Concert interconfessionnel de musique sacrée Chantons pour la paix !
Montréal, dimanche le 26 novembre 2023
Le Centre Canadien Œcuménique a coordonné l’ensemble du FestivalPaix Maintenant qui s’est clôturé par un concert qui a eu lieu à l’église catholique Saint-Pascal-Baylon, initialement prévue au salon de la paroisse Notre-Dame des Neiges, les deux églises étant situées sur la même rue mais à un peu plus d’un kilomètre de distance.
Groupe de drum traditionnel autochtone Traveling Spirit
Animé par Lindsay Luc de l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, comme c’est souvent le cas, ce concert interconfessionnel de musique sacrée a été inauguré par le groupe de drum traditionnel autochtone Traveling Spirit[i].
Monsieur Sukhvinder Jutla
L’ensemble vocal Épiphanie[ii] de la paroisse Sainte-Famille-de-Bordeaux à Cartierville a aussi présenté quelques chants suivis par monsieur Sukhvinder Jutla, un représentant de la communauté Sikh de Gurudwara Sahib Ragi de Montréal[iii]. Celui-ci portait un turban et une veste orange en solidarité avec les communautés autochtones. En effet, le chandail orange représente symboliquement les souffrances des peuples autochtones causées par les pensionnats autochtones qui ont été opérationnels entre 1830 et 1990.
L’ensemble vocal Épiphanie
Nilanjana Rajamony
Finalement, Nilanjana Rajamony[iv], une jeune fille de 12 ans, a ébloui l’audience par sa grande souplesse avec deux danses acrobatiques du style du Cirque du Soleil. L’élément sacré de la danse Indienne classique est une particularité de la Swarnakamalam Hindu School and Dance de Montréal située à Pierrefonds.
[i] Traveling Spirit is the drum group of Native Friendship Center of Montreal. We refer to our drum as Grandfather, we treat him with respect and behave respectfully around him. We come from different places, have different backgrounds but when we drum, we are one. Our songs are prayers and medicine.
[ii]L’ensemble vocal Épiphanie est une chorale montréalaise et multiculturelle fondée en 2004. Elle a une vocation liturgique, et son répertoire va du classique au Gospel en passant par des chants rythmés venus d’Afrique.
[iii]Montreal Gurudwara is basically known as Gurudwara Guru Nanak Darbar, which is situated in Lasalle, Montreal city. If you want to go to the Gurudwara from downtown, firstly take a green line metro to the Angrignon side, after reaching the metro then take the bus 109. This can be taken from a 300m walking distance and the bus will drop you at the point where the Gurudwara is.
[iv] Nilanjana began her tutelage under the guidance of Sri Seshakamal at the tender age of 5. Nilanjana has just completed her primary schooling and is attending College St-Louis.
Le Forum interreligieux pour la paix a présenté le premier volet de sa programmation le 23 novembre 2023 avec une table ronde sur le dialogue interconfessionnel inspiré par les spiritualités autochtones. Comment le cercle de la parole peut-il nous inspirer pour éviter les polarisations?
Ka’nahsohon Kevin Deer
Le rassemblement avait lieu dans l’église de la paroisse Notre-Dame des Neiges sur la Côte-des-Neiges à Montréal. Le Dr Patrice Brodeur, professeur à l’Université de Montréal, spécialiste en dialogue et transformation des conflits, agissait comme animateur. En tout premier lieu, il a introduit Ka’nahsohon Kevin Deer, gardien de la paix de la communauté mohawk de Montréal. Celui-ci a débuté son propos avec un moment de prière exprimé en Mohawk, puis traduit en anglais. Ce fut un saisissant moment où une prière est chantée dans l’enceinte d’une église catholique en présence de représentants de confession indoue, juive, musulmane et chrétienne.
Marie-Émilie Lacroix[i], Innue de Mashteuiatsh, chargée de cours à l’Université de Rimouski avec une maîtrise en travail social, a abordé la spiritualité autochtone en relevant les points suivants.
Selon elle, la spiritualité autochtone est un art de vivre où chacun trace son chemin. Les cérémonies vécues en groupe sont un point de départ où les valeurs centrées autour des remerciements à Mère Nature et au Père des Cieux englobent en même temps les trois composantes de l’être humain que son le mental, le physique et le spirituel. Il s’agit d’une vision holistique.
