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Édition 2024 du Festival interreligieux PAIX MAINTENANT – Table ronde sur la vie et l’eau

Serge St-Arneault, M.Afr, Montréal, 5 novembre 2024

Le Forum Interreligieux pour la Paix est un programme du Centre Canadien d’Œcuménisme qui a pour objectif de favoriser le dialogue et la coopération entre les communautés de foi. Fondé par le Père Irénée Beaubien, Jésuite il y a 60 ans, ce centre a fusionné avec l’Office national d’œcuménisme en 1975.

Dans un environnement social marqué par la polarisation, le centre soutient les initiatives de ses membres pour promouvoir l’harmonie sociale. C’est dans ce contexte, au sous-sol de l’Église orthodoxe bulgare St-Yvan Rilsky à Montréal, que le Forum Interreligieux pour la Paix a organisé une table ronde le 5 novembre dernier qui avait pour thème ; la vie et l’eau.

Les membres du panel

Kevin Deer

En premier lieu, la parole a été donnée à Kevin Deer, représentant des communautés autochtones. Il a souligné que le territoire sur lequel nous marchons est celui d’un lieu de partage pour tous. Dès la création, l’eau est sacrée. Elle est la source de la vie. Nos incantations sont une expression de notre gratitude. L’eau est comparable à une danse sacrée qui unit tout être vivant, de la plus petite cellule organique jusqu’aux êtres humains que nous sommes devenus. Nous avons besoin de la sagesse ancestrale pour contrecarrer la destruction de la nature causée par l’activité humaine. Les changements climatiques sont une révolte ou une vengeance de la Terre Mère – la Grande Tortue à l’origine de la création de la terre.

Les membres du panel

Selon André Beauchamp, président de la commission du BAPE sur la gestion de l’eau au Québec (1999-2000), nous consommons trop d’eau. À titre d’exemple, 3% seulement du débit d’eau de fleuve Colorado atteint la mer. Les États-Unis sont tellement assoiffés d’eau pour leur population et leurs industries que leur gouvernement lorgne à dévier l’eau des Grands Lacs pour satisfaire leurs besoins. Leurs sources phréatiques s’épuisent et leurs rivières trop polluées.

Pour le Sheikh Omar Kone de la communauté soufi, l’eau est soulignée 63 fois dans le coran. Elle est essentielle pour le cycle de la vie. Les ablutions sont des rites de purification pour nettoyer les impuretés physiques et symboliquement du cœur. L’eau est un bien commun pour tous les animaux et les humains. Leur priver l’accès à l’eau est un grave crime d’où l’importance de ne pas gaspiller cette importante ressource vitale. Omar Kone pense que les fréquentes inondations dans le monde sont des signes d’une perte d’équilibre entre les humains et la nature.

Sylvie Mérineau, catholique, a évoqué ses marches méditatives le long des cours d’eau comme le fleuve St-Laurent. Cette forme de pèlerinage attire de petits groups de gens en quête de sens. L’eau est l’élément de prédilection pour nourrir la méditation. Dans un séjour en Éthiopie avec des religieuses vivant dans un monastère isolé, elle a expérimenté au quotidien le défi que représente l’accès à une eau qui est rarissime. Précieuse, l’eau mérite notre respect.

À son tour, Dr. Shahram Nahidi, musulman Chiite et expert en dialogue interreligieux, a souligné les différences entre les Islams en évoquant l’eau comme point commun. En effet, l’eau est un élément ‘pré’ création. Le manque d’eau est une profonde injustice. D’où l’importance de donner de l’eau aux assoiffés. Agir ainsi, c’est lutter contre l’injustice. L’eau est au centre de la vie. Il est à noter que les religions hébraïques ont pris naissance au désert.

Membre de la communauté Sikh, Sukhvinder Jutla a souligné que, selon leurs traditions, l’air, la terre et l’eau forment une trinité. L’air représente la force de la vie. La terre soutien la vie et l’eau, tel un ‘père’, guide la vie. Sans eau, il n’y a plus de vie. Malheureusement, la pollution des eaux est un terrible abus qui ruine la vie.

Finalement, Boufeldja Benabdallah, porte-parole de la Grande mosquée de Québec, a récapitulé les témoignages des précédents panélistes en indiquant avec fermeté l’importance de la distribution équitable de l’eau pour tous. C’est une question de justice et du respect du bien commun. Nous savons tous, depuis toujours, toutes traditions religieuses confondues, que l’eau est un don de Dieu pour la vie.

Photo de groupe du Forum pour la Paix du Centre canadien d’Œcuménisme, 5 novembre 2025.

