Daniel Dargis a interviewé Freddy Kyombo au sujet de la mission du Centre Afrika ainsi que sa vision là où une équipe de Missionnaires d’Afrique, religieuses et prêtres, anime un centre communautaire pour toute personne désireuse de collaborer à la création d’un espace d’hospitalité solidaire ouverte sur le monde. Que ce soient des associations, regroupements d’entrepreneurs ou personnes d’origine africaine, afrodescendante ou de souche canadienne, toutes et tous sont les bienvenus.
LIENS :
Daniel Dargis reçoit Freddy Kyombo, prêtre #missionnaire d’Afrique, originaire de la République Démocratique du Congo RDC, pour nous parler du Centre Afrika #afrika à Montréal, Québec, Canada.
— « Jimi, viendrais-tu prendre quelques photos. Un petit marché ‘africain’, tenu par des femmes d’Afrique. Ça peut t’intéresser car il y a plusieurs tables avec des dames du Niger. »
J’y ai vu des Nigériennes, des Congolaises RDC, des Maliennes, une Burkinabé… En général, il s’agit de jeunes femmes dynamiques, l’une infirmière, l’autre étudiante à l’université, d’autres dans la fonction publique, au Provincial ou au Fédéral… Presque toutes bien intégrées et avec la citoyenneté canadienne.
Elles ont comme leurs sœurs, « les Maman Benz » d’Afrique, un talent pour faire du commerce, pour lancer une petite distribution de produits typiques. Comme ces deux amies du Niger, que je revois, qui ont un commerce de viande séchée, façon Niger, le kilishi (ou kilichi).
Plusieurs ont des tables où se vendent des bijoux, des pagnes, des robes et des parfums. Après un petit tour, je dis à l’une d’elle :
— « Mais, à part les brochettes, vous n’avez que des produits pour les femmes ! »
Elle me regarde avec un sourire,
— « Plusieurs de nos parfums, si nous les vendons aux femmes, c’est pour les aider à donner de la force à leurs maris. »
Et une autre dame, une Guadeloupéenne, me dit en me donnant son feuillet :
— « Nous nous occupons d’aider les familles dans leur adaptation… et ceux qui ont souvent besoin d’accompagnement sont les hommes, parfois perdus devant le nouveau style de vie et le comportement de leurs épouses… et encore plus de leurs enfants qui adoptent les manières, les politesses (vues comme des impolitesses en Afrique) influencées par les écoles et le milieu de vie du Québec. Les maris et les papas sont les premiers désemparés. Pas tous. Mais plusieurs. »
J’ai souvent été questionné au sujet de notre choix de vie missionnaire : « pourquoi allez-vous si loin alors que nous manquons de prêtres ici ? » Cette question est plutôt récente, car, au tournant des années 1960, les prêtres étaient nombreux et le nombre de missionnaires canadiens-français avoisinait les 60,000 personnes, femmes et hommes religieux et laïcs.
De nos jours, le nombre de prêtres a beaucoup diminué ainsi que les vocations missionnaires. Pourtant, cet appel missionnaire persiste. Originaire de Beauce, notre confrère Martin Grenier retourne en Afrique, plus précisément au Malawi. En contrepartie, notre confrère Franck Kalala, originaire de la République Démocratique du Congo, est récemment arrivé au Mexique où il s’est mis à l’étude de l’espagnol.
Il en a toujours été ainsi chez les Pères Blancs depuis plus de 150 ans, parfois au prix de leur vie. Zambien d’origine, notre confrère Moses Simukonde, âgé de 35 ans, a perdu la vie tragiquement au moment où il se dirigeait à l’aéroport de Ouagadougou au Burkina Faso. Il a été accidentellement atteint d’une balle perdue, tirée par un militaire. Nous en sommes tous très attristés.
Qu’est-ce qui nous pousse donc à côtoyer le danger en pays étranger, pourquoi nous donner tant de mal à apprendre de nouvelles langues et devoir constamment nous adapter à de nouveaux environnements sociaux ? L’appel missionnaire est plus fort que tout. Il n’est certainement pas rationnel. À vrai dire, il est un élan d’amour pour témoigner de Jésus, de son Évangile, en qui nous tenons bon, comme le souligne l’apôtre Paul.
Malgré toutes les difficultés humaines, la joie est au rendez-vous ainsi que la jeunesse. Nous vous invitons à le découvrir en lisant la revue que vous tenez entre vos mains. Partageons notre espérance et solidarité avec les Sœurs de Saint-Rosaire, maintenant retraitées, qui méritent, elles aussi, de profiter d’un temps de retraite après une longue vie de dévouement.