Selon Marie-Émilie, il ne faut pas confondre la spiritualité et la religion. À ce propos, elle souligne que même si les Québécois ont rejeté les préceptes obligatoires de la religion catholique, le besoin de la spiritualité demeure. Cela a été particulièrement senti pendant la pandémie de la Covid-19.
Bref, la spiritualité autochtone a pour but de nourrir l’âme grâce à une connexion avec la nature et son créateur. D’où l’importance du SILENCE, de moments intérieurs qui PRALENT. Dans un style de vie où les yeux sont constamment sollicités, aurions-nous peur du silence ?
La sagesse des anciens nous enseigne sept éléments importants qui constituent des valeurs : le respect de soi, des autres et de la nature, l’amour, l’humilité, l’honnêteté, la compassion, le courage et la vérité.
Ces valeurs sont vécues dans des rituels qui sont exprimés par des symboles. Par exemple, le symbole de la tortue nous rappelle que la terre n’appartient à personne. Les frontières sont une invention humaine. Elles sont étrangères à la spiritualité autochtone.
Ka’nahsohon Kevin Deer a aussi insisté sur l’importance des rituels. Ceux-ci sont le socle de l’unité qui permet de concrétiser la spiritualité autochtone en la connectant aux symboles et paraboles. La dance sacrée est une forme privilégiée pour vivre cette spiritualité dans une recherche d’équilibre pour construire la paix, l’amitié et le respect mutuel.
Le rabbi Schachar Orenstein de l’Aleph Canada, Lev Shul,, a surpris l’assemblée en l’invitant à former un grand cercle de danse qui est, comme pour les autochtones, une particularité des danses juives. Il a ensuite demandé à Ka’nahsohon Kevin Deer d’entonner un chant sacré et quelques pas de danse.
Puis, d’autres pas de danse classique indienne ont été illustrés par une salutation pour la paix (Pranam[ii]) avec le Dr Mamata Niyogi-Nakra, Sylvi Belleau, Yasmine Alshaibi et Meera Shyamprasad de Kala Bharati, centre Bharata Natya.
Ces dames ont, elles aussi, insisté sur l’importance des rituels, de ces gestes exprimés par la danse qui non seulement permettent une détente, mais favorise l’intériorité.
Élisabeth Garand a enchaîné avec une émouvante présentation sur les efforts entrepris sur le chemin de la réconciliation entre les communautés autochtones et les gouvernements et Églises. Élisabeth Garand est collaboratrice aux cercles de parole À l’écoute des voix autochtones et co-fondatrice du groupe de dialogue Maria’M[iii] entre des femmes musulmanes et chrétiennes.
L’abbé Richard St-Louis a ensuite parlé de son expérience comme prêtre au service de la communauté mohawk à Kahnawake. Nous aurions intérêt, dit-il d’intégrer les éléments de la culture mohawk dans nos rapports humains et la liturgie. Il a aussi insisté sur l’importance du SILENCE SACHÉ sur le chemin de la paix.
Finalement, mon ami Boufeldja Benabdallay, co-fondateur et porte-parole de la Grande Mosquée à Québec, a synthétisé les différentes présentations en insistant sur le fait que nous sommes tous de la terre, que les signes de l’existence sont en nous, que la paix commence en nous-mêmes, que le SILENCE nous réinsère dans le présent. N’oublions pas, dit-il, que la plus belle des richesses que nous possédions est en nous-mêmes. Le mot clé qu’il retient de la soirée est le RESPECT de tout un chacun dans la diversité des expériences spirituelles, lieux par excellence pour que nous retrouvions notre lien vital avec la nature et ainsi mieux la protéger.
[ii] Ce nom composé intègre simultanément les notions de souffle et de principe vital du souffle et de sa manifestation organique dans la respiration. Salutation de respect.
[iii] En mai 2011, l’idée du dialogue féministe interreligieux a émergé lors du 35e anniversaire de la Collective L’Autre parole. Élisabeth Garant, directrice du Centre justice et foi, et Leila Bdeir, membre du Groupe international d’étude et de réflexion sur les femmes en Islam, y avaient toutes deux soulevé l’importance de privilégier une telle initiative étant donné la conjoncture sociopolitique au Québec. Quelques mois plus tard, trois chrétiennes et trois musulmanes (dont Élisabeth et Leila) se sont rencontrées afin de poser les jalons d’une démarche riche qui se poursuit depuis.