Photo de groupe du Forum pour la Paix du Centre canadien d’Œcuménisme, 5 novembre 2025.

Membres du Forum : ·  Serge St-Arneault du Centre Afrika ·  Isabelle Laurin de la Fédération pour la paix universelle ·  Gabriela Guilbault de Femmes Internationales ·   Dre Carmen Chouinard du Centre islamique libanais  ·  Emmanuel Kolyvas de l’Église orthodoxe la Protection de la Mère de Dieu ·  Lindsay Luc de L’Église des Saints des dernières jours ·  Marisel Zavagno de l’Église catholique  ·   Guy Trad du mouvement des Focolari.

Remerciements : · à Louise Royer de l’Archidiocèse Catholique de Montréal pour son aide · à Guy Trad et Pascal Bedros pour la technique ainsi qu’aux traducteurs Maya El-Takchi et Nicolas Nasr tous membres du Mouvements des Focolari ·  à Marysel Zavagno pour l’art conceptuel créé au fil des années dont voici un aperçu :

Art conceptuel de Marisel Zavagno inspiré par le thème du Festival 2024

Nos partenaires : · Le Gouvernement du Canada · L’Archevêché de l’Église Catholique de Montréal · Maison d’amitié des Peuples autochtones · L’Université de Montréal · Le Mouvement des Focolari · Centre Afrika · Espace Art Nature, · CIJA · Le Groupe de dialogue judéo-chrétien · CeDum de l’Université de Montéal · La communauté Baha’ï · Kala Barati · Le Centre culturel islamique du Québec · La Fédération pour la paix universelle ·  l’Église de Jésus Christ des dernières jours · Femmes internationales · L’Église Orthodoxe Bulgare.

Déclaration de 2019 

Le Festival d’aujourd’hui souligne le 5e anniversaire depuis la déclaration interreligieuse Sauvons ensemble notre planète, initiative du Forum interreligieux pour la paix, signer dans le cadre du Festival de 2019.  

Liens :

Forum interreligieux pour la Paix, soirée du 10 octobre – reportage.

Dialogue interspirituel

Dialogue Interspirituel (suite)

Les itinérants nous parlent

DIALOGUE INTERSPIRITUEL (SUITE)

Concert interconfessionnel de musique sacrée Chantons pour la paix !

Montréal, dimanche le 26 novembre 2023

Le Centre Canadien Œcuménique a coordonné l’ensemble du Festival Paix Maintenant qui s’est clôturé par un concert qui a eu lieu à l’église catholique Saint-Pascal-Baylon, initialement prévue au salon de la paroisse Notre-Dame des Neiges, les deux églises étant situées sur la même rue mais à un peu plus d’un kilomètre de distance.

Groupe de drum traditionnel autochtone Traveling Spirit

Animé par Lindsay Luc de l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, comme c’est souvent le cas, ce concert interconfessionnel de musique sacrée a été inauguré par le groupe de drum traditionnel autochtone Traveling Spirit[i].

Monsieur Sukhvinder Jutla

L’ensemble vocal Épiphanie[ii] de la paroisse Sainte-Famille-de-Bordeaux à Cartierville a aussi présenté quelques chants suivis par monsieur Sukhvinder Jutla, un représentant de la communauté Sikh de Gurudwara Sahib Ragi de Montréal[iii]. Celui-ci portait un turban et une veste orange en solidarité avec les communautés autochtones. En effet, le chandail orange représente symboliquement les souffrances des peuples autochtones causées par les pensionnats autochtones qui ont été opérationnels entre 1830 et 1990.

L’ensemble vocal Épiphanie
Nilanjana Rajamony

Finalement, Nilanjana Rajamony[iv], une jeune fille de 12 ans, a ébloui l’audience par sa grande souplesse avec deux danses acrobatiques du style du Cirque du Soleil. L’élément sacré de la danse Indienne classique est une particularité de la Swarnakamalam Hindu School and Dance de Montréal située à Pierrefonds.


[i] Traveling Spirit is the drum group of Native Friendship Center of Montreal. We refer to our drum as Grandfather, we treat him with respect and behave respectfully around him. We come from different places, have different backgrounds but when we drum, we are one. Our songs are prayers and medicine.

[ii] L’ensemble vocal Épiphanie est une chorale montréalaise et multiculturelle fondée en 2004. Elle a une vocation liturgique, et son répertoire va du classique au Gospel en passant par des chants rythmés venus d’Afrique.

