avant mon départ, avec le soutien financier des élèves des écoles primaires de La Tuque.
L’église et école primaine.
Notre maison à Géty-Mission.
Habitations à Géty-Mission.
Institut Abaka.
Ayons une pensée et une prière pour toutes les personnes traumatisées par ce drame.