Montréal, 2 septembre 2025
Lieu d’hospitalité solidaire, le Centre Afrika a facilité la tenue d’une conférence de presse organisée par Louise Gagné, une amie de longue date du centre. Il y a urgence. Les autorités de l’immigration menacent d’expulser deux pères de famille innocents vers leur pays d’origine. Voici un aperçu des témoignages des personnes visées.
Mesdames, Messieurs,
Avant tout propos, j’aimerais rendre grâce à Dieu, maître du temps et des circonstances, et à vous tous qui vous donnez corps et âme pour notre cause, de près ou de loin, je vous dis merci du plus profond de mon cœur !
Je m’appelle Jonas Kiese Umba, né le 30 avril 1999 à Inga, en République Démocratique du Congo. Je suis le sixième d’une famille de sept enfants, fils de Romain Umba Kiela et de Henriette Futi Konde. Ma mère est décédée en 2011, emportée par le cancer du côlon. J’étais encore jeune. Ce deuil nous a bouleversés et a malheureusement semé la division entre les familles. Sous ce climat, mon père, alors agent dans la société d’électricité du Congo, a demandé une mutation, chose qu’il obtiendra pour la ville de Kimpese, ville où ma vie a basculé.
En effet, le 22 janvier 2017, à l’âge de 20 ans, sous l’influence de certains amis, j’ai participé à des manifestations pacifiques contre la prolongation illégale du 3e mandat de l’ancien président Joseph Kabila. Nous n’avions que notre voix et notre foi en la démocratie. Mais ce jour-là, fort malheureusement, les balles ont parlé plus fort que nos cris. Des dizaines de jeunes sont tombés sous une forte répression policière pour empêcher la marche. Beaucoup ont disparu. D’autres, comme moi, ont fui pour survivre. Je suis resté dans cet état pendant plus de deux ans, alors mon père a décidé de me faire partir du pays !
C’est ainsi que j’arrive au Canada, ce pays que j’ai appris à aimer comme une terre de justice et d’accueil, spécialement dans la culture québécoise. En effet, dès mon arrivée, je me suis installé en Beauce, dans la ville de Saint-Anselme, où j’ai travaillé pendant cinq ans à l’usine Exceldor, qui produit des poulets.
Depuis que je vis ici au Québec, j’ai découvert bien plus qu’un territoire. J’ai découvert une culture qui valorise la solidarité, le respect des différences, la courtoisie. J’ai appris à dire les choses calmement, à dialoguer même quand c’est difficile. J’ai appris la valeur du mot “vivre ensemble”. Aujourd’hui, à la maison, on mange du foufou et du pâté chinois. Ma fille grandira dans deux cultures : celle de mes racines, et celle de ma terre d’accueil.
Et je suis fier de pouvoir dire que j’ai adopté l’esprit québécois : celui d’un peuple qui se tient debout, qui défend la justice, et qui n’abandonne pas les siens.
Aujourd’hui, je suis marié à une merveilleuse femme, mon estimée épouse Fannie Seguin, ici à mes côtés, partage ma vie avec amour et dignité. Nous avons eu une fille née au mois de mai dernier, un petit ange du nom de Kimia Seguin Umba pour qui nous aimerions bâtir un avenir.
Et pourtant, aujourd’hui, le Canada veut m’expulser vers un pays en guerre, m’arracher de ma famille, m’arracher de ma fille qui vient à peine de naître, m’arracher de tout ce monde qui m’aime et que j’aime en retour! On me traite comme une menace alors que tout ce que je suis, c’est un père, un mari, un travailleur, un survivant. Je demande justice. Je demande humanité !
Je fais appel aux autorités canadiennes, aux défenseurs des droits de la personne, aux citoyens et citoyennes de bon cœur : regardez-moi, écoutez-moi svp. J’ai fui la peur pour vivre en paix. Ne me renvoyez pas vers cette peur. Ne punissez pas ma fille de grandir sans son père.
Je suis Jonas. Je suis un homme. Je suis un père. Je suis un citoyen.
Merci de m’avoir écouté. Jonas Umba
LES INTERVENANTS LORS DE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DU 2 SEPTEMBRE 2025 AU CENTRE AFRIKA DE MONTRÉAL
– Cristiano Binda Nguya avec son épouse et ses quatre enfants, dont celui de trois ans atteint de l’anémie falciforme avec des crises régulières qui requièrent que le père l’amène à l’Hôpital de Ste-Justine immédiatement. La mère peut s’occuper des trois autres enfants et travailler. Mais qu’arrivera-t-il quand le père sera parti ? Expulsion est prévue le vendredi 5 septembre. Le député vient de répondre qu’il ne peut rien faire auprès de la ministre de l’Immigration à moins d’obtenir des preuves médicales qu’il pourrait utiliser pour intervenir auprès de la ministre avec ces documents.
– Umba Jonas Kiese, marié à Fannie de Québec. Ils sont parents d’un bébé né le mai 2025.
Il vit depuis six ans sans problème. Mais on le considère comme non admissible au Canada parce qu’il a été dans une manifestation d’un mouvement religieux devenu un parti politique que le Canada considère à tort comme subversif. Un document officiel de Maître Albert Fabrice Puela du Cabinet du Ministre Honoraire des Droits Humains en la République Démocratique du Congo, confirme le contraire. L’avocat utilise ce document pour son plaidoyer.
– Me Stewart Istvanffy est l’avocat de Mrs Binda Nguya et Umba Jonas Kiese.