[iii] Montreal Gurudwara is basically known as Gurudwara Guru Nanak Darbar, which is situated in Lasalle, Montreal city. If you want to go to the Gurudwara from downtown, firstly take a green line metro to the Angrignon side, after reaching the metro then take the bus 109. This can be taken from a 300m walking distance and the bus will drop you at the point where the Gurudwara is.

[iv] Nilanjana began her tutelage under the guidance of Sri Seshakamal at the tender age of 5. Nilanjana has just completed her primary schooling and is attending College St-Louis.

Dialogue interspirituel

Le Forum interreligieux pour la paix a présenté le premier volet de sa programmation le 23 novembre 2023 avec une table ronde sur le dialogue interconfessionnel inspiré par les spiritualités autochtones. Comment le cercle de la parole peut-il nous inspirer pour éviter les polarisations?

Ka’nahsohon Kevin Deer

Le rassemblement avait lieu dans l’église de la paroisse Notre-Dame des Neiges sur la Côte-des-Neiges à Montréal. Le Dr Patrice Brodeur, professeur à l’Université de Montréal, spécialiste en dialogue et transformation des conflits, agissait comme animateur. En tout premier lieu, il a introduit Ka’nahsohon Kevin Deer, gardien de la paix de la communauté mohawk de Montréal. Celui-ci a débuté son propos avec un moment de prière exprimé en Mohawk, puis traduit en anglais. Ce fut un saisissant moment où une prière est chantée dans l’enceinte d’une église catholique en présence de représentants de confession indoue, juive, musulmane et chrétienne.

Marie-Émilie Lacroix[i], Innue de Mashteuiatsh, chargée de cours à l’Université de Rimouski avec une maîtrise en travail social, a abordé la spiritualité autochtone en relevant les points suivants.

Selon elle, la spiritualité autochtone est un art de vivre où chacun trace son chemin. Les cérémonies vécues en groupe sont un point de départ où les valeurs centrées autour des remerciements à Mère Nature et au Père des Cieux englobent en même temps les trois composantes de l’être humain que son le mental, le physique et le spirituel. Il s’agit d’une vision holistique.

Selon Marie-Émilie, il ne faut pas confondre la spiritualité et la religion. À ce propos, elle souligne que même si les Québécois ont rejeté les préceptes obligatoires de la religion catholique, le besoin de la spiritualité demeure. Cela a été particulièrement senti pendant la pandémie de la Covid-19.

Bref, la spiritualité autochtone a pour but de nourrir l’âme grâce à une connexion avec la nature et son créateur. D’où l’importance du SILENCE, de moments intérieurs qui PRALENT. Dans un style de vie où les yeux sont constamment sollicités, aurions-nous peur du silence ?

La sagesse des anciens nous enseigne sept éléments importants qui constituent des valeurs : le respect de soi, des autres et de la nature, l’amour, l’humilité, l’honnêteté, la compassion, le courage et la vérité.

Ces valeurs sont vécues dans des rituels qui sont exprimés par des symboles. Par exemple, le symbole de la tortue nous rappelle que la terre n’appartient à personne. Les frontières sont une invention humaine. Elles sont étrangères à la spiritualité autochtone.

Ka’nahsohon Kevin Deer a aussi insisté sur l’importance des rituels. Ceux-ci sont le socle de l’unité qui permet de concrétiser la spiritualité autochtone en la connectant aux symboles et paraboles. La dance sacrée est une forme privilégiée pour vivre cette spiritualité dans une recherche d’équilibre pour construire la paix, l’amitié et le respect mutuel.

Le rabbi Schachar Orenstein de l’Aleph Canada, Lev Shul,, a surpris l’assemblée en l’invitant à former un grand cercle de danse qui est, comme pour les autochtones, une particularité des danses juives. Il a ensuite demandé à Ka’nahsohon Kevin Deer d’entonner un chant sacré et quelques pas de danse.

Puis, d’autres pas de danse classique indienne ont été illustrés par une salutation pour la paix (Pranam[ii]) avec le Dr Mamata Niyogi-Nakra, Sylvi Belleau, Yasmine Alshaibi et Meera Shyamprasad de Kala Bharati, centre Bharata Natya.

Ces dames ont, elles aussi, insisté sur l’importance des rituels, de ces gestes exprimés par la danse qui non seulement permettent une détente, mais favorise l’intériorité.

Élisabeth Garand a enchaîné avec une émouvante présentation sur les efforts entrepris sur le chemin de la réconciliation entre les communautés autochtones et les gouvernements et Églises. Élisabeth Garand est collaboratrice aux cercles de parole À l’écoute des voix autochtones et co-fondatrice du groupe de dialogue Maria’M[iii] entre des femmes musulmanes et chrétiennes.

L’abbé Richard St-Louis a ensuite parlé de son expérience comme prêtre au service de la communauté mohawk à Kahnawake. Nous aurions intérêt, dit-il d’intégrer les éléments de la culture mohawk dans nos rapports humains et la liturgie. Il a aussi insisté sur l’importance du SILENCE SACHÉ sur le chemin de la paix.

Finalement, mon ami Boufeldja Benabdallay, co-fondateur et porte-parole de la Grande Mosquée à Québec, a synthétisé les différentes présentations en insistant sur le fait que nous sommes tous de la terre, que les signes de l’existence sont en nous, que la paix commence en nous-mêmes, que le SILENCE nous réinsère dans le présent. N’oublions pas, dit-il, que la plus belle des richesses que nous possédions est en nous-mêmes. Le mot clé qu’il retient de la soirée est le RESPECT de tout un chacun dans la diversité des expériences spirituelles, lieux par excellence pour que nous retrouvions notre lien vital avec la nature et ainsi mieux la protéger.


Marie-Émilie Lacroix

[i] Marie-Émilie Lacroix devient coordonnatrice aux affaires autochtones à l’UQAR. Elle a aussi publié en 20212, La rivière des temps, aux Éditions de la Francophonie où elle puise dans ses randonnées dans la nature la force nécessaire pour laisser le passé derrière et continuer son chemin vers la liberté.

[ii] Ce nom composé intègre simultanément les notions de souffle et de principe vital du souffle et de sa manifestation organique dans la respiration. Salutation de respect.

[iii] En mai 2011, l’idée du dialogue féministe interreligieux a émergé lors du 35e anniversaire de la Collective L’Autre parole. Élisabeth Garant, directrice du Centre justice et foi, et Leila Bdeir, membre du Groupe international d’étude et de réflexion sur les femmes en Islam, y avaient toutes deux soulevé l’importance de privilégier une telle initiative étant donné la conjoncture sociopolitique au Québec. Quelques mois plus tard, trois chrétiennes et trois musulmanes (dont Élisabeth et Leila) se sont rencontrées afin de poser les jalons d’une démarche riche qui se poursuit depuis.

Forum interreligieux pour la Paix, soirée du 10 octobre – reportage.

Le Forum interreligieux pour la Paix a commencé jeudi soir 10 octobre au Centre des Dominicains avec une conférence animée par 5 intervenants.es appartenant à des religions ou mouvements spirituels différents : Nicole Bomsawin, autochtone Abénakis, Sébastien Amedeo, Bahaï, Aishwarya Nair, Hindouisme, Fabien Torres, Justice réparatrice et Franco Famularo, Unificationisme.

La présentation de chacun.e et les échanges qui ont suivi ont clairement montré comment les grands défis actuels liés à l’écologie et à la paix mondiale nécessitent une nouvelle conscience  commune qui transcende les réalités matérielles et tienne compte de la dimension spirituelle.

Les religions peuvent grandement aider à saisir l’interconnexion qui est au cœur de toute la création et  à entrer dans les changements de valeurs et de comportements indispensables à la survie de la planète et à la paix mondiale.

À cette occasion, une œuvre artistique produite par Marisel Segui Zavagno a été dévoilée. Elle se définit comme suit :

Pour les peuples indigènes des Andes, Pachamana représente la terre-mère et une déesse. Ce beau nom englobe tout autant l’aspect religieux qu’une composante écologique. Cette œuvre d’art conceptuel a été exécutée dans le cadre du Festival d’art « Paix maintenant. Sauvons ensemble notre planète ».

Des symboles religieux sont représentés dans cette œuvre, mettant en évidence leurs liens avec la nature. Le tronc d’arbre au centre représente la terre-mère. Un réseau de fils l’entourent symbolisant les interconnections et le dialogue entre les religions. Les fils de coton reposent sur des feuilles, avec l’intention de rappeler aux communautés religieuses notre responsabilité pour la protection de notre planète, et notre rôle partagé pour la promotion d’une croissance écologique.

La lumière, porteuse d’une signification importante dans toutes les religions, brille au travers de la structure translucide du tronc, et vise à apporter une dimension d’espoir à cette image. Enfin la colombe, symbole universel de paix, réunit toutes les communautés dans notre quête pour la sauvegarde de notre planète.

Matériaux : fil de coton, broderie réutilisée, tissus rustique. Technique : broderie, crochet.

Prochain rendez-vous le jeudi 17 octobre 2019 à 18h00 chez les Dominicains au 2715 Chemin de la Côte-Sainte-Catherine pour entendre le point de vue des religions abrahamiques sur leur pratiques écologiques.