– Lumbala KABEYA estmembre du Barreau de Kinshasa et conseiller du Barreau de Montréal ou du Québec. Il a obtenu le témoignage de Me Albert Fabrice Puela signé le 1er septembre concernant le mouvement religieux Bundu dia Kongo, devenu le parti politique Bundu dia Mayala (BDM) dont plusieurs députés et ministres siègent actuellement au gouvernement de Félix Tshisekedi.
– Papy Omgona LUNGE est le président de la Communauté congolaise du Grand Montréal et Carine MASITA est membre du même organisme.
Important lien vers le journal Le Devoir
Lisa-Marie Gervais Journal Le Devoir, publié le 2 septembre 2025
En conférence de presse, Me Lumbala Kabeya n’était pas peu fier de brandir une preuve de taille, soit un témoignage signé par le député Albert Fabrice, ministre des Droits de la personne de la République démocratique du Congo de 2021 à 2024, qui confirme que non seulement le BDK et sa branche politique n’ont « jamais pris les armes pour chercher à renverser le pouvoir établi » mais, qu’au contraire ce mouvement politico-religieux a plutôt joué un rôle historique reconnu par l’actuel président lui-même, Félix Tshisekedi. Des funérailles nationales ont même été offertes au chef du BDK en 2023.
Me Kabeya dit « s’étonner » de la lecture que font les autorités canadiennes de la situation politique dans son pays. « La technologie existe, on peut vérifier très facilement ces informations », dit-il.
Pour Me Stewart Istvanffy, avocat au dossier de Jonas Kiese, l’utilisation de cet article (l’article 34.1.f de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés) par les services frontaliers pour juger inadmissible la demande d’asile de son client constitue du « lynchage légal ». « Des gens honnêtes se font refuser l’accès à notre société en raison de prétentions discriminatoires et malhonnêtes », soutient-il.
Me Istvanffy représente un autre client qui fait face à un renvoi, un Angolais dont la femme congolaise a elle aussi été accusée d’avoir des liens avec le BDK. Présent à la conférence de presse, Cristiano Binda Nguya, qui vit au Québec depuis près de 10 ans avec sa femme Niké et leurs quatre enfants (dont deux sont nés au Canada), en a profité pour implorer les autorités canadiennes de ne pas l’expulser en Angola le 5 septembre prochain. Sa femme craint aussi de connaître le même sort. (…) « On me traite comme une menace alors que tout ce que je suis c’est un père, un mari, un travailleur et un survivant. »
Autre lien sur Global News :
By Alessia Simona Maratta & Phil Carpenter
Autre reportage de l’Afrocanada Télévision
DES FAMILLES AFRICAINES BRISÉES PAR DES EXPULSIONS AU CANADA
Le Canada est souvent perçu comme une terre d’accueil, un pays de paix et d’opportunités où chacun peut espérer bâtir une nouvelle vie. Mais derrière cette image de refuge, se cache une réalité douloureuse : celle des expulsions. Chaque année, de nombreuses familles africaines qui avaient trouvé au Canada un espoir de sécurité et un avenir pour leurs enfants voient leur rêve s’effondrer brutalement.
Ces familles, fréquemment installées depuis plusieurs années, ont créé des liens solides avec la société canadienne : enfants scolarisés, emplois occupés, intégration dans leurs communautés locales. Pourtant, une décision administrative peut suffire à tout briser. L’annonce d’une expulsion vient déchirer des foyers déjà fragilisés par l’exil, plongeant parents et enfants dans une angoisse indescriptible.
Pour beaucoup d’entre elles, le retour forcé vers le pays d’origine représente non seulement la perte de stabilité, mais aussi un risque réel : insécurité, pauvreté, persécutions ou absence de perspectives. Les enfants, souvent nés au Canada ou arrivés en bas âge, se retrouvent déracinés de la seule patrie qu’ils connaissent.
Derrière les chiffres et les décisions administratives, il y a des visages, des histoires et des blessures profondes. Des familles entières sont brisées par un système migratoire parfois jugé trop rigide, où l’aspect humain semble relégué au second plan.
Autres liens :
Triste nouvelle au sujet de Umba Jonas Kiese
Nous venons d’apprendre que la Cour fédérale a décidé d’expulser Umba Jonas aujourd’hui, 10 septembre 2025. La lecture du jugement démontre que les autorités canadiennes n’accordent aucune importance aux nouveaux faits qui démontrent que les motifs de son inadmissibilité sont mal fondés. Tout porte à croire que la Cour fédérale sert actuellement à permettre aux autorités en immigration de ne pas prendre de décision favorable à un demandeur.

Oumou Diakité et Colin McGregor | Dossier Immigration
Un imposant édifice du Vieux-Montréal, portiques de sécurité à l’entrée, tapis rouge-vin dans des salles où dominent les emblèmes nationaux. C’est là que, le mardi 9 septembre au matin, s’est peut-être joué le dernier acte du drame de Jonas Kiese Umba. Déportation prévue pour le 10 septembre, destination : la République démocratique du Congo qu’il a fuie il y a six ans. Devant la Cour fédérale, il tentait un ultime détour juridique pour rester au pays qu’il appelle désormais le sien. Sa femme Fannie et leur enfant Kimia sont à sa gauche, le côté du coeur. Enfin, et peut-être que bientôt l’on dira d’eux “loin des yeux, près du cœur”.










L’Immigration a souvent fait des bêtises aussi. Espérons que ces problèmes soient vite arrangés.
John.
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C’est tellement désolant de lire des histoires comme ceux là. Naïvement, je pensais que le Canada était plus ouvert que chez les Americains. J’ai honte de notre justice.
Jocelyne jocemartin@yahoo.